Antoine Guillon a remporté la Transmartinique 2025 ce samedi 7 décembre en 19h47, signant sa cinquième victoire sur l’épreuve mythique martiniquaise. À 56 ans, « le Métronome » devient l’athlète le plus titré de l’histoire de cette course de 134 kilomètres qui traverse l’île du volcan aux plages.
La performance parle d’elle-même. Neuf ans après sa dernière victoire en 2016, Antoine Guillon prouve qu’il reste une référence absolue du trail tropical. Sur un parcours exigeant mêlant volcan, jungle dense, plantations de cannes à sucre et sable brûlant sous le soleil antillais, le vétéran français a donné une leçon de course intelligente à toute la concurrence.
Sommaire
Une course tactique à la perfection

La stratégie du chasseur
Antoine Guillon n’a rien laissé au hasard lors de cette 13e édition de la Transmartinique. Fidèle à son surnom de « Métronome », il a appliqué une stratégie millimètrée qui lui a permis de dominer ses adversaires sans jamais paniquer.
Pendant plus de la moitié du parcours, Guillon laisse volontairement son coéquipier Cédric Chavet mener les débats. Il reste dans sa roue, observe, économise ses forces. Cette approche prudente contraste avec l’agressivité habituelle des coureurs qui cherchent à creuser l’écart dès les premiers kilomètres.
Puis arrive le kilomètre 92, point stratégique situé à Vauclin. C’est là qu’Antoine décide de prendre les commandes. Une accélération calculée, progressive, qui sème progressivement ses poursuivants. Sur les 40 derniers kilomètres entre mangroves poisseuses et savanes côtières exposées au soleil, il creuse méthodiquement l’écart.
Le contrôle est total. Aucune faille, aucune hésitation. Juste l’exécution parfaite d’un plan préparé pendant des mois.
Un palmarès historique
Avec cette cinquième victoire, Antoine Guillon inscrit définitivement son nom dans la légende de la Transmartinique. Ses précédents succès datent de 2011, 2012, 2014 et 2016. Neuf années se sont écoulées depuis son dernier triomphe, une éternité dans le monde du trail où les carrières sont souvent courtes.
À 56 ans, l’ancien pompier professionnel devient l’athlète le plus titré de l’histoire de cette course mythique. Un record qui risque de tenir longtemps tant la régularité sur ce type d’épreuve tropicale reste difficile à maintenir dans le temps.
Son style posé, méthodique, presque chirurgical dans l’approche de la course, fait désormais école. Guillon prouve qu’en ultra-trail, l’expérience et l’intelligence tactique compensent largement la perte de vitesse pure liée à l’âge.
La remontada spectaculaire de Karim Benabbou

Un finish d’anthologie
Si Antoine Guillon a brillé par sa régularité, Karim Benabbou a marqué cette édition 2025 par une remontée époustouflante. Moins médiatisé que les stars du circuit international, ce Martiniquais redoutable sur les formats longs a signé la performance la plus impressionnante du week-end.
Loin du podium pendant toute la première moitié de course, Benabbou entame une remontée progressive dès les pentes du centre de l’île. Au kilomètre 81, il pointe encore à la quatrième place, apparemment distancé par le trio de tête.
Mais c’est sans compter sur sa capacité exceptionnelle à gérer la chaleur moite de la nuit martiniquaise. À Vauclin (km 92), il est déjà remonté à la troisième place. Et il ne s’arrête pas là.
Six minutes d’écart seulement
Son passage à Prunes, avant-dernier ravitaillement situé au kilomètre 126, intervient à 17h51. À ce stade, il n’accuse plus qu’un retard raisonnable sur le leader Antoine Guillon. Le finish s’annonce serré.
L’arrivée confirme l’incroyable performance : Benabbou franchit la ligne seulement 6 minutes après Guillon. Sur 134 kilomètres et près de 20 heures de course, cet écart dérisoire témoigne de la densité de cette édition 2025.
Cette magnifique deuxième place confirme le statut de Benabbou comme étoile montante du trail ultra tropical. Les suiveurs de la course sur les réseaux sociaux ont unanimement salué son courage et son endurance face aux conditions difficiles imposées par le climat antillais.
Points forts de la course de Karim Benabbou :
- Patience tactique : acceptation d’être loin du podium en première partie
- Gestion de la chaleur : excellente adaptation aux conditions tropicales nocturnes
- Finish puissant : accélération progressive sur les 50 derniers kilomètres
- Régularité : aucun passage à vide malgré la durée de l’effort
- Résultat final : 2e place à seulement 6 minutes du vainqueur
L’absence remarquée de Mathieu Blanchard

