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Les dernières études scientifiques sur l’impact de l’Ultra Trail sur notre santé 

L’ultra trail, cette discipline à la frontière de l’exploit sportif et de l’aventure existentielle, suscite autant d’admiration que de questions. Quels sont réellement ses effets sur notre organisme? La science commence enfin à nous éclairer sur ce sujet, grâce notamment à une étude révolutionnaire menée à Clécy. Plongeons ensemble dans les secrets physiologiques et mentaux de ce sport extrême qui séduit toujours plus d’adeptes, malgré – ou peut-être à cause de – son intensité redoutable.

AspectEffets positifsEffets négatifsRecommandations
Physiologique– Amélioration des capacités respiratoires
– Renforcement musculaire
Optimisation du métabolisme lipidique
– Économie de course améliorée
– Élévation des marqueurs inflammatoires
– Hyperglycémie post-effort
– Dommages musculaires importants
– Risque de blessures tendineuses
– Individualiser l’entraînement
– Prévoir des périodes de récupération suffisantes
– Ne jamais courir sous anti-inflammatoires
– Surveiller sa glycémie après les longues courses
Cardiaque– Augmentation du volume d’éjection systolique
– Baisse de la fréquence cardiaque au repos
– Amélioration de l’efficacité circulatoire
– Fatigue cardiaque transitoire
– Altération temporaire des paramètres hémodynamiques
– Risque d’arythmie sur efforts extrêmes
– Prévoir un suivi cardiologique
– Respecter une progression dans les distances
– Écouter les signaux d’alerte (palpitations anormales)
Sommeil– Amélioration de l’endormissement à long terme
– Meilleure résistance à la privation de sommeil
– Altération des cycles de sommeil post-effort
– Diminution du sommeil profond et paradoxal
– Troubles cognitifs liés à la privation de sommeil
– Optimiser la récupération par des siestes
– Planifier des nuits complètes post-course
– Utiliser des techniques de micro-sommeil pendant les courses
Mental– Dépassement personnel
– Conscience corporelle accrue
– État de pleine conscience (mindfulness)
– Sentiment de gratitude envers la nature
– Risque d’addiction à l’activité
– Possibles troubles du comportement alimentaire
– Épuisement mental post-compétition
– Varier les activités
– Surveiller les signes d’obsession
– Pratiquer la méditation pour gérer le stress
– Consulter en cas de signes de dépendance
Nutritionnel– Meilleure gestion des apports énergétiques
– Optimisation de l’hydratation
– Utilisation efficace des lipides comme carburant
– Troubles digestifs pendant l’effort
– Déséquilibres électrolytiques
– Risque d’hyponatrémie
– Tester sa stratégie nutritionnelle à l’entraînement
– Adapter ses apports selon les conditions climatiques
– Surveiller son poids et son appétit
– Éviter l’auto-médicamentation
Performance– Réduction de l’écart hommes/femmes sur longue distance
– Amélioration de la gestion des allures
– Développement de stratégies personnalisées
– Plateaux de performance
– Risque de surentraînement
– Difficultés à gérer la récupération entre les courses
– Planifier sa saison avec des objectifs réalistes
– Alterner périodes d’intensité et de récupération
– Accepter les périodes de régression temporaire

Un phénomène en pleine expansion dans le monde du trail

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Le trail running a cessé d’être un sport confidentiel pour devenir un véritable phénomène mondial. Selon les données récentes de l’International Trail Running Association (ITRA), plus de 1,7 million de coureurs sont enregistrés officiellement dans leur base de données. Une statistique impressionnante qui ne cesse de croître année après année. L’engouement pour cette discipline ne se traduit pas uniquement par le nombre de pratiquants, mais également par l’explosion des événements dédiés. Pas moins de 25 000 courses sont organisées annuellement à travers le globe, offrant des terrains de jeu aussi variés que spectaculaires aux mordus de sensations fortes.

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Des distances qui défient l’imaginaire

L’ultra trail commence officiellement à partir de 80 kilomètres, mais la réalité du terrain montre que cette limite n’est qu’un point de départ pour beaucoup d’aventuriers. La distance mythique des 100 Miles (165 km) reste la référence historique, le Graal que tout ultra-traileur rêve d’accomplir au moins une fois. Pourtant, les frontières reculent sans cesse. Le Tor des Géants et ses 330 kilomètres à travers les Alpes italiennes impose aux participants de repousser leurs limites pendant plusieurs jours. Plus extrême encore, la Double Suisse-Pick propose un parcours démentiel de 700 kilomètres. Ces distances pharaoniques transforment la simple course en une véritable épopée où le mental prend souvent le pas sur le physique.

