Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous ce que mes années d’expérience et mes recherches m’ont appris sur les aspects moins glorieux de cette pratique sportive. Car si le marathon reste une aventure extraordinaire, il convient d’en connaître les revers pour mieux préserver notre corps sur le long terme.
Sommaire
- 1 Le stress cardiaque excessif caché derrière l’euphorie du marathon
- 2 Dommages musculosquelettiques
- 3 Système immunitaire affaibli : la vulnérabilité post-marathon
- 4 Problèmes digestifs chroniques
- 5 Risques métaboliques insoupçonnés de la course d’endurance
- 6 Effets neurologiques méconnus de la pratique intensive du marathon
Catégorie de risque | Manifestations principales | Fréquence | Réversibilité | Prévention |
---|---|---|---|---|
Stress cardiaque | Élévation des marqueurs cardiaques, fibrillation auriculaire, fonction ventriculaire diminuée | Très fréquent (70-80% des coureurs) | Généralement réversible en 1-3 semaines | Préparation progressive, périodes de récupération adéquates |
Dommages musculosquelettiques | Microtraumatismes articulaires, fractures de stress, affaiblissement du plancher pelvien | Élevée (60-70% des coureurs par an) | Variable selon la gravité | Renforcement musculaire, technique de course, chaussures adaptées |
Affaiblissement immunitaire | Susceptibilité aux infections, inflammation systémique | Très fréquent (30-50% post-marathon) | Réversible en 3-7 jours | Nutrition adéquate, récupération, éviter les contextes à risque après course |
Troubles digestifs | Syndrome de l’intestin perméable, malabsorption, troubles fonctionnels | Fréquent (40-60% des coureurs) | Généralement réversible, risque de chronicisation | Stratégie nutritionnelle adaptée, hydratation, entraînement digestif |
Risques métaboliques | Stress oxydatif, perturbations hormonales, déficit énergétique | Variable selon intensité et volume | Réversible avec approche équilibrée | Nutrition antioxydante, apport calorique suffisant, périodisation |
Effets neurologiques | Fatigue centrale, troubles du sommeil, variations d’humeur | Très fréquent (80-90% post-marathon) | Réversible en 1-2 semaines | Récupération mentale, techniques de relaxation, sommeil prioritaire |
Le stress cardiaque excessif caché derrière l’euphorie du marathon

Le cœur, ce muscle extraordinaire, subit un véritable marathon lui aussi lorsque nous parcourons ces fameux 42,195 kilomètres. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’effort prolongé n’est pas toujours synonyme de santé cardiovasculaire optimale. Les études scientifiques récentes révèlent des élévations prolongées des marqueurs cardiaques chez les marathoniens, parfois similaires à celles observées lors de mini-crises cardiaques. Durant l’épreuve, notre cœur bat à environ 85-90% de sa fréquence maximale pendant plusieurs heures consécutives. Cette sollicitation intense peut provoquer de micro-lésions du myocarde (le muscle cardiaque) qui, bien que généralement réversibles, interrogent sur les conséquences à long terme d’une pratique répétée.
Les troubles du rythme cardiaque post-marathon
L’une des conséquences méconnues concerne les arythmies temporaires. La fibrillation auriculaire post-effort touche jusqu’à 9% des coureurs après un marathon, particulièrement ceux ayant une pratique intensive depuis plusieurs années. Ces irrégularités du rythme cardiaque passent souvent inaperçues mais peuvent constituer un signal d’alarme pour le système cardiovasculaire. Mon ami Pierre, vétéran de 23 marathons, a ainsi découvert une fibrillation auriculaire lors d’un contrôle de routine. « Je n’avais ressenti qu’une légère fatigue inhabituelle après mon dernier marathon de Boston », m’avait-il confié, surpris par ce diagnostic qui l’a contraint à modifier son approche de l’entraînement.
Le syndrome du cœur fatigué chez les marathoniens
Le « cardiac fatigue syndrome » reste peu connu du grand public. Ce phénomène se caractérise par une diminution temporaire de la fonction ventriculaire gauche – la chambre principale du cœur responsable du pompage sanguin vers les organes. Les recherches montrent que cette altération peut persister jusqu’à trois semaines après la course. Les échographies cardiaques réalisées immédiatement après un marathon révèlent fréquemment ces anomalies transitoires, notamment chez les coureurs moins expérimentés ou ceux dont la préparation fut insuffisante. Une raison supplémentaire de respecter scrupuleusement les phases de récupération entre les épreuves d’endurance.
