L’idée peut sembler folle au premier abord, pourtant elle séduit chaque année des dizaines de passionnés de randonnée. Parcourir 178,6 km et 10 800 mètres de dénivelé positif sur les traces du mythique Grand Raid, non pas en courant contre la montre, mais en prenant le temps d’absorber chaque paysage, chaque sensation.
Cette approche transforme radicalement l’expérience : on passe d’un défi chronométrique à une véritable immersion dans l’âme de La Réunion. Et si vous voulez faire la course, découvrez les courses qualificatives pour la Diagonale des fous ici.
Sommaire
Le trek alternatif au Grand Raid

Contrairement au trail qui impose des barrières horaires strictes et une pression constante, marcher la Diagonale permet d’apprivoiser autrement cette traversée légendaire. Les agences spécialisées proposent généralement un format étalé sur 11 jours de marche, avec un niveau de difficulté coté 4/5. Un engagement sérieux donc, mais accessible aux randonneurs entraînés.
Un itinéraire adapté aux marcheurs
Le parcours emprunté pour les treks diffère légèrement de celui du Grand Raid. Certaines portions traversent des pâturages privés ouverts uniquement lors de la course officielle. Les organisateurs de trek compensent en intégrant d’autres joyaux de l’île, parfois délaissés par le tracé du trail pour des raisons logistiques ou environnementales.
La forêt de Roche Écrite figure parmi ces trésors accessibles aux marcheurs. Cette zone protégée abrite le Tuit-Tuit, oiseau endémique en voie d’extinction dont il ne reste qu’environ 120 spécimens. Le passage des milliers de coureurs en pleine période de nidification perturberait cette espèce fragile, d’où son exclusion du parcours officiel. En trek, vous profitez sereinement de cette forêt exceptionnelle inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
La préparation physique indispensable

Ne vous y trompez pas : marcher la Diag’ exige une condition physique solide. Les mêmes dénivelés vous attendent, les mêmes terrains techniques à négocier. La différence réside dans le rythme, pas dans l’intensité globale de l’effort.
Un entraînement progressif sur plusieurs mois
Comptez au minimum 4 à 6 mois de préparation avant de vous lancer. Trois à quatre sorties hebdomadaires constituent un rythme raisonnable. Privilégiez les parcours avec du dénivelé dès que possible. Les escaliers urbains deviennent vos alliés quand la montagne se trouve trop loin.
Une sortie longue bimensuelle s’impose également. Visez progressivement des durées de 6 à 8 heures avec votre sac chargé. Cette habitude forge non seulement votre endurance, mais aussi votre mental face aux longues journées de marche qui vous attendent.
Renforcer sa stabilité et sa proprioception
Les sentiers réunionnais alternent sans prévenir : roches volcaniques coupantes, escaliers interminables, dévers traîtres, boue glissante après les pluies tropicales. Votre cheville doit encaisser des contraintes variées pendant des heures. Intégrez des exercices d’équilibre à votre routine : plateau instable, marche les yeux fermés, traversées de rivières imaginaires sur des pierres…
La réception du pied compte autant que sa pose. Les descentes techniques mettent vos genoux à rude épreuve. Musclez vos quadriceps et vos ischios pour protéger ces articulations sollicitées en permanence. Des squats, des fentes, du renforcement excentrique : ces exercices ingrats sauvent vos genoux dans les pentes raides.
L’équipement à ne pas négliger

