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La Petite Trotte à Léon (PTL) : Le trail et l’aventure d’une vie

Il existe dans le monde du trail une épreuve qui transcende la notion même de course. La Petite Trotte à Léon, ironiquement baptisée par le boulanger Léon de feu Jean-Claude Marmier, n’a effectivement rien d’une promenade de santé. Cette aventure de 300 kilomètres autour du Mont-Blanc représente bien plus qu’un défi sportif : c’est un voyage initiatique qui marque à vie ceux qui osent s’y frotter.

Contrairement aux courses traditionnelles où la performance prime, la PTL cultive des valeurs différentes. Ici, pas de classement, pas de chrono à battre, juste un objectif : rallier l’arrivée en équipe dans les 152 heures imparties. Cette philosophie unique attire des aventuriers en quête d’authenticité dans un milieu parfois trop formaté.

Une épreuve hors normes dans l’univers du trail

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L’héritage de Jean-Claude Marmier

Créée par Jean-Claude Marmier, cette épreuve porte en elle l’ADN de son concepteur : l’amour de la montagne authentique, loin des sentiers battus et des foules. Le nom lui-même, issu d’une plaisanterie de son boulanger Léon, témoigne de cet esprit décalé qui caractérise l’événement.

Marmier avait imaginé un tour du Mont-Blanc alternatif, plus sauvage et technique que le classique TMB. Son parcours serpente volontairement à l’écart des grandes voies de passage, privilégiant les hautes routes méconnues et les passages confidentiels du massif.

Un format révolutionnaire

Contrairement à l’UTMB qui se déroule le même week-end, la PTL s’étale sur six jours complets. Cette durée permet d’explorer en profondeur un territoire que les autres courses ne font qu’effleurer. Les 300 kilomètres et 25 000 mètres de dénivelé positif se savourent autant qu’ils se subissent.

L’absence totale de balisage constitue l’une des spécificités les plus déroutantes. Armés de leur seul GPS et de leur sens de l’orientation, les équipes naviguent sur et hors sentiers dans un exercice permanent de lecture de terrain.

PTL vs UTMB : Deux philosophies différentes
Critère PTL UTMB
Distance ~300 km 170 km
Durée 6 jours maximum 30-46h maximum
Participants 300 coureurs (équipes) 2300 coureurs individuels
Balisage Aucun Complet
Classement Aucun Chronométré
Esprit Aventure collective Performance individuelle

L’édition 2025 : Une nouvelle page d’histoire

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L’édition 2025 de la PTL, programmée du 25 au 31 août, s’annonce une fois de plus exceptionnelle. Fidèle à sa tradition d’innovation, l’organisation propose un parcours inédit qui promet de révéler des facettes méconnues du massif du Mont-Blanc. Les 300 participants sélectionnés découvriront des lieux difficilement accessibles offrant des points de vue époustouflants sur les sommets prestigieux qui entourent le toit de l’Europe.

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Le départ sera donné à 8h00 précises depuis Chamonix, lançant les équipes vers cette aventure de 300 kilomètres et 25 000 mètres de dénivelé positif. Avec un temps maximum de 151 heures, soit près de six jours et demi, cette édition maintient l’exigence traditionnelle de l’épreuve tout en préservant son esprit d’aventure collective. La sélection sur dossier garantit la présence d’équipes expérimentées, capables d’affronter les défis techniques et mentaux de ce grand tour alternatif du Mont-Blanc.

Cette année encore, la PTL réaffirmera sa singularité dans le paysage du trail mondial, privilégiant l’engagement mental et l’esprit d’équipe à la performance pure. Une philosophie qui continue de séduire les aventuriers en quête d’authenticité montagnarde.

Voir les favoris de l’UTMB 2025 ici.

L’aventure avant la performance

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Une course sans classement

Aucun classement officiel n’existe sur la PTL. Cette particularité bouleverse les codes habituels du trail running où chaque seconde compte. Ici, seul importe le fait de franchir la ligne d’arrivée avant l’expiration du délai fatal de 152h30.

Cette approche libère les participants de la pression chronométrique. « On ne court pas vraiment sur la PTL », témoigne Damien Poulet, finisher de l’épreuve. « Si on passe 20 à 30% du parcours à courir, c’est le maximum. C’est avant tout une épreuve de randonnée rapide et extrême. »

L’importance cruciale de l’équipe

La PTL se court obligatoirement en équipe de 2 ou 3 coureurs. Cette contrainte transforme radicalement l’expérience par rapport aux épreuves individuelles. L’harmonie du groupe devient aussi déterminante que les qualités physiques de chacun.

« L’entente de l’équipe est primordiale », confirme Thierry Pintureau, triple participant de l’épreuve. « Il faut bien partir avec le même état d’esprit, autrement c’est difficile. » Cette dimension collective enrichit l’aventure mais complexifie également la gestion de course.

Une préparation spécifique et exigeante

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Repenser l’entraînement traditionnel

Préparer la PTL nécessite de sortir des sentiers battus de l’entraînement trail classique. Les volumes kilométriques purs importent moins que la capacité à enchaîner les heures d’effort avec un sac lesté.

« Même en optimisant, avec tout le matériel obligatoire, un peu de nourriture, l’eau et ce qu’il faut de vêtements, le sac pèse pas loin de 10 kg », détaille Damien Poulet. Cette charge modifie fondamentalement la biomécanique de la course et nécessite un apprentissage spécifique.