L’ultra-trail scientifique de Clécy et son test

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Au cœur de la Suisse-Normande, une expérience sans précédent a été menée. Pour la première fois, un ultra-trail a été conçu comme un véritable protocole scientifique. Loin des laboratoires aseptisés, c’est sur un parcours de 156 kilomètres que les chercheurs ont décidé d’étudier les réactions physiologiques et mentales de coureurs en situation réelle. L’originalité de cette démarche réside dans son approche holistique. Plutôt que d’isoler un paramètre spécifique, comme le font habituellement les études scientifiques, les chercheurs ont opté pour une observation globale des multiples facteurs qui entrent en jeu lors d’un effort prolongé. Une petite révolution méthodologique qui promet des découvertes majeures sur les capacités d’adaptation du corps humain face à l’effort extrême.

Un panel représentatif de la diversité des traileurs

La force de cette étude tient également à son échantillonnage. Les 56 participants sélectionnés reflètent parfaitement la diversité que l’on retrouve sur une épreuve de niveau national. Des athlètes d’élite côtoient des amateurs passionnés, avec une répartition de 75% d’hommes pour 25% de femmes – un ratio malheureusement encore classique dans le monde du trail. Cette mixité permet d’obtenir des résultats nuancés et applicables à une large population de coureurs, loin des études souvent centrées sur les seuls athlètes de haut niveau. Une approche inclusive qui démocratise l’accès aux connaissances scientifiques dans ce domaine encore jeune.

Des technologies de pointe au service de la science

L’arsenal technologique déployé lors de cette expérience impressionne par sa sophistication. Des gélules gastro-intestinales transmettaient en temps réel la température centrale des participants, tandis que des capteurs implantés dans le triceps mesuraient continuellement leur glycémie – une première dans l’histoire de la recherche sur l’ultra-endurance. Les chaussures des coureurs n’étaient pas en reste, équipées de dispositifs analysant les paramètres biomécaniques de leur foulée : temps de contact au sol, longueur de la foulée, puissance développée et cadence.

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Complément indispensable, un gilet connecté surveillait la fréquence cardiaque et respiratoire tout au long du parcours. Entre deux segments de course, les participants passaient par des stations d’analyse où ils se soumettaient à divers tests : échographies cardiaques, tests de vigilance sur écran, immersions en réalité virtuelle pour évaluer leur équilibre, et mesures de détente verticale pour quantifier leur puissance musculaire. Un protocole digne des missions spatiales, mais appliqué aux terrains vallonnés de Normandie.

Ce que révèle la science sur la performance en trail

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La performance en ultra-trail a longtemps été entourée de mythes et de recettes miracle. L’étude de Clécy bouscule ces croyances en confirmant le caractère profondément multifactoriel de la réussite sur longue distance.

Contrairement à certaines idées reçues, il n’existe pas de profil unique du parfait ultra-traileur, mais plutôt une combinaison unique de qualités pour chaque athlète. Les capacités respiratoires jouent évidemment un rôle crucial, mais elles ne suffisent pas à expliquer les écarts de performance. La force musculaire et l’endurance spécifique, particulièrement au niveau des membres inférieurs, constituent des atouts majeurs pour absorber les milliers de chocs et dénivelés qui jalonnent les parcours.

La gestion des allures

L’art de l’ultra-trail réside peut-être davantage dans la maîtrise du tempo que dans la puissance brute. Les données recueillies montrent que les coureurs les plus performants ne sont pas nécessairement les plus rapides, mais ceux qui savent maintenir une allure régulière et adaptée à leur propre physiologie. Cette gestion fine de l’effort s’accompagne d’une économie de course optimisée.

Les meilleurs athlètes dépensent moins d’énergie pour parcourir la même distance, préservant ainsi leurs ressources pour les moments critiques de l’épreuve. Une qualité qui s’acquiert avec l’expérience et un entraînement spécifique, loin des séances d’intensité pure prisées dans d’autres disciplines.

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L’égalité des genres sur longue distance

Une découverte fascinante confirmée par les recherches concerne la réduction de l’écart de performance entre hommes et femmes sur les très longues distances. Plus le parcours s’allonge, plus les athlètes féminines se rapprochent de leurs homologues masculins, parfois jusqu’à les surpasser. Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs physiologiques et psychologiques. Les femmes bénéficient généralement d’une meilleure gestion des lipides comme source d’énergie – un avantage considérable sur les efforts de plusieurs heures. Leur morphologie, souvent plus légère, sollicite moins les articulations. Enfin, des études suggèrent une résistance supérieure à la douleur et une approche plus stratégique de la course, privilégiant la régularité aux accélérations brutales. Cette tendance à l’égalisation des performances avec la distance se retrouve également dans d’autres sports d’ultra-endurance comme le cyclisme, confirmant qu’il s’agit bien d’un phénomène physiologique et non d’une simple coïncidence.

