Thomas Cardin sera bien au départ de la Saintexpress 2025. Une nouvelle qui a surpris tout le monde, y compris probablement lui-même. Douze jours seulement après avoir rechaussé ses baskets, le triple vainqueur de la SaintéLyon 80 km s’aligne sur le format court de 45 kilomètres. Pas pour gagner à tout prix, mais pour retrouver le goût de la course après deux mois d’arrêt forcé.
Ce retour express pose une question simple : comment un coureur peut-il envisager une course aussi exigeante avec si peu de préparation ? La réponse tient en quelques mots : l’instinct, l’envie, et cette incapacité viscérale à rester loin des startings blocks quand la nuit lyonnaise approche. Voir la liste des favoris sur la Sainte Lyon juste ici !
Sommaire
Une blessure qui a bouleversé ses plans initiaux

Thomas Cardin ne devait pas être sur la Saintexpress. Il devait normalement défendre son titre sur les 80 kilomètres de la SaintéLyon, parcours qu’il a dominé à trois reprises et qu’il connaît par cœur. Mais une tendinite au pied l’a cloué au repos pendant deux longs mois, période durant laquelle il a dû regarder ses concurrents s’entraîner pendant qu’il rongeait son frein.
La reprise a eu lieu il y a douze jours. Pas douze semaines, douze jours. Pour un ultra-traileur habitué à enchaîner les sorties longues et les séances intenses, c’est ridiculement court. Mais Cardin n’est pas du genre à calculer pendant des heures. Quand l’envie revient, elle balaye souvent la raison.
Son message publié cette semaine résume parfaitement son état d’esprit : « Jongler entre envie et raison ». D’un côté, la prudence qui recommande d’attendre, de reconstruire une base solide avant de s’engager sur une course. De l’autre, cette pulsion irrépressible de retrouver l’ambiance unique de la SaintéLyon, même sur un format réduit.
Pourquoi la Saintexpress plutôt que le 80 km ?
Le choix du format court n’est pas une capitulation. C’est une stratégie de bon sens pour un athlète qui se connaît bien. Cardin sait qu’il n’a pas la caisse pour tenir 80 kilomètres à haute intensité après seulement douze jours de course. Les 45 kilomètres de la Saintexpress représentent un compromis intelligent entre l’envie de participer et la nécessité de ne pas griller définitivement sa saison.
La Saintexpress reste une épreuve sérieuse. Elle n’a rien d’une course de reprise tranquille. Les 45 kilomètres nocturnes entre Saint-Étienne et Lyon exigent un rythme soutenu, une gestion tactique fine, et des jambes capables d’encaisser les faux plats incessants. Cardin ne vient pas pour figurer, mais il vient sans pression de résultat.
Cette liberté mentale pourrait paradoxalement le rendre dangereux. Sans l’obligation de performer, il peut se permettre de lâcher les chevaux sans calcul, de suivre son instinct de coureur plutôt qu’un plan de course rigide.
Le triple vainqueur qui change la donne

La simple présence de Thomas Cardin sur la liste de départ transforme complètement l’équation de cette Saintexpress 2025. On ne parlait jusqu’ici que d’un plateau homogène, avec plusieurs favoris légitimes mais aucun dominant absolu. L’arrivée de Cardin injecte une dose de légende dans une course qui pouvait paraître plus anonyme.
Peu importe sa forme réelle. Peu importe qu’il soit à 60%, 70% ou 80% de ses capacités. Son palmarès suffit à créer une tension particulière dans le peloton. Tous les autres coureurs devront composer avec sa présence, modifier peut-être leur approche tactique, accepter qu’un mythe vivant du parcours partage leur course.
Une icône qui revient par la petite porte
Cardin a dominé la SaintéLyon 80 km à trois reprises. Il connaît chaque virage, chaque montée, chaque portion glissante sous les feuilles mortes. Cette connaissance intime du terrain reste un atout considérable, même sur le format court qu’il maîtrise moins.
Mais cette fois, il ne revient pas en conquérant. Il revient en combattant qui teste sa jambe, qui vérifie que la machine répond encore après deux mois de silence forcé. Cette humilité nouvelle le rend presque plus attachant que lorsqu’il trustait les podiums.
Les autres coureurs le savent : Cardin blessé reste plus dangereux que 90% du peloton en pleine forme. Sa capacité à souffrir, son mental d’acier forgé sur les longues distances, sa lecture de course exceptionnelle compensent largement le manque d’entraînement spécifique.
Un plateau exceptionnellement dense
La liste LiveTrail de la Saintexpress 2025 révèle une densité rare pour un format souvent considéré comme secondaire par rapport à la distance reine. Cette année, le 45 km pourrait bien offrir la course la plus intense de tout le week-end SaintéLyon.
Les favoris annoncés face à Cardin
Plusieurs noms se détachent naturellement du lot, chacun avec des arguments légitimes pour jouer la gagne :
Paul Cornut-Chauvin figure parmi les têtes d’affiche. Coureur complet, habitué aux formats nerveux, il possède la vitesse de base nécessaire pour tenir le rythme élevé que promet cette édition.
Ugo Lebesgue fait également partie des hommes à battre. Sa régularité et sa capacité à gérer l’effort sur la distance en font un adversaire redoutable, surtout sur un parcours qui pardonne peu les erreurs tactiques.
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⚡ Voir les nouveautés i-RunPaul Iratzouqy, Tom Genty et Meryl Forlin complètent ce premier cercle de favoris. Tous trois ont déjà prouvé leur valeur sur des formats similaires et arrivent dans une forme qui semble optimale.
La vague montante qui peut tout bousculer
Derrière ces noms établis, une génération montante arrive affamée. Maël Bures, Laurent Razat, Arthur Piolot-Doco, Mathieu Corgier, Gabin Ageron, Léo-Paul Cracowski : autant de coureurs capables de créer la surprise si les conditions s’y prêtent.
Les outsiders dangereux ne manquent pas non plus : Pacôme Poignant, Anthony Krupka, Nicolas Maziou, Raphaël Bourdon, Mathias Hennefent, Édouard Lecullier, Julien Corriaux, Anthony Gomes. À ce niveau de densité, un top 10 ne se gagne plus, il se vole, comme le souligne l’article source.
La moindre hésitation, le moindre faux pas, la moindre erreur d’appréciation peut coûter cinq places au classement. Sur 45 kilomètres, les écarts se comptent parfois en secondes entre le cinquième et le quinzième.
Pourquoi cette Saintexpress pourrait surpasser le 80 km en intensité

