Dans l’ombre de Courtney Dauwalter, une silhouette familière prépare minutieusement sa revanche. Ruth Croft, 36 ans, incarne cette génération de traileuses qui refuse de s’incliner devant la domination américaine. Deuxième de l’UTMB 2024, la Néo-Zélandaise revient avec un objectif clair : transformer son argent en or.
Depuis une décennie, cette athlète méthodique accumule les victoires sur tous les grands rendez-vous alpins, sauf un. L’UTMB reste cette épine dans le pied d’un palmarès pourtant exceptionnel. En 2025, tous les voyants semblent enfin au vert pour combler cette lacune.
Sommaire
Une carrière bâtie pour ce moment

Dix ans d’apprentissage alpin
Ruth Croft ne découvre pas le massif du Mont-Blanc en touriste. Depuis 2015 et sa victoire sur la CCC, elle a méthodiquement conquis tous les sommets de la semaine UTMB. OCC (2018, 2019), Marathon du Mont-Blanc (2018, 2019), elle maîtrise chaque sentier, chaque pierre, chaque difficulté technique de ces montagnes.
Cette connaissance intime du terrain constitue un avantage considérable face à des concurrentes moins familières des spécificités alpines. Quand d’autres découvrent encore les subtilités tactiques des courses européennes, Croft navigue en terrain conquis.
La patience comme vertu cardinale
L’approche de Ruth Croft détonne dans un milieu souvent pressé. Plutôt que de se précipiter sur l’UTMB dès ses premiers succès, elle a pris le temps de construire méthodiquement son expérience. Cette patience stratégique révèle une maturité sportive remarquable.
Son premier UTMB en 2024 seulement, après dix ans de carrière, illustre cette philosophie du timing parfait. Cette approche calculée contraste avec l’impulsivité de nombreux athlètes modernes.
L’analyse de l’échec 2024

Une course maîtrisée mais incomplète
Sa deuxième place 2024 ne traduit aucun échec tactique ou physique majeur. Au contraire, Croft a livré une course quasi parfaite techniquement, s’économisant intelligemment pour les phases cruciales. Cette performance témoigne d’une maîtrise technique aboutie.
Le seul regret concerne probablement sa prudence excessive dans les premiers kilomètres. Son aveu de n’avoir « pas vraiment souffert » révèle des réserves inexploitées qui auraient pu faire la différence. Cette leçon guide désormais sa préparation 2025.
Les ajustements de 2025
La préparation 2025 intègre les enseignements de cette première expérience. L’accent mis sur la résistance à la chaleur via des séances de sauna répond à une faiblesse identifiée lors des 35 premiers kilomètres. Cette adaptation ciblée démontre une approche scientifique de la performance.
Ses reconnaissances répétées du secteur Chamonix-Courmayeur, seule portion du parcours qu’elle ne dominait pas encore, témoignent d’une préparation exhaustive. Aucun détail n’est laissé au hasard.
Course | Victoires | Années | Statut |
---|---|---|---|
CCC | 1 | 2015 | ✅ Maîtrisée |
OCC | 2 | 2018, 2019 | ✅ Maîtrisée |
Marathon du Mont-Blanc | 2 | 2018, 2019 | ✅ Maîtrisée |
UTMB | 0 | 2e en 2024 | 🎯 Objectif |
Le profil technique idéal

Une polyvalence alpine exceptionnelle
Ruth Croft excelle dans tous les registres exigés par l’UTMB. Sa technique de descente, affûtée sur les terrains néo-zélandais accidentés, lui permet de grappiller de précieuses minutes sur les secteurs délicats. Cette maîtrise technique compense souvent un déficit de puissance pure.
Sa capacité d’adaptation aux conditions la distingue également. Chaleur de la Transvulcania, froid nocturne des Alpes, elle a méthodiquement testé sa résistance dans tous les environnements possibles. Cette préparation minutieuse élimine les facteurs de surprise.
Une économie d’effort remarquable
L’efficacité gestuelle de Croft impressionne les observateurs techniques. Ses 12 minutes cumulées seulement aux ravitaillements lors de l’UTMB 2024 témoignent d’une autonomie exceptionnelle. Cette rapidité de transition peut s’avérer décisive sur un format aussi long.
Sa capacité à maintenir un rythme constant sans à-coups révèle une maîtrise énergétique aboutie. Cette régularité, moins spectaculaire que les accélérations brutales, s’avère souvent plus payante sur la durée.
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L’obstacle Courtney Dauwalter

