La Big Apple a encore frappé fort ce dimanche 2 novembre. 55 000 coureurs se sont élancés dans les rues de New York pour la 54e édition de ce marathon mythique, et franchement, on n’a pas été déçus du spectacle. Entre un finish haletant chez les hommes, un record pulvérisé côté femmes et les adieux émouvants d’une légende, cette édition restera gravée dans les mémoires.
Les conditions étaient parfaites : 15 degrés au départ, un temps idéal pour claquer des chronos. Et c’est exactement ce qui s’est passé, surtout du côté des dames où l’on a assisté à quelque chose d’historique.
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Obiri écrase le record du marathon de New York

Du côté féminin, on attendait du spectacle et Hellen Obiri nous a offert bien mieux : un record historique. La Kényane boucle les 42,195 kilomètres en 2h19’51, devenant la première femme à passer sous la barre des 2h20 à New York. L’ancien record datait de 2003 avec les 2h22’31 de Margaret Okayo. Vingt-deux ans, c’est long pour tenir un chrono sur un tel événement.
Cette victoire a une saveur particulière pour la double championne du monde du 5000 mètres (2017 et 2019). En avril dernier, elle avait dû se contenter de la deuxième place à Boston derrière Sharon Lokedi. La revanche est éclatante. À 35 ans, Obiri confirme qu’elle reste au sommet de sa forme après sa reconversion sur marathon.
Un podium éblouissant pour les Kényanes
Les trois dernières lauréates new-yorkaises se sont retrouvées seules pour jouer la gagne dans les dix derniers kilomètres : Obiri (2023), Lokedi (2022) et Sheila Chepkirui (2024). Le duel a tourné à l’avantage de la plus expérimentée, mais toutes les trois passent largement sous l’ancien record :
- Hellen Obiri : 2h19’51 (nouveau record)
- Sharon Lokedi : 2h20’07
- Sheila Chepkirui : 2h20’24
La championne olympique Sifan Hassan termine sixième en 2h24’43. La Néerlandaise n’a visiblement pas totalement récupéré de sa victoire au marathon de Sydney fin août. Enchaîner les marathons majeurs à ce niveau demande une gestion physiologique parfaite, et même les meilleures peuvent avoir des passages à vide.
Kipruto, roi du sprint final

De son côté, Benson Kipruto a offert une démonstration de force dans la course masculine. Dans un duel palpitant jusqu’à la ligne d’arrivée, il a réussi à devancer Alexander Mutiso Munyao, prouvant sa suprématie sur le fil. Son sprint final a été une véritable leçon de tactique et de détermination.
Rarement on a vu une arrivée aussi serrée sur un marathon majeur. Benson Kipruto franchit la ligne en 2h08’09, mais attendez… Alexander Mutiso termine exactement dans le même temps. Les deux Kényans lèvent les bras simultanément, persuadés chacun d’avoir gagné. Il faudra attendre la photo finish pour départager les deux hommes : trois centièmes. Oui, vous avez bien lu, trois petits centièmes séparent le vainqueur du deuxième.
La course a longtemps semblé promise à un sprint collectif. Au semi-marathon, le peloton de tête reste compact avec un passage en 1h05’18, sur les bases d’un 2h10’37 final. Pas vraiment ce qu’on attend d’une épreuve aussi relevée, mais le parcours new-yorkais n’est pas vraiment fait pour les records avec ses 250 mètres de dénivelé positif.
L’accélération décisive au 38e kilomètre
C’est l’Américain Hillary Bor qui fait exploser le groupe à la sortie du Queens Borough, au 25e kilomètre. Le public local se déchaîne pour encourager leur compatriote, mais sept coureurs parviennent à suivre le rythme. Trois kilomètres plus tard, Albert Korir, vainqueur en 2021 et troisième l’an dernier, tente sa chance sans vraiment faire mal aux favoris.
Il faut attendre le 38e kilomètre pour voir la course basculer. Kipruto attaque sèchement et seul Mutiso peut accrocher sa roue. Les deux hommes ne se lâcheront plus jusqu’à cette arrivée improbable. Korir complète le podium en 2h08’47, offrant un triplé 100% kényan.
Un dénouement à suspense
Le dénouement de la course masculine a été aussi serré qu’un thriller. Kipruto et Munyao ont couru côte à côte, chacun cherchant à s’imposer. Mais c’est finalement Kipruto qui a émergé en vainqueur, grâce à un dernier effort dévastateur qui a laissé son adversaire sans réponse.
| Nom | Temps final |
|---|---|
| Hellen Obiri | 2h19 et 51 secondes |
| Benson Kipruto | 2h08 et 9 secondes |
Les adieux émouvants d’Eliud Kipchoge au marathon élite
Eliud Kipchoge a certainement couru son dernier marathon élite ce dimanche, et New York lui a offert une standing ovation tout au long des 42 kilomètres. À 40 ans, le double champion olympique (Rio 2016, Tokyo 2021) termine 17e en 2h14’36, son plus mauvais chrono en carrière sur la distance. Mais franchement, tout le monde s’en fiche.
