Cette distance mythique de 42,195 kilomètres nécessite une préparation rigoureuse, mais aussi une stratégie d’allure parfaitement calibrée. Comment déterminer le tempo idéal pour réaliser votre meilleure performance ? Votre VMA (Vitesse Maximale Aérobie) pourrait bien être la clé de cette équation. Plongeons ensemble dans cette méthode scientifique qui vous permettra d’anticiper avec précision votre chrono sur marathon.
Sommaire
- 1 La formule simple pour estimer votre temps de marathon
- 2 Le tableau de prévision selon votre VMA : un outil précieux
- 3 Les facteurs impactant la précision de la prédiction
- 4 La stratégie d’allure : l’art de découper son marathon
- 4.1 Les premiers kilomètres : l’erreur classique à éviter
- 4.2 Le premier tiers : établir son rythme de croisière
- 4.3 La mi-course : vigilance face aux premiers signes de fatigue
- 4.4 Le mur du 30ème et la gestion de la fatigue
- 4.5 Le sprint final : mobiliser ses dernières ressources
- 4.6 Les sujets tendances
La formule simple pour estimer votre temps de marathon

Le marathon est une science exacte qui repose sur des données physiologiques précises. Les athlètes expérimentés le savent : pour optimiser sa performance sur cette distance exigeante, il faut connaître parfaitement ses limites et déterminer l’allure idéale à maintenir tout au long du parcours. Pascal Balducci, expert reconnu dans le domaine de la course d’endurance, nous éclaire sur ce point crucial dans l’article original de VO2.
L’équation fondamentale de la performance en marathon
Pour les coureurs bien entraînés, une règle statistique s’applique avec une fiabilité remarquable : un marathon se court généralement à environ 80% de votre VMA. Cette donnée n’est pas anodine et constitue le socle de toute prédiction de performance fiable. Prenons un exemple concret pour illustrer cette formule : un coureur lambda disposant d’une VMA de 16 km/h pourra, en théorie, maintenir une vitesse de course de 16 × 0,8 = 12,8 km/h, soit environ 4’41 » au kilomètre. Ce rythme, maintenu sur l’intégralité du parcours, conduirait à un temps final d’environ 3h18.
Cette formule simple offre une première approximation très utile, notamment pour les coureurs qui préparent leur premier marathon ou qui cherchent à améliorer leur chrono. Elle permet d’éviter l’écueil classique du départ trop rapide, véritable piège qui guette les marathoniens novices et compromet souvent leur performance finale.
Les nuances essentielles pour les coureurs moins aguerris
La règle des 80% ne s’applique pas uniformément à tous les profils de coureurs. Pour les athlètes moins entraînés ou débutant sur la distance, le pourcentage de VMA soutenable chute sensiblement vers 60-70%. Cette variation considérable s’explique par une capacité d’endurance moins développée et une économie de course moins optimisée.
Pour ces coureurs, l’allure marathon se rapproche davantage de l’allure du footing habituel. Dans ce cas, il devient plus pertinent de se fier aux fréquences cardiaques, notamment les fréquences cardiaques de réserve, qui reflètent avec plus de précision l’intensité réelle de l’effort aérobie fourni. Cette approche personnalisée évite les désillusions et limite les risques d’abandon dus à une stratégie initiale trop ambitieuse.
L’importance cruciale de tester l’allure en conditions réelles
Déterminer son allure marathon sur papier est une chose, mais l’expérimenter en conditions réelles d’entraînement en est une autre. La sagesse veut que cette allure cible soit définie au minimum deux mois avant l’échéance du marathon. Cette période correspond à la phase de préparation spécifique, durant laquelle le coureur va intégrer physiologiquement cette intensité d’effort.
