La Diagonale des Fous, ce n’est pas qu’un ultra-trail de plus sur la planète course à pied. C’est un rite initiatique, un voyage vertical, une traversée de l’île de La Réunion qui pousse au bord de l’extase… ou de l’abandon. Chaque année en octobre, des coureurs venus des quatre coins du monde s’élancent depuis Saint-Pierre, au sud de l’île, avec pour ambition de rallier Saint-Denis, au nord. Entre les deux : des montagnes, des remparts, des cirques vertigineux, des sentiers acérés comme des lames, et une météo qui peut se montrer aussi chaleureuse que féroce.
Sommaire
- 1 Un mythe du trail : la Diagonale des Fous, entre fascination et vertige
- 2 Distance de la Diagonale des Fous : bien plus qu’un chiffre
- 3 Dénivelé positif : 10 150 mètres qui broient les jambes
- 4 Profil du parcours : un monstre géographique
- 5 Statistiques et records de la Diagonale des Fous
- 6 Pourquoi la distance et le dénivelé changent tout dans cette course
Donnée | Valeur |
---|---|
Nom officiel | La Diagonale des Fous |
Événement | Grand Raid de La Réunion |
Distance approximative | 175 km |
Dénivelé positif cumulé | 10 150 mètres |
Lieu de départ | Saint-Pierre (La Réunion) |
Lieu d’arrivée | Saint-Denis (La Réunion) |
Temps moyen des finishers | 40 à 55 heures |
Taux d’abandon | Environ 40 % |
Record masculin | Benat Marmissolle – ~23h14 (2022) |
Record féminin | Courtney Dauwalter – ~24h37 (2021) |
Barrière horaire | 66 heures |
Nombre de participants (édition récente) | Environ 2 800 |
Pays | France (Île de La Réunion) |
Un mythe du trail : la Diagonale des Fous, entre fascination et vertige

Ce trail est un peu comme un opéra dramatique joué sur fond de jungle tropicale et de crêtes acérées. Et pour cause : il exige une endurance physique démesurée, mais surtout une force mentale presque irréelle.
Une traversée brutale de l’île intense
L’appellation « Diagonale des Fous » n’est pas usurpée. Ce n’est pas une diagonale douce, c’est une ligne de fracture. C’est une diagonale de souffrance, de dépassement, de beauté brute. Ceux qui en sortent changés ne sont pas rares. En fait, presque aucun finisher ne reste le même après avoir enchaîné les dizaines d’heures de course, les kilomètres de bitume brûlant, de boue, de racines traîtresses et de pierres glissantes. Et ce nom ? Il résume bien l’idée générale : il faut une bonne dose de folie pour se lancer là-dedans.
Distance de la Diagonale des Fous : bien plus qu’un chiffre

Un parcours qui dépasse les standards habituels
La distance officielle de la Diagonale des Fous varie légèrement d’une année à l’autre. Mais sur les éditions les plus récentes, elle affiche environ 175 kilomètres. Oui, 175 km de terrain indompté, de montagnes hostiles et de sections où le mot « sentier » semble être une insulte au concept même de chemin praticable. Certains pourraient dire : « ce n’est qu’un ultra-trail de plus, après tout ». Mais aucun autre ne ressemble à celui-là. L’environnement volcanique, les pentes coupantes, les racines qui fouettent les chevilles, et ces nuits moites où chaque pas devient un duel avec soi-même… tout ça donne à cette course une dimension bien au-delà de la simple distance affichée sur un roadbook.
Des kilomètres psychologiquement lourds
Le plus fascinant avec ces 175 kilomètres, c’est qu’ils ne se vivent pas comme dans un trail ordinaire. Le terrain est si technique, si exigeant, qu’il transforme la perception du temps. Marcher 10 km dans Mafate, ce n’est pas courir 10 km sur les sentiers vallonnés du Cantal ou des Vosges. C’est grimper, descendre, s’accrocher, tomber parfois, et se relever avec la conviction que la ligne d’arrivée est encore très, très loin. En termes de sensations, c’est comme si chaque portion était un chapitre de roman noir. Rien n’est fluide, tout est accidenté, tendu, imprévisible.
Dénivelé positif : 10 150 mètres qui broient les jambes
Un chiffre vertigineux, presque irréel
Si les 175 kilomètres ne vous font pas sourciller, attendez de digérer ce chiffre : plus de 10 000 mètres de dénivelé positif. Oui, 10 150 mètres D+, soit plus d’un kilomètre vertical répété dix fois. Ce n’est pas un simple trail. C’est une escalade permanente, entrecoupée de descentes infernales qui laminent les quadriceps et mettent les chevilles en apnée. On ne parle pas ici d’une belle montée roulante au lever du jour. Non. Il s’agit de pentes tranchantes, de marches de géants, de murets de roches à escalader, parfois de nuit, souvent sous la pluie.
Des montées qui ne pardonnent rien
Le Piton Textor, le Maïdo, le Bloc, le Taïbit, ou encore le passage de Dos d’Âne… tous ces noms réveillent des souvenirs douloureux chez les anciens finishers. Le profil altimétrique de la Diagonale est une montagne russe qui ne descend jamais vraiment. On monte, on descend, puis on remonte encore. Les descentes sont des faux cadeaux : elles broient les cuisses autant que les montées fracassent le souffle. Ce dénivelé, ce n’est pas juste une donnée. C’est un test de résilience. Un baromètre de volonté.
Profil du parcours : un monstre géographique

