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Qui est Paul Cornut-Chauvinc : Le grand gagnant du MIUT 2025 ? 

Le monde du trail a ses traditions, ses figures emblématiques et parfois, des surprises qui viennent chambouler l’ordre établi. Ce 26 avril 2025, sur les sentiers escarpés de l’île de Madère, un nom inconnu de la plupart des suiveurs s’est hissé au sommet : Paul Cornut-Chauvinc. Loin des projecteurs habituellement braqués sur les stars comme Kilian Jornet ou François d’Haene, ce Français discret vient de s’offrir une victoire retentissante sur l’un des ultras les plus exigeants du circuit mondial.

Paul Cornut-Chauvinc, l’ingénieur devenu champion d’ultra-trail

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Formé aux sciences de l’ingénieur avant de se passionner pour les longues distances en montagne, Paul incarne à merveille cette nouvelle génération de traileurs qui conjuguent intelligence tactique et préparation minutieuse. Son approche méthodique, presque scientifique, de l’effort prolongé lui a permis d’élaborer une stratégie parfaite pour les 117,6 kilomètres et 6640 mètres de dénivelé positif du parcours madérien. L’équipementier ASICS Trail avait déjà repéré ce talent prometteur, l’intégrant à son team sans pour autant en faire une tête d’affiche. Choix judicieux de la marque japonaise qui voit aujourd’hui son protégé entrer dans la cour des grands par la grande porte. Cette victoire au MIUT n’est pas un simple coup d’éclat, mais l’aboutissement d’une progression constante et réfléchie.

Un parcours atypique dans l’univers du trail

Contrairement à de nombreux traileurs professionnels issus de l’athlétisme ou du ski-alpinisme, Paul Cornut-Chauvinc a développé ses capacités d’endurance loin des cadres fédéraux traditionnels. Ce background singulier a façonné son approche de la course : méthodique, pragmatique, sans fioritures. Ses diplômes d’ingénieur ne dorment pas dans un tiroir – ils informent chaque aspect de sa préparation, de sa nutrition à sa stratégie de course.

La particularité de son cheminement réside aussi dans sa capacité à rester sous les radars médiatiques tout en construisant un palmarès de plus en plus solide. Discrétion et efficacité pourraient être les maîtres-mots de sa philosophie sportive. Jusqu’à aujourd’hui, peu de passionnés auraient misé sur lui pour détrôner les favoris du MIUT 2025. Erreur de casting magistrale que l’intéressé a corrigée avec brio sur les chemins rocailleux de Madère. Son intégration au team ASICS, loin d’être anodine, témoigne de l’œil avisé des recruteurs de la marque nippone. Ils ont détecté chez ce coureur méticuleux un potentiel encore inexploité, pari osé qui s’avère aujourd’hui gagnant. Dans un sport où le marketing pousse souvent à mettre en avant des personnalités flamboyantes, Paul représente une autre facette du trail : celle de l’excellence discrète et de la construction patiente.

Un palmarès en construction qui annonçait sa montée en puissance

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Avant de créer la sensation à Madère, Paul Cornut-Chauvinc avait déjà laissé entrevoir son potentiel à travers quelques performances remarquables sur le circuit français. Sa deuxième place au Trail du Ventoux 2024 avait constitué un premier signal fort, dans une épreuve réputée pour sa technicité et son profil abrupt. Face au plateau relevé de cette classique du calendrier hexagonal, il avait démontré une capacité à rivaliser avec des coureurs bien plus médiatisés.

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Plus tôt encore, sa médaille de bronze au Trail de Haute Provence 2023 avait marqué son entrée dans le cercle restreint des traileurs capables de performer sur des distances significatives. Cette épreuve exigeante aux portes des Alpes du Sud lui avait permis d’affûter ses armes sur un terrain varié, alternant single tracks techniques et portions roulantes. Une école parfaite pour qui aspire à briller sur les ultras européens. Ces deux podiums français constituent les pièces maîtresses d’un palmarès en construction, complété par diverses places d’honneur sur des courses régionales moins médiatisées. À chaque départ, Paul semble avoir intégré de nouvelles leçons, peaufiné sa stratégie, optimisé sa gestion d’effort. Un apprentissage méthodique qui trouve aujourd’hui son expression la plus aboutie avec ce triomphe madérien.

