Avouons-le, chers passionnés de la foulée : un marathon représente déjà un défi colossal en soi. Cette épreuve mythique de 42,195 kilomètres met à l’épreuve notre corps et notre esprit d’une façon que seuls les initiés peuvent vraiment comprendre. Mais lorsqu’à la souffrance physique s’ajoutent des « encouragements » maladroits lancés par des spectateurs bien intentionnés mais parfois peu inspirés, l’épreuve prend une dimension supplémentaire.
J’ai compilé pour vous le florilège des pires phrases qu’un coureur puisse entendre pendant sa quête de la ligne d’arrivée. Ces perles de maladresse qui, entre le 30e et le 35e kilomètre, peuvent déclencher des envies de meurtre chez le marathonien le plus zen. Certaines vous feront sourire, d’autres vous rappelleront de douloureux souvenirs, mais toutes illustrent parfaitement ce décalage entre ceux qui courent et ceux qui regardent. Voir les 10 meilleurs encouragements et humour pour un marathon ici.
Sommaire
- 1 La fausse promesse de facilité : « C’est plus que 20 kilomètres, ça passe vite ! »
- 2 Le déni de souffrance : « Tu n’as pas l’air si fatigué que ça ! »
- 3 La pause photo forcée : « Allez, souris pour la photo ! »
- 4 Le mythe psychologique : « Le mur des 30km ? C’est psychologique ! »
- 5 La comparaison toxique : « Mon cousin l’a fait en 3h, sans s’entraîner ! »
- 6 La distorsion des distances : « Il te reste juste un petit tour de parc ! »
- 7 La démotivation absolue : « De toute façon, tu ne gagneras pas, alors pourquoi te fatiguer ? »
- 8 Les mathématiques créatives : « Tu es presque à mi-parcours ! » (au 18e kilomètre)
- 9 Les promesses trompeuses : « C’est la dernière côte, promis ! » (alors qu’il en reste trois)
- 10 L’observation alarmanté : « Ça va ? Tu as l’air un peu pâle… »
- 11 Le ravitaillement fantôme : « Le ravitaillement ? Tu viens de le rater, c’était 100 mètres plus haut ! »
La fausse promesse de facilité : « C’est plus que 20 kilomètres, ça passe vite ! »

Ah, cette phrase ! Je l’ai entendue au moins une douzaine de fois lors de mon dernier marathon à Paris. À quel moment quelqu’un a-t-il décrété que 20 kilomètres représentaient une distance négligeable ? Lorsqu’un spectateur vous lance cette « encouragement » au kilomètre 22, vos jambes crient déjà à l’agonie et votre cerveau commence à négocier fermement avec votre corps pour continuer.
Ces mots, bien que prononcés avec les meilleures intentions du monde, minimisent totalement l’effort surhumain que représentent ces derniers kilomètres. Pour mettre les choses en perspective, ces fameux « seulement 20 kilomètres » équivalent à un semi-marathon, une distance que beaucoup considèrent déjà comme un exploit en soi !
La réalité du marathon réside dans sa dernière partie. Les vrais coureurs savent que la course commence véritablement au 30e kilomètre, quand le glycogène musculaire s’épuise et que chaque foulée devient un acte de volonté pure. Alors non, ces kilomètres ne « passent » pas vite – ils s’étirent comme un élastique douloureux dans une dimension temporelle alternative où les minutes durent des heures.
Le déni de souffrance : « Tu n’as pas l’air si fatigué que ça ! »
Cette remarque figure au panthéon de l’absurdité marathonienne. Elle survient généralement au moment exact où vous sentez votre âme commencer à se détacher de votre enveloppe corporelle, vers le 35e kilomètre. Votre visage arbore probablement la teinte cadavérique caractéristique du coureur en plein « mur », vos yeux fixent un point invisible à l’horizon, et votre démarche évoque davantage un zombie des films d’horreur qu’un athlète olympique.
Cette phrase révèle l’écart abyssal entre l’apparence extérieure et la tempête physiologique qui se déchaîne à l’intérieur. Le marathon provoque une cascade biochimique complexe : épuisement des réserves de glycogène, accumulation d’acide lactique, déshydratation progressive… Pendant que votre corps crie au scandale, un spectateur s’étonne de ne pas vous voir ramper.