Un départ dans la chaleur moite du sud
La course s’élance de Saint-Pierre, souvent sous une température lourde et humide. La ville dort encore, mais les frontales s’allument comme des lucioles nerveuses dans la nuit. Les premières pentes arrivent vite. Très vite. Et déjà, les corps commencent à se tendre.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunUne traversée de cirques mythiques
Le cirque de Cilaos est le premier mur. Un labyrinthe de montées et descentes techniques. Puis vient Mafate, inaccessible autrement qu’à pied ou par hélicoptère. Un monde à part. Un écrin sauvage, mais aussi une prison naturelle : si le moral vacille là-dedans, la sortie semble encore plus lointaine. Enfin, Salazie ferme le bal avec ses forêts humides et ses passages encaissés. Chaque cirque est un univers, une épreuve, une tempête dans le parcours.
Un final cruel et magnifique
Les derniers kilomètres, souvent qualifiés de « rouleaux compresseurs », n’ont rien de plat. Après Maïdo, les descentes interminables vers La Possession puis la montée du Colorado viennent assommer les ultimes résistances. Saint-Denis s’ouvre comme un mirage, une lumière au bout d’un long tunnel de fatigue. Et pourtant, nombreux sont ceux qui posent le genou à terre à quelques encablures de l’arrivée. C’est dire à quel point cette course use, jusqu’au dernier souffle.
Statistiques et records de la Diagonale des Fous
Une course où le chronomètre devient secondaire
À première vue, certains pourraient penser que la Diagonale des Fous est une course comme les autres, avec un podium, un temps à battre et des vainqueurs. Mais sur cette île, le chronomètre est une illusion. Bien sûr, les élites explosent les compteurs avec des temps stratosphériques — moins de 24 heures pour les plus rapides — mais pour l’immense majorité, il s’agit avant tout d’une bataille intérieure. On parle ici d’une épreuve où le taux d’abandon dépasse régulièrement les 40 %. Cela donne une idée de la rudesse du tracé et de son effet sur les organismes.
Des temps d’arrivée qui racontent autre chose
Pour les meilleurs, les records flirtent avec les 23 heures. Chez les femmes, c’est Courtney Dauwalter qui a marqué les esprits avec une performance dantesque en 2021, réalisant un temps de 24h37. Mais qu’on ne s’y trompe pas : ces chronos ne reflètent pas l’essence de la course. Ce qui compte ici, c’est de tenir debout, d’atteindre Saint-Denis avec le mental en lambeaux mais le cœur rempli. Les finishers qui mettent 45, 50 ou 55 heures valent tout autant. Leur aventure est simplement plus longue, plus viscérale, parfois plus marquante encore.
Une course qui ne pardonne pas
La difficulté de l’épreuve fait que chaque année, des centaines de coureurs abandonnent, parfois très tôt. Crampes, hypoglycémies, ampoules à vif, blessures musculaires, hallucinations… Le panel des causes est vaste. Le corps lâche souvent avant la tête, et inversement. Mais ceux qui franchissent la ligne d’arrivée sont accueillis comme des héros. Et pas uniquement par la foule. Par eux-mêmes surtout. Car terminer la Diagonale des Fous, c’est entrer dans une confrérie d’endurants au mental d’acier.
Pourquoi la distance et le dénivelé changent tout dans cette course

Préparation : le socle d’un projet de longue haleine
175 km et 10 150 m de D+, cela ne s’improvise pas. Chaque paramètre doit être méticuleusement intégré dans le plan d’entraînement. Et pas uniquement en courant plus. Il faut apprendre à marcher en montée, à récupérer en descente, à s’alimenter intelligemment, à gérer la chaleur et l’humidité, sans oublier le sommeil. La moindre négligence peut se payer cash. Sur un ultra plus « roulant », l’improvisation passe parfois. Sur la Diagonale, elle se transforme rapidement en erreur fatale.
Le choix du matériel, un art subtil
Courir de nuit, évoluer dans la boue, grimper sur des blocs volcaniques, traverser des ravines glissantes : le choix du matériel est un facteur décisif. Chaussures, frontale, sac de trail, bâtons, vêtements imperméables… tout doit être pensé pour durer plus de 40 heures. Certains coureurs changent même de chaussures en cours de route, prévoyant une paire de rechange dans un sac d’assistance. Ceux qui partent trop légers s’en mordent les doigts, ceux qui surchargent explosent avant la mi-course. L’équilibre est fragile, et seul un fin connaisseur de son corps peut faire les bons arbitrages.
Gérer la nutrition comme une horlogerie suisse
Sur 175 km, le corps devient une centrale à combustion. Il faut l’alimenter sans cesse, parfois en petites touches subtiles, parfois avec des repas solides. L’enjeu est double : ne pas tomber en hypoglycémie, et éviter les troubles digestifs qui peuvent ruiner une course en quelques minutes. Les ravitaillements sont parfois éloignés, les conditions peuvent rendre les aliments difficiles à avaler. Certains ne supportent plus rien après 30 heures, sauf une banane écrasée ou une soupe tiède. D’autres vomissent tout et repartent quand même.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.