Le public new-yorkais a compris qu’il assistait à un moment historique. Chaque kilomètre était l’occasion de célébrer celui qui a révolutionné le marathon moderne. Aux pieds du Kényan, un prototype de la Nike Alphafly 4 (référencé Dev 16141 sur la liste officielle de World Athletics) avec le système « Radical AirFlow », un textile innovant utilisant la circulation d’air générée par le mouvement pour maintenir une température optimale.
Le palmarès d’une légende vivante
Les chiffres donnent le tournis quand on regarde la carrière de Kipchoge :
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- 2 médailles d’or olympiques sur marathon
- Record du monde officiel : 2h01’09 à Berlin en 2022
- Premier homme sous les 2 heures (challenge INEOS 1:59, même si non homologué)
Mais l’histoire ne s’arrête pas là pour Kipchoge. Le champion a déjà annoncé ses prochains défis, comme il l’explique lui-même :
« Je vais courir en Antarctique ! Je vais même courir 50 km en Arabie saoudite. Maintenant, je veux faire ces choses extrêmes, celles qui nécessitent de très grands efforts et qui peuvent inciter des partenaires à s’engager pour la bonne cause. »
L’idée d’inspirer la nouvelle génération reste au cœur de son projet. Kipchoge n’a jamais été qu’un coureur, il est devenu une icône du dépassement de soi.
Dorian Louvet réalise un exploit unique
L’ancien aventurier de Koh-Lanta a bouclé son pari fou baptisé « Miles of Discovery » : enchaîner les sept marathons les plus emblématiques du monde avec une moyenne inférieure à 2h30. Mission accomplie ce dimanche avec un chrono de 2h27’09 dans les rues new-yorkaises.
Le Normand avait déjà coché :
- Tokyo : 2h18’56 (2 mars)
- Boston : 2h33’41 (21 avril)
- Londres : 2h33’23 (27 avril)
- Sydney : 2h28’34 (31 août)
- Berlin : 2h28’24 (21 septembre)
- Chicago : 2h25’27 (12 octobre)
Ce record du monde officieux des sept marathons majors enchaînés démontre une capacité physique et mentale hors norme. Maintenir cette régularité sur plusieurs mois, avec les voyages, les décalages horaires et les différences climatiques, relève de l’exploit.
Les catégories fauteuil et masters brillent aussi
Le Suisse Marcel Hug continue de dominer le circuit en s’imposant en 1h30’16, décrochant son 6e Major en 2025 et son 41e au total. C’est son septième succès à New York, même si son chrono reste éloigné de son record du parcours établi en 2022 (1h25’26). À 37 ans, le multiple champion paralympique roule toujours sur un fauteuil ultra perfectionné mais parfaitement homologué.
L’Américaine Susannah Scaroni s’impose pour la troisième fois dans la Big Apple en 1h42’10, après ses victoires de 2022 et 2024. La domination américaine sur cette catégorie à domicile reste une constante.
Chez les masters, l’Italien Daniel Meucci décroche le titre mondial dans cette catégorie avec un solide 2h10’40. New York accueillait cette année les Championnats du monde masters, ajoutant encore du prestige à l’événement.
Une édition 2025 qui restera dans l’histoire
Cette 54e édition du Marathon de New York a vraiment tenu toutes ses promesses. Entre le finish millimétré de Kipruto, le record historique d’Obiri et les adieux sublimes de Kipchoge, on a eu droit à un condensé d’émotions sur asphalte.
Les 55 000 participants ont une fois de plus transformé les rues de la Big Apple en une gigantesque fête populaire. C’est ça aussi la magie de New York : cette capacité à mélanger l’élite mondiale et les coureurs du dimanche dans une même célébration du dépassement de soi.
Le parcours new-yorkais reste unique avec ses 250 mètres de dénivelé et sa traversée des cinq arrondissements. Pas le plus rapide des marathons majors, mais certainement l’un des plus iconiques. Chaque pont franchi, chaque quartier traversé raconte une histoire différente de cette ville-monde.
Les conditions météorologiques parfaites (15 degrés au départ) ont permis aux athlètes d’exprimer leur plein potentiel. On l’a vu particulièrement chez les femmes où le trio de tête a explosé l’ancien record vieux de 22 ans. Preuve que le marathon féminin continue de progresser à vitesse grand V.
Du côté français, la 16e place de Roudolff-Levisse reste honorable sur une telle épreuve. L’abandon de Bour rappelle aussi que le marathon reste une distance imprévisible où tout peut basculer dans les derniers kilomètres. Même avec une préparation optimale, le corps peut dire stop.
L’année 2025 aura marqué un tournant avec les probables adieux de Kipchoge au marathon élite. Le Kényan laisse un héritage colossal : il a repoussé les limites du possible, inspiré des millions de coureurs à travers le monde et transformé la perception même de ce qu’un être humain peut accomplir sur 42 kilomètres. Sa quête des défis extrêmes (Antarctique, 50 km en Arabie) montre qu’à 40 ans, l’appétit de dépassement reste intact.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.