Un forfait de dernière minute
L’édition 2025 de la Transmartinique restera également marquée par l’absence d’un grand nom : Mathieu Blanchard. Vainqueur de l’épreuve en 2017, l’aventurier-traileur le plus médiatique de France avait annoncé sa participation dans le cadre d’un projet fou combinant traversée de l’Atlantique et ultra-trail.
Quelques heures seulement avant le départ prévu, Blanchard a finalement renoncé. La raison ? Une infection bactérienne contractée durant la Transat Café L’Or qu’il venait de terminer en double avec le navigateur Conrad Colman.
Découvre les meilleures marques de trail running chez i-Run : chaussures, textile, nutrition… tout ce qu’il te faut pour performer sur les sentiers.
⚡ Voir les nouveautés i-RunCette décision, rare pour cet habitué des gros challenges qui repousse régulièrement ses limites, témoigne de la gravité de son état de santé. Le corps médical s’est montré catégorique : pas question de prendre le départ dans ces conditions.
Une traversée cauchemardesque
Le projet initial de Mathieu Blanchard brillait par son ambition démesurée. Traverser l’océan Atlantique sur un voilier de course, puis enchaîner directement avec 134 kilomètres de trail sous les tropiques. Une double performance qui aurait marqué l’histoire du sport d’aventure.
Malheureusement, la Transat s’est transformée en calvaire. Conditions météorologiques extrêmes, mal de mer violent, et pour couronner le tout, une côte cassée durant la traversée. L’organisme de MB était déjà au plus bas avant même de poser le pied en Martinique.
L’infection bactériologique diagnostiquée après l’arrivée a scellé définitivement son sort. Impossible de prendre le moindre risque avec une telle pathologie, incompatible avec l’effort prolongé d’un ultra-trail.
Son forfait a laissé la voie libre à Antoine Guillon et Cédric Chavet, les deux figures historiques du team Globetrailers, pour s’imposer sans opposition majeure.
Le podium complet Transmartinique 2025
Top 3 hommes (résultats non officiels)
1. Antoine Guillon – 19h47
Le Métronome frappe encore. Cinquième victoire historique pour ce monument du trail français qui prouve qu’à 56 ans, l’expérience prime sur la jeunesse.
2. Karim Benabbou – 19h53 (environ)
La révélation de cette édition. Une remontée spectaculaire qui confirme son statut d’étoile montante du trail tropical martiniquais.
3. Cédric Chavet (position estimée)
Coéquipier d’Antoine Guillon au sein du team Globetrailers, Chavet a mené la course pendant plus de 70 kilomètres avant de céder face au retour du patron.
Les temps forts de la course
Plusieurs moments ont marqué cette 13e édition de la Transmartinique. Le départ rapide de Cédric Chavet qui a imprimé un rythme soutenu dès les premiers kilomètres. La gestion intelligente d’Antoine Guillon qui a préféré laisser filer son coéquipier plutôt que de s’épuiser prématurément.
Puis cette accélération décisive au kilomètre 92, point de bascule où le vétéran a montré qu’il restait le patron. Et enfin, la remontée hallucinante de Karim Benabbou qui a transformé une course apparemment pliée en suspense jusqu’au bout.
La chaleur écrasante de la journée, suivie par l’humidité oppressante de la nuit tropicale, ont également joué un rôle majeur. Seuls les coureurs parfaitement acclimatés aux conditions antillaises pouvaient espérer rivaliser avec les spécialistes locaux.
Manon Bohard : 6ème au scratch
Au-delà de sa victoire dans la catégorie féminine, Bohard a réalisé une performance remarquable au classement général. Son chrono de 21h50′ lui permet de terminer 6e au scratch, tous sexes confondus, devant de nombreux concurrents masculins.
Cette performance place la Jurassienne parmi l’élite absolue de l’ultra-trail mondial. Finir 6e toutes catégories sur une épreuve de ce niveau démontre sa capacité à rivaliser avec les meilleurs spécialistes de la discipline, quelle que soit leur catégorie.
Pour comparaison, elle termine seulement trois heures derrière le vainqueur masculin Antoine Guillon (18h46′), qui signait pourtant son cinquième succès sur l’épreuve à 56 ans. Cet écart relativement modéré sur une course de près de 22 heures illustre le niveau exceptionnel de Bohard.
Un retour réussi après le burn-out
Cette victoire revêt une dimension particulière pour Manon Bohard. En 2024, elle avait remporté la mythique Diagonale des Fous à La Réunion, l’une des courses les plus prestigieuses et difficiles du calendrier mondial de l’ultra-trail. Mais cette victoire avait eu un prix : la traileuse avait ensuite été victime d’un burn-out.
Le burn-out sportif touche de nombreux athlètes de haut niveau, soumis à des charges d’entraînement intenses et à une pression psychologique considérable. Pour Bohard, cette épreuve difficile nécessitait une pause et une reconstruction progressive, tant physique que mentale.
Son retour victorieux à la Transmartinique, six mois après cet épisode douloureux, témoigne d’une remarquable capacité de résilience. Gérer son retour à la compétition après un burn-out demande une approche prudente et méthodique. Bohard semble avoir parfaitement négocié cette période délicate.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.


