La montagne ariégeoise a livré son verdict sans appel. Aurélien Jacoutot vient de signer l’une des performances les plus remarquables de sa carrière en remportant la PICaPICA 2025 dans un temps stratosphérique de 23h54. Ce chrono efface purement et simplement l’ancien record de Martin Kern (24h18 en 2023) et confirme la domination du Réunionnais sur les ultras les plus extrêmes.
Cette victoire prend une saveur particulière tant elle semblait improbable au regard des sensations du coureur. « J’avais mal aux mollets dans toutes les montées, je n’imaginais même pas le podium », a confié Jacoutot à l’arrivée. Pourtant, sur ces 109 kilomètres jalonnés de 11 500 mètres de dénivelé positif et quatre sommets au-dessus des 3 000 mètres, il a trouvé les ressources pour transformer l’essai.
Cette performance illustre parfaitement l’essence du trail running : l’incertitude permanente, la capacité à puiser dans ses réserves les plus profondes quand le corps semble abandonner. Jacoutot a magistralement démontré que l’expérience et la gestion mentale peuvent transcender les difficultés physiques temporaires.
Sommaire
La « salade de cailloux » rend son verdict

Surnommée affectueusement la « salade de cailloux » par les habitués, la PICaPICA mérite amplement sa réputation d’épreuve la plus redoutable de l’Hexagone. Ce parcours ariégeois ne pardonne aucune faiblesse, aucun relâchement. Chaque mètre parcouru représente un combat contre soi-même et contre des éléments naturels particulièrement hostiles.
Le départ s’est donné vendredi matin à 4 heures précises, dans une ambiance feutrée typique de ces grands rendez-vous ultra. 625 traileurs se sont élancés des villages ariégeois, frontale vissée sur le crâne, conscients de s’engager dans une aventure hors norme. Cette heure matinale, loin d’être anecdotique, conditionne toute la stratégie de course et la gestion des transitions jour-nuit.
Dès le premier passage à Soulcem, après seulement 32 kilomètres, plus de dix abandons témoignaient déjà de la sévérité implacable de l’épreuve. Ces défections précoces, loin d’être inhabituelles, soulignent la difficulté à anticiper les réactions de l’organisme face à une telle intensité d’effort.
Terrain de jeu impitoyable
Les quatre sommets au-dessus des 3 000 mètres constituent autant d’épreuves dans l’épreuve. Chacun de ces géants ariégeois impose sa propre logique, ses propres difficultés techniques. L’altitude, même modérée, se ressent cruellement après plusieurs heures d’effort, amplifiant la sensation de fatigue et compliquant la récupération entre les secteurs.
Le dénivelé de 11 500 mètres positifs représente l’équivalent d’une ascension de l’Everest depuis le niveau de la mer, avec les difficultés techniques en plus. Cette accumulation verticale use autant physiquement que mentalement, testant les limites de l’endurance humaine.
Duel épique avec Guillaume Beauxis

L’histoire de cette PICaPICA 2025 restera marquée par l’affrontement titanesque entre Jacoutot et Guillaume Beauxis. L’Ariégeois, évoluant sur ses terres, avait pris les commandes pendant une grande partie de la course. Cette domination locale semblait logique : connaissance parfaite du terrain, soutien du public, acclimatation aux conditions spécifiques de la région.
Malheureusement pour Beauxis, la montagne ariégeoise s’est montrée impitoyable dans les derniers kilomètres. Sur la dernière grosse difficulté, l’explosion a été brutale et définitive. Cette défaillance, cruel retournement de situation, l’a contraint à laisser filer la victoire qui semblait acquise.
Le scénario illustre parfaitement l’imprévisibilité inhérente aux ultras de montagne. Aucune avance n’est jamais définitive, aucune position n’est jamais acquise tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie. Cette leçon d’humilité rappelle que la montagne reste maîtresse du jeu.
Écart significatif au final
Les quarante minutes de retard accusées finalement par Beauxis témoignent de l’ampleur de sa défaillance. Cet écart, considérable dans le contexte d’une course aussi longue, souligne la différence entre résister et exploser dans les ultimes difficultés.
« J’avais mal aux mollets dans toutes les montées, je n’imaginais même pas le podium » – Aurélien Jacoutot, vainqueur de la PICaPICA 2025
Cette citation prend tout son sens quand on connaît l’issue de la course. Elle révèle la capacité exceptionnelle de Jacoutot à transcender ses sensations négatives pour puiser dans ses réserves ultimes. Cette faculté distingue les grands champions des coureurs talentueux.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunNicolas Bassi complète le podium en 26h28, bien plus loin des deux premiers. Cet écart abyssal de plus de deux heures avec le vainqueur illustre le niveau exceptionnel affiché par Jacoutot et Beauxis pendant l’essentiel de la course.
Sarah Vieuille souveraine chez les femmes

