À 27 ans, Lucille Germain incarne cette nouvelle génération d’athlètes qui refuse de se contenter du cadre traditionnel. Cette Vosgienne d’adoption savoyarde a tracé sa route entre performances de haut niveau et quête de liberté, devenant l’une des figures montantes du trail français. Son parcours atypique fascine autant qu’il inspire.
Ancienne biathlète reconvertie, Lucille a su transformer une période difficile en tremplin vers l’excellence. Désormais soutenue par NNormal et encadrée par un staff qu’elle a soigneusement choisi, elle pilote son projet avec une maturité impressionnante. Cette autonomie assumée dans la gestion de sa carrière la distingue nettement de ses contemporaines.
Sommaire
Du biathlon au trail : une reconversion libératrice
Les contraintes du sport structuré
Le biathlon avait offert à Lucille Germain ses premières sensations de glisse et de précision, mais aussi ses premières désillusions. Les dérives mentales liées à la pression constante et aux exigences du circuit l’avaient progressivement éloignée de sa passion première. Cette période sombre marquera durablement sa vision du sport de haut niveau.
La rigidité du système pesait lourd sur ses épaules de jeune athlète. Entre les contraintes d’entraînement imposées et le regard permanent des encadrants, l’espace pour respirer se réduisait comme peau de chagrin. Cette expérience lui enseignera l’importance cruciale de préserver son autonomie décisionnelle.
Le trail comme révélation
Après une saison particulièrement éprouvante en biathlon, le trail s’impose naturellement comme une échappatoire. Ce qui débute comme une simple soupape se transforme rapidement en véritable révélation. La montagne offre enfin cet espace de liberté tant recherché, loin des contraintes et des regards scrutateurs.
« Il y en a deux [tournants]. Le premier, c’est quand j’ai intégré le Team Sidas-Matryx : je venais du biathlon, j’avais besoin de redonner du sens à ma pratique. »
Cette transition ne s’effectue pas du jour au lendemain. Lucille Germain découvre progressivement les codes d’un milieu moins formaté, où l’expression personnelle trouve davantage sa place. L’apprentissage des spécificités techniques du trail demande patience et humilité, qualités qu’elle développe avec application.
Une progression fulgurante en trail
L’école Sidas-Matryx
L’intégration au Team Sidas-Matryx constitue un tournant décisif dans la carrière de Lucille. Cette structure lui apprend les fondamentaux d’un projet sportif cohérent : s’entourer des bonnes personnes, structurer sa préparation, évoluer en équipe. Les bases solides posées durant cette période porteront leurs fruits rapidement.
L’encadrement professionnel découvert au sein de cette équipe ouvre de nouveaux horizons. Préparateur physique, nutritionniste, préparation mentale : elle comprend l’importance d’un écosystème complet pour performer. Cette approche holistique deviendra sa signature dans la suite de sa carrière.
L’année 2023, celle de l’explosion
Les résultats ne tardent pas à suivre cette approche méthodique. En 2023, Lucille Germain frappe un grand coup avec sa troisième place aux Championnats de France et aux Mondiaux. Ces performances la propulsent définitivement au premier plan de la scène française.
Parallèlement, ses victoires sur le circuit Skyrunning confirment sa polyvalence et son aisance sur les terrains les plus techniques. Cette discipline exigeante révèle ses qualités d’alpiniste autant que de coureuse, un cocktail redoutable dans l’univers du trail montagnard.
2024 : le cap supérieur
L’année suivante marque une nouvelle étape avec l’arrivée de Samuel Bélénos comme entraîneur. Ce technicien issu du cyclisme apporte un regard neuf et des méthodes innovantes. Cette collaboration illustre parfaitement la capacité de Lucille à sortir des sentiers battus pour progresser.
Cette évolution s’accompagne de nouvelles ambitions et d’exigences accrues. Le passage sous la bannière NNormal offre un cadre professionnel adapté à ses aspirations, tout en préservant cette autonomie qu’elle chérit tant. Un équilibre délicat mais parfaitement maîtrisé.
Un entraînement structuré et intelligent
La stratégie hivernale
L’organisation de ses saisons révèle une intelligence tactique remarquable. L’hiver, Lucille Germain privilégie le ski alpinisme avec des volumes impressionnants pouvant atteindre 20 heures hebdomadaires. Cette approche préserve sa fraîcheur mentale tout en développant son endurance sans les impacts répétés de la course.