L’épaississement du myocarde
Au fil des années de pratique intensive, le cœur des marathoniens subit un remodelage avec notamment un épaississement des parois ventriculaires. Cette hypertrophie, similaire à celle observée chez d’autres athlètes d’endurance, représente une adaptation physiologique normale… jusqu’à un certain point. Les cardiologues du sport s’interrogent désormais sur le seuil au-delà duquel cette modification structurelle pourrait devenir pathologique, notamment lorsqu’elle s’accompagne d’une fibrose du tissu cardiaque détectée à l’IRM chez certains ultra-marathoniens vétérans.
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Dommages musculosquelettiques

Les statistiques parlent d’elles-mêmes : près de 70% des coureurs de marathon souffriront d’au moins une blessure significative au cours d’une année d’entraînement. Ce chiffre vertigineux traduit l’impact considérable de cette discipline sur notre système musculosquelettique. Chaque foulée lors d’un marathon génère un impact équivalent à 2,5 fois notre poids corporel sur nos articulations. Multipliez ce chiffre par environ 42 000 foulées pour un marathon complet et vous obtenez une pression cumulée phénoménale sur vos genoux, hanches et chevilles.
Microtraumatismes répétés
L’impact répété du pied sur le sol, même avec les meilleures chaussures du marché, provoque des microtraumatismes difficilement perceptibles. Ces micro-lésions touchent principalement le cartilage articulaire, les tendons et les ligaments, structures dont la capacité de régénération est limitée. Les analyses d’IRM réalisées avant et après un marathon ont mis en évidence des œdèmes osseux transitoires et des modifications du cartilage chez des coureurs parfaitement asymptomatiques. L’absence de douleur ne signifie donc pas absence de dommages, une réalité que j’ai personnellement découverte après des années de pratique intensive.
Fractures de stress
Ces fissures microscopiques de l’os surviennent lorsque les contraintes mécaniques dépassent la capacité de réparation naturelle du tissu osseux. Les métatarsiens, le tibia et le col fémoral constituent les sites les plus vulnérables chez les coureurs de fond. Lors de ma préparation pour le marathon de New York en 2019, j’ai développé une fracture de stress du deuxième métatarsien après avoir augmenté trop rapidement mon kilométrage hebdomadaire. La douleur, d’abord sourde et intermittente, s’était intensifiée jusqu’à devenir handicapante, m’obligeant à interrompre mon entraînement pendant huit semaines.
Plancher pelvien
Les femmes pratiquant le marathon font face à une problématique spécifique souvent passée sous silence : l’affaiblissement progressif du plancher pelvien dû aux impacts répétés. Les études indiquent qu’environ 30% des coureuses d’endurance expérimentent des fuites urinaires à l’effort, un pourcentage qui augmente avec l’âge et le nombre de marathons courus. Cette réalité physiologique mérite d’être connue et anticipée par un travail spécifique de renforcement, comme me l’a confirmé Marie, kinésithérapeute spécialisée en rééducation périnéale et marathonienne aguerrie : « La prévention reste le meilleur traitement, mais trop peu de coureuses en sont informées avant l’apparition des premiers symptômes ».
Système immunitaire affaibli : la vulnérabilité post-marathon

Le célèbre « marathon blues » ressenti par de nombreux coureurs cache une réalité physiologique bien documentée : après une épreuve d’endurance extrême, notre système immunitaire connaît une phase temporaire d’affaiblissement. Cette période, que les scientifiques nomment « open window » ou fenêtre ouverte, dure généralement de 24 à 72 heures. Durant cette phase critique, l’organisme mobilise ses ressources pour réparer les tissus endommagés au détriment de sa capacité à combattre les pathogènes extérieurs. Cette vulnérabilité explique pourquoi tant de marathoniens développent des infections dans les jours suivant leur performance.
La chute des défenses naturelles après l’effort extrême
Les analyses sanguines effectuées après un marathon montrent une diminution significative des lymphocytes, ces globules blancs essentiels à notre défense immunitaire. Simultanément, les taux de cortisol – l’hormone du stress – restent élevés pendant plusieurs jours, amplifiant cet effet immunosuppresseur. Lors du marathon de Chicago particulièrement froid et pluvieux de 2018, j’ai constaté que près de la moitié des coureurs de mon groupe d’entraînement ont développé une infection respiratoire dans la semaine suivante. Cette observation anecdotique reflète parfaitement les données scientifiques sur la vulnérabilité post-marathon.
