Dix ans après sa deuxième victoire sur l’UTMB, Xavier Thévenard livre un témoignage poignant sur les réseaux sociaux. Le champion français, figure emblématique de l’ultra-trail mondial, raconte sans détour son combat contre la maladie de Lyme chronique qui l’a éloigné des sentiers pendant près de trois ans. Un récit authentique qui soulève des questions majeures sur la prise en charge de cette pathologie en France.
Sommaire
Du sommet de la gloire aux abysses de la maladie
L’émotion intacte d’une victoire légendaire
En 2015, Xavier Thévenard franchissait pour la deuxième fois la ligne d’arrivée de l’UTMB en vainqueur. Dix ans plus tard, l’émotion reste intacte quand il évoque ce moment magique : « Je me vois encore à 100 m de la ligne d’arrivée entendre la voix de Ludo avec en fond la musique de Conquest of Paradise qui me transperce d’émotions jusqu’à la moelle ».
Cette victoire, acclamée par des milliers de spectateurs dans l’ambiance unique de Chamonix, représentait l’apogée d’une carrière déjà exceptionnelle. Mais avec le recul, le champion s’interroge sur le prix de tels exploits pour la santé mentale.
La chute libre vers l’incompréhension
Le contraste entre ces moments de gloire et la réalité de la maladie de Lyme frappe par sa violence. Thévenard décrit sans fard cette descente aux enfers : « Lorsque planifier 2 à 3 ultras dans une saison devient une routine à ne pas pouvoir courir plus de 20min sur l’année 2023, on devient fou et je pèse mes mots ».
L’ultra-traileur révèle avoir pleuré chaque semaine pendant deux ans, rongé par l’incompréhension, la frustration et l’incapacité à bouger comme il le souhaitait. Un calvaire psychologique qui accompagnait les atteintes neurologiques causées par la bactérie Borrelia.
L’errance médicale française
Un système de santé défaillant
Le témoignage de Thévenard met en lumière les lacunes criantes du système de santé français concernant la maladie de Lyme chronique. Suivant les recommandations officielles de la HAS (Haute Autorité de Santé), il a d’abord suivi le protocole classique : 10 à 21 jours d’antibiotiques selon la sévérité.
Mais comme pour de nombreux patients, les rechutes n’ont pas tardé. « Malheureusement l’infection était installée, car j’ai eu mon 1er traitement seulement 1 an après le début des premiers symptômes », explique-t-il, pointant du doigt un diagnostic tardif aggravé par sa tendance d’ultra-traileur à minimiser fatigue et douleurs.
Le déni institutionnel
Plus révoltant encore, Thévenard dénonce le déni des autorités françaises face à la réalité de Lyme chronique. Certains professionnels de santé n’hésitent pas à expliquer aux patients que leurs symptômes persistants sont « dans leur tête » ou résultent d’une « mauvaise réponse du système immunitaire ».
Cette position contraste radicalement avec les avancées scientifiques démontrant la capacité d’adaptation exceptionnelle de la bactérie Borrelia, capable de déjouer le système immunitaire et de résister aux traitements antibiotiques courts.
La solution allemande
Un traitement au long cours salvateur
Faute de solutions en France, Thévenard s’est tourné vers la clinique Alviasana en Allemagne, où les médecins ont une approche radicalement différente. Depuis un an et demi sous traitement au long cours, il constate des progrès significatifs : « J’arrive à recourir à encadrer des stages de trail, un temps ce n’était pas même envisageable ».
Cette amélioration contraste avec des années de stagnation, voire de dégradation, sous les protocoles français. Les professionnels allemands et américains ont intégré la complexité de ces infections chroniques, d’où leurs meilleurs résultats thérapeutiques.
Les interrogations persistent
Malgré ces progrès, le champion reste dans l’incertitude : « Encore combien de temps ? Est-ce que je vais pouvoir refaire un ultra un jour ? J’en meurs d’envie ». Cette question hante tous les sportifs de haut niveau confrontés à Lyme chronique, dont la guérison complète reste incertaine.
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⚡ Voir les nouveautés i-RunUn enjeu de santé publique
150 000 malades en France
Au-delà du cas personnel de Thévenard, c’est un véritable problème de santé publique qui se dessine. Selon France Lyme, 150 000 personnes souffrent de Lyme chronique en France, contraintes à l’errance médicale ou à l’exil thérapeutique.
Le champion dénonce l’absence de programme de recherche d’envergure en France, malgré la multiplication des cas. Les autorités préfèrent maintenir leurs positions plutôt que de reconnaître leurs erreurs, quitte à sacrifier les patients.
Le prix de l’immobilisme
Cette rigidité institutionnelle a des conséquences dramatiques. Thévenard évoque des patients « dans la galère la plus totale, impossible de se déplacer, de se concentrer, fatigue assommante, douleurs articulaires musculaires, paralysies, pertes d’emplois ».
Le système français contraint les malades à choisir entre l’auto-médication dangereuse et l’exil thérapeutique coûteux, une situation indigne d’un pays développé.
L’urgence environnementale
La prolifération des tiques
Xavier Thévenard établit un lien direct entre la crise environnementale et l’explosion des cas de Lyme. La prolifération des tiques dans nos forêts et montagnes résulte de l’effondrement de la biodiversité et du réchauffement climatique.
Cette analyse souligne l’interconnexion entre santé planétaire et santé humaine, un concept que le champion juge malheureusement ignoré par une partie de la classe politique.
Un combat sur tous les fronts
Le témoignage se termine sur une note de détermination : « Mais je ne me résignais jamais face à la maladie, face à ces aberrations politiques ». Thévenard incarne ainsi le refus de la fatalité, que ce soit face à la pathologie ou aux dysfonctionnements institutionnels.
L’espoir du retour
Un champion diminué mais pas vaincu
Malgré les épreuves, Xavier Thévenard garde l’espoir de retrouver un jour les sentiers de l’ultra-trail. Ses progrès sous traitement allemand alimentent cet espoir, même si le chemin reste long et incertain.
Son témoignage résonne comme un message d’espoir pour tous les malades de Lyme chronique, prouvant qu’il existe des solutions thérapeutiques efficaces, même si elles nécessitent parfois de franchir les frontières.
Un témoignage qui compte
En brisant le silence sur sa maladie, Xavier Thévenard offre bien plus qu’un témoignage personnel. Il donne une voix aux 150 000 malades français de Lyme chronique et interpelle les autorités sur leurs responsabilités.
Son statut de champion respecté confère une résonance particulière à ses mots, capable d’ébranler l’indifférence institutionnelle et de faire avancer la cause des malades.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.