Impacts physiologiques de l’ultra trail sur l’organisme

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Les analyses sanguines réalisées avant, pendant et après l’épreuve de Clécy révèlent l’ampleur du stress imposé à l’organisme. Une élévation spectaculaire des marqueurs inflammatoires a été constatée chez tous les participants, atteignant des niveaux comparables à ceux observés lors de certaines pathologies aiguës. Cette inflammation systémique, bien que temporaire, souligne l’intensité du traumatisme subi par les tissus musculaires et articulaires.

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Elle explique en partie les douleurs persistantes ressenties dans les jours suivant une épreuve d’ultra-endurance, ainsi que la fatigue générale qui accompagne la période de récupération.

Dérèglements glycémiques post-effort

L’un des résultats les plus surprenants concerne la régulation du glucose sanguin. Les capteurs implantés dans le triceps des coureurs ont mis en évidence une hyperglycémie post-effort significative, persistant parfois plusieurs jours après la fin de l’épreuve. Ce phénomène paradoxal – on s’attendrait plutôt à une hypoglycémie après un tel effort – s’explique par une résistance temporaire à l’insuline, similaire à celle observée dans certains états pré-diabétiques. Le corps, après avoir puisé dans ses réserves de glycogène, devient temporairement moins efficace pour métaboliser le glucose, entraînant son accumulation dans le sang. Cette découverte pourrait avoir des implications importantes pour les recommandations nutritionnelles post-course, suggérant une adaptation de l’alimentation dans les jours suivant une épreuve d’ultra-endurance pour accompagner le retour à l’équilibre métabolique. Voir le nombre de glucides qu’il faut prendre par heure ici.

Sommeil et récupération: le défi invisible

La qualité du sommeil représente peut-être l’aspect le plus négligé de la performance en ultra-trail. Les données collectées montrent une altération profonde des cycles de sommeil pendant plusieurs nuits après l’effort, même chez les coureurs les plus expérimentés. Cette perturbation se caractérise par une diminution du sommeil profond et paradoxal, pourtant essentiels à la récupération musculaire et cognitive. L’hyperactivité du système nerveux sympathique, la persistance de douleurs musculaires et les déséquilibres hormonaux expliquent cette difficulté à retrouver un sommeil réparateur. La privation de sommeil pendant la course elle-même constitue un défi supplémentaire, particulièrement pour les épreuves dépassant les 24 heures. Les hallucinations et troubles cognitifs rapportés par certains participants trouvent ici une explication scientifique, ouvrant la voie à des stratégies spécifiques de gestion de la fatigue et du sommeil lors des ultra-trails.

Dimension psychologique et existentielle de l’ultra trail

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Au-delà des aspects purement physiologiques, l’ultra-trail s’affirme comme une expérience profondément transformatrice sur le plan mental. Les chercheurs ont utilisé la State Mindfulness Scale pour mesurer objectivement la présence attentive des coureurs pendant l’effort, révélant des scores exceptionnellement élevés comparés à d’autres activités. Cette intensité de l’expérience vécue explique pourquoi tant de pratiquants évoquent un sentiment de dépassement personnel qui transcende la simple performance sportive.

L’ultra-trail devient alors un voyage intérieur, une exploration des limites de sa propre conscience autant que de son corps.

L’éveil des sens en pleine nature

L’immersion prolongée dans des environnements naturels engendre une hypersensibilité sensorielle particulière. Les participants rapportent une conscience accrue des stimuli environnementaux: la texture du sol sous leurs pieds, les variations de température, les odeurs de la forêt ou les jeux de lumière au lever du soleil. Cette richesse sensorielle contribue à créer un état d’absorption totale dans l’instant présent, comparable à certaines formes de méditation active. Le cerveau, libéré des distractions quotidiennes, se recentre sur les sensations corporelles immédiates et la relation directe avec l’environnement.

Gratitude et humilité face à la nature

Un aspect souvent mentionné par les ultra-traileurs concerne le sentiment de gratitude qui émerge face aux paysages traversés. Cette émotion positive, amplifiée par l’effort physique, crée un lien particulier avec les espaces naturels parcourus.

L’humilité face aux éléments constitue également une composante essentielle de l’expérience. Confronté aux caprices de la météo, aux dénivelés imposants ou à l’isolement de certains passages, le coureur prend conscience de sa vulnérabilité et développe un respect profond pour les territoires qu’il traverse. Cette relation particulière à l’environnement explique pourquoi de nombreux ultra-traileurs s’engagent ensuite dans des causes écologiques ou des initiatives de préservation des sentiers. L’expérience sportive devient alors le catalyseur d’une prise de conscience plus large sur notre rapport au monde naturel.

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Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.

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