La Diagonale des Fous représente l’épreuve mythique du Grand Raid de La Réunion. Chaque année en octobre, plusieurs milliers de traileurs se lancent dans la traversée intégrale de l’île intense, du sud au nord. Avec ses 178 kilomètres et plus de 10 000 mètres de dénivelé positif, ce parcours légendaire met à l’épreuve autant le physique que le mental. Décryptons ensemble les détails du tracé 2025 qui attend les coureurs. Voir la liste des élites sur la Diagonale 2025 ici.
Sommaire
Saint-Pierre
Les premiers kilomètres festifs mais dangereux
Le coup d’envoi sera donné à Saint-Pierre, au bord de l’océan Indien. L’atmosphère y est électrique, chargée d’adrénaline et d’émotions. Les premiers kilomètres s’étirent sur un terrain plat et rapide, presque festif. La foule encourage, les coureurs sont frais, l’euphorie règne.
Mais cette facilité apparente cache un premier piège redoutable. Après cette courte mise en jambes, débute une longue montée régulière de 14 kilomètres menant jusqu’au Domaine Vidot. De nuit, dans l’obscurité totale, beaucoup se laissent griser par l’ambiance et brûlent leurs cartouches bien trop tôt.
La pente reste douce mais constante, installant déjà le ton d’une course où rien n’est donné. Les coureurs expérimentés savent qu’il faut gérer dès ces premières heures, résister à la tentation d’accélérer pour suivre le rythme des autres.
L’ascension vers les volcans et le froid
Notre-Dame de la Paix et le Nez de Bœuf
Passé le Domaine Vidot, la route continue de grimper en direction de Notre-Dame de la Paix, puis vers le mythique Nez de Bœuf. C’est là que les coureurs découvrent les premières vraies difficultés techniques du parcours.
Le terrain devient accidenté avec des successions de petites montées et descentes qui cassent le rythme et épuisent progressivement les cuisses. Le froid et l’humidité s’installent à mesure que l’altitude augmente, obligeant à adapter régulièrement sa tenue vestimentaire.
Le mur du Coteau Kerveguen à 2483 mètres
Puis vient le premier véritable mur de la Diagonale : 1000 mètres de dénivelé positif pour atteindre le Coteau Kerveguen, culminant à 2483 mètres d’altitude. Ce premier sommet symbolique marque un tournant mental dans la course.
À cette altitude, le froid peut être mordant, surtout de nuit ou tôt le matin. Le vent fouette, la température chute brutalement. Beaucoup de coureurs sous-estiment cet aspect climatique et se retrouvent en difficulté, grelottants dans leurs vêtements inadaptés.
La descente du Bloc
Après le Coteau Kerveguen vient la redoutable descente du Bloc. Très raide et cassante, elle met les quadriceps à rude épreuve. Les chocs se répètent à chaque foulée, les genoux encaissent, les cuisses brûlent progressivement.
Cette portion technique exige une concentration maximale pour éviter les chutes sur un terrain parfois glissant. Beaucoup de coureurs y laissent leurs jambes, arrivant à Cilaos avec les cuisses totalement tétanisées. Cette première base vie marque environ un tiers du parcours accompli.
Mafate
Le col du Taïbit et le basculement
Passé le col du Taïbit, la Diagonale bascule dans le cirque de Mafate, un monde à part. Cet amphithéâtre naturel isolé, sans route accessible en voiture, représente probablement la section la plus éprouvante de tout le parcours.
Découvre les meilleures marques de trail running chez i-Run : chaussures, textile, nutrition… tout ce qu’il te faut pour performer sur les sentiers.
⚡ Voir les nouveautés i-RunLes descentes y sont interminables, les montées brutales, les sentiers particulièrement accidentés. Le terrain alterne entre rochers, racines, marches naturelles et passages techniques qui interdisent toute forme de régularité dans l’effort.
La fournaise diurne
Si le passage s’effectue en pleine journée, la chaleur peut devenir étouffante, transformant la progression en véritable fournaise. Le cirque capte et concentre les rayons du soleil, sans qu’aucun vent ne vienne apporter de soulagement.
L’humidité ambiante amplifie la sensation de chaleur. La transpiration ruisselle, la déshydratation guette, la lucidité diminue progressivement. Cette combinaison chaleur-humidité-dénivelé constitue un cocktail redoutable qui a brisé les rêves de nombreux coureurs au fil des éditions.
Le mur du Maïdo : 2000 mètres de calvaire
Après des heures de lutte dans Mafate, il faudra encore s’arracher pour grimper les 2000 mètres de dénivelé positif du Maïdo. Ce véritable mur représente autant un défi mental que physique.
Les jambes sont déjà lourdes, le corps fatigué, le moral parfois en berne. Pourtant, il faut puiser dans ses dernières réserves pour affronter cette montée qui semble ne jamais finir. Ceux qui parviennent à en ressortir savent que la ligne d’arrivée devient possible, mais rien n’est encore acquis.
Les derniers pièges avant La Redoute
La descente vers l’Îlet Savanah
La descente vers l’Îlet Savanah semble facile sur le papier, presque reposante après les tourments de Mafate. En réalité, elle s’avère usante avec une alternance de faux plats et de pentes raides qui achèvent les quadriceps déjà bien entamés.
Le piège consiste à croire que le plus dur est derrière soi. Beaucoup relâchent leur vigilance, négligent leur alimentation ou leur hydratation, pensant que les derniers kilomètres seront une formalité. Erreur fatale qui se paie comptant dans les sections finales.
Le Chemin des Anglais
Puis vient le Chemin des Anglais, pavé de lave et brûlant au soleil. Ce passage historique, aussi mythique que destructeur, a marqué des générations de coureurs de la Diagonale.
Sous un soleil de plomb, les pierres volcaniques renvoient une chaleur écrasante. Les pieds souffrent dans les chaussures devenues fournaises. La fatigue accumulée rend chaque pas difficile sur ce terrain irrégulier qui semble aspirer les dernières forces.
Le Colorado et la descente finale
La dernière montée vers le Colorado précède une descente finale exigeante où il faut encore rester lucide malgré l’épuisement généralisé. Les chevilles fatiguées menacent de se tordre à chaque instant, la concentration vacille.
Cette suppression de la « cauchemardesque descente du Colorado » mentionnée dans certaines éditions récentes a légèrement adouci cette finale, mais le parcours reste impitoyable jusqu’au bout. Quand le stade de La Redoute apparaît enfin à Saint-Denis, c’est la délivrance totale.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.
