Dans l’univers feutré du trail running français, certains noms résonnent avec discrétion mais portent une influence considérable. Simon Gosselin incarne parfaitement cette génération d’athlètes polyvalents qui redéfinissent les codes du sport en montagne. À seulement 28 ans, ce Savoyard cumule les casquettes avec une aisance déconcertante : coureur de haut niveau, entraîneur de champions mondiaux, et désormais ambassadeur de la marque suisse On Running.
Son parcours sportif impressionne par sa régularité. Depuis 2016, l’ITRA (International Trail Running Association) recense près d’une cinquantaine de courses à son actif, ponctuées par dix victoires et dix-huit podiums. Ces chiffres témoignent d’une constance remarquable dans un milieu où la performance dépend autant du mental que du physique.
La trajectoire de Simon prend un tournant décisif fin 2023 lorsqu’il décide de quitter le Team Sidas-Matryx, structure qu’il avait co-fondée avec Thomas Janichon au sortir de ses études. Cette rupture marque le début d’une aventure en solo, concrétisée par son intégration dans l’équipe On et le lancement de son projet double athlète-entraîneur professionnel.
Sommaire
Parcours et palmarès de Simon Gosselin

Des débuts prometteurs aux sommets européens
L’ascension de Simon dans le milieu du trail s’est construite méthodiquement. Formé initialement dans l’entraînement cycliste, il transpose ses connaissances physiologiques vers les sentiers alpins avec une facilité naturelle. Cette approche scientifique, tempérée par une intuition terrain affûtée, forge rapidement sa réputation d’entraîneur atypique.
Au printemps 2024, sa victoire sur le 70 km de l’Istria 100 by UTMB en Croatie confirme son statut d’athlète de premier plan. Cette performance, réalisée sous les couleurs de On Running, démontre sa capacité à briller sur des formats exigeants, mêlant technicité et endurance pure.
La qualification western states : un golden ticket mérité
Septembre 2023 restera gravé dans la mémoire de Simon. Sur les sentiers escarpés du Nice – Côte d’Azur by UTMB, il décroche une deuxième place magistrale sur le 115 kilomètres, distancé uniquement par son ami Jim Walmsley. Cette performance lui ouvre les portes de la mythique Western States Endurance Run, course de prestige outre-Atlantique.
L’entraîneur des champions : sa méthode unique

Un encadrement sur-mesure pour chaque athlète
Derrière l’athlète se cache un coach d’exception qui accompagne une douzaine de français vers l’excellence. Son approche révolutionnaire réside dans sa capacité d’adaptation totale aux besoins spécifiques de chaque coureur. Rémi Bonnet, actuellement considéré comme le coureur le plus performant de la planète, fait confiance à ses méthodes pour maintenir son niveau stratosphérique.
Élise Poncet, vice-championne du monde de course en montagne 2019, témoigne de cette polyvalence : « Simon m’a entraîné pour être en équipe de France de ski alpinisme puis pour performer sur les courses du Golden Trail Series. Cette adaptabilité représente sa plus grande force. »
Les pépites françaises sous sa houlette
Lucille Germain illustre parfaitement l’efficacité du système Gosselin. Spécialisée cette année sur le circuit mondial de skyrunning, elle vient d’exploser le record de l’Ultra Skyrunning Madeira (45 km, 3600 m D+) en 5h33, performance qui résonne dans tout l’hexagone.
Baptiste Chassagne, champion de France de trail long 2023, bénéficie également de cet encadrement personnalisé. Leur amitié, née durant le premier confinement de 2020, transcende la relation entraîneur-athlète classique. Jules Mongellaz, la jeune pépite qui accumule les médailles européennes, complète ce casting d’exception.
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« Simon ne surjoue jamais en séance. Il s’entraîne dans la bonne zone et accepte ses mauvais jours. Son objectif reste de passer la séance, peu importe sa position dans le groupe. » – Baptiste Chassagne
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Une philosophie humaine avant tout
L’approche de Simon transcende la simple optimisation physiologique. Il détecte rapidement les signes de surmenage, comme lorsqu’il a identifié les premiers symptômes du syndrome RED-S chez Lucille Germain. Cette vigilance constante préserve la santé de ses protégés sur le long terme.
Son tempérament discret n’empêche pas une exigence maximale. Avare de compliments, ses félicitations n’en deviennent que plus précieuses pour ses athlètes. Cette parcimonie verbale forge des caractères solides, capables de puiser en eux-mêmes les ressources nécessaires.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunL’amitié avec Jim Walmsley et la préparation western states

