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Germain Grangier : Maladie et Blessure après l’UTMB

Quand on parle de Germain Grangier, on pense instinctivement aux podiums sur les ultras les plus prestigieux de la planète. Ce traileur français installé dans la vallée de la Tinée, à quarante-cinq minutes de l’aéroport de Nice, a marqué la scène internationale en 2023 avec une saison exceptionnelle. Mais depuis deux ans, c’est une toute autre histoire qui s’écrit. Une histoire faite d’abandons inexpliqués, de douleurs mystérieuses et d’une errance médicale qui l’a mené au bord du handicap permanent.

Dans une interview accordée à Nice Matin et relayée sur ses réseaux sociaux, Germain a levé le voile sur cette période sombre. Son témoignage est précieux, autant pour la communauté trail que pour tous les sportifs confrontés à des symptômes que personne ne comprend.

L’effondrement inexpliqué sur l’UTMB 2024

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Tout commence sur l’UTMB 2024. Germain est au niveau, il court dans le top 3, tout va bien. Et puis, vers le 150e kilomètre, c’est le black-out total. Pas une crampe, pas une défaillance alimentaire, mais une déconnexion complète entre son cerveau et ses jambes. Il n’arrive plus à coordonner ses mouvements, sa puissance musculaire s’évapore. Il marche à deux à l’heure, incapable de franchir une simple marche sans s’aider des bras.

À Trient, il abandonne. L’incompréhension est totale. Comment peut-on passer d’un état de forme olympique à cette sensation de paralysie progressive en quelques kilomètres ?

Le plus troublant ? Dès le lendemain, tous les symptômes disparaissent. Comme si rien ne s’était passé.

La Diagonale des Fous et la spirale infernale

Un mois plus tard, sur la Diagonale des Fous à La Réunion, le cauchemar se répète. Mais cette fois, les douleurs arrivent encore plus tôt. Germain sent que quelque chose ne tourne vraiment pas rond, mais quoi ? Les examens médicaux restent désespérément muets.

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IRM, électromyogrammes, consultations multiples… rien. Le problème, c’est que les symptômes n’apparaissent que sous effort prolongé. Et les examens classiques, réalisés au repos, ne peuvent pas détecter ce qui se passe réellement dans ses mollets quand il court pendant des heures.

Une année 2024 cauchemardesque

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Germain ne lâche rien. Il adapte son alimentation, modifie son entraînement, cherche des réponses partout. Il repart en compétition : Madère, Hardrock, UTMB 2025… Mais à chaque fois, c’est le même scénario. Le blocage musculaire se manifeste de plus en plus tôt, de plus en plus fort.

Et puis, un jour, les douleurs ne partent plus. Même au repos. Marcher devient un calvaire. Il perd du muscle à vue d’œil. Monter ou descendre les escaliers le fait souffrir. Lui, le montagnard habitué à enchaîner les dénivelés, se retrouve diminué dans les gestes les plus simples du quotidien.

« J’étais quasiment handicapé », confie-t-il. Une phrase qui résonne comme un coup de massue quand on connaît le niveau de ce champion.

Le diagnostic enfin posé : un nerf comprimé dans le mollet

L’origine du mal est enfin identifiée : un nerf comprimé dans le mollet. Et ce, des deux côtés. Une compression nerveuse périphérique qui, à l’effort prolongé, étranglait littéralement le nerf, provoquant cette perte de coordination et de puissance musculaire.

Le chirurgien qui pose le diagnostic est catégorique : le déficit de force est impressionnant. Si impressionnant qu’une place se libère en urgence au bloc opératoire le lundi suivant. On ne plaisante pas avec ce genre de pathologie. Germain est passé tout près de l’irréversible.

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L’opération salvatrice

L’intervention consiste à libérer le nerf des tissus qui l’étranglent. Une technique délicate, mais qui a porté ses fruits immédiatement. Dès la fin de l’opération, même sous anesthésie, Germain récupère une partie de sa force musculaire.

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Le lendemain, il marche. Deux semaines plus tard, il court quelques foulées. La rééducation est en cours, avec prudence. Il évite encore les terrains instables, conscient que la reconstruction prendra du temps.

Mais le soulagement est immense. Lui qui ne pouvait plus cuisiner des œufs sans s’effondrer de douleur retrouve petit à petit son autonomie.

Un témoignage qui fait écho à tant de coureurs

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Ce que Germain a vécu, des centaines de traileurs amateurs le vivent en silence. Des douleurs inexpliquées, des abandons incompris, et souvent des médecins qui minimisent, qui conseillent simplement « d’arrêter de courir autant ».

Germain le sait : sa notoriété lui a permis d’être écouté, de multiplier les examens, de rencontrer le bon spécialiste au bon moment. Tous les coureurs n’ont pas cette chance. C’est pourquoi il a décidé de parler, de raconter son parcours sur les réseaux sociaux. Pour tous ceux qui souffrent et à qui on ne répond pas.

La compression nerveuse périphérique à l’effort prolongé est une pathologie encore mal identifiée chez les ultra-traileurs. Le témoignage de Germain contribue à la faire connaître, à alerter la communauté médicale, et surtout à encourager les coureurs en souffrance à ne pas abandonner leurs recherches.

Le retour : prudent mais déterminé

Germain Grangier n’a pas dit son dernier mot. Il envisage un retour progressif, d’abord sur des formats courts, puis potentiellement sur des ultras d’ici quatre à cinq mois. Mais l’essentiel n’est plus vraiment la performance. C’est de retrouver le plaisir de courir, sans douleur, sans blocage.

Avec sa compagne Katie Schide, autre figure majeure de l’ultra-trail international, ils forment un duo dont le retour est attendu avec impatience par toute la communauté. Mais Germain reste lucide : la priorité, c’est de reconstruire, pas de brûler les étapes.

L’humour comme bouclier

Malgré la gravité de la situation, Germain n’a rien perdu de son autodérision. Il parle avec le sourire de ses appels quotidiens aux laboratoires, des œufs qu’il ne pouvait plus cuisiner, de ses jambes « qui ne répondaient plus au cerveau ». Il évoque même son alter ego « Serge », né d’un sketch, pour rappeler qu’il faut savoir garder du recul dans ce sport imprévisible.

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Cet humour intact, c’est aussi une forme de résilience. Une façon de ne pas se laisser submerger par la frustration et la peur. Et ça, c’est peut-être ce qui fait la force des grands champions : leur capacité à rebondir, même quand le corps lâche.

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