Le calendrier 2025 de NNormal vient de tomber, et avec lui une nouvelle qui secoue le monde du trail : Kilian Jornet ne sera pas au départ de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc cette année. Le quadruple vainqueur de l’épreuve mythique a visiblement d’autres priorités en cette année 2025, laissant le champ libre à une nouvelle génération d’ultra-traileurs prêts à en découdre sur les sentiers alpins.
Sommaire
Pourquoi Kilian Jornet ne participera pas à l’UTMB 2025

L’annonce a fait l’effet d’une bombe dans le microcosme du trail. Alors que certains espéraient revoir le Catalan fouler les sentiers du Tour du Mont-Blanc et peut-être améliorer son propre record établi en 2022, c’est un forfait qui a été officialisé. Le programme dévoilé par son équipementier NNormal ne laisse aucune place au doute : Kilian consacrera les mois d’août et septembre 2025 à un « long projet personnel », période coïncidant exactement avec l’UTMB qui se tiendra du 25 au 31 août.
Un heureux événement familial
Premier facteur explicatif de cette absence : l’arrivée prochaine d’un troisième enfant dans la famille Jornet-Forsberg. Cette naissance, prévue dans les prochains mois, a déjà conduit l’athlète à repousser sa participation au Chianti Ultra-Trail by UTMB en mars et à la prestigieuse Western States 100 Miles en juin. La famille passe avant tout, même pour le plus grand traileur de tous les temps.
Des tensions persistantes avec l’organisation
Ce n’est un secret pour personne, la relation entre Kilian Jornet et l’organisation de l’UTMB s’est considérablement détériorée ces dernières années. En cause : le rachat de l’événement par le groupe Ironman et sa transformation en circuit mondial ultra-commercial, une évolution qui va à l’encontre de la vision du trail défendue par l’Espagnol. En 2023, il avait même déclaré ne plus vouloir participer à l’UTMB tant que la direction actuelle resterait en place. Sa non-participation en 2025 s’inscrit donc dans la droite ligne de cette position.
Le choix de défis plus authentiques
Au-delà des considérations familiales et des désaccords avec l’organisation, cette absence traduit également une volonté de Kilian de s’orienter vers des projets plus personnels et moins médiatiques. Après avoir tout gagné, battu tous les records, l’ultra-traileur catalan préfère désormais suivre sa propre voie, loin des projecteurs des compétitions commerciales. Un choix cohérent avec sa philosophie de vie et sa conception du sport.
Que va faire Kilian Jornet pendant cette période

Si l’UTMB ne figure pas au programme de Kilian cette année, c’est parce qu’il a d’autres projets en tête. Le mystérieux « long projet personnel » mentionné dans son calendrier alimente toutes les spéculations. Quelles montagnes le Catalan s’apprête-t-il à conquérir pendant que les meilleurs ultra-traileurs du monde se disputeront la victoire à Chamonix ?
L’hypothèse d’un FKT ambitieux
La piste la plus sérieuse mène vers une tentative de FKT (Fastest Known Time) sur un parcours mythique. Ces records de vitesse sur des itinéraires emblématiques passionnent de plus en plus Kilian, qui s’éloigne progressivement du format classique des courses. Plusieurs options s’offrent à lui : L’Appalachian Trail et ses 3 500 kilomètres traversant 14 États américains, de la Géorgie au Maine.
Le record actuel est détenu par l’Américain Karel Sabbe en 41 jours, 7 heures et 39 minutes. Un défi colossal qui nécessiterait plusieurs mois de préparation et d’exécution. Le Pacific Crest Trail, encore plus impressionnant avec ses 4 200 kilomètres reliant la frontière mexicaine à la frontière canadienne en traversant la Californie, l’Oregon et Washington. Timothy Olson détient le record en 51 jours, 16 heures et 55 minutes. Le Te Araroa en Nouvelle-Zélande, un sentier de 3 000 kilomètres moins connu mais tout aussi exigeant, traversant l’île du Nord et l’île du Sud. Ce terrain vierge offrirait à Kilian l’opportunité d’établir un temps de référence marquant. Ces défis d’endurance extrême correspondent parfaitement à la nouvelle orientation de la carrière de Jornet, davantage tournée vers l’exploration, l’aventure et le dépassement de soi que vers la compétition traditionnelle.
Une pause familiale bienvenue
L’autre possibilité, plus prosaïque mais tout aussi légitime, serait simplement que Kilian souhaite prendre du temps pour sa famille après la naissance de son troisième enfant. La vie d’un athlète professionnel implique de nombreux sacrifices et une absence prolongée du foyer. Ces quelques mois pourraient être l’occasion pour lui de profiter pleinement de ce nouveau chapitre familial, loin du stress des compétitions et des obligations médiatiques.
Cette hypothèse est renforcée par les récentes déclarations de l’athlète sur l’importance de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. À 37 ans, ses priorités évoluent naturellement, et l’ultra-trail, aussi passionnant soit-il, ne représente plus l’alpha et l’oméga de son existence.