Porter son sac plusieurs jours d’affilée transforme chaque kilo superflu en torture progressive. La sélection méticuleuse de votre matériel devient cruciale. Oubliez le principe « au cas où » qui alourdit inutilement votre charge.
Le matériel essentiel pour la traversée
Les bâtons de randonnée représentent vos meilleurs alliés. Interdits lors du Grand Raid pour des raisons de sécurité collective, ils soulagent considérablement vos articulations lors du trek. Descentes interminables ou montées raides, ces prolongements de vos bras redistribuent l’effort et améliorent votre stabilité.
Concernant les chaussures, une règle absolue : jamais de matériel neuf. Partez avec vos godillots habituels, déjà rodés sur des centaines de kilomètres. Des ampoules dès le deuxième jour gâcheraient irrémédiablement votre aventure. Testez tout en conditions réelles : chaussettes techniques, système de laçage, semelles si nécessaire.
Le climat tropical réunionnais réserve des surprises. Une veste imperméable doit trôner au sommet de votre sac, accessible en quelques secondes. Les averses surgissent sans prévenir, transformant instantanément les sentiers en torrents. Paradoxalement, prévoyez aussi des vêtements chauds pour l’ascension du Piton des Neiges. À 3 070 mètres d’altitude, les températures chutent brutalement. Bonnet et gants deviennent indispensables pour profiter du lever de soleil légendaire.
La gourde filtrante pour un trek responsable
L’eau constitue votre carburant principal sous ces latitudes chaudes et humides. Les bouteilles plastiques acheminées par hélicoptère jusqu’au refuge du Piton des Neiges incarnent une aberration écologique. Une gourde filtrante résout élégamment ce dilemme : vous vous hydratez suffisamment tout en respectant cet environnement fragile.
Les sentiers de La Réunion traversent régulièrement des sources et ruisseaux. Avec un système de filtration fiable, vous transformez cette eau en ressource potable. L’investissement initial se rentabilise rapidement, tant financièrement qu’éthiquement.
Le parcours dans le sens nord-sud
Contrairement au Grand Raid qui s’élance de Saint-Pierre vers Saint-Denis, la plupart des treks inversent la logique. Cette organisation présente des avantages pratiques non négligeables pour les marcheurs.
Un finale en beauté dans le sud
Débuter par Saint-Denis après l’atterrissage simplifie la logistique. Votre corps encore frais encaisse mieux les premières étapes exigeantes. Surtout, terminer dans le sud offre une récompense méritée : les plages du lagon vous tendent les bras pour une récupération paradisiaque.
Après onze jours d’efforts soutenus, plonger dans les eaux turquoise de l’océan Indien procure une sensation indescriptible. Vos muscles endoloris apprécient la flottabilité naturelle de l’eau salée. Cette conclusion balnéaire contraste magnifiquement avec l’intensité des journées précédentes.

Découvre les meilleures marques de trail running chez i-Run : chaussures, textile, nutrition… tout ce qu’il te faut pour performer sur les sentiers.
⚡ Voir les nouveautés i-RunLes étapes clés de la traversée
Le cirque de Mafate représente sans conteste le point d’orgue du trek. Accessible uniquement à pied ou en hélicoptère, cet amphithéâtre naturel préserve une authenticité rare. 40 kilomètres de sentiers serpentent entre les îlets isolés, chacun avec son caractère unique. L’absence totale de route automobile a figé ce territoire dans une temporalité différente.
Cilaos constitue une halte bienvenue avec ses infrastructures complètes. Ce village thermal niché au cœur de son cirque offre l’opportunité de refaire le plein d’énergie. Un repas chaud, peut-être même un massage, redonnent du courage avant les étapes suivantes. La gastronomie locale mérite qu’on s’y attarde : le rougail saucisse réchauffe autant le corps que l’âme.
L’encadrement par un guide local