Infections respiratoires
Les voies respiratoires supérieures représentent le point faible par excellence après un marathon. Le risque de développer une rhinopharyngite, une sinusite ou une bronchite est multiplié par quatre durant la semaine post-course, comparativement à la population générale. Cette susceptibilité s’explique non seulement par l’immunodépression temporaire, mais également par l’irritation des muqueuses respiratoires due à la ventilation intense et prolongée, parfois dans des conditions atmosphériques défavorables (pollution urbaine, air froid, etc.).

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⚡ Voir les nouveautés i-RunL’inflammation systémique persistante
Au-delà des infections opportunistes, l’organisme du marathonien reste en état d’inflammation généralisée pendant plusieurs semaines. Les marqueurs inflammatoires comme la protéine C-réactive (CRP) ou les interleukines demeurent élevés bien après la disparition des courbatures. Cette inflammation chronique de bas grade, si elle se répète trop fréquemment sans périodes adéquates de récupération, pourrait contribuer au développement de pathologies inflammatoires et auto-immunes à long terme. Un argument solide pour respecter des cycles d’entraînement incluant des phases de récupération active.
Problèmes digestifs chroniques

Les troubles gastro-intestinaux représentent le cauchemar de nombreux marathoniens. Plus de 60% des coureurs d’endurance rapportent avoir souffert de problèmes digestifs significatifs pendant ou après une course. Ces désagréments vont des simples crampes abdominales aux diarrhées handicapantes, en passant par les nausées et vomissements. L’origine de ces troubles réside principalement dans la redistribution du flux sanguin pendant l’effort prolongé. En situation d’exercice intense, le sang est prioritairement dirigé vers les muscles et le cœur, au détriment du système digestif qui se retrouve temporairement hypoperfusé.
Le syndrome de l’intestin perméable du marathonien
La science a récemment mis en lumière un phénomène préoccupant chez les coureurs d’endurance : l’augmentation de la perméabilité intestinale induite par l’exercice prolongé. Concrètement, les jonctions serrées entre les cellules de la paroi intestinale se relâchent, permettant le passage de substances normalement confinées dans le tube digestif vers la circulation sanguine. Ce phénomène, parfois appelé « leaky gut » ou intestin qui fuit, provoque une réaction inflammatoire systémique et contribue aux symptômes digestifs ressentis pendant et après l’effort. Lors de mon marathon de Berlin, j’ai personnellement expérimenté ces désagréments après avoir négligé mon hydratation entre le 30ème et le 35ème kilomètre.
Désordres gastro-intestinaux récurrents
L’irritation chronique du tube digestif ne se limite pas au jour de la course. De nombreux marathoniens développent une hypersensibilité viscérale persistante qui se manifeste même lors des entraînements moins intenses ou en période de récupération. Cette sensibilité accrue peut évoluer vers un syndrome de l’intestin irritable induit par l’exercice, particulièrement chez les coureurs prédisposés ou ceux dont l’alimentation pré-course est inadaptée. Thomas, mon partenaire d’entraînement depuis cinq ans, a ainsi dû modifier radicalement son alimentation et son timing nutritionnel après avoir développé ce type de troubles chroniques.
Carences nutritionnelles masquées par l’effort
L’inflammation intestinale chronique et les microtraumatismes répétés de la muqueuse digestive peuvent conduire à une altération de l’absorption des nutriments essentiels comme le fer, le zinc ou certaines vitamines. Ces carences s’installent insidieusement, masquées par la fatigue généralement attribuée à l’entraînement intensif. L’anémie du sportif, particulièrement fréquente chez les marathoniennes, illustre parfaitement cette problématique. Derrière une fatigue persistante ou une stagnation des performances se cache parfois un déficit ferrique significatif, conséquence d’une malabsorption intestinale associée à des pertes accrues (microhémorragies digestives, hémolyse d’effort, sudation excessive).
Risques métaboliques insoupçonnés de la course d’endurance

Le paradoxe du marathonien réside dans cette réalité contre-intuitive : un excès d’exercice d’endurance peut générer des déséquilibres métaboliques préjudiciables à la santé. Au-delà d’un certain seuil de volume et d’intensité, les bénéfices métaboliques de la course à pied atteignent un plateau, puis diminuent selon une courbe en U inversé. Les ultra-marathoniens et coureurs enchaînant plusieurs marathons annuels présentent parfois des profils métaboliques moins favorables que des pratiquants modérés, notamment en ce qui concerne les marqueurs de stress oxydatif et d’inflammation chronique.