La course féminine a rapidement tourné au monologue pour Sarah Vieuille. Installée constamment dans le top 10 au classement scratch, elle a transformé cette PICaPICA en véritable démonstration de force. Cette performance remarquable place la Française parmi les références mondiales de l’ultra-trail féminin.
Sa domination face à Lucie Lacordaire et le reste du plateau féminin témoigne d’un niveau de forme exceptionnel. Évoluer dans le top 10 scratch sur une épreuve de cette difficulté représente un exploit en soi, confirmant les qualités hors norme de l’athlète française.
Dans un environnement aussi minéral et exigeant que l’Ariège, chaque pas constitue effectivement une victoire. Vieuille a su transformer cette succession de petites victoires en triomphe global, gérant parfaitement l’accumulation de fatigue sur près de 24 heures d’effort.
Niveau international confirmé
Cette victoire sur la PICaPICA confirme le statut international de Vieuille dans la hiérarchie de l’ultra-trail féminin. Peu d’épreuves au monde égalent la difficulté de cette course ariégeoise, et s’y imposer constitue une référence majeure dans un curriculum vitae.
L’écart avec ses poursuivantes directes souligne la marge de progression encore disponible chez ses concurrentes. Cette domination technique et physique positionne Vieuille comme une sérieuse candidate pour les grands rendez-vous internationaux de la saison.
PicAriège : format réduit mais intensité maximale
La PicAriège, version « courte » de l’événement avec ses 69 kilomètres et 6 880 mètres de dénivelé positif, a également livré son lot d’émotions. Gilles Cirone s’impose en 12h49, démontrant une maîtrise technique remarquable sur ce terrain particulièrement exigeant.
Chez les femmes, l’Espagnole Silvia Ainhoa Trigueros remporte la victoire en 16h11, confirmant la dimension internationale de l’événement. Sa présence témoigne de l’attractivité croissante de la PICaPICA au-delà des frontières françaises.
Cette formule courte permet d’élargir l’accessibilité de l’événement tout en préservant son caractère technique et exigeant. Elle constitue souvent une étape intermédiaire vers la version intégrale pour les coureurs en progression.
Organisation d’exception et mobilisation massive
Derrière cette réussite sportive se cache une organisation d’exception mobilisant pas moins de 700 bénévoles. Cette armée de passionnés transforme littéralement les bases de vie en véritables ruches d’activité, garantissant la sécurité et le confort des participants.
Cette mobilisation humaine impressionnante témoigne de l’ancrage territorial profond de l’événement. La PICaPICA appartient désormais au patrimoine sportif ariégeois, fédérant une communauté entière autour de valeurs d’effort et de dépassement de soi.
L’investissement logistique nécessaire pour sécuriser 109 kilomètres de parcours montagnard représente un défi colossal. Chaque poste de contrôle, chaque point de ravitaillement, chaque équipe de secours contribue à transformer cette aventure extrême en expérience sécurisée.
Réputation confirmée
Cette édition 2025 confirme définitivement la réputation de la PICaPICA comme ultra d’élite, réservé aux coureurs acceptant de se mettre à nu face à la montagne. Cette philosophie, loin d’être marketing, correspond à une réalité tangible que vivent tous les participants.
L’exigence technique, la sélectivité naturelle du parcours et l’engagement mental nécessaire font de cette course un révélateur impitoyable des qualités athlétiques et humaines. Chaque finisher de la PICaPICA rejoint mécaniquement une communauté restreinte d’initiés ayant franchi ce cap symbolique.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.