Face à la reine incontestée
Courtney Dauwalter reste l’étalon absolu du trail féminin mondial. Ses trois victoires consécutives sur l’UTMB lui confèrent un statut quasi mythique dans le milieu. Battre cette légende vivante représente le défi ultime pour toute prétendante.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunPourtant, la saison 2025 de l’Américaine semble moins linéaire qu’à l’accoutumée. Son abandon sur la Cocodona 250 et son premier semestre en demi-teinte ouvrent une fenêtre d’opportunité rare. Cette faille dans la cuirasse de la reine pourrait profiter à ses rivales.
Les signes encourageants
La victoire de Dauwalter sur le Lavaredo fin juin a certes rassuré ses supporters, mais cette performance unique ne gomme pas les interrogations du début de saison. À 40 ans, même les plus grands champions connaissent des passages à vide.
Ruth Croft, elle, affiche une progression constante depuis le début 2025. Sa victoire record sur la Tarawera Ultramarathon et sa préparation sans accroc dessinent une trajectoire ascendante encourageante pour Chamonix.
Les facteurs favorables de 2025
Un plateau plus accessible
L’absence relative de certaines favorites habituelles allège théoriquement la concurrence. Les participations récentes d’Abby Hall sur la Western States ou de Katarina Hartmuth sur la Hardrock pourraient les laisser moins fraîches pour l’échéance chamoniarde.
Cette configuration plus ouverte que les années précédentes offre une opportunité inédite aux prétendantes de second rang. Ruth Croft, forte de son expérience et de sa préparation optimale, semble idéalement placée pour en profiter.
La motivation comme carburant
L’aveu de Croft sur sa motivation spécifique pour l’UTMB tranche avec l’attitude parfois blasée de certaines stars. Cette faim de victoire intacte après tant d’années de carrière témoigne d’une flamme préservée.
Son obsession assumée pour cette course unique galvanise sa préparation quotidienne. Quand d’autres coureurs dispersent leurs efforts sur multiple objectifs, elle concentre toute son énergie sur ce graal ultime.
Une approche data-driven moderne
L’alliance science et intuition
Sa collaboration avec Joseph Mestrallet d’ENDURAW pour l’exploitation des données d’entraînement illustre l’évolution moderne de la préparation. Cette approche scientifique complète son expérience empirique sans la supplanter.
Son coach Scott Johnson orchestre cette symbiose entre tradition et modernité. Cette alchimie entre feeling sportif et optimisation technologique caractérise les préparations de pointe actuelles.
Garder l’équilibre
Malgré ces outils sophistiqués, Croft preserve son approche instinctive de la course. Son aveu de préférer « rester focus et faire ce qu’elle a à faire » témoigne d’une sagesse sportive préservée face à la surinformation potentielle.
Cette capacité à utiliser la technologie sans s’y asservir distingue les grands champions des simples utilisateurs d’outils. L’humain reste au centre de la performance.
Le mental de la gagnante
Une détermination inébranlable
Sa promesse de revenir « quoi qu’il arrive » révèle une ténacité exceptionnelle. Cette détermination sans faille caractérise les champions capables de transformer les échecs en tremplins. Ruth Croft possède cette mentalité de guerrière.
Son approche de l’UTMB 2025 « comme une page blanche » témoigne d’une maturité psychologique remarquable. Éviter le piège des comparaisons avec 2024 préserve sa fraîcheur mentale pour l’épreuve à venir.
L’obsession positive
Son addiction assumée à l’UTMB pourrait inquiéter mais révèle surtout une passion intacte après tant d’années. Cette flamme préservée constitue un carburant psychologique inestimable face aux difficultés inévitables.
Sa capacité à transformer cette obsession en motivation quotidienne d’entraînement illustre une relation saine à la performance. L’objectif nourrit l’effort sans le parasiter.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.