La nuit du 7 au 8 décembre risque de réserver bien des surprises. Pour la première fois depuis des années, Thomas Cardin ne foulera pas le bitume et les sentiers entre Saint-Étienne et Lyon. Le triple vainqueur et tenant du titre, diminué par une blessure contractée lors des Mondiaux de trail long, laisse son trône vacant. Une aubaine inespérée pour toute la meute qui rêvait secrètement de détrôner le patron.
Cette absence rebat complètement les cartes. La SaintéLyon 2025 devient l’une des éditions les plus ouvertes de son histoire récente. Fini le scénario écrit d’avance où Cardin contrôle, accélère et dépose ses adversaires dans les Monts du Lyonnais. Place à l’inconnu, aux coups de poker, aux stratégies osées. Entre prétendants confirmés et outsiders affamés, la bataille s’annonce âpre dès les premières lueurs stéphanoises jusqu’à l’arrivée au parc de Gerland.
Alors qui va s’emparer de la couronne ? Qui possède les jambes, la tête et le cœur pour triompher dans cette nuit glaciale de décembre ? Décryptage d’un plateau masculin aussi relevé qu’incertain.
Sommaire
- 1 Antoine Charvolin : l’heure ou jamais de briller sur sa SaintéLyon
- 2 Hugo Deck débarque avec des ambitions XXL
- 3 Sylvain Cachard se lance dans l’inconnu nocturne
- 4 Virgile Moriset en mode progression constante
- 5 Loïc Rolland
- 6 Benjamin Polin veut effacer l’abandon de 2022
- 7 Andreu Simon veut reconquérir son titre
- 8 Une course stratégique dès les hauteurs de Sorbiers
- 9 Une édition historique qui va marquer les mémoires
Antoine Charvolin : l’heure ou jamais de briller sur sa SaintéLyon
Tous les regards convergent naturellement vers Antoine Charvolin. Le Grenoblois n’arrive pas par hasard en tête des pronostics. Sa régularité sur la SaintéLyon parle d’elle-même : deuxième en 2023, cinquième en 2024. Il connaît chaque virage, chaque faux-plat, chaque section piégeuse où les jambes commencent à tirer.
Mais cette fois, l’homme possède quelque chose de plus : la confiance suprême née d’une saison extraordinaire. Sa victoire sur le 60 km de la MaXi-Race d’Annecy a marqué les esprits. Puis est venue la consécration à Chamonix avec son triomphe sur la TDS, épreuve reine de l’UTMB World Series. Deux succès majeurs qui l’ont propulsé dans une autre dimension.
Charvolin maîtrise désormais l’art de gérer l’effort long, de doser dans la nuit, de résister mentalement quand le corps vacille. À 30 ans passés, il a atteint cette maturité athlétique qui fait la différence sur les ultras. La SaintéLyon lui tend les bras pour couronner une année de rêve. Le scénario parfait se dessine… à condition que personne ne vienne jouer les trouble-fêtes.
Hugo Deck débarque avec des ambitions XXL
Attention à Hugo Deck. Le bonhomme arrive avec une carte maîtresse en main : sa victoire sur le grand format de la MaXi-Race 2025. Certes, son abandon aux Templiers a semé le doute. Mais connaissant le caractère du personnage, ce revers l’a probablement galvanisé plutôt qu’abattu.
Premier élément intrigant : Deck n’a jamais couru la SaintéLyon. Cette absence d’expérience pourrait jouer contre lui. Pourtant, son intelligence de course et sa capacité à gérer les efforts longs compensent largement ce manque de repères. Le gars ne s’aventure pas sur 72 km nocturnes par hasard.
Sa science tactique impressionne. Deck sait exactement quand appuyer, quand lever le pied, quand laisser filer un groupe pour mieux le reprendre plus tard. Cette lucidité dans l’effort constitue une arme redoutable. Si ses jambes répondent présent après la déception stéphanoise, il peut créer l’exploit. Ne sous-estimez jamais un coureur qui débarque avec quelque chose à prouver.