Les séances à allure spécifique marathon permettent à l’organisme d’améliorer progressivement la coordination intermusculaire et intramusculaire. Ce processus d’adaptation neuromotrice optimise l’économie de course précisément à la vitesse cible. Le corps apprend ainsi à fonctionner de manière plus efficiente à cette intensité particulière, limitant la dépense énergétique superflue qui pourrait s’avérer catastrophique sur une distance aussi longue.
Le tableau de prévision selon votre VMA : un outil précieux

Les coureurs apprécient les données chiffrées qui leur permettent de se projeter concrètement vers leurs objectifs. Le tableau de prévision basé sur la VMA constitue un outil précieux pour tout marathonien soucieux d’établir un pronostic réaliste sur sa performance potentielle.
Les correspondances VMA/temps qui parlent aux coureurs
Le tableau ci-dessous présente les corrélations statistiques entre VMA, temps sur semi-marathon et temps prévisible sur marathon. Ces données ont été établies sur la base d’observations d’athlètes réguliers et entraînés :
VMA (km/h) | Temps semi-marathon | Temps marathon prévu |
---|---|---|
14 | 1h46 | 3h43-3h53 |
15 | 1h39 | 3h28-3h38 |
16 | 1h33 | 3h15-3h25 |
17 | 1h28 | 3h05-3h14 |
18 | 1h23 | 2h54-3h03 |
19 | 1h18 | 2h44-2h52 |
20 | 1h14 | 2h35-2h43 |
Ce tableau révèle une réalité fondamentale du marathon : plus la VMA est élevée, plus le pourcentage de cette VMA que l’on peut maintenir sur la distance tend également à augmenter. Ainsi, les coureurs d’élite parviennent parfois à courir à plus de 85% de leur VMA sur l’intégralité du marathon, quand les amateurs doivent souvent se contenter de 70-75%.
Les ratios entre distances : une autre approche prédictive
Une approche alternative consiste à établir des ratios entre les performances sur différentes distances. Statistiquement, un marathon se court en 2,1 à 2,2 fois le temps réalisé sur semi-marathon. De même, on estime généralement qu’un marathon correspond à environ 4,7 à 4,8 fois le temps sur 10 km.
Ces ratios présentent toutefois une marge d’erreur qui s’accroît avec l’écart de temps et de distance. Ils sont donc particulièrement fiables pour les coureurs dont les performances sont équilibrées sur l’ensemble des distances, témoignant d’une préparation homogène. En revanche, ils peuvent s’avérer trompeurs pour les profils plus spécialisés (coureurs rapides sur courtes distances mais manquant d’endurance ou inversement).
La prise en compte des antécédents personnels
Pour les coureurs qui ont déjà une expérience du marathon, la méthode la plus fiable reste l’analyse des performances passées. Plutôt que de se fier uniquement aux prédictions théoriques, il est judicieux de partir du chrono précédemment réalisé et d’évaluer dans quelles conditions on peut l’améliorer ou simplement le reproduire.
Cette approche pragmatique tient compte de nombreuses variables individuelles que les modèles statistiques ne peuvent intégrer : réponse personnelle à l’effort prolongé, résistance psychologique, capacité de gestion tactique de la course, etc. La performance passée constitue une base concrète à partir de laquelle on peut ajuster ses objectifs en fonction des progrès accomplis à l’entraînement et de l’évolution de sa condition physique.
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Les facteurs impactant la précision de la prédiction

Si les formules et tableaux de prédiction offrent une base de travail appréciable, ils ne peuvent prétendre à une exactitude absolue. De nombreux facteurs, tant physiologiques que psychologiques, peuvent influencer significativement la performance réelle le jour de la course.
Le niveau d’entraînement spécifique marathon
La préparation spécifique au marathon constitue sans doute le facteur le plus déterminant dans la précision des prédictions. Un coureur qui s’est astreint à un entraînement rigoureux de plusieurs mois, comprenant des sorties longues régulières, des séances à allure spécifique marathon et un travail de seuil approprié, aura toutes les chances de confirmer les prévisions théoriques.
