Depuis son apparition sur les Garmin Fenix 7 et Epix 2 en 2022, la fonction Stamina divise la communauté des coureurs et traileurs. Cette technologie, basée sur les algorithmes FirstBeat, promet d’estimer en temps réel vos réserves d’énergie restantes. Mais entre promesses marketing et réalité terrain, que vaut vraiment cette innovation ?
Après deux ans d’utilisation intensive sur différents profils de coureurs et dans diverses conditions, il est temps de dresser un bilan objectif de cette fonction. Révolution technologique ou simple gadget commercial ? La réponse n’est pas si tranchée.
Sommaire
- 1 Stamina : comprendre la technologie derrière la promesse
- 2 Les promesses marketing face à la réalité du terrain
- 3 Avantages réels : où Stamina apporte une valeur ajoutée
- 4 Les inconvénients majeurs qui limitent l’adoption
- 5 Comparaison avec d’autres indicateurs de performance
- 6 Verdict : innovation utile ou artifice commercial ?
Stamina : comprendre la technologie derrière la promesse

Les fondements scientifiques de l’algorithme
L’algorithme Stamina repose sur les technologies FirstBeat, reconnues dans le domaine de l’analyse physiologique. Cette base scientifique s’appuie principalement sur la fréquence cardiaque, sa variabilité, et pour le cyclisme, sur les données de puissance.
Le principe fondamental consiste à quantifier la fatigue accumulée depuis le début de l’effort et à projeter les réserves restantes. L’algorithme intègre également l’historique récent d’entraînement, permettant une estimation plus précise du potentiel de départ.
Cette approche différencie deux valeurs cruciales : la Stamina réelle (votre état actuel) et la Stamina potentielle (ce que vous auriez si vous aviez maintenu une intensité optimale). Cette distinction permet de visualiser l’impact des variations d’allure sur vos réserves énergétiques.
Le système de codes couleur et d’interprétation
Garmin a développé un système visuel intuitif pour interpréter ces données complexes. Le code couleur orange indique une intensité optimale pour l’endurance, le rouge signale un effort insoutenable à long terme, tandis que le vert indique une phase de récupération.
Cette simplification graphique constitue l’un des points forts de l’implémentation. Même sans formation technique approfondie, un coureur peut interpréter rapidement si son rythme actuel est tenable sur la distance restante.
| Couleur | Signification | Action recommandée |
|---|---|---|
| 🟢 Vert | Récupération active | Maintenir pour récupérer |
| 🟠 Orange | Intensité optimale | Rythme idéal d’endurance |
| 🔴 Rouge | Effort insoutenable | Réduire l’intensité rapidement |
Les promesses marketing face à la réalité du terrain

Ce que Garmin annonce vs ce que vous obtenez
Garmin présente Stamina comme un coach virtuel révolutionnaire capable d’optimiser votre gestion d’effort. Les supports marketing évoquent une « estimation précise en temps réel » et une « aide à la performance scientifiquement validée ».
La réalité s’avère plus nuancée. Si l’algorithme fournit effectivement des tendances intéressantes, ses prédictions restent approximatives. L’estimation de distance ou temps restant fluctue constamment et peut varier de 30 à 50% selon les conditions.
Cette imprécision ne disqualifie pas nécessairement la fonction, mais tempère les attentes. Stamina constitue davantage un indicateur de tendance qu’un outil de prédiction précis.
Les limitations techniques non mentionnées
Garmin communique peu sur les contraintes d’utilisation essentielles au bon fonctionnement de Stamina. L’algorithme nécessite 1 à 2 mois d’entraînement régulier pour calibrer correctement vos paramètres physiologiques.
Plus problématique encore : la qualité des données cardiaques conditionne entièrement la fiabilité des résultats. Le capteur optique au poignet, souvent défaillant en conditions extrêmes, compromet sérieusement les estimations.
L’absence de prise en compte de facteurs environnementaux (température, humidité, altitude, nutrition) limite également la pertinence des prédictions dans certaines situations.
Avantages réels : où Stamina apporte une valeur ajoutée

Un outil pédagogique remarquable pour l’apprentissage
Malgré ses limitations, Stamina excelle dans son rôle éducatif. Pour les coureurs débutants ou ceux découvrant les épreuves d’endurance, cette fonction visualise concrètement l’impact des variations d’allure.
Observer en temps réel comment un démarrage trop rapide fait chuter la barre rouge sensibilise efficacement aux principes de gestion d’effort. Cette pédagogie visuelle vaut largement les cours théoriques.
La distinction entre Stamina réelle et potentielle illustre parfaitement le concept de « récupération active ». Voir la barre se reconstituer lors des phases de récupération renforce l’apprentissage de la gestion tactique.
Aide à la stratégie pour les épreuves longues
Sur les ultra-trails et épreuves d’endurance, Stamina trouve sa légitimité. Non pas comme outil de prédiction précis, mais comme indicateur de tendance pour ajuster sa stratégie.
L’algorithme excelle particulièrement dans la détection des phases critiques. Quand la barre devient rouge et chute rapidement, le signal d’alarme fonctionne efficacement pour prévenir l’explosion.
Pour les coureurs expérimentés, Stamina complète utilement les sensations corporelles, particulièrement en fin d’épreuve quand la lucidité diminue.
| Type d’épreuve | Utilité | Fiabilité |
|---|---|---|
| 5-10 km | Limitée | Faible |
| Semi-marathon | Modérée | Moyenne |
| Marathon | Intéressante | Bonne |
| Ultra-trail | Très utile | Variable |
Les inconvénients majeurs qui limitent l’adoption

