Le 2 avril 2023, sous un ciel gris et dans des conditions météorologiques peu clémentes, Mathieu Blanchard a réalisé l’un des exploits les plus remarquables de sa carrière sportive. L’ultra-traileur québécois d’adoption française a franchi la ligne d’arrivée du Marathon de Paris en 2h 22mn 36s, pulvérisant ainsi la barrière symbolique des 2h30, souvent considérée comme inaccessible pour les spécialistes de l’ultra-trail.
Cette performance mérite d’être soulignée tant elle illustre la polyvalence exceptionnelle de cet athlète. Maintenir une allure moyenne de 3mn 23s au kilomètre pendant 42,195 km représente un défi colossal pour tout coureur, a fortiori pour un ultra-traileur dont la spécialité réside davantage dans l’endurance extrême que dans la vitesse pure. À travers cet article, plongeons dans les détails de cette course magistrale, analysons le contexte particulier du Marathon de Paris 2023 et découvrons comment Blanchard s’inscrit désormais dans le cercle très fermé des ultra-traileurs d’élite capables de briller sur bitume.
Sommaire
- 1 Le Marathon de Paris, un parcours exigeant aux caractéristiques singulières
- 2 Les conditions météorologiques défavorables du Marathon de Paris 2023
- 3 Le sacre d’Abeje Ayana, révélation éthiopienne de 20 ans
- 4 Un final haletant dans la course féminine
- 5 Mathieu Blanchard entre dans le club très sélect des ultra-traileurs performants sur marathon
Le Marathon de Paris, un parcours exigeant aux caractéristiques singulières

Contrairement aux idées reçues, le Marathon de Paris ne figure pas parmi les plus rapides du circuit mondial. Son tracé présente environ 200 mètres de dénivelé positif et de nombreux virages à angle droit qui ralentissent inévitablement les coureurs. Le record de l’épreuve, détenu depuis 2021 par le Kényan Elisha Rotich en 2h 4min 21s, reste loin des 2h 01mn 9s établis par Eliud Kipchoge à Berlin en septembre 2022. Cette différence s’explique notamment par la topographie parisienne qui, malgré sa beauté indéniable, n’offre pas les conditions idéales pour chasser les records. Les marathons de Berlin, Rotterdam ou Valence sont réputés bien plus rapides grâce à leurs parcours extrêmement plats et leurs tracés dépourvus de virages techniques. Ces caractéristiques rendent la performance de Blanchard d’autant plus impressionnante, puisqu’elle a été réalisée sur un terrain peu propice aux chronos stratosphériques. Cependant, il reste un des plus beaux marathon du monde comme celui de New York.
Le record français du Marathon de Paris
Côté hexagonal, c’est Morhad Amdouni qui détient le record national de l’épreuve avec un chrono époustouflant de 2h 05mn 22s, établi lors de sa troisième place en 2022. Cette référence permet de mieux situer l’exploit de Blanchard, qui sans provenir du sérail de l’athlétisme pur, parvient à se hisser à un niveau de performance remarquable.
Les conditions météorologiques défavorables du Marathon de Paris 2023

