Le vendredi 31 mai 2025 restera gravé dans l’histoire du trail vertical. Benjamin Mougel, traileur vosgien de 32 ans, vient de pulvériser le record mondial de dénivelé positif en 24 heures avec un chiffre qui donne le vertige : 21 134 mètres. Un exploit qui relègue l’ancien record de Christophe Nonorgue (18 767 mètres) aux oubliettes et redéfinit complètement les limites du possible en endurance verticale. Sur les pentes familières de la Chambre du Loup au Haut-du-Tôt dans les Vosges, cet ancien champion de roller de vitesse a enchaîné 317 allers-retours sur une montée de 66 mètres de dénivelé. Une démonstration de force brute mêlée à une régularité de métronome qui laisse pantois les observateurs du milieu.
Sommaire
L’exploit technique qui redéfinit l’endurance verticale

Une performance de machine humaine
Les chiffres de Benjamin Mougel défient l’entendement. Durant les douze premières heures de sa tentative, le Vosgien a maintenu un rythme effréné de plus de 1 000 mètres de dénivelé positif par heure. Cette cadence, déjà impressionnante sur une sortie de deux heures, devient proprement stupéfiante quand elle s’étale sur une demi-journée complète.
Durée | Dénivelé | Rythme/heure |
12 premières heures | ~12 000m | 1 000m D+/h |
12 dernières heures | ~9 134m | 761m D+/h |
Total 24h | 21 134m | 880m D+/h |
La stratégie du métronome vosgien
Ce qui frappe chez Mougel, c’est sa capacité à transformer l’effort en routine. Aucun à-coup, aucune précipitation. Chaque montée ressemble à la précédente avec une précision chirurgicale. Les témoins de sa performance décrivent un athlète quasi-mutique, économe de ses gestes, qui semblait évoluer dans une bulle de concentration absolue. Cette approche tranche radicalement avec les tentatives spectaculaires mais souvent vouées à l’échec de certains ultra-traileurs. Mougel a choisi la voie de la constance méthodique plutôt que celle des coups d’éclat. Une leçon de sagesse sportive qui pourrait inspirer bien des coureurs en quête de performances.
Portrait de l’athlète : du roller au sommet du trail
Une reconversion tardive mais fulgurante
L’histoire de Benjamin Mougel n’est pas celle d’un enfant des sentiers. Ancien athlète de haut niveau en roller de vitesse, il découvre la course à pied seulement en 2020, à l’âge de 27 ans. Cette conversion tardive explique peut-être sa progression météorique et son approche si particulière de l’effort. Le roller de vitesse forge des qualités uniques : puissance des jambes, résistance à l’acide lactique, mais surtout cette capacité à maintenir un effort soutenu sur de très longues distances. Des atouts que Mougel a su parfaitement transposer sur les sentiers de montagne.
Un tempérament d’ombre qui fascine
Loin des projecteurs et des réseaux sociaux, Benjamin Mougel cultive une discrétion qui détonne dans le microcosme du trail. Aucun sponsor majeur, aucune communication tapageuse. Juste des résultats qui parlent d’eux-mêmes et une philosophie du sport qui privilégie l’authenticité à l’exposition médiatique. Cette humilité naturelle contraste avec l’ego parfois surdimensionné de certaines stars du trail. Mougel préfère laisser ses jambes s’exprimer plutôt que sa bouche, une approche rafraîchissante qui séduit de plus en plus d’amateurs de trail pur.

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L’Infernal Trail 2024 : première démonstration de force
Avant son record mondial, Benjamin Mougel avait déjà fait parler la poudre sur l’Infernal Trail des Vosges 2024. Sa victoire sur le 200 km avec 10 194 mètres de dénivelé positif bouclés en 28h24 avait sidéré le monde du trail français. Cette performance signait déjà son émergence parmi l’élite de l’ultra-endurance française.
Une progression fulgurante depuis 2022
Les résultats de Mougel dessinent une courbe de progression vertigineuse. Parti de nulle part en 2022, il accumule les podiums et les temps de référence avec une régularité déconcertante. Son UTMB Index de 798 points le place déjà dans le top mondial des ultra-traileurs, une performance d’autant plus remarquable qu’elle a été acquise en seulement trois saisons.
Année | Course | Performance |
2023 | UTTN Mirabelle | 2e en 2h02 |
2023 | Infernal Trail IT30 | 3e en 2h44 |
2024 | Infernal Trail 200km | 1er en 28h24 |
2025 | Record mondial D+ 24h | 21 134m |
L’impact révolutionnaire sur le trail vertical
Un nouveau paradigme pour l’endurance en montagne
Le record de Mougel bouleverse complètement les références du trail vertical. Gagner plus de 2 300 mètres sur l’ancien record ne relève pas de l’amélioration marginale mais de la révolution pure et simple. Cette performance repousse si loin les limites du possible qu’elle interroge sur le potentiel encore inexploré du corps humain. Les entraîneurs et physiologistes du sport vont devoir revoir leurs modèles. Comment un organisme peut-il maintenir un tel niveau d’effort pendant 24 heures ? La science du sport a encore beaucoup à apprendre de ce phénomène vosgien.
L’émergence d’un nouveau visage pour le trail français
Avec sa personnalité atypique et ses performances hors norme, Benjamin Mougel incarne parfaitement une certaine idée du trail français. Authentique, travailleur, discret mais redoutablement efficace. Il représente cette génération d’athlètes qui privilégient la substance au spectacle. Son succès prouve également que les grands centres d’entraînement et les structures professionnelles ne sont pas indispensables pour atteindre l’excellence. Les Vosges, souvent considérées comme un terrain de jeu mineur comparé aux Alpes ou aux Pyrénées, retrouvent leurs lettres de noblesse grâce à leur enfant prodige.
Une inspiration pour les traileurs amateurs
L’histoire de Mougel résonne particulièrement chez les coureurs amateurs. Sa reconversion tardive démontre qu’il n’est jamais trop tard pour se découvrir des talents insoupçonnés. Commencer le trail à 27 ans et battre un record mondial trois ans plus tard, voilà de quoi nourrir bien des rêves dans les pelotons du dimanche matin. Cette trajectoire atypique encourage tous ceux qui doutent de leurs capacités à franchir le pas. Le trail reste un sport où la volonté et l’intelligence de l’effort peuvent compenser un démarrage tardif.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.