Dépendance excessive aux données cardiaques
Le talon d’Achille de Stamina réside dans sa dépendance aux mesures de fréquence cardiaque. En trail, où les conditions extrêmes (chaleur, froid, humidité) perturbent la fiabilité du capteur optique, les estimations deviennent fantaisistes.
Cette limitation technique oblige à investir dans une ceinture pectorale pour obtenir des données exploitables. Cette contrainte supplémentaire décourage de nombreux utilisateurs, particulièrement sur les longues distances où le confort prime.
Les variations de fréquence cardiaque liées au stress, à la déshydratation, ou aux changements d’altitude faussent également les calculs, rendant les prédictions peu fiables dans certaines situations.
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⚡ Voir les nouveautés i-RunPériode d’apprentissage longue et contraignante
Garmin recommande 1 à 2 mois d’entraînement régulier avant d’obtenir des données fiables. Cette période d’apprentissage, rarement mentionnée dans la communication, frustre les utilisateurs impatients de tester la fonction.
Pendant cette phase de calibrage, les estimations varient énormément et peuvent induire en erreur. Un coureur novice risque de mal interpréter ces données erronées et d’adopter de mauvaises stratégies d’effort.
Cette contrainte temporelle limite l’attractivité de la fonction pour les utilisateurs occasionnels ou ceux changeant fréquemment de montre.
Influence négative sur l’écoute corporelle
Paradoxalement, cette technologie censée optimiser les performances peut nuire à l’apprentissage des sensations corporelles. Certains coureurs développent une dépendance excessive aux données chiffrées.
Cette sur-technologisation de la course peut altérer la connexion naturelle entre le coureur et son corps. L’intuition et l’expérience, fondamentales en trail, risquent de s’atrophier au profit d’une confiance aveugle en l’algorithme.
Comparaison avec d’autres indicateurs de performance
Stamina vs puissance en course à pied
Contrairement aux capteurs de puissance, désormais référence en cyclisme, Stamina reste un indicateur dérivé et approximatif. La puissance de course, bien que plus complexe à interpréter, fournit des données directes et fiables.
Cette comparaison souligne les limites conceptuelles de Stamina : là où la puissance mesure objectivement l’effort produit, Stamina estime subjectivement les réserves restantes. La différence de précision est significative.
L’expérience utilisateur face aux sensations corporelles
Les coureurs expérimentés développent une perception fine de leur état de fatigue et de leurs réserves énergétiques. Pour ces profils, Stamina apporte rarement d’informations inédites.
L’algorithme peut même contredire les sensations corporelles, créant une confusion cognitive préjudiciable à la performance. Dans ces situations, l’expérience humaine surpasse généralement l’estimation algorithmique.
Verdict : innovation utile ou artifice commercial ?
Les cas d’usage où Stamina excelle
Stamina trouve sa légitimité dans trois situations précises : l’apprentissage pour débutants, l’aide stratégique sur ultra-distances, et le complément d’information pour coureurs intermédiaires. Dans ces contextes, la fonction apporte une valeur ajoutée réelle.
Pour les coureurs en progression, cherchant à améliorer leur gestion d’effort, Stamina constitue un outil pédagogique précieux. La visualisation en temps réel accélère l’apprentissage des concepts d’endurance.
Quand Stamina devient contre-productif
Sur les distances courtes (5-10 km), en conditions météorologiques extrêmes, ou pour les coureurs très expérimentés, Stamina perd de sa pertinence. La fonction peut même devenir une distraction nuisible à la performance.
L’algorithme montre également ses limites lors des trails techniques, où les variations d’effort ne correspondent pas aux modèles d’endurance classiques. Les montées raides, descentes techniques, et changements de rythme fréquents perturbent les estimations.
| Avantages | Inconvénients |
|---|---|
| Outil pédagogique efficace | Dépendance aux données cardiaques |
| Aide sur ultra-distances | Période d’apprentissage longue |
| Interface visuelle intuitive | Précision approximative |
| Détection des phases critiques | Influence sur l’écoute corporelle |
| Base scientifique solide | Inadapté aux trails techniques |
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.