À l’inverse, un athlète qui tenterait d’extrapoler une performance marathon à partir de ses chronos sur 10 km ou semi-marathon, sans préparation adaptée à la distance, se heurterait probablement à une réalité bien plus rude que prévu. Le marathon sollicite des qualités physiologiques spécifiques qui ne peuvent être développées que par un entraînement dédié, notamment la capacité à maintenir un effort modéré sur une très longue durée et l’optimisation du métabolisme lipidique.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunL’économie de course : le facteur X souvent négligé
Au-delà de la VMA pure, l’économie de course joue un rôle capital dans la performance en marathon. Deux coureurs possédant la même VMA peuvent réaliser des performances très différentes sur marathon en raison de leur efficacité énergétique respective. Un style de course fluide et relâché, minimisant les dépenses énergétiques superflues, permet de reporter plus loin la fatigue musculaire et l’épuisement des réserves glycogéniques.
Cette qualité, souvent négligée dans les programmes d’entraînement, peut faire une différence considérable sur la distance marathon. Elle s’améliore par un travail technique spécifique (exercices de proprioception, éducatifs de course, etc.) et par l’accumulation de séances à allure spécifique qui permettent au corps d’intégrer les schémas moteurs les plus efficaces.
Les conditions de course : l’imprévisible à anticiper
Même la préparation la plus méticuleuse peut être mise à mal par les conditions rencontrées le jour J. Le profil du parcours (plat ou vallonné), les conditions météorologiques (température, humidité, vent), l’altitude ou encore la qualité du ravitaillement sont autant de variables qui peuvent modifier sensiblement la performance attendue.
Un coureur avisé intègre ces paramètres dans sa stratégie et adapte ses objectifs aux conditions réelles. Sur un parcours vallonné ou par forte chaleur, il peut être judicieux de réduire de quelques secondes l’allure kilométrique cible pour préserver ses chances d’aller au bout dans les meilleures conditions possibles. Cette flexibilité tactique, loin d’être un aveu de faiblesse, témoigne au contraire d’une gestion intelligente de ses ressources.
L’état de fraîcheur et la préparation mentale
L’état de forme le jour de la course résulte d’une alchimie complexe entre fatigue accumulée, récupération, affûtage précompétition et préparation mentale. Un affûtage bien mené, permettant de réduire progressivement la charge d’entraînement tout en maintenant l’intensité, optimise les chances d’être au sommet de sa forme le jour J.
Parallèlement, la dimension psychologique ne doit pas être sous-estimée. La capacité à gérer le stress précompétition, à maintenir sa concentration sur de longues périodes et à surmonter les passages difficiles constitue un atout majeur sur marathon. Un travail de visualisation et de préparation mentale peut contribuer significativement à améliorer ces aspects et à franchir les barrières psychologiques qui limitent souvent la performance.
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La stratégie d’allure : l’art de découper son marathon

Une fois votre allure cible déterminée grâce à votre VMA, reste à appliquer cette théorie sur le terrain. Le marathon n’est pas une course linéaire et nécessite une approche stratégique par sections pour optimiser votre performance globale. Voici comment aborder chaque portion de cette épreuve mythique.
Les premiers kilomètres : l’erreur classique à éviter
Le départ d’un marathon constitue un moment délicat où l’euphorie collective et l’adrénaline peuvent facilement vous entraîner vers une allure trop soutenue. Cette erreur classique a coûté leur performance à d’innombrables coureurs, même expérimentés. Vérifiez votre chrono et vos fréquences cardiaques dès le premier kilomètre pour vous assurer de rester dans votre zone cible.
Durant cette phase initiale (kilomètres 0 à 5), il est primordial de résister à la tentation d’accélération. Votre corps doit s’échauffer progressivement et trouver son rythme de croisière. La sensation de facilité qui caractérise généralement cette portion ne doit pas vous inciter à puiser prématurément dans vos réserves. Chaque seconde « gagnée » en début de parcours se paiera au centuple dans les derniers kilomètres.
