trail sans gel

J’ai testé un 100 km sans gel : voici ce qui m’est arrivé (spoiler : c’est fou) 

L’idée m’est venue après ma énième crampe d’estomac au 70ème kilomètre d’un ultra. Ces gels énergétiques qui nous promettent monts et merveilles, mais qui finissent par transformer notre système digestif en zone de guerre. Pourquoi ne pas tenter l’impossible : courir 100 kilomètres sans avaler une seule de ces petites pochettes colorées ? Ce défi personnel allait bouleverser ma vision de la nutrition en ultra-distance. Spoiler : les résultats ont dépassé toutes mes attentes, mais pas forcément dans le sens prévu.

Le contexte et la préparation

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Mon profil de coureur avant l’expérience

Dix années de trail running m’ont appris les règles classiques. Ultra-traileur confirmé avec une quinzaine de 100 km au compteur, j’avalais religieusement mes gels toutes les 45 minutes. Cette routine semblait intouchable jusqu’à ce que mon estomac décide de faire grève lors de ma dernière course. La remise en question était inévitable. Mes performances stagnaient malgré un entraînement rigoureux et une alimentation ultra-sportive pendant les courses. Les nausées récurrentes me questionnaient sur l’efficacité réelle de cette stratégie nutritionnelle.

Stratégie alternative développée

Ma nouvelle approche privilégiait les aliments naturels : bananes, dattes, pain d’épices, fruits secs et même quelques carrés de chocolat noir. L’hydratation restait classique avec une boisson isotonique maison à base de sel, sucre et citron.

KilomètreAliment prévuQuantité
0-25 kmBanane + dattes1 banane, 3 dattes
25-50 kmPain d’épices100g découpé
50-75 kmFruits secs + chocolatMélange 80g
75-100 kmSecours : tout disponibleSelon tolérance

Cette planification demandait plus de réflexion que d’ouvrir un gel, mais l’excitation de tester quelque chose de différent compensait largement.

Préparation mentale pour ce test inédit

Psychologiquement, abandonner les gels représentait un saut dans l’inconnu. Mes précédentes expériences sans supplémentation classique ne dépassaient jamais les 50 kilomètres. L’angoisse de la panne sèche me hantait, mais ma curiosité scientifique l’emportait. L’entraînement des semaines précédentes intégrait déjà cette nouvelle approche sur des sorties longues. Mon corps s’habituait progressivement à digérer des aliments solides en mouvement, compétence oubliée après des années de nutrition liquide.

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Les premiers kilomètres : tout va bien

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Sensations initiales encourageantes

Le départ s’effectue dans des conditions parfaites : 8°C, ciel couvert, parcours vallonné sans difficulté majeure. Mes jambes répondent présent et l’allure se stabilise naturellement autour de 6’30″/km. Cette vitesse de croisière me convient parfaitement pour entamer cette aventure nutritionnelle. Aucune fringale ne se manifeste durant la première heure. L’organisme puise encore dans ses réserves de glycogène, cette phase de grâce où tout paraît facile. Mon moral reste au beau fixe malgré l’absence de ma béquille habituelle.

Premier ravitaillement naturel

Au 15ème kilomètre, je croque ma première banane. La différence gustative avec un gel frappe immédiatement : saveur authentique, texture agréable, sensation de vraiment se nourrir. Fini le goût chimique et la texture gluante qui collent au palais. La mastication réveille des mécanismes digestifs endormis. Cette simple action mécanique déclenche une salivation naturelle et prépare l’estomac à recevoir de vrais nutriments. Mon corps semble apprécier ce retour aux sources alimentaires.

Confiance grandissante

Les 25 premiers kilomètres filent sans encombre. L’énergie circule parfaitement et mes sensations physiques demeurent excellentes. Cette facilité me surprend agréablement et renforce ma conviction d’avoir pris la bonne décision. Mon rythme cardiaque reste stable dans ma zone aérobie cible. Aucun pic de glycémie suivi d’hypoglycémie réactive ne vient perturber cette belle harmonie physiologique. Le doute commence à s’estomper face à ces premiers signaux positifs.

