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Record mondial féminin Backyard Ultra 2025 : 637KM en 95 heures pour Sarah Perry

Dans le monde de l’ultra-endurance, certaines performances défient l’entendement. Ce qui s’est passé le 23 octobre 2025 à Bell Buckle, dans le Tennessee, appartient définitivement à cette catégorie. Sarah Perry, une Britannique de 34 ans, vient d’établir un nouveau record du monde féminin à la Big Dog’s Backyard Ultra en complétant 95 « yards », soit 637 kilomètres parcourus en 95 heures consécutives.

Pour mettre les choses en perspective : imaginez courir un semi-marathon… puis recommencer une heure plus tard. Et encore une heure après. Pendant quatre jours et quatre nuits. Sans jamais vous arrêter vraiment. Bienvenue dans l’univers démentiel des Backyard Ultra.

Le format Backyard Ultra : quand la course devient un combat mental

Créé par Gary Cantrell (surnommé « Laz »), le cerveau derrière les redoutables Barkley Marathons, le format Backyard Ultra repose sur une règle diablement simple : les coureurs doivent compléter une boucle de 6,705 kilomètres (4.1667 miles) toutes les heures, pile à l’heure.

Pas de négociation. Pas d’excuse. Si vous terminez votre boucle en 45 minutes, vous avez 15 minutes pour manger, vous hydrater, vous changer, peut-être même fermer les yeux 30 secondes. Si vous mettez 58 minutes, il ne vous reste que deux minutes avant de repartir. Et si vous n’êtes pas dans le corral de départ quand l’heure tourne, vous êtes éliminé.

La course continue ainsi jusqu’à ce qu’un seul coureur reste capable de partir pour un tour de plus que tous les autres. Il n’y a pas de temps limite. Pas de distance fixée à l’avance. Le dernier debout décide de la longueur finale de la course. C’est brutal, épuisant mentalement, et absolument fascinant.

À la Big Dog’s Backyard Ultra, considérée comme le championnat du monde de ce format délirant, les coureurs alternent entre une boucle partiellement en trail pendant les 11 heures de lumière du jour, et une boucle entièrement sur route pendant les 13 heures nocturnes restantes. Peu importe la vitesse à laquelle vous courez : l’essentiel est d’être de retour dans le corral au début de l’heure suivante.

Sarah Perry : de professeure à légende mondiale

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Sarah Perry n’est pas une athlète professionnelle sponsorisée vivant de son sport. C’est une enseignante originaire de Cockermouth, un village du nord de l’Angleterre niché dans la magnifique région des lacs. Une coureuse passionnée qui a découvert le format Backyard Ultra en 2021 et en est immédiatement tombée amoureuse.

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Son parcours dans cette discipline est impressionnant. En 2021, elle remporte sa première Backyard Ultra, la Backyard Ultra Cymru au Pays de Galles, avec 20 tours (134 kilomètres). L’année suivante, elle s’impose à la Cow Shed Backyard Ultra avec 33 tours (221 kilomètres). Puis, pour se qualifier pour la Big Dog’s, elle gagne les championnats britanniques avec 59 tours (395 kilomètres).

Mais c’est cette année, à Bell Buckle, qu’elle a vraiment marqué l’histoire.

95 tours pour pulvériser l’ancien record

La Big Dog’s Backyard Ultra 2025 a débuté le samedi 18 octobre à 7h00 du matin, avec 75 coureurs venus de 40 pays différents sur la ligne de départ. Parmi eux, seulement quatre femmes, dont les deux détentrices des précédents records : Megan Eckert (États-Unis), qui avait établi le record en 2024 avec 87 tours (583 kilomètres), et Jennifer Russo (États-Unis), 59 ans, qui avait couru 74 tours en 2023.

Les heures ont passé. Puis les jours. Jennifer Russo, la doyenne de la compétition, s’est arrêtée après 52 tours (335 kilomètres). Edit Fűrész de Hongrie a tenu jusqu’à 76 tours (509 kilomètres). Puis est venu le duel entre les deux favorites : Eckert et Perry.

Megan Eckert, également détentrice du record du monde des six jours avec 970 kilomètres, a d’abord battu son propre ancien record en atteignant 92 tours (616 kilomètres) avant de s’arrêter. Un exploit déjà monumental. Mais Sarah Perry continuait. Boucle après boucle, avec une régularité de métronome.