Sylvain Cachard se lance dans l’inconnu nocturne
Voilà un nom qui pimente sérieusement les débats : Sylvain Cachard. Le champion du Marathon des Causses s’est fait une spécialité des formats explosifs entre 20 et 40 kilomètres. Mais 72 bornes de nuit ? Jamais testé.
L’équation pose question. Cachard va découvrir la fatigue qui s’accumule kilomètre après kilomètre, cette usure progressive que seuls les habitués du format maîtrisent vraiment. Il va affronter le froid de décembre, l’obscurité totale, la solitude psychologique quand les ravitaillements s’espacent.
Pourtant, le Corrézien possède un talent brut indéniable. Sa vitesse de base fait des ravages. S’il parvient à transposer ses qualités sur la distance, s’il gère intelligemment son capital énergétique, alors attention. Les montagnards savent s’adapter, sentir le terrain, écouter leur corps. Cachard pourrait bien nous réserver une belle surprise en apprenant sur le tas. Après tout, tous les grands champions de l’ultra ont connu une première fois.
Virgile Moriset en mode progression constante
La trajectoire de Virgile Moriset sur la SaintéLyon suit une courbe parfaite : 19e, 7e, puis 4e lors des trois dernières éditions. Mathématiquement, on devrait le retrouver sur le podium cette année. Et franchement, ce scénario n’a rien d’absurde.
Moriset a confirmé tout son potentiel cette saison. Sa deuxième place sur le 90 km du Mont-Blanc a fait du bruit. Puis il a cartonné en remportant le 100K de Nice Côte d’Azur by UTMB. Le garçon sait encaisser la distance, résister mentalement, accélérer au bon moment.
Cette progression méthodique témoigne d’un travail de fond remarquable. Pas de coup d’éclat isolé, mais une montée en puissance cohérente. Moriset construit son palmarès brique par brique, course après course. La SaintéLyon représente son terrain de jeu favori, celui où il revient chaque année pour se mesurer aux meilleurs. Cette fois, il a les armes pour viser le sommet.
Loïc Rolland
Ne négligez pas Loïc Rolland dans vos calculs. Onzième en 2023, il possède une solide connaissance du parcours. Mais surtout, l’homme a multiplié les performances de référence cette saison.
Sa deuxième place à l’ÉcoTrail Paris démontre sa capacité à rivaliser avec l’élite française. Sa septième position aux championnats de France de trail long prouve sa régularité au plus haut niveau. Et sa huitième place sur la CCC à Chamonix confirme qu’il peut gérer les formats exigeants en montagne.
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⚡ Voir les nouveautés i-RunRolland excelle dans l’effort long et mesuré. Il connaît son rythme, ne se laisse jamais griser par l’adrénaline du départ. Cette maturité tactique fait souvent la différence sur les ultras nocturnes où tant de coureurs explosent en vol pour avoir voulu suivre un train trop rapide. Méfiez-vous des eaux dormantes.
Benjamin Polin veut effacer l’abandon de 2022
L’histoire entre Benjamin Polin et la SaintéLyon mérite d’être racontée. En 2022, le Vosgien a dû abandonner. Une pilule amère qui est restée coincée dans la gorge. Depuis, il rêve de revanche.
Polin revient cette année avec du rythme plein les jambes. Sa victoire sur le 50K du Trail des Brosses il y a à peine dix jours constitue le meilleur des galops d’essai. Le timing parfait pour arriver affûté, confiant, avec les sensations qui claquent.
Le bonhomme adore les fins de saison. Quand certains accusent la fatigue accumulée, lui trouve ses meilleures jambes. Cette particularité physiologique lui confère un avantage non négligeable. Ajoutez-y sa soif de revanche, son envie viscérale d’en découdre, et vous obtenez un coureur capable de renverser la table. Polin a le profil parfait du trouble-fête.