La 46e édition du Marathon de Paris s’est déroulée dans une ambiance climatique particulièrement hostile. Un ciel maussade, des températures fraîches et surtout un taux d’humidité oscillant entre 60 et 70% ont considérablement compliqué la tâche des participants. La respiration, élément fondamental en course à pied, devient laborieuse dans de telles conditions hygrométriques. Pour voir le temps moyen sur le marathon de Paris, c’est ici.
Ajoutons à cela des rafales de vent parfois violentes qui ont balayé les grandes avenues parisiennes, constituant un obstacle supplémentaire pour les coureurs en quête de performance. Ces aléas climatiques ont d’ailleurs influencé la stratégie des favoris, partis prudemment en anticipant les difficultés des longues lignes droites exposées au vent en seconde partie de parcours. Ces éléments contextuels renforcent la portée de l’exploit réalisé par Mathieu Blanchard, capable de maintenir un rythme d’enfer malgré ces conditions adverses.
Le sacre d’Abeje Ayana, révélation éthiopienne de 20 ans
Dans l’épreuve masculine, il aura fallu attendre le 35e kilomètre pour que la course s’anime véritablement. L’Éthiopien Guye Adola, favori annoncé avec son impressionnant record personnel de 2h 03mn 46s, a lancé les hostilités. Seul son jeune compatriote Abeje Ayana, quasi inconnu sur marathon mais redoutable sur semi (59mn 39s), a pu suivre son accélération. La fougue de la jeunesse a pris le dessus sur l’expérience. À seulement 4,5 kilomètres de l’arrivée, Ayana a placé une attaque fulgurante, renonçant même à s’alimenter aux derniers ravitaillements pour maintenir son rythme infernal. Cette audace tactique lui a permis de s’imposer en 2h 07mn 15s, reléguant Adola à 20 secondes. Le Kényan Josphat Boit a complété le podium cinq secondes plus tard.
Les performances des coureurs français
Côté tricolore, Medhi Frère s’est montré le plus véloce en terminant à la 10e place en 2h 11mn 05s. Une belle prestation qui ne lui permet toutefois pas d’atteindre les minima olympiques pour Paris 2024, fixés à 2h 08mn 10s. Il conserve néanmoins des opportunités jusqu’au 30 avril 2024 pour réaliser ce chrono qualificatif.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunQuant à Morhad Amdouni, diminué par des douleurs au genou, il s’est classé 13e en 2h 12mn 45s. Une performance honorable compte tenu de sa condition physique et des circonstances. « Dans le cadre de ma préparation des championnats du monde, c’était une étape dans des conditions difficiles, avec du vent et de la pluie », a-t-il commenté à l’arrivée, satisfait malgré tout d’avoir bouclé le parcours dans sa ville d’adoption.
Un final haletant dans la course féminine
Le suspense a atteint son paroxysme dans l’épreuve féminine où il a fallu attendre les ultimes foulées pour connaître la lauréate. Alors qu’un groupe de cinq coureuses était resté soudé jusqu’aux 500 derniers mètres, c’est la Kényane Helah Kiprop qui a émergé de façon inattendue.
Semblant pourtant en difficulté, Kiprop a puisé dans ses ultimes ressources pour produire un effort surhumain, franchissant la ligne d’arrivée au sprint en 2h 23mn 19s. Elle a devancé d’un souffle sa compatriote Atalet Anmut, créditée du même temps au millième près. Une autre Kényane, Fikrte Wereta, a complété ce podium 100% est-africain à seulement deux secondes de la gagnante. Cette victoire arrachée aux forceps illustre parfaitement l’intensité dramatique que peut revêtir un marathon, où la hiérarchie peut être bouleversée jusqu’aux derniers instants de l’épreuve.
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Mathieu Blanchard entre dans le club très sélect des ultra-traileurs performants sur marathon

En terminant à la 35e place du classement général en 2h 22mn 36s, Mathieu Blanchard a réalisé bien plus qu’une simple performance chronométrique. Il s’est inscrit dans la lignée des rares ultra-traileurs capables de briller sur l’asphalte malgré une spécialisation sur des terrains radicalement différents. Cette polyvalence exceptionnelle est d’autant plus remarquable que Blanchard ne provient pas de l’athlétisme ou du demi-fond, contrairement à d’autres références du trail ayant brillé sur marathon.
Son parcours atypique, du triathlon à l’ultra-trail en passant par l’ingénierie, rend sa progression d’autant plus admirable. Avant cette course parisienne, Blanchard avait effectué une préparation spécifique au Kenya, haut lieu mondial de l’entraînement pour les spécialistes des longues distances sur route. Cette immersion dans l’excellence kényane visait à améliorer sa vitesse en prévision de la Western States Endurance Run, l’une des courses d’ultra-trail les plus prestigieuses au monde. Et pour en savoir plus sur la vie de Mathieu Blanchard et Alix, c’est par ici !
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.