Le mur et la révélation

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Premiers signaux d’alarme au 45ème kilomètre

L’euphorie des premiers kilomètres s’évapore brutalement vers le 45ème kilomètre. Une fatigue inhabituelle s’installe progressivement, différente de celle ressentie habituellement à cette distance. Mes jambes conservent leur tonus mais mon cerveau commence à envoyer des signaux contradictoires. La concentration devient plus difficile. Des micro-erreurs de navigation apparaissent alors que je connais parfaitement ce parcours. Cette baisse de vigilance cognitive m’inquiète car elle précède généralement les gros passages à vide.

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La crise du 60ème kilomètre

Au 60ème kilomètre, la réalité me rattrape violemment. Une sensation de vide intersidéral envahit mon organisme. Mes réserves énergétiques semblent s’être volatilisées d’un coup, comme si quelqu’un avait débranché ma centrale électrique interne. Cette hypoglycémie sévère ne ressemble à rien de connu. Habituellement, les gels maintiennent un taux de sucre sanguin relativement stable. Là, c’est la chute libre totale. Mes mains tremblent et ma vision se trouble légèrement.

La révélation qui change tout

Contrairement à mes attentes, cette crise ne signe pas l’arrêt de ma course. Après avoir ingéré une bonne portion de pain d’épices et patienté 15 minutes assis sur un rocher, quelque chose d’extraordinaire se produit. Mon corps bascule dans un mode énergétique différent. Cette transition métabolique vers la lipolyse s’accompagne d’une sensation unique. Plus de pics et de chutes glycémiques, mais un flux énergétique constant alimenté par mes réserves lipidiques. C’est comme si mon moteur venait de passer du sans-plomb au diesel.

Découverte de l’efficience lipidique

Les 20 kilomètres suivants révèlent une endurance surprenante. Mon allure se stabilise certes à un niveau légèrement inférieur, mais la régularité impressionne. Fini les variations de rythme liées aux apports glucidiques ponctuels. Cette autonomie énergétique nouvellement acquise me procure une confiance inédite. Plus besoin de calculer mes ravitaillements à la minute près ou de redouter la panne sèche. Mon organisme s’auto-régule naturellement.

PhaseSensation principaleAllure moyenne
0-45 kmEuphorie glucidique6’30″/km
45-65 kmTransition difficile7’15″/km
65-100 kmEfficience lipidique6’50″/km

Cette métamorphose énergétique dépasse toutes mes espérances et remet en question des années de croyances nutritionnelles bien ancrées.

Les leçons apprises et conseils

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Remise en cause des dogmes nutritionnels

Cette expérience bouleverse ma compréhension de la nutrition en ultra-endurance. Les gels ne constituent pas l’unique solution pour maintenir ses performances sur de longues distances. Notre organisme possède des capacités d’adaptation remarquables souvent sous-exploitées. La dépendance aux apports glucidiques externes limite paradoxalement notre potentiel énergétique. En sollicitant constamment la voie glycolytique, nous négligeons le développement de notre efficience lipidique naturelle.

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Adaptation progressive nécessaire

Reproduire cette stratégie demande une préparation méthodique. L’organisme doit réapprendre à utiliser efficacement ses graisses comme carburant principal. Cette adaptation métabolique nécessite plusieurs semaines d’entraînement spécifique. Commencer par des sorties longues à jeun permet d’initier cette transformation. Progressivement, l’autonomie énergétique s’améliore et la dépendance aux sucres rapides diminue. Cette rééducation métabolique transforme radicalement l’approche de l’ultra-distance.

Recommandations pratiques pour les traileurs

Tester cette approche sur des distances courtes avant de se lancer dans un ultra paraît indispensable. Chaque organisme réagit différemment et certains métabolismes s’adaptent plus facilement que d’autres à ce changement. Maintenir une hydratation optimale devient encore plus crucial sans apports glucidiques réguliers. L’équilibre électrolytique doit être surveillé attentivement pour éviter les décompensations.

Limites et précautions à observer

Cette stratégie ne convient probablement pas aux coureurs recherchant la performance pure sur 100 km. Les allures élevées nécessitent un apport glucidique conséquent que les aliments naturels peinent à fournir rapidement. Les conditions climatiques extrêmes (forte chaleur, grand froid) compliquent également cette approche. L’organisme sollicite davantage ses réserves énergétiques pour maintenir son homéostasie thermique.

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Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.

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