Les reconnaissances indispensables

La complexité du parcours, différent chaque année, impose des reconnaissances approfondies. L’équipe de Thierry Pintureau avait ainsi exploré les sentiers des Pyrénées avant de s’offrir une reconnaissance de trois jours sur le secteur italien du parcours.

« C’était aussi l’occasion pour nous d’apprendre à nous servir du GPS pour naviguer », explique le Poitevin. Cette maîtrise technique s’avère cruciale face à un parcours volontairement complexe et parfois piégeux.

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L’apprentissage de la gestion nocturne

Les six nuits passées dehors constituent l’une des difficultés majeures de l’épreuve. Thierry et son équipe avaient poussé leur préparation jusqu’à passer des nuits entières à courir et marcher pour apprivoiser cette contrainte.

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« Il faut bien compter le nombre de piles nécessaires pour tenir la semaine ! », sourit-il. Ces détails apparemment anodins révèlent la complexité logistique d’une aventure aussi longue.

Les chiffres d’une épreuve d’exception

Edition 2021 : un bilan révélateur

Les statistiques de l’édition 2021 illustrent parfaitement la sélectivité de l’épreuve :

  • 61 partants pour seulement 25 finishers
  • 36 abandons, soit un taux d’échec de 59%
  • 100 heures pour les premiers (record)
  • 151h30 comme temps limite

Ces chiffres témoignent d’une épreuve où terminer constitue déjà une victoire. Loin des taux de réussite élevés des grands trails, la PTL maintient sa réputation d’épreuve impitoyable.

L’édition 2022 : la révolution du beau temps

L’édition 2022 restera gravée dans les mémoires comme la première à se dérouler entièrement sous le soleil. Cette exception météorologique a permis aux premiers, Joachim Pellissier et Julien Voeffray, de boucler le parcours en 107h20 seulement.

« Nous avons décidé d’accélérer un peu pour finir plus vite, comme nous nous sentions bien », expliquaient-ils avec humour à leur arrivée vendredi soir. L’un d’eux devait reprendre le travail le dimanche !

Comment gérer 6 jours sur la Petite Trotte à Léon ?

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Une course-expédition

« Ceux qui partent pour une course se trompent lourdement », prévient Damien Poulet. La PTL s’apparente davantage à une expédition qu’à une course traditionnelle. Cette distinction fondamentale détermine l’approche tactique de l’épreuve.

Le rythme, volontairement plus lent qu’un ultra classique, permet d’apprécier la beauté des paysages traversés. « On passe vraiment par des endroits magnifiques », témoigne Thierry Pintureau. Cette dimension esthétique compense largement les souffrances endurées.

La gestion du sommeil, clé de voûte

L’art de la micro-sieste devient crucial sur six jours d’effort. « Parfois, on attendait que l’un d’entre nous dise enfin ‘on s’arrête là !’ pour s’écrouler tous dans l’herbe et dormir vingt minutes », raconte Thierry.

Ces pauses récupératrices, aussi brèves qu’efficaces, rythment la progression des équipes. Leur timing et leur durée influencent directement les chances de réussite finale.

S’adapter aux éléments

Six jours dehors exposent inévitablement aux caprices météorologiques alpins. Froid, vent, pluie, chaleur… les équipes doivent s’adapter en permanence aux conditions changeantes.

Cette variabilité climatique ajoute une dimension stratégique à la gestion de l’équipement. Chaque gramme compte dans le sac, mais chaque vêtement oublié peut compromettre la sécurité.

Les leçons d’une aventure extrême

Au-delà de la performance physique

La PTL révèle des qualités souvent négligées dans le sport moderne. L’adaptabilité, la patience, l’humilité face aux éléments priment sur la puissance pure. Cette hiérarchie inversée bouscule les certitudes des athlètes habitués aux épreuves chronométrées.

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« Il faut au maximum être sur la même longueur d’onde et posséder le même niveau », analyse Damien Poulet. Cette exigence d’harmonie collective enrichit l’expérience humaine de l’aventure.

Une fraternité particulière

L’absence de compétition directe crée une solidarité unique entre les participants. « Comme on reste en petit comité et sans esprit de réelle compétition, cela crée vraiment une fraternité spéciale entre les concurrents », confirme Thierry.

Cette atmosphère particulière séduit de nombreux participants lassés de l’hyper-compétitivité du circuit traditionnel. La PTL offre un espace de respiration dans un milieu parfois oppressant.

Les pièges à éviter

La préparation insuffisante

L’expérience de Thierry lors de sa troisième participation illustre l’importance d’une préparation rigoureuse. « Nous savions que nous n’irions pas au bout. La préparation était insuffisante : et pour une épreuve si particulière, il faut vraiment nécessairement un entraînement spécifique ! »

Cette exigence ne souffre aucun compromis. L’improvisation, parfois possible sur des épreuves plus courtes, se paie cash sur six jours d’effort continu.

Les tensions d’équipe

La gestion des différences de niveau au sein de l’équipe peut virer au cauchemar. L’expérience de Damien, où l’un des équipiers a mis 100 kilomètres à se décider à abandonner, illustre parfaitement ce piège.

« Cela a aussi énervé le plus fort de l’équipe, qui s’impatientait », se souvient l’Auvergnat. Ces tensions humaines, amplifiées par la fatigue, peuvent gâcher l’expérience collective.

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Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.

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