Le Trail du Ventoux 2024, révélateur de talent

L’épreuve vauclusienne, avec ses pentes exigeantes et ses passages techniques, représente un test grandeur nature pour les aspirants au plus haut niveau. En s’y illustrant l’an dernier, Paul Cornut-Chauvinc a démontré sa capacité à gérer un effort intense sur un terrain emblématique du trail français. Sa deuxième place, arrachée au terme d’un duel haletant avec Thomas Cardin (vainqueur cette année du même événement en 3h55), avait surpris les observateurs.

Sa performance sur le géant de Provence avait mis en lumière une qualité essentielle chez ce coureur : sa science du dosage. Jamais dans le rouge, toujours à l’économie, Paul avait impressionné par sa faculté à maintenir une allure soutenue du premier au dernier kilomètre. Cette régularité, rare sur un parcours aussi changeant, laissait présager d’excellentes dispositions pour les formats plus longs. Le Ventoux, avec sa silhouette mythique et ses conditions parfois extrêmes, avait servi de révélateur à ce talent en devenir. Les connaisseurs avaient alors noté son nom dans leurs calepins, pressentant que le meilleur restait à venir pour cet athlète au style économe et à l’approche scientifique.

Le Trail de Haute Provence 2023, premiers pas vers l’élite

Si le Ventoux a confirmé son potentiel, c’est bien en Haute Provence que Paul Cornut-Chauvinc avait fait ses premiers pas significatifs vers l’élite du trail français. Ce parcours provençal, entre lavandes et reliefs préalpins, avait révélé sa polyvalence sur des terrains variés.

Sa troisième place, décrochée au terme d’une course intelligente, avait constitué un tournant dans sa jeune carrière. Face à des spécialistes du format, il avait alors déployé une stratégie patiente, laissant ses adversaires s’épuiser dans les premières bosses avant de dérouler son rythme implacable dans la seconde moitié du parcours. Cette approche tactique, devenue depuis sa marque de fabrique, illustrait déjà sa compréhension fine des mécanismes de l’ultra-endurance. Les témoins de cette performance provençale rapportent un détail révélateur : contrairement à beaucoup de ses concurrents, Paul était resté parfaitement lucide jusqu’au bout, capable d’ajuster sa nutrition et son allure en fonction des conditions. Cette maîtrise cognitive, même dans l’effort extrême, constitue sa signature et explique en grande partie sa réussite actuelle à Madère.

Sa stratégie magistrale sur le MIUT 2025

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Le Madeira Island Ultra Trail n’est pas une course qui pardonne l’impétuosité ou l’improvisation. Avec ses 117,6 kilomètres et ses 6640 mètres de dénivelé positif, ce monstre d’endurance exige une planification méticuleuse et une gestion d’effort irréprochable.

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C’est précisément dans ces domaines que Paul Cornut-Chauvinc a excellé ce week-end, déroulant une stratégie parfaite du départ à l’arrivée. Contrairement aux favoris qui se sont livrés bataille dès les premières heures, Paul a opté pour une approche conservatrice dans la phase initiale. Une humilité tactique qui pouvait passer pour de la timidité aux yeux des non-initiés, mais qui relevait en réalité d’un calcul minutieux. Pendant que Raul Butaci, Jean-Philippe Tschumi et d’autres protagonistes brûlaient leurs cartouches sous les étoiles madériennes, notre ingénieur français économisait précieusement ses ressources. Cette patience a commencé à porter ses fruits à mi-parcours, lorsque les organismes des leaders commençaient à montrer des signes de fatigue. Progressivement, métronomiquement, Paul a entamé sa remontée fantastique. Jamais dans la précipitation, toujours dans la maîtrise, il a grignoté son retard avec l’assurance tranquille d’un horloger suisse. Une démonstration d’ultra-trail moderne qui pourrait faire école.

Une montée en puissance calculée au millimètre

La beauté de la performance de Paul Cornut-Chauvinc réside dans sa progression parfaitement calibrée tout au long de l’épreuve. Les données de course révèlent une montée en puissance saisissante : parti autour de la 15ème position dans les premières heures nocturnes, il pointait déjà à la 8ème place au premier quart de course, puis 5ème à mi-parcours, avant d’intégrer le podium provisoire au 75ème kilomètre.