Ce commentaire, bien qu’inapproprié, traduit peut-être une forme d’admiration maladroite. Le marathonien développe souvent une capacité stoïque à masquer sa souffrance. Cette poker face athlétique peut effectivement tromper l’observateur non averti. Mais croyez-moi, derrière ce masque impassible se cache généralement un monologue intérieur oscillant entre supplications et jurons créatifs.
La pause photo forcée : « Allez, souris pour la photo ! »

Rien n’égale l’irritation provoquée par cette demande quand vous atteignez la zone critique d’un marathon. Au moment où chaque fibre musculaire proteste violemment, où votre respiration ressemble à celle d’une locomotive asthmatique, et où vous mobilisez toute votre concentration pour simplement mettre un pied devant l’autre, quelqu’un brandit un smartphone et vous demande d’adopter l’expression faciale d’un influenceur à Disneyland.
Cette requête témoigne d’une méconnaissance fondamentale de l’état physique et mental du marathonien en phase avancée. Vers le 32e kilomètre, le contrôle des muscles faciaux devient un luxe superflu. L’énergie restante se trouve entièrement réquisitionnée pour les fonctions vitales et locomotrices de base. Les zygomatiques n’entrent pas dans cette catégorie.
La photographie sportive authentique capture précisément cette intensité brute, cette lutte viscérale. Les plus belles images de marathon montrent des visages transformés par l’effort, pas des sourires factices. Cette vérité crue raconte l’histoire véritable de l’épreuve – celle d’un dépassement de soi au-delà des limites habituelles du confort et de l’apparence.
Le mythe psychologique : « Le mur des 30km ? C’est psychologique ! »
Cette affirmation péremptoire figure parmi les plus agaçantes du répertoire. Elle émane généralement de personnes dont l’expérience de course se limite au sprint vers le dernier métro ou au jogging dominical de 5 kilomètres. Le fameux « mur » du marathon représente une réalité physiologique bien documentée, pas une simple barrière mentale.
Ce phénomène correspond à l’épuisement des réserves de glycogène, principal carburant musculaire. Lorsque ces stocks s’amenuisent, l’organisme doit opérer une transition métabolique compliquée vers l’utilisation des graisses comme source d’énergie. Cette bascule biochimique s’accompagne d’une chute brutale de performance et d’une sensation de fatigue écrasante.
Bien sûr, l’aspect psychologique joue un rôle indéniable dans tout défi d’endurance. La préparation mentale constitue une composante essentielle de l’entraînement au marathon. Mais réduire cette crise énergétique profonde à une simple question de volonté relève d’une simplification insultante. C’est comme dire à quelqu’un souffrant d’une fracture que « la douleur est dans la tête ».
Les marathoniens expérimentés développent des stratégies nutritionnelles élaborées précisément pour retarder cette collision avec le mur : charge glucidique avant la course, gels énergétiques pendant l’effort, ravitaillement calculé au gramme près. Cette science de la nutrition sportive n’existerait pas si le problème relevait uniquement de la psychologie.
La comparaison toxique : « Mon cousin l’a fait en 3h, sans s’entraîner ! »

Cette remarque constitue peut-être la plus démotivante du lot. Elle survient souvent lors des conversations d’avant-course, quand vous expliquez fièrement vos six mois d’entraînement rigoureux, vos sorties longues du dimanche sous la pluie, et votre objectif de terminer en moins de 4 heures. C’est précisément ce moment que choisit un interlocuteur pour évoquer son mystérieux cousin prodige qui, entre deux cigarettes et sans préparation spécifique, aurait bouclé le marathon de New York en un temps digne d’un semi-professionnel.
Cette affirmation relève généralement du mythe urbain sportif. Les performances marathoniennes sous les 3 heures nécessitent une préparation méticuleuse, même pour les athlètes naturellement doués. Le marathon punit sévèrement l’arrogance et l’impréparation – c’est justement ce qui fait sa beauté et sa cruauté.
Cette comparaison toxique illustre notre tendance culturelle à minimiser l’effort requis derrière l’excellence. Nous préférons souvent l’idée romantique du talent inné à la réalité moins glamour du travail acharné. Pour chaque performance exceptionnelle, il existe des milliers d’heures d’entraînement invisibles.
Plus pernicieux encore, ce type de remarque alimente le syndrome de l’imposteur chez le coureur. Elle insinue que votre investissement personnel, vos sacrifices et votre progression ne valent pas grand-chose face au « talent naturel » d’un inconnu mythique. Ne laissez jamais ces comparaisons douteuses dévaloriser votre parcours unique.