Contrairement aux coureurs du Grand Raid qui affrontent en autonomie le parcours balisé, les marcheurs bénéficient d’un accompagnement permanent. Cette présence rassurante transforme l’expérience, surtout lors des moments de doute inévitables.
L’expertise d’un professionnel de la montagne
Votre guide connaît intimement chaque sentier, chaque refuge, chaque recoin de cette île complexe. Son rôle dépasse largement la simple orientation. Il adapte le rythme aux capacités du groupe, identifie les signes de fatigue avant qu’ils ne deviennent problématiques, remotivé quand le moral flanche.
Certains guides possèdent même un palmarès impressionnant sur le Grand Raid. Leur vécu de coureur enrichit considérablement leurs commentaires. Ils partagent des anecdotes vécues, expliquent les stratégies des élites, décryptent les subtilités du terrain. Cette double casquette guide-athlète apporte une dimension unique au trek.
L’état remarquable des sentiers réunionnais étonne souvent les randonneurs européens. L’Office National des Forêts alloue des budgets conséquents à leur entretien : signalétique impeccable, débroussaillage régulier, construction de marches pour limiter l’érosion. Après chaque saison des pluies, des équipes interviennent massivement pour rouvrir un maximum d’itinéraires.
La sécurité avant tout
Marcher en groupe encadré dilue les risques inhérents à ce type d’aventure. Une cheville foulée, un malaise passager, une désorientation temporaire : ces incidents gérables en collectif deviendraient potentiellement graves en solitaire. Le guide dispose de matériel de communication, connaît les protocoles d’évacuation, maintient le contact avec l’organisation.
La météo capricieuse des tropiques complique parfois la donne. Brouillard dense, pluies diluviennes, vents violents en altitude : ces éléments transforment radicalement la difficulté. Un professionnel expérimenté anticipe ces changements, adapte l’itinéraire si nécessaire, prend les bonnes décisions au bon moment.
Les avantages de marcher plutôt que courir
Au-delà de l’aspect purement physique, le trek offre une dimension contemplative absente du trail. Les coureurs traversent les paysages, les marcheurs les habitent véritablement.
S’imprégner de chaque lieu traversé
Prendre le temps d’observer les formations volcaniques, comprendre leur genèse, toucher ces roches millénaires. Écouter les explications passionnées du guide sur la faune endémique, guetter l’apparition d’un oiseau rare. Échanger avec les habitants des îlets isolés, partager un café créole, saisir les subtilités de cette culture métissée.
Cette lenteur relative autorise aussi la photographie. Immortaliser le lever de soleil depuis le Piton des Neiges sans stresser sur le chronomètre. Capturer les nuances infinies de verts dans la forêt primaire. Fixer sur la carte mémoire ces panoramas qui justifient à eux seuls le voyage.
La gastronomie locale mérite qu’on lui consacre du temps. Un rougail saucisse avalé en courant au ravitaillement n’a rien à voir avec un repas savouré tranquillement le soir au refuge. Les saveurs complexes des plats créoles, la générosité des portions, la convivialité des tablées : autant d’aspects négligés dans l’urgence de la course.
Un taux de réussite supérieur
Le Grand Raid affiche régulièrement des taux d’abandon oscillant entre 26% et 50% selon les éditions. Les conditions météo, la préparation insuffisante, les blessures en course expliquent ces chiffres élevés. En trek, la probabilité d’aller au bout grimpe considérablement.
L’étalement sur plusieurs jours permet une récupération nocturne. Vos muscles se régénèrent, vos réserves énergétiques se reconstituent. Le mental aussi profite de ces pauses : chaque soir apporte son lot de fierté sur l’étape accomplie, chaque matin redonne de l’élan.
L’accompagnement permanent repère précocement les signaux d’alerte. Un genou qui commence à chauffer, une ampoule naissante, une déshydratation progressive : le guide intervient avant que la situation ne dégénère. Cette veille constante maximise vos chances de terminer l’aventure.
Comment optimiser l’expérience ?

Au-delà de la préparation physique et du matériel adéquat, certains détails font basculer un trek de correct à exceptionnel.
Voici les points essentiels à intégrer dans votre planification :
- Arrivez quelques jours avant le départ pour acclimater votre organisme au climat tropical et au décalage horaire
- Testez votre alimentation en trek lors des sorties d’entraînement pour identifier ce qui passe ou pas
- Préparez mentalement les moments difficiles en visualisant comment vous les surmonterez
- Allégez votre sac au maximum en éliminant tout le superflu lors d’un dernier tri impitoyable
- Soignez vos pieds quotidiennement avec une hygiène rigoureuse et l’application préventive de crème anti-frottements
- Hydratez-vous régulièrement sans attendre la sensation de soif qui traduit déjà une déshydratation
- Respectez le rythme imposé par le guide même si vous vous sentez capable d’aller plus vite
La tentation de partir trop vite menace particulièrement les premiers jours. Votre enthousiasme débordant peut vous pousser à forcer l’allure. Gardez en tête qu’il reste encore de nombreuses étapes. Mieux vaut terminer chaque journée avec des réserves qu’épuiser prématurément vos cartouches.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.