Le format court joue paradoxalement en faveur du spectacle et de l’intensité. Sur 80 kilomètres, la course se construit progressivement, laisse du temps pour rectifier une erreur, autorise des phases de gestion. Sur 45 kilomètres, tout va beaucoup plus vite.
Une course nerveuse où chaque accélération compte
Les 45 kilomètres de la Saintexpress représentent une distance traître. Trop longue pour être abordée comme un semi-marathon, trop courte pour autoriser la moindre relâche. Le rythme reste élevé du début à la fin, avec des phases d’accélération qui peuvent faire exploser les groupes.
Les faux plats caractéristiques du parcours avalent l’énergie insidieusement. On croit rouler, mais on grimpe en permanence. Les zones humides sous les feuilles mortes piègent les appuis et obligent à une vigilance constante. Les changements de rythme usent les nerfs autant que les jambes.
Cette nervosité permanente avantage les coureurs explosifs, capables de répondre aux relances, de suivre les accélérations sans s’épuiser. Elle pénalise au contraire les purs rouleurs habitués à dérouler un rythme constant pendant des heures.
Une marge d’erreur quasi nulle
Sur le 80 km, on peut se permettre un passage à vide au kilomètre 50 et revenir ensuite. Sur la Saintexpress, une seule faiblesse peut être fatale. Manquer un ravitaillement, louper une relance au mauvais moment, sous-estimer une montée : autant d’erreurs qui se paient cash sur le chrono final.
Cette exigence tactique place la Saintexpress au niveau des meilleures courses courtes du calendrier français. Elle demande autant de lucidité qu’un 10 000 mètres sur piste, avec la complexité supplémentaire du terrain et de la nuit.
Une édition 2025 marquée par les absences et les retours

La SaintéLyon 2025 dans son ensemble présente un visage inhabituel. Les blessures et les forfaits ont redistribué les cartes sur l’ensemble des distances proposées.
Le vide laissé par Cardin sur le 80 km
L’absence de Cardin sur la distance reine ouvre grand la course. Le leadership se disperse entre plusieurs prétendants : Charvolin, Cachard, Hugo Deck, Simon, Rolland. Aucun ne possède la stature écrasante du triple vainqueur, ce qui promet une course plus ouverte et incertaine.
Cette situation rappelle que le trail reste un sport où la blessure peut frapper n’importe qui, même les plus grands champions. Cardin rejoint une longue liste de coureurs contraints de revoir leurs plans en cours de saison.
Les paris fous sur les autres distances
Sur le 160 km, Casquette Verte (Alexandre Boucheix) s’aligne avec une fracture à la cheville. Cette folie furieuse fait suite à sa Diagonale des Fous et son Kullamannen, deux courses déjà courues avec des blessures non soignées. Un exemple à ne surtout pas suivre, mais qui témoigne de la détermination parfois excessive de certains ultra-traileurs.
Chez les femmes, Adeline Martin porte seule le flambeau sur les longues distances, en l’absence de figures plus médiatisées. Une responsabilité qui peut soit la transcender, soit la peser.
Quelle stratégie pour Thomas Cardin ?

Que peut-on attendre raisonnablement de Thomas Cardin sur cette Saintexpress 2025 ? Certainement pas une victoire facile, mais probablement une course intelligente basée sur sa connaissance du parcours et son expérience.
Gérer l’entame sans se griller
Le principal danger pour Cardin sera le départ. Après deux mois d’arrêt, la tentation est grande de tester immédiatement ses sensations en suivant le rythme des leaders. Erreur classique qui se paie toujours cash dans les derniers kilomètres.
Sa lucidité habituelle devrait le préserver de ce piège. Cardin connaît son corps, il sait lire ses signaux, il a suffisamment d’expérience pour ne pas claquer toutes ses allumettes dans la première heure. Son objectif probable : tenir un rythme contrôlé pendant les deux premiers tiers, puis évaluer ce qui reste pour la fin.
Capitaliser sur la connaissance du parcours
Même si le format diffère, Cardin connaît parfaitement le terrain entre Saint-Étienne et Lyon. Il sait où se trouvent les passages techniques, les zones glissantes, les montées qui font mal, les portions roulantes où on peut souffler.
Cette connaissance intime constitue un avantage décisif dans une course nocturne où la visibilité reste limitée à la portée de la frontale. Pendant que d’autres découvriront, lui anticipera.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.