La distorsion des distances : « Il te reste juste un petit tour de parc ! »
Cette approximation géographique criminelle se produit généralement aux alentours du 32e kilomètre, quand vos jambes communiquent avec votre cerveau uniquement par le langage universel de la douleur. Un spectateur bien intentionné tente alors de relativiser la distance restante en la comparant à une promenade dominicale.
Le problème fondamental réside dans la perception élastique des distances en fin de marathon. Les derniers kilomètres ne représentent pas la même réalité physique que les premiers. Un « petit tour de parc » de 10 kilomètres à ce stade équivaut subjectivement à l’ascension de l’Everest en tongs.
Cette minimisation trahit l’incompréhension profonde de ce qu’implique réellement un marathon. L’effort n’est pas linéaire mais exponentiel – chaque kilomètre supplémentaire après le 30e demande proportionnellement plus d’énergie physique et mentale que le précédent. La fameuse formule « marathon = 21km + 21km + 100m d’agonie » illustre parfaitement cette réalité.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunPlus troublant encore, ces fausses promesses génèrent un véritable ascenseur émotionnel. Le marathonien s’accroche momentanément à cet espoir d’une fin imminente, avant de réaliser la supercherie quelques foulées plus loin. Cette désillusion peut provoquer un effondrement psychologique plus dévastateur que la simple vérité sur la distance restante.
La démotivation absolue : « De toute façon, tu ne gagneras pas, alors pourquoi te fatiguer ? »

Voici le septième encouragement, celui qualifié d’impardonnable dans notre titre. Et pour cause! Cette phrase incarne la négation même de l’esprit marathonien. Elle réduit l’épreuve à une simple compétition pour la première place, ignorant totalement la victoire personnelle que représente chaque marathon terminé.
Cette remarque révèle une vision étroite de la réussite sportive. Dans un marathon, l’immense majorité des 99,9% de participants qui ne monteront jamais sur un podium ne se considèrent pas comme des perdants pour autant. Chacun court contre ses propres limites, poursuit ses objectifs personnels, qu’il s’agisse de simplement franchir la ligne d’arrivée ou d’améliorer son record personnel.
La beauté du marathon réside précisément dans cette dimension profondément individuelle. Le vrai adversaire n’est pas le coureur kenyan qui terminera une heure avant vous, mais cette voix intérieure qui, au 35e kilomètre, vous suggère d’abandonner. La vraie victoire consiste à faire taire cette voix.
Cette phrase traduit aussi une incompréhension fondamentale des motivations du marathonien. Nous ne courons pas principalement pour la gloire extérieure, mais pour cette alchimie unique d’endorphines, de dépassement de soi et de communion avec notre corps que seule l’endurance extrême peut procurer. Le marathon n’est pas un moyen, c’est une fin en soi.
Les mathématiques créatives : « Tu es presque à mi-parcours ! » (au 18e kilomètre)
La précision mathématique semble étrangement s’évaporer sur le parcours d’un marathon. Cette remarque, lancée généralement au 18e kilomètre avec un enthousiasme débordant, illustre parfaitement ce phénomène de distorsion numérique. La mi-parcours d’un marathon se situe précisément au kilomètre 21,1, un point symbolique que tout coureur a mentalement identifié bien avant le départ.
Cette approximation peut sembler anodine, mais pour le marathonien qui décortique mentalement son parcours en segments stratégiques, elle provoque une confusion cognitive. Notre cerveau, déjà occupé à gérer l’effort physique, la nutrition, l’hydratation et le rythme, doit soudain réconcilier cette information erronée avec sa propre cartographie de la course.
Plus problématique encore, cette fausse indication peut inciter à une accélération prématurée. Croyant avoir dépassé la moitié du parcours, le coureur pourrait décider d’augmenter son allure, compromettant sa gestion énergétique soigneusement planifiée. Cette erreur de pacing, provoquée par une information inexacte, peut avoir des conséquences désastreuses dans les derniers kilomètres.
Cette remarque révèle aussi notre tendance collective à l’optimisme géographique. Dans notre désir d’encourager, nous arrondissons généreusement les chiffres en faveur du coureur, créant une géographie alternative du marathon qui, malheureusement, ne réduit pas la distance réelle à parcourir.