Stress oxydatif intense
Pendant un marathon, notre consommation d’oxygène peut être multipliée par dix. Cette augmentation spectaculaire de notre métabolisme génère une production massive de radicaux libres et autres espèces réactives de l’oxygène, potentiellement dommageable pour nos cellules et tissus. Si nos défenses antioxydantes naturelles parviennent généralement à contrebalancer cette production lors d’efforts modérés, elles peuvent être débordées lors d’un marathon, particulièrement chez les coureurs insuffisamment préparés ou présentant des carences nutritionnelles sous-jacentes.
Perturbations hormonales
L’entraînement intensif pour le marathon peut provoquer d’importantes fluctuations hormonales. Chez les hommes, une baisse significative du niveau de testostérone est fréquemment observée pendant les périodes d’entraînement intensif, tandis que les femmes peuvent connaître des irrégularités menstruelles allant jusqu’à l’aménorrhée. Ce phénomène, anciennement appelé « triade de l’athlète féminine » et aujourd’hui rebaptisé « déficience énergétique relative dans le sport » (RED-S), concerne de nombreuses marathoniennes. La championne Paula Radcliffe avait d’ailleurs évoqué publiquement ces défis hormonaux rencontrés au sommet de sa carrière.
Métabolisme du fer perturbé et syndrome de déficit énergétique
Les marathoniens connaissent fréquemment des anomalies du métabolisme martial. L’hémolyse d’impact (destruction des globules rouges due aux chocs répétés du pied sur le sol) et les microhémorragies digestives contribuent à épuiser progressivement les réserves de fer de l’organisme. Cette déficience, associée à une dépense énergétique considérable non compensée par un apport calorique suffisant, aboutit souvent au syndrome de déficit énergétique relatif (RED-S). Ce déséquilibre affecte non seulement les performances mais également la santé globale, avec des répercussions sur la densité osseuse, la fonction immunitaire et l’équilibre hormonal.
Effets neurologiques méconnus de la pratique intensive du marathon
Le célèbre « runner’s high », cette sensation d’euphorie recherchée par les coureurs, masque parfois une réalité neurologique plus complexe. L’impact du marathon sur notre cerveau et notre système nerveux dépasse largement la simple libération d’endorphines et mérite une attention particulière. Des recherches récentes utilisant l’imagerie cérébrale et des marqueurs biologiques spécifiques révèlent des modifications transitoires mais significatives du fonctionnement neuronal après un effort d’endurance extrême comme le marathon.
Épuisement du système nerveux central après 42km
Au-delà de la fatigue musculaire périphérique, le marathon induit une fatigue centrale caractérisée par une altération de la capacité du cerveau à générer des impulsions nerveuses maximales. Ce phénomène, mesurable par stimulation magnétique transcranienne, peut persister jusqu’à deux semaines après la course. Cette fatigue neuronale explique la sensation si particulière d’épuisement profond ressentie après un marathon, différente de celle éprouvée après d’autres types d’efforts. Elle se manifeste par une diminution de la coordination fine, des temps de réaction allongés et une perception accrue de l’effort même pour des activités ordinaires.
Changements de l’humeur et vulnérabilité émotionnelle post-marathon
Le « post-marathon blues » n’est pas qu’une expression folklorique mais une réalité neurobiochimique. Les fluctuations des neurotransmetteurs cérébraux comme la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline provoquent des variations d’humeur significatives dans les jours suivant l’épreuve. Cette vulnérabilité émotionnelle temporaire peut se manifester par une irritabilité inhabituelle, des épisodes de mélancolie ou même des symptômes dépressifs légers. Sophie, psychologue du sport et marathonienne expérimentée, m’expliquait récemment comment elle prévient désormais ses patients-coureurs de ces fluctuations émotionnelles pour mieux les accompagner dans leur récupération psychologique.
Troubles du sommeil persistants chez le marathonien
Paradoxalement, malgré la fatigue physique intense, de nombreux marathoniens rapportent une détérioration de la qualité de leur sommeil dans les jours suivant la course. Les enregistrements polysomnographiques confirment ces témoignages, montrant une fragmentation du sommeil et une diminution des phases de sommeil profond. Cette perturbation s’explique principalement par l’hyperactivation persistante du système nerveux sympathique et les niveaux élevés d’hormones de stress comme le cortisol. Les douleurs musculaires, l’inflammation systémique et parfois l’excitation résiduelle liée à l’accomplissement contribuent également à ces troubles.
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