Toujours souriante malgré l’épuisement, elle enchaînait les tours bien en dessous de la barre des 60 minutes, se donnant quelques précieuses minutes de récupération entre chaque départ. Après 95 heures de course, soit quatre jours et quatre nuits d’effort continu, elle a finalement décidé de s’arrêter, son dos la faisant souffrir de plus en plus.

95 tours. 637 kilomètres. Un nouveau record du monde féminin.

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Plus qu’un record féminin : un record britannique absolu

La performance de Sarah Perry dépasse largement le simple cadre du record féminin. En atteignant 95 tours, elle a également battu le record britannique absolu, hommes et femmes confondus, qui était détenu par Matt Blackburn avec 87 tours établis en 2023.

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C’est une première historique qui place le Royaume-Uni sur le devant de la scène mondiale de l’ultra-endurance. Et cela prouve, une fois de plus, que dans ce format très particulier, les femmes peuvent rivaliser d’égal à égal avec les hommes. Ce n’est pas une question de vitesse pure, mais de résistance mentale, de gestion de l’effort et de capacité à gérer la privation de sommeil.

Neuf hommes encore debout après le retrait de Perry

Lorsque Sarah Perry a décidé de ne pas repartir pour son 96ème tour, neuf hommes continuaient encore leur marche forcée. Parmi eux figurait l’Australien Phil Gore, actuel détenteur du record du monde masculin avec 119 tours (797 kilomètres) établi lors d’une édition précédente.

On retrouvait également Ivo Steyaert, membre de l’équipe belge qui avait remporté l’édition par équipes en 2024, ainsi que plusieurs autres coureurs d’élite venus du monde entier.

Finalement, c’est Phil Gore qui s’est imposé avec 114 tours (764 kilomètres), Ivo Steyaert terminant second avec 113 tours (757 kilomètres) en tant qu' »assist » — le terme utilisé dans le jargon Backyard Ultra pour désigner le second, celui qui a accompagné le vainqueur jusqu’à l’avant-dernier tour.

Gore n’a pas battu son propre record mondial cette année, mais il confirme une fois de plus son statut de référence absolue de la discipline chez les hommes.

Pourquoi ce format fascine-t-il autant ?

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Les Backyard Ultra connaissent un succès phénoménal depuis quelques années. Des dizaines d’épreuves ont vu le jour partout dans le monde, de la Belgique au Japon, en passant par la France, l’Australie ou l’Afrique du Sud. Mais qu’est-ce qui rend ce format si addictif ?

D’abord, son aspect profondément égalitaire. Contrairement aux courses classiques où les plus rapides dominent, ici, la vitesse compte relativement peu. Ce qui importe, c’est de tenir plus longtemps que les autres. Un coureur « moyen » peut tout à fait battre un champion si sa tête tient mieux. C’est rare dans le monde du sport d’élite.

Ensuite, la dimension psychologique est absolument fascinante. Abandonner signifie simplement ne pas se présenter au départ d’une boucle. Un geste qui paraît simple, mais qui devient presque impossible après 50, 60 ou 70 heures de course. Votre corps vous supplie d’arrêter, mais quelque chose de plus profond vous pousse à enfiler vos chaussures une énième fois.

Enfin, la privation de sommeil devient rapidement l’ennemi numéro un, bien avant les jambes ou le cardio. Gérer ces micro-siestes entre les tours, maintenir sa lucidité malgré l’épuisement, éviter les hallucinations… c’est un apprentissage en soi, une forme d’exploration des limites humaines qui passionne autant les participants que les spectateurs.

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Une héroïne qui inspire le monde entier

Sarah Perry rejoint le cercle très fermé des athlètes capables de repousser les frontières du possible en matière d’ultra-endurance. Sa performance inspirera des centaines, voire des milliers de coureuses à travers la planète.

Elle prouve qu’une enseignante « ordinaire », avec de la détermination, un entraînement intelligent et une force mentale exceptionnelle, peut accomplir des exploits que peu d’êtres humains peuvent même imaginer. Elle montre aussi que les femmes n’ont rien à envier aux hommes dans ce type d’épreuve où le mental compte autant que le physique.

Son record tiendra-t-il longtemps ? Difficile à dire. Megan Eckert a montré qu’elle pouvait atteindre 92 tours. D’autres athlètes féminines s’entraînent spécifiquement pour ce format. Mais pour l’instant, Sarah Perry règne sur l’ultra-endurance féminine mondiale. Et personne ne pourra jamais lui retirer ça.

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