L’ultra-traileur français Mathieu Blanchard vient de boucler une aventure maritime extraordinaire. Aux côtés du skipper professionnel Conrad Colman, il a passé cinq jours en mer à bord d’un monocoque IMOCA pour valider sa qualification à la Transat Café L’Or (ex-Transat Jacques Vabre). Cette navigation de 1000 milles nautiques sans escale marque une étape décisive vers son objectif écologique : rejoindre la Martinique sans prendre l’avion.
Sommaire

Un défi maritime pour un champion terrestre

La transition du trail à la voile
Habitué aux sentiers escarpés de l’UTMB et de la Diagonale des Fous, Mathieu Blanchard découvre un univers radicalement différent. Cette immersion brutale dans la course au large révèle un athlète en quête perpétuelle de nouveaux défis. Conrad Colman, skipper expérimenté avec deux Vendée Globe à son actif, l’accompagne dans cette aventure inédite.
Le duo a parcouru environ 1850 kilomètres en autonomie complète, affrontant les conditions parfois musclées de l’Atlantique Nord. Pour Blanchard, totalement novice en voile, cette expérience représente un saut dans l’inconnu comparable à ses premiers pas sur les ultra-trails.
Une qualification obligatoire pour la transat
Cette navigation n’était pas une simple escapade maritime. Chaque équipage souhaitant participer à la Transat du Café doit réaliser un parcours de qualification supervisé. Les organisateurs imposent cette règle pour s’assurer que les marins maîtrisent les manœuvres ensemble dans des conditions réelles.
Le règlement exige un minimum de 1000 milles nautiques (1852 km) hors des côtes, avec une diversité de conditions de navigation. Le duo choisit librement sa fenêtre météo et son tracé, mais doit respecter scrupuleusement ces critères pour obtenir la validation officielle.
L’épreuve du grand large

Des conditions de vie spartanes
La réalité de la course au large contraste brutalement avec le confort terrestre. Pas de douche, pas de lit digne de ce nom, juste une banette exiguë. Les repas se résument à du lyophilisé réchauffé à l’eau chaude, quand les conditions permettent de cuisiner. Le bruit incessant, les manœuvres nocturnes et les claques de vagues à 40 nœuds forgent rapidement le caractère.
Blanchard l’admet sans détour : vomissements, fatigue extrême et nuits blanches ponctuent cette expérience. L’absence de toilettes et l’impossibilité de se laver transforment chaque jour en épreuve d’endurance mentale autant que physique.
Entre fascination et épreuve physique
Malgré ces difficultés, la magie opère. Le plancton illuminant la traînée du bateau, les dauphins au coucher du soleil et les ciels étoilés loin de toute pollution lumineuse compensent largement les moments pénibles. Cette fascination profonde pour l’océan naît de ces instants suspendus où l’homme redécouvre sa place dans l’immensité.
Au retour sur terre, le phénomène inverse se produit : c’est le sol qui tangue tandis que le marin cherche son équilibre. Cette sensation, bien connue des navigateurs, témoigne de l’adaptation remarquable du corps humain aux mouvements perpétuels de la mer.

Conrad Colman : un partenaire d’exception

Un palmarès impressionnant
Conrad Colman apporte à ce duo une expérience inestimable. Double participant au Vendée Globe (2016-2017 et 2024-2025), il termine 16ème lors de sa première tentative avec un exploit remarquable : devenir le premier skipper moderne à boucler la course sans carburant fossile, malgré un démâtage à 700 milles de l’arrivée.
Son palmarès en classe IMOCA s’étend sur plus d’une décennie. Vainqueur absolu de la Global Ocean Race 2011-2012 en Class40, il accumule les participations aux plus grandes courses transatlantiques. Cette expertise technique et mentale rassure Blanchard dans sa découverte de l’univers maritime.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunUne collaboration inédite
L’association entre un ultra-traileur et un skipper professionnel intrigue le milieu de la voile. Colman accepte ce défi humain autant que sportif, conscient de l’originalité du projet. Former un équipage efficace en quelques mois relève de la gageure, mais l’état d’esprit de Blanchard séduit le Néo-Zélandais.
Cette collaboration transcende le simple partenariat sportif. Elle symbolise la rencontre entre deux univers d’endurance extrême, où mental et préparation physique déterminent la réussite.
Un projet écologique ambitieux
Rejoindre la martinique sans avion
L’objectif de Blanchard dépasse largement la performance sportive. En utilisant la Transat du Café comme moyen de transport, il entend démontrer qu’un athlète de haut niveau peut se déplacer autrement. Cette démarche écologique forte questionne les habitudes du sport professionnel moderne.
La TransMartinique (134 km), ultra-trail programmé après l’arrivée en Martinique, justifie ce voyage maritime. Blanchard prouve ainsi qu’engagement environnemental et excellence sportive peuvent coexister harmonieusement.
Un message pour le sport moderne
Cette initiative résonne particulièrement dans un contexte où l’empreinte carbone du sport interroge. Les déplacements aériens, nécessaires aux compétitions internationales, représentent un enjeu majeur pour les athlètes conscients des défis climatiques.
Blanchard incarne cette nouvelle génération de sportifs qui intègrent la dimension environnementale dans leurs choix de carrière. Son exemple pourrait inspirer d’autres disciplines à repenser leurs modes de déplacement.
« Ce n’est pas l’idéal comme récupération post-ultra, mais cette aventure maritime m’a profondément marqué. Chaque mille parcouru devient une leçon de vie. » – Mathieu Blanchard
Objectif transat café : un défi XXL

Le départ du havre prévu le 26 octobre
La qualification validée, le duo peut désormais se projeter sur la Transat du Café proprement dite. Le départ du Havre est programmé le 26 octobre 2025, direction la Martinique. Plus de 4000 milles nautiques séparent les deux ports, soit environ 7400 kilomètres d’océan Atlantique à franchir.
Cette course transatlantique en double représente l’une des épreuves majeures du calendrier IMOCA. La route traditionnelle longe les côtes européennes puis africaines avant de traverser l’Atlantique tropical vers les Antilles françaises.
Un apprentissage accéléré nécessaire
Entre la qualification et le départ officiel, Blanchard doit parfaire sa formation maritime. Les manœuvres, la météorologie, la gestion du sommeil en mer exigent une maîtrise que seule la pratique peut apporter. Colman endosse naturellement le rôle de mentor dans cette progression fulgurante.
Les prochains mois s’annoncent intenses avec probablement d’autres sorties d’entraînement. L’objectif consiste à transformer le néophyte en équipier fiable, capable de prendre des décisions cruciales en situation dégradée.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.