Les promesses trompeuses : « C’est la dernière côte, promis ! » (alors qu’il en reste trois)

Voilà un mensonge qui devrait figurer dans le code pénal des courses sur route. Cette affirmation trompeuse vient généralement d’un spectateur posté en haut d’une montée particulièrement éprouvante, alors que vos quadriceps hurlent déjà à l’abandon. Momentanément soulagé par cette promesse, vous mobilisez vos dernières ressources pour franchir ce supposé ultime obstacle… avant de découvrir, au détour d’un virage, une nouvelle ascension traîtresse.
Le profil altimétrique d’un marathon constitue un élément stratégique crucial dans la préparation. Les coureurs expérimentés étudient méticuleusement le parcours, identifient chaque dénivelé, anticipent les zones d’effort et de récupération. Cette planification précise se trouve brutalement sabotée par ces fausses informations topographiques.
Cette promesse non tenue engendre une véritable blessure psychologique. La déception ressentie lorsqu’une nouvelle côte se profile à l’horizon peut déclencher une spirale négative difficile à enrayer. Le cerveau, déjà fragilisé par l’effort prolongé, interprète cette trahison comme un signe que la situation échappe à tout contrôle.
Les parcours urbains exacerbent ce phénomène. Dans une ville comme San Francisco ou Lisbonne, célèbres pour leurs dénivelés capricieux, ce type d’encouragement peut confiner à la cruauté mentale. Les spectateurs devraient comprendre qu’en matière de topographie marathonienne, l’honnêteté brutale reste préférable aux faux espoirs.
L’observation alarmanté : « Ça va ? Tu as l’air un peu pâle… »
Cette remarque inquiète figure parmi les moins souhaitables pendant une épreuve d’endurance. Elle surgit généralement lorsque vous traversez cette phase critique où votre visage, naturellement, adopte la coloration fantomatique caractéristique de l’effort intense. Un spectateur inquiet, souvent un proche qui vous veut du bien, exprime alors sa préoccupation pour votre état de santé apparent.
Cette observation, bien qu’issue d’une sollicitude légitime, peut déclencher une cascade d’auto-évaluation contre-productive. Le marathonien, jusqu’alors concentré sur son rythme et sa respiration, commence soudain à s’interroger : « Est-ce que je vais vraiment mal ? Suis-je en danger ? Devrais-je ralentir ou abandonner ? » Cette introspection forcée détourne une énergie mentale précieuse, déjà comptée en fin de parcours.
La pâleur constitue une réaction physiologique normale lors d’un effort d’endurance prolongé. Le sang se concentre principalement dans les muscles sollicités, réduisant l’irrigation des zones périphériques comme le visage. Cette adaptation temporaire, bien que visuellement impressionnante pour les non-initiés, représente simplement le fonctionnement optimal du corps face à l’effort.
Cette remarque révèle le décalage entre l’apparence extérieure et l’expérience intérieure du marathonien. Ce qui peut sembler alarmant pour un observateur fait partie intégrante de l’expérience marathon. Le visage blafard, la démarche chancelante et l’expression hagarde constituent le visage authentique de l’endurance extrême.
Le ravitaillement fantôme : « Le ravitaillement ? Tu viens de le rater, c’était 100 mètres plus haut ! »

Cette information dévastatrice, généralement délivrée avec une désinvolture confondante, peut provoquer une véritable crise existentielle chez le marathonien assoiffé. Les points de ravitaillement représentent des oasis vitales soigneusement intégrées dans la stratégie de course. Apprendre qu’on vient de passer à côté sans le remarquer équivaut à découvrir qu’on a manqué la dernière station-service avant 100 kilomètres de désert.
L’hydratation et la nutrition pendant un marathon ne relèvent pas du confort mais de la nécessité biologique absolue. Chaque ravitaillement manqué augmente exponentiellement le risque de déshydratation, d’hypoglycémie et, ultimement, d’abandon. Cette information tardive génère une anxiété immédiate concernant la distance jusqu’au prochain point d’eau.
Cette annonce provoque également un dilemme tactique déchirant : faut-il faire demi-tour et perdre de précieuses minutes, ou continuer en espérant tenir jusqu’au prochain ravitaillement ? Cette décision complexe doit être prise avec un cerveau déjà appauvri en glucose, dans un état de lucidité diminuée.
Plus profondément, cet incident illustre la vulnérabilité particulière du marathonien. Malgré des mois de préparation minutieuse, un simple moment d’inattention peut compromettre toute l’entreprise. Cette fragilité fait partie intégrante de l’expérience marathon – une leçon d’humilité que chaque coureur finit par apprendre, parfois douloureusement.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.