Le premier tiers : établir son rythme de croisière
Entre les kilomètres 5 et 15, vous entrez dans une phase de stabilisation où votre dépense énergétique doit atteindre un équilibre optimal. C’est le moment d’adopter définitivement l’allure cible déterminée à partir de votre VMA et de s’y tenir avec rigueur. Les sensations doivent être bonnes, la respiration contrôlée, la foulée fluide.
Durant cette portion, recherchez l’aisance et la régularité plutôt que la performance pure. Votre objectif est de maintenir des fréquences cardiaques stables, correspondant à environ 80% de votre fréquence cardiaque de réserve si vous êtes un coureur bien entraîné. Cette discipline dans l’effort vous permettra d’aborder sereinement la suite du parcours.
La mi-course : vigilance face aux premiers signes de fatigue
Le passage de la mi-course (kilomètres 15 à 25) marque souvent un tournant psychologique. Si vous avez géré correctement votre début de course, vous devriez encore vous sentir relativement à l’aise, mais les premiers signes de fatigue peuvent commencer à se manifester. C’est précisément à ce moment qu’il faut redoubler de vigilance pour maintenir l’allure prévue.
La tentation peut être forte d’accélérer légèrement si les sensations sont bonnes, dans l’idée de « mettre de l’avance » pour la fin de course. Résistez à cette impulsion ! Le marathon ne pardonne pas les écarts stratégiques, et cette accélération prématurée pourrait compromettre gravement votre fin de course. Concentrez-vous plutôt sur votre technique et votre relâchement musculaire pour économiser l’énergie qui vous sera précieuse plus tard.
Le mur du 30ème et la gestion de la fatigue
Entre les kilomètres 25 et 35 se situe généralement la phase la plus redoutée du marathon : le fameux « mur ». Deux phénomènes physiologiques majeurs se produisent simultanément :
- La dérive cardiaque : votre corps produit de la chaleur qu’il ne peut pleinement évacuer. Pour se refroidir, une partie du flux sanguin est dérivée vers la périphérie, privant partiellement vos muscles d’oxygène. Pour maintenir le même effort, votre fréquence cardiaque augmente naturellement.
- La fatigue musculaire et nerveuse s’installe progressivement : l’amplitude de votre foulée diminue, le temps de contact au sol s’allonge, l’élasticité musculaire (stiffness) diminue. Pour maintenir la même vitesse, vous devrez fournir un effort subjectivement plus important.
C’est durant cette phase critique que la préparation spécifique fait toute la différence. Les coureurs qui ont négligé les sorties longues ou le renforcement musculaire verront leur allure s’effondrer inexorablement, tandis que ceux qui ont suivi une préparation rigoureuse pourront limiter la casse et maintenir un rythme proche de leur objectif.
Le sprint final : mobiliser ses dernières ressources
Les derniers kilomètres (35 à l’arrivée) constituent l’ultime défi du marathonien. Pour beaucoup, cette portion représente un véritable calvaire où chaque foulée devient une bataille contre soi-même. Si la force manque, raccourcissez votre foulée et augmentez sa fréquence pour compenser la perte de puissance et maintenir une vitesse acceptable.
À partir du 37ème kilomètre, le compte à rebours psychologique commence. L’arrivée se rapproche suffisamment pour que le cerveau atténue son contrôle inhibiteur, ce qui permet à certains coureurs de terminer en accélérant légèrement. Cette capacité à mobiliser ses ultimes ressources dans le final témoigne d’une gestion parfaite de l’effort sur l’ensemble du parcours.
Pour ceux qui ont mal géré leur allure, en revanche, ces derniers kilomètres se transforment en chemin de croix. Le « mur » devient omniprésent, les jambes sont lourdes, la technique s’effondre. D’où l’importance cruciale d’avoir respecté scrupuleusement le tempo déterminé par votre VMA dès les premiers mètres de course.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.