Andreu Simon veut reconquérir son titre
L’Espagnol Andreu Simon débarque avec un objectif clairement affiché : retrouver le sommet de la SaintéLyon. Son succès en 2022 face à Thomas Cardin reste gravé dans sa mémoire. Cette victoire lui a ouvert les portes de la reconnaissance internationale.
Simon a brillé cette année en dominant l’EcoTrail Paris sur le 80 km. Une performance qui rappelle qu’il reste une sérieuse menace pour tous les prétendants français. L’Espagnol connaît parfaitement le parcours, ses pièges, ses moments clés.
Son expérience de la nuit stéphanoise constitue un atout majeur. Savoir gérer psychologiquement l’obscurité, anticiper les phases difficiles, optimiser les ravitaillements… Autant de détails que Simon maîtrise déjà. Il ne découvre rien, ne subit aucun stress de l’inconnu. Cette sérénité pourrait bien lui permettre de gâcher la fête tricolore et de repartir avec un deuxième trophée.
Une course stratégique dès les hauteurs de Sorbiers
La bataille tactique commencera dès les premières montées au-dessus de Saint-Étienne. Les coureurs expérimentés savent qu’on ne gagne jamais la SaintéLyon dans les premiers kilomètres, mais qu’on peut facilement la perdre en partant trop vite.
Les écarts vont se créer progressivement. Au ravitaillement de Sainte-Catherine, on observera les premiers signes de fatigue. Qui garde encore des jambes fraîches ? Qui commence déjà à grimacer ? Ces indices ne trompent jamais.
Puis viendra le passage à Soucieu, moment de vérité absolu. Les visages marqués, les regards dans le vide, les foulées qui se raccourcissent… La nuit révèle impitoyablement celui qui a su doser son effort et celui qui a trop présumé de ses forces. C’est là que la course se joue vraiment.
Enfin, dans les derniers kilomètres vers le parc de Gerland, quand l’aube pointe timidement, il faudra encore trouver les ressources pour accélérer. Le vainqueur sera celui qui aura su préserver cette capacité à hausser le rythme au moment décisif.
Le Top 7 des favoris SaintéLyon 2025
- Antoine Charvolin – Le grand favori logique, saison exceptionnelle
- Hugo Deck – Vainqueur MaXi-Race, première fois sur la distance
- Andreu Simon – Champion 2022, connaît le parcours par cœur
- Virgile Moriset – Progression constante, vise le podium
- Sylvain Cachard – Talent brut, découvre le format
- Benjamin Polin – Forme actuelle au top, veut se racheter
- Loïc Rolland – Expérience et régularité au plus haut niveau
Une édition historique qui va marquer les mémoires
Jamais depuis des années la SaintéLyon n’avait offert un tel suspense. L’absence de Thomas Cardin ouvre un boulevard pour toute une génération de coureurs qui attendaient leur heure. Certains vont saisir cette opportunité, d’autres vont craquer sous la pression.
Charvolin peut devenir le nouveau patron et inscrire son nom au panthéon de la course. Deck peut prouver qu’il appartient désormais au gratin français de l’ultra. Cachard peut démontrer que son talent transcende les distances. Moriset peut concrétiser des années de travail acharné. Polin peut transformer sa revanche en conte de fées. Simon peut rappeler que les Espagnols savent aussi briller dans la nuit française.
La beauté du trail réside précisément dans cette incertitude. Aucun algorithme ne peut prédire qui lèvera les bras à Gerland. Les jambes, la tête, le cœur, la stratégie, les conditions météo, un détail vestimentaire, un choix de chaussures… Tout peut basculer en un instant.
Le 7 décembre au soir, quand les 17 000 coureurs s’élanceront dans la nuit stéphanoise, un nouveau chapitre va s’écrire. La légende de la SaintéLyon continue, portée par ces hommes qui vont s’arracher pendant 72 kilomètres pour succéder à Thomas Cardin.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.
