Dans les montagnes du Valais suisse se cache l’une des épreuves les plus redoutables du monde du trail running. Le KV de Fully n’est pas une course comme les autres : c’est un laboratoire de la souffrance où seuls les plus fous osent s’aventurer. Créé en 2001, ce kilomètre vertical a révolutionné la discipline en proposant un format d’une brutalité inouïe.
Sommaire
Un tracé unique au monde : l’ancien chemin de funiculaire
1000m de dénivelé sans aucun lacet
Oubliez tout ce que vous savez sur les montées traditionnelles. Le KV de Fully emprunte l’ancien chemin de service d’un funiculaire désaffecté, créant un tracé d’une rectitude parfaite qui défie l’entendement. Sur à peine 1,9 kilomètre, les coureurs doivent gravir 1000 mètres de dénivelé positif sans le moindre répit.
Cette configuration unique transforme chaque foulée en combat. Aucun virage pour souffler, aucun replat pour récupérer, juste une ligne droite implacable vers le sommet. Les rails du funiculaire bordent encore le sentier, témoins silencieux de cette ascension mechaniquement impossible.
Des pentes atteignant 60% qui défient la gravité
Certains passages affichent des pourcentages de 60%, transformant la course en véritable escalade. À ces inclinaisons extrêmes, la technique de course traditionnelle devient obsolète. Les athlètes adoptent une démarche hybride, mélange de course, de marche rapide et parfois d’escalade pure.
L’environnement ajoute à l’étrangeté de l’expérience. Ce tunnel végétal crée une atmosphère oppressante où la concentration devient totale. Aucune distraction possible : seuls comptent les battements cardiaques qui explosent et les muscles qui brûlent.
Caractéristique | KV de Fully | KV classique |
Distance | 1,9 km | 3-5 km |
Dénivelé | 1000m | 1000m |
Pente maximale | 60% | 35-40% |
Lacets | 0 | 15-30 |
Replats | 0 | 5-10 |
Les records imbattables : Philip Götsch et Christel Dewalle

28’53 : le chrono masculin qui résiste au temps
Philip Götsch détient le record masculin avec un temps de 28’53 qui semble gravé dans le marbre. Cette performance de l’Italien illustre parfaitement le niveau requis pour briller sur ce terrain d’exception. À cette allure, le grimpeur maintient une vitesse ascensionnelle phénoménale sur l’intégralité du parcours.
Pour comprendre l’ampleur de cette prouesse, il faut savoir qu’un coureur amateur mettra entre 45 et 60 minutes pour boucler le même parcours. L’écart de performance révèle l’abîme qui sépare l’élite mondiale des pratiquants occasionnels sur ce type d’effort.
34’44 : Christel Dewalle domine la catégorie féminine
Christel Dewalle règne en maîtresse absolue avec son record féminin de 34’44. Cette performance belge témoigne de la technicité requise pour optimiser chaque pas sur ces pentes impossibles. La spécialiste a démontré une gestion parfaite de l’effort anaérobie sur cette distance courte mais épuisante.
Ces chronos de référence attirent chaque année les meilleurs grimpeurs européens, transformant Fully en véritable pèlerinage pour quiconque prétend maîtriser l’art de l’ascension verticale.
Un test de puissance pure différent du trail classique

L’effort anaérobie quasi-total qui change tout
Contrairement aux trails traditionnels, le KV de Fully sollicite principalement le système énergétique anaérobie. Cette spécificité métabolique explique pourquoi certains champions de l’ultra-distance peinent sur ce terrain, tandis que des spécialistes du 10 000 mètres excellent.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunL’absence de descente élimine la dimension technique habituelle du trail. Ici, seules comptent la puissance musculaire, la VO2 max et l’économie gestuelle. Cette épuration de l’effort révèle la vraie nature de chaque coureur : impossible de tricher ou de compenser par la technique.
Une bataille contre la pente sans filtre
Le format ultra-direct transforme chaque édition en bataille pure contre la déclivité. Aucune stratégie complexe n’existe : il faut simplement tenir le rythme le plus élevé possible sur 1900 mètres d’ascension continue.
Cette simplicité apparente cache une complexité physiologique redoutable. Gérer l’accumulation d’acide lactique, maintenir une fréquence cardiaque maximale et préserver une gestuelle efficace relèvent de l’art consommé.
Le matériel ultra-spécialisé des champions

Chaussures légères et bâtons carbone rallongés
Au KV de Fully, chaque gramme compte véritablement. Les athlètes optent pour des chaussures de trail ultra-légères avec un profil proche des modèles route, privilégiant la légèreté à la protection. L’accroche reste primordiale sur ces pentes verglacées par l’humidité matinale.
Les bâtons monobrins en carbone deviennent indispensables, souvent plus longs qu’en trail classique pour maximiser la poussée. Certains coureurs personnalisent leurs équipements en fonction de leur morphologie et de leur technique de montée.
L’art de courir « à vide » le jour J
Nombreux sont ceux qui s’échauffent avec des gilets lestés pendant les semaines précédant l’épreuve, puis allègent au maximum leur équipement le jour de la course. Cette approche psychologique permet de ressentir une sensation de légèreté bienvenue sur les premières rampes.
L’absence de sac, de flasque ou d’équipement superflu caractérise cette discipline. Seuls restent le dossard, une montre GPS et parfois une casquette. Cette sobriété matérielle contraste avec la lourdeur de l’effort physique.
La préparation mentale face au mur suisse
Accepter 30 minutes de souffrance pure
Mentalement, le KV de Fully exige une préparation particulière. Contrairement aux ultras où l’alternance effort/récupération permet de gérer la douleur, ici tout se joue sur une intensité maximale maintenue. Les coureurs doivent accepter psychologiquement 30 à 60 minutes de souffrance continue.
Cette acceptation de la douleur distingue les vrais spécialistes des amateurs occasionnels. Beaucoup abandonnent mentalement avant même d’abandonner physiquement, incapables de supporter l’intensité constante de l’effort.
Visualisation et reconnaissance du terrain
La simplicité apparente du tracé ne dispense pas d’une reconnaissance minutieuse. Mémoriser les passages les plus raides, anticiper les zones de récupération relative et visualiser sa progression constituent des éléments clés de la préparation.
Certains athlètes effectuent plusieurs ascensions d’entraînement pour s’habituer à la spécificité du terrain. Cette familiarisation permet d’optimiser la gestuelle et de mieux gérer l’effort le jour J.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.