Cette ascension régulière n’avait rien d’un coup de poker. Chaque portion avait été analysée, chaque ravitaillement planifié, chaque secteur difficile anticipé. Là où certains concurrents ont connu des passages à vide spectaculaires, Paul a maintenu une allure remarquablement constante, preuve d’une gestion énergétique optimale. Son background d’ingénieur transparaît dans cette approche mathématique de l’effort prolongé. Particulièrement impressionnante fut sa traversée des secteurs les plus techniques de l’île, notamment les crêtes exposées entre Encumeada et Pico Ruivo. Alors que plusieurs favoris y laissaient des plumes, Paul y trouvait un terrain d’expression favorable, alliant prudence dans les descentes périlleuses et efficacité dans les montées raides. Cette section cruciale lui a permis de prendre définitivement les commandes de la course.

La prise de pouvoir dans la seconde moitié de course

C’est aux alentours du 60ème kilomètre que le scénario de la course a définitivement basculé en faveur de notre français. Alors que Raul Butaci, leader pendant de longues heures, commençait à accuser le coup, Paul a accéléré avec un timing parfait.

Non pas par une attaque brutale, mais par une élévation progressive du rythme qui a fait mal à tous ses adversaires. Les témoins présents sur le parcours rapportent un détail frappant : la fraîcheur apparente de Cornut-Chauvinc à ce stade avancé de la course. Quand beaucoup traînaient des jambes lourdes et affichaient des visages marqués par l’effort, lui semblait étonnamment alerte, presque détaché des difficultés du parcours. Une économie de moyens qui porte la marque des très grands champions d’ultra-endurance. La seconde moitié de course a confirmé sa supériorité du jour. Une fois les commandes prises, Paul a géré son avance avec intelligence, sans jamais céder à l’euphorie ou à la précipitation. Cette maturité tactique, rare chez un coureur relativement nouveau à ce niveau, laisse présager un avenir radieux sur les plus grandes classiques du calendrier mondial.

Un finish maîtrisé malgré l’enjeu historique

Les derniers kilomètres d’un ultra-trail constituent souvent le théâtre de retournements spectaculaires ou d’effondrements dramatiques. Le MIUT ne fait pas exception à cette règle, avec son final exigeant vers Machico. Paul Cornut-Chauvinc y a pourtant affiché une sérénité déconcertante, contrastant avec l’enjeu colossal qui se présentait à lui : remporter l’une des courses les plus prestigieuses du circuit mondial.

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Malgré une avance confortable sur ses poursuivants, il n’a jamais relâché sa concentration, négociant avec précision les ultimes difficultés techniques. Cette constance mentale jusqu’à la ligne d’arrivée témoigne d’une maturité athlétique remarquable, bien au-delà de son expérience relative en compétition internationale. Les images de son arrivée à Machico resteront gravées dans les mémoires des passionnés : pas de gesticulations excessives ni de célébration théâtrale, mais la satisfaction tranquille d’un plan parfaitement exécuté. Un sourire, quelques applaudissements pour son staff et ses supporters, puis cette phrase révélatrice adressée aux premiers journalistes présents : « J’avais visualisé chaque kilomètre, rien n’a été laissé au hasard. »

Le podium complet du MIUT 2025, reflet d’une course intense

Si Paul Cornut-Chauvinc a écrit la plus belle page de sa jeune carrière sur les sentiers de Madère, le podium complet du MIUT 2025 mérite qu’on s’y attarde tant il reflète l’intensité de la bataille qui s’est déroulée pendant plus de 15 heures.

Aux côtés du français, Miguel Arsenio et Raul Butaci complètent ce trio d’excellence, avec des parcours de course très différents mais tout aussi méritoires. Le Portugais Miguel Arsenio, porté par son public local, a réalisé une performance remarquable pour accrocher cette deuxième place. Animateur de la course dans ses phases intermédiaires, il a su trouver les ressources mentales pour résister au retour des poursuivants dans les derniers kilomètres.

Sa connaissance intime du terrain madérien a manifestement constitué un atout décisif face à des concurrents découvrant certaines sections techniques pour la première fois. Raul Butaci complète ce podium avec une médaille de bronze qui ne reflète qu’imparfaitement son impact sur la course. Le Roumain, véritable patron des premières heures nocturnes, a longtemps fait figure de vainqueur potentiel avant de connaître un passage difficile à mi-parcours. Sa capacité à limiter les dégâts malgré cette défaillance temporaire force le respect et confirme ses qualités de combattant, déjà démontrées lors de sa victoire à la Transgrancanaria plus tôt cette saison.

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Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.

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