Il l’a encore fait. Quinze jours seulement après avoir bouclé la Diagonale des Fous en 28h48, Alexandre Boucheix termine deuxième du Kullamannen by UTMB en 16h13. Une performance qui interpelle autant qu’elle impressionne.
Parce que oui, il y a quelques jours encore, Casquette Verte parlait d’une cheville « à moitié fonctionnelle », baptisée affectueusement « Shakira ». Il évoquait le doute, la douleur, l’incertitude de pouvoir recourir rapidement. Et pourtant, le voilà qui débarque en Suède, sur l’une des courses les plus techniques du circuit UTMB World Series, et qui joue le podium jusqu’au bout.
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Un Kullamannen impitoyable dans des conditions nordiques

Le Kullamannen, ce n’est pas une promenade. 171 kilomètres à travers les forêts du sud-ouest suédois, plus de 2100 mètres de dénivelé positif, un départ nocturne dans le froid nordique, des sentiers gorgés d’eau, des racines traîtresses, des rochers glissants. C’est le genre de terrain qui vous broie les chevilles, justement. Et qui vous fait rapidement regretter d’avoir pris le départ si vous n’êtes pas à 100%.
Alexandre, lui, n’a rien regretté. Dès le début de la course, il s’est installé dans le bon wagon. Pas d’emballement, pas de folie, juste sa science habituelle de la gestion d’effort. À Glimminge (km 137), il est toujours dans le coup. À Hovs Hallar (km 154), il occupe la deuxième place. Au dernier pointage de Norrviken (km 166,9), il maintient plus de 9 km/h de moyenne malgré la fatigue accumulée. Et il boucle cette course mythique à seulement 15 minutes du vainqueur.
La blessure était-elle réelle ou stratégique ?
Alors forcément, on se pose des questions. Comment peut-on enchaîner deux ultras aussi exigeants, dans des environnements aussi différents, avec une blessure récente ? Est-ce de la résilience exceptionnelle ? De la chance ? Ou bien les alertes post-Diag étaient-elles exagérées ?
Je ne prétends pas avoir la réponse. Et je ne suis pas là pour remettre en cause la sincérité d’Alexandre. Mais une chose est sûre : il y a un décalage entre les mots et les résultats. Un décalage qui interroge, qui intrigue, et qui fait partie du personnage Casquette Verte.
Parce qu’Alexandre Boucheix est aussi un conteur. Il a construit son image autour de la vulnérabilité, du doute, de l’authenticité. Il partage ses galères, ses douleurs, ses moments de faiblesse. Et c’est précisément ce qui le rend attachant. Mais à force de crier au loup blessé avant de terminer sur le podium, on finit par se demander si ce n’est pas aussi une stratégie, consciente ou non, pour gérer la pression.
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Au Kullamannen, Casquette Verte ne venait pas faire du tourisme. Il avait deux objectifs clairs : décrocher son quatrième finish pour se rapprocher de la Diamond Ring (récompense mythique offerte après cinq finishs), et obtenir un UTMB Index supérieur à 760 pour se qualifier directement à l’UTMB 2026 sans tirage au sort. Mission accomplie sur toute la ligne.
Et comme promis, s’il réussissait, il devait se baigner dans la mer Baltique. Un rite de passage suédois qu’il a certainement respecté, même avec une eau à 8 degrés. Parce que Casquette Verte aime les défis. Tous les défis.
Un traileur qui ne rentre dans aucune case
Ce qui fascine chez Alexandre Boucheix, c’est qu’il ne rentre dans aucune case. Il n’est pas pro, mais il performe comme un élite. Il se dit amateur, mais il enchaîne les podiums sur des courses World Series. Il annonce des blessures, mais il tient des chronos que beaucoup de coureurs en pleine santé n’atteindraient jamais.
Est-ce un problème ? Non. Est-ce déstabilisant ? Oui. Et c’est peut-être ça, finalement, le génie du personnage : ne jamais être là où on l’attend. Surprendre. Intriguer. Captiver.
Casquette Verte : du doute au podium, encore et toujours
Alors oui, Casquette Verte avait mal à la cheville. Oui, il est papa depuis peu et cumule les responsabilités. Oui, il a enchaîné deux ultras majeurs en quinze jours. Mais il a aussi terminé deuxième d’une des courses les plus dures du circuit UTMB, dans des conditions épouvantables, avec une régularité et une lucidité impressionnantes.
Qu’on y voie un miracle, une anomalie ou un coup de maître, peu importe. Le résultat est là. Et personne ne peut le lui enlever.
D’ici l’UTMB 2026, il a encore un an pour se faire une entorse, une tendinite ou une subluxation de l’épaule. La tradition sera respectée. Et on sera encore là, scotchés devant nos écrans, à se demander comment il va s’en sortir cette fois.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.