Une rencontre fortuite aux templiers
L’histoire débute au Grand Trail des Templiers 2022. Jim Walmsley s’impose tandis que Simon termine au pied du podium, mais l’essentiel se joue ailleurs. Grâce à Simon Dugué, photographe et vidéaste reconnu, les deux hommes se rencontrent et décident de partager le trajet retour depuis le Beaufortain.
Ce covoiturage d’Arêches jusqu’à Millau scelle une amitié improbable. Jim, habitué aux étendues désertiques de l’Arizona, découvre l’intimité des vallées alpines. Simon, montagnard dans l’âme, s’ouvre aux perspectives infinies du Grand Ouest américain.
Cohabitation alpine et préparation commune
L’hiver 2022-2023 marque un tournant. François D’Haene, initialement pressenti pour accompagner Jim dans sa préparation UTMB, se blesse. Simon devient naturellement le partenaire d’entraînement de la légende américaine. Six mois durant, ils arpentent ensemble les sentiers savoyards, partageant bien plus que des sorties longues.
« Moi, je préfère presque l’entraînement à la compétition », confie Simon. Cette passion communicative séduit Jim, habitué à l’intensité californienne. Laura Fornay, compagne de Simon et médecin généraliste, sympathise rapidement avec Jessica Brazeau, épouse traileuse de Jim.
Stage de préparation à flagstaff
Le 22 avril 2024, Simon quitte ses montagnes verdoyantes pour l’Arizona. Flagstaff, perchée à plus de 2000 mètres d’altitude, contraste radicalement avec Arêches et ses 1000 mètres. Cette immersion de deux mois et demi vise une acclimatation optimale aux conditions de la Western States.
La chaleur désertique impose un protocole d’adaptation rigoureux. Dès le Beaufortain, Simon multiplie les séances sur home-trainer, emmitouflé dans K-Way, doudoune et pantalon. Cette méthode artisanale, validée lors de sa victoire croate par 25 degrés, trouve sa confirmation dans les étendues arides arizonaises.
Découverte des terres américaines
L’immersion dépasse largement le cadre sportif. Simon découvre la Route 66, artère mythique reliant Chicago à la Californie. Le Grand Canyon devient terrain d’entraînement avec la traversée d’une rive à l’autre (Rim-to-Rim-to-Rim), épreuve redoutable sous la chaleur écrasante.
Cette préparation minutieuse lui permet de reconnaître les 90 derniers kilomètres de la Western States. Contrairement à ses appréhensions, le parcours révèle davantage de singles techniques que de pistes 4×4 monotones. Cette découverte rassure le montagnard, habitué aux sentiers sinueux plutôt qu’aux grandes lignes droites.
Valeurs et philosophie de vie
Leadership par l’exemple plutôt que par les mots
Simon incarne une forme de leadership silencieux qui marque profondément son entourage. Ses convictions écologiques ne donnent jamais lieu à des sermons moralisateurs. Baptiste Chassagne témoigne : « C’est en passant du temps avec lui qu’on se dit que ce n’est pas compliqué de faire un compost ou d’être raisonné dans notre calendrier de courses. »
Cette influence s’exerce naturellement, sans contrainte ni jugement. Ses choix de déplacements privilégient systématiquement le train et le vélo électrique, sauf nécessité absolue. Son voyage outre-Atlantique, compensé par un séjour prolongé pour rentabiliser l’impact carbone de 3,5 tonnes de CO2, illustre cette cohérence.
Résilience face à l’adversité
L’accident de vélo de 2021 révèle la trempe exceptionnelle de Simon. Renversé par une voiture dix jours avant la TDS, il projette immédiatement sa reconstruction. Laura, sa compagne, reste marquée par cette capacité de rebond : « Son état d’esprit n’a jamais changé, il n’a jamais déprimé. Il m’a surprise par sa volonté de garder le positif. »
Cette résilience naturelle irrigue toute sa philosophie d’entraînement. Douze mois s’écoulent avant son retour au niveau antérieur, période durant laquelle son optimisme ne vacille jamais. Cette expérience forge une compréhension profonde des blessures et de leur impact psychologique.
Simplicité et authenticité au quotidien
Grégory Jacquet, son manager, dresse un portrait touchant : « Il aime les choses simples : s’entraîner, faire son job, aller au resto, boire des bières avec les copains. » Cette philosophie hédoniste tempère l’exigence sportive par une recherche constante d’équilibre.
Contrairement aux égos surdimensionnés du sport de haut niveau, Simon cultive une humilité désarmante. « Il ne se couche pas en se disant ‘demain, je veux être le meilleur du monde’. Il se lève plutôt en pensant performer sur les plus grandes courses, les plus relevées. »
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.