« L’hiver, je fais beaucoup de ski alpinisme, jusqu’à 20 heures par semaine. Ça me permet de travailler en endurance sans les impacts. »
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⚡ Voir les nouveautés i-RunCette période lui permet également de maintenir son lien avec la montagne hivernale, terrain de jeu où elle excelle particulièrement. Le ski alpinisme développe des qualités spécifiques : économie gestuelle, gestion de l’effort en altitude, technique de déplacement sur terrain varié.
La préparation spécifique trail
Dès l’arrivée du printemps, la machine s’emballe avec des semaines de 15 heures en course à pied. Cette charge de travail s’organise autour de cycles soigneusement planifiés, alternant intensités calibrées et récupération active. La musculation encadrée complète ce dispositif pour prévenir les blessures.
L’intelligence de sa méthode réside dans cette capacité à maintenir une séance à plat malgré sa spécialisation montagnarde. Cette approche préserve sa vitesse de base et son économie de course, qualités essentielles même sur les parcours les plus pentus.
L’écoute du corps
Loin des approches dogmatiques, Lucille Germain développe une relation fine avec son organisme. L’utilisation du cardio-fréquencemètre guide ses ajustements quotidiens, tandis que la prise en compte de son cycle menstruel révèle une modernité d’approche encore rare dans le milieu.
Cette attention aux détails s’étend à tous les aspects de sa préparation. Chaque paramètre compte sans pour autant verser dans l’obsession. Une philosophie qui reflète parfaitement sa personnalité : rigoureuse mais équilibrée, ambitieuse mais lucide.
Une athlète complète qui transmet ses valeurs
L’autonomie comme force
Contrairement à beaucoup de ses concurrentes, Lucille Germain pilote elle-même son projet sportif. Cette autonomie assumée lui permet de choisir son staff, ses partenaires, ses objectifs. Un luxe rare dans le sport de haut niveau qui explique en partie son épanouissement actuel.
« Le deuxième [tournant], c’est maintenant, avec mon passage chez NNormal. Je gère moi-même mon projet, je choisis mon staff, mes partenaires, et je suis dans une vraie démarche pro, mais qui me ressemble. »
Cette approche nécessite une maturité et des compétences qui dépassent le simple cadre sportif. Gestion budgétaire, communication, relations partenaires : autant de domaines qu’elle maîtrise avec une aisance déconcertante pour son âge.
La transmission comme équilibre
Malgré ses obligations d’athlète de haut niveau, Lucille continue de former les jeunes au Ski Club de Bozel. Cette activité d’encadrement constitue bien plus qu’un simple complément : elle représente un élément fondamental de son équilibre personnel.
Cette dimension pédagogique révèle une personnalité généreuse et consciente de ses responsabilités. Former la relève tout en performant au plus haut niveau demande une organisation millimétrée et une énergie considérable. Pourtant, elle l’assume pleinement car cette mission fait partie intégrante de son identité.
Le mental comme levier de performance
La révolution mentale
Depuis deux ans, Lucille Germain travaille avec un préparateur mental pour optimiser ses performances. Cette démarche témoigne d’une évolution majeure dans sa conception de l’entraînement : le cerveau se travaille au même titre que les muscles ou le système cardiovasculaire.
Les outils développés trouvent leur application aussi bien à l’entraînement qu’en compétition. Cette approche globale transforme progressivement sa relation à la performance et aux enjeux compétitifs. Finies les courses subies, place à la maîtrise tactique et mentale.
La concentration sur soi
L’un des apprentissages les plus précieux concerne cette capacité à rester concentrée sur elle-même plutôt que sur les autres concurrentes. Cette évolution majeure lui permet d’exploiter pleinement son potentiel sans se disperser dans des considérations parasites.
« J’ai toujours aimé me dépasser, mais j’ai eu des années compliquées avec la pression et le regard des autres. Depuis deux ans, je travaille avec un préparateur mental et j’apprends à rester concentrée sur moi. »
Cette philosophie s’étend bien au-delà du simple cadre compétitif. Dans sa vie quotidienne comme dans sa carrière, Lucille applique ces principes de concentration et de focalisation sur ses objectifs personnels. Une approche qui porte déjà ses fruits et promet encore de belles surprises.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.