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La relation complexe entre Kilian Jornet et l’UTMB

Pour comprendre la portée de cette absence, il faut revenir sur l’histoire tumultueuse qui lie Kilian Jornet et l’UTMB. Une relation faite de triomphes éclatants, de longues absences et de désaccords profonds.
Un palmarès légendaire
Tout commence en 2008, lorsqu’un jeune Catalan de 20 ans stupéfie le monde du trail en remportant l’UTMB pour sa première participation. Kilian enchaîne avec une seconde victoire en 2009, puis une troisième en 2011, s’imposant comme le roi incontesté de l’épreuve. Puis vient une longue éclipse de 11 ans, pendant laquelle il se consacre à d’autres défis (ski-alpinisme, sommets himalayens, records d’ascension). Son retour triomphal en 2022 reste dans toutes les mémoires : une victoire éclatante en 19h49, nouveau record de l’épreuve à l’époque. Cette performance d’exception, après plus d’une décennie d’absence, a confirmé son statut de légende vivante du trail. Rares sont les athlètes capables de dominer une compétition aussi exigeante sur une période aussi longue.
L’évolution controversée de l’événement
Parallèlement à la carrière de Kilian, l’UTMB a connu une transformation radicale. D’une course confidentielle entre passionnés, elle est devenue un événement mondial attirant des milliers de coureurs et générant des retombées économiques considérables. Cette évolution a culminé avec le rachat partiel de l’organisation par le groupe Ironman en 2019, suivi de la création d’un circuit mondial UTMB World Series. Cette mutation a profondément déplu à Kilian, fervent défenseur d’un trail authentique, respectueux de l’environnement et des valeurs originelles de ce sport. Il n’a jamais caché sa désapprobation face à la commercialisation excessive de l’UTMB et sa transformation en machine à cash, loin de l’esprit qui l’avait séduit lors de ses premières participations.
Des prises de position marquées
En 2023, la rupture devient officielle lorsque Kilian annonce publiquement qu’il ne participera plus à l’UTMB tant que la direction actuelle restera en place. Une déclaration forte qui traduit son mécontentement face à l’orientation prise par l’événement. Il dénonce notamment le système de qualification basé sur l’accumulation de points lors d’autres courses labellisées UTMB, obligeant les athlètes à multiplier les déplacements et donc leur empreinte carbone.
Cette position tranchée a divisé la communauté du trail : certains soutiennent sa démarche éthique, d’autres regrettent qu’il se prive d’une course emblématique pour des raisons idéologiques. Mais Kilian est resté fidèle à ses convictions, préférant renoncer à l’épreuve plutôt que de cautionner un modèle qu’il désapprouve. Sa non-participation en 2025 s’inscrit donc dans la continuité de cette position. Elle confirme que, malgré le temps qui passe, ses désaccords avec l’organisation demeurent insurmontables. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que ses principes passent avant les considérations sportives ou médiatiques.
Les favoris pour l’UTMB 2025 sans Kilian

L’absence du quadruple vainqueur rebat complètement les cartes pour l’édition 2025. Sans l’ombre imposante de Jornet, la course s’annonce plus ouverte que jamais, avec plusieurs prétendants légitimes à la victoire finale.
Jim Walmsley
Premier Américain à avoir remporté l’UTMB en 2023, Jim Walmsley figure naturellement parmi les grands favoris. Après avoir longtemps buté sur cette course mythique (abandons en 2017, 2018 et place d’honneur en 2022), il a enfin réussi à dompter les sentiers du Mont-Blanc en s’imposant de manière magistrale. Sa préparation pour l’édition 2025 passera par le Chianti Ultra Trail by UTMB, une étape du circuit mondial qui lui permettra d’affiner sa forme. À 35 ans, l’Américain se trouve au sommet de son art et possède désormais l’expérience nécessaire pour gérer parfaitement les 171 kilomètres et 10 000 mètres de dénivelé positif de l’épreuve. Son style de course offensif et sa capacité à maintenir un rythme élevé sur la durée en font un adversaire redoutable. Mais la pression sera forte sur ses épaules : confirmer son statut de nouveau patron de l’ultra-trail mondial ne sera pas une mince affaire.
Vincent Bouillard
La surprise de l’édition 2024 se nommait Vincent Bouillard. Ce Français relativement méconnu a créé la sensation en s’imposant à Chamonix, devançant tous les favoris. Sa victoire inattendue a soulevé une question : était-ce un exploit isolé ou le début d’une domination ? L’édition 2025 nous apportera la réponse. Le natif de Haute-Savoie aura à cœur de prouver que son succès n’était pas dû au hasard, mais bien le fruit de son talent et de sa préparation minutieuse. Sa connaissance parfaite du parcours, qu’il arpente depuis l’enfance, constitue un avantage non négligeable. Toutefois, la défense d’un titre est souvent plus difficile que sa conquête. La pression médiatique, les attentes du public et le statut d’homme à battre pèseront lourd sur les épaules de Bouillard. Sa capacité à gérer ces facteurs externes sera déterminante pour ses chances de victoire.
La bataille féroce chez les femmes
Du côté féminin, la compétition s’annonce tout aussi relevée. Katie Schide, deuxième en 2023, revient avec une détermination décuplée. L’Américaine basée en Europe a progressé de manière constante ces dernières années et semble mûre pour décrocher enfin le titre suprême. Maite Maiora, spécialiste espagnole de la course en montagne, pourrait créer la surprise. Son expérience des terrains techniques et sa vitesse en descente en font une outsider de luxe, capable de bousculer la hiérarchie établie. Mais l’interrogation majeure concerne Courtney Dauwalter, véritable phénomène de l’ultra-trail mondial. Détentrice du record féminin de l’épreuve en 15h29, l’Américaine aux lunettes de soleil caractéristiques écrase la concurrence à chaque sortie. Si elle décide de s’aligner au départ de l’UTMB 2025, elle sera l’immense favorite, capable peut-être même de rivaliser avec le temps des meilleurs hommes. Son duel potentiel avec Katie Schide constituerait l’un des moments forts de cette édition 2025, un affrontement entre deux styles diamétralement opposés : la puissance tranquille de Dauwalter contre la technique affûtée de Schide.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.