Quand on parle de Kilian Jornet, on évoque immédiatement cette silhouette fluide qui dévale les pentes alpines avec une aisance déconcertante. Mais derrière cette grâce naturelle se cache une machine physiologique exceptionnelle. Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un chiffre qui fascine autant qu’il interroge : la VMA de Kilian Jornet, estimée à 22 km/h.
Ce chiffre peut sembler modeste comparé aux fusées du marathon qui frôlent les 24 km/h, mais il raconte une histoire bien plus complexe que les simples statistiques. Il révèle comment le Catalan a redéfini notre conception de la performance en trail, prouvant qu’être le meilleur ne signifie pas forcément avoir les plus gros chiffres.
Sommaire
La VMA, ce fameux indicateur de performance

Qu’est-ce que la VMA exactement ?
La Vitesse Maximale Aérobie représente la vitesse à laquelle un athlète atteint sa consommation maximale d’oxygène. En termes simples, c’est la vitesse maximale qu’on peut tenir en restant dans la zone aérobie, avant que l’organisme bascule massivement sur les filières anaérobies.
Pour nous, traileurs, c’est un indicateur précieux mais pas absolu. Sur une piste d’athlétisme, la VMA détermine largement votre potentiel. En montagne, c’est différent : le terrain, l’altitude, la technicité viennent redistribuer les cartes.
Pourquoi la VMA reste importante en trail
Même si le trail ne se résume pas à la vitesse pure, la VMA garde son importance. Elle détermine votre vitesse de croisière sur les parties roulantes, votre capacité à accélérer dans les descentes techniques, et surtout votre réserve de puissance pour les moments clés d’une course.
J’ai souvent observé que les traileurs avec une VMA élevée ont cette faculté à changer de rythme facilement, à répondre aux attaques, à maintenir une intensité élevée même après plusieurs heures d’effort.
Kilian Jornet : 22 km/h de VMA, une performance à contextualiser

Un chiffre modeste en apparence
22 km/h de VMA pour Kilian Jornet, c’est effectivement moins spectaculaire que les 24 km/h d’Eliud Kipchoge ou les 24,3 km/h d’Hicham El Guerrouj. Mais ce serait une erreur de s’arrêter à cette comparaison brute.
Cette VMA de 22 km/h place Kilian dans la moyenne haute des traileurs d’élite, au même niveau que Jim Walmsley (22,5 km/h) ou légèrement au-dessus de François D’Haene (21 km/h). Ce qui fait la différence, c’est comment il exploite cette VMA.
La spécificité de l’athlète montagnard
Kilian a développé des qualités que ne reflètent pas les tests de VMA classiques. Son économie de course en montée est phénoménale. Sa capacité à maintenir un effort soutenu en altitude, là où l’oxygène se raréfie, dépasse largement ce que laisse présager sa VMA.
J’ai eu la chance d’observer Kilian lors de plusieurs courses. Ce qui frappe, c’est cette fluidité constante, cette absence de variations dans l’effort qui lui permet d’être régulier du premier au dernier kilomètre.
Comment Kilian optimise-t-il sa VMA ?

L’entraînement spécifique en altitude
Kilian vit et s’entraîne en permanence en altitude, dans les Pyrénées catalanes. Cette acclimatation naturelle lui permet de maximiser l’utilisation de l’oxygène disponible. Quand il descend au niveau de la mer, son organisme dispose d’une réserve d’oxygène supplémentaire.
Cette adaptation chronique à l’altitude explique en partie pourquoi sa VMA « classique » peut sembler modeste. Testé à 2000 mètres d’altitude, les résultats seraient différents de ceux obtenus au niveau de la mer.
La technique, son atout secret
Ce qui distingue Kilian, c’est sa technique de course exceptionnelle. Son économie gestuelle en montée comme en descente lui permet d’exploiter au maximum sa VMA. Là où d’autres gaspillent de l’énergie en mouvements parasites, lui optimise chaque foulée.
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⚡ Voir les nouveautés i-RunJ’ai souvent observé cette différence lors de courses : Kilian semble « glisser » sur le terrain tandis que d’autres coureurs paraissent lutter contre lui. Cette efficacité technique lui permet de maintenir un pourcentage élevé de sa VMA sur de très longues distances.
L’endurance, sa vraie force
La VMA ne dit rien de la capacité à la soutenir dans le temps. Kilian excelle dans ce domaine. Alors qu’un marathonien maintient 85-90% de sa VMA sur 42 km, Kilian peut probablement tenir 75-80% de sa VMA sur plus de 100 km en montagne.
Cette capacité d’endurance exceptionnelle transforme sa VMA modeste en arme redoutable sur les ultras.
La comparaison avec les marathoniens d’élite

Les monstres de vitesse
Quand on regarde les VMA des marathoniens d’élite, on entre dans une autre dimension. Eliud Kipchoge avec ses 24 km/h, Kenenisa Bekele à 23,8 km/h, ou encore Hicham El Guerrouj et ses 24,3 km/h, évoluent dans des sphères de vitesse pure inaccessibles à la plupart des traileurs.
Ces athlètes sont des spécialistes de la vitesse soutenue sur terrain plat. Leur morphologie, leur entraînement, leur technique, tout est optimisé pour maintenir une allure maximale sur route.
Deux mondes, deux logiques
Comparer directement la VMA de Kilian à celle d’Eliud Kipchoge, c’est comme comparer un alpiniste à un sprinter. Chacun excelle dans son domaine avec des qualités spécifiques.
Le marathonien optimise sa vitesse sur un terrain prévisible, avec un ravitaillement contrôlé, dans des conditions météo généralement favorables. Le traileur doit s’adapter en permanence : météo changeante, terrain technique, altitude, navigation, autonomie alimentaire…
Qu’est-ce qui fait vraiment la force de Kilian ?
L’adaptation permanente
Ce qui rend Kilian exceptionnel, ce n’est pas sa VMA isolée, mais sa capacité d’adaptation à tous les terrains. Montée raide, descente technique, altitude extrême, course de 24h… Il excelle partout avec une polyvalence unique.
Cette polyvalence nécessite des qualités que ne mesure aucun test de VMA : proprioception, équilibre, résistance mentale, gestion de l’effort sur très longue durée.
La gestion de l’effort, un art maîtrisé
Kilian a développé une intelligence tactique remarquable. Il sait quand accélérer, quand économiser, quand prendre des risques. Cette gestion fine de l’effort lui permet d’optimiser sa VMA selon les circonstances.
J’ai observé cette qualité lors de l’UTMB : alors que d’autres coureurs partent trop vite et explosent, Kilian dose parfaitement son effort pour finir en force.
La résistance à la fatigue
Sa vraie supériorité réside dans sa résistance à la fatigue. Après 15-20 heures d’effort, quand la plupart des coureurs voient leur efficacité s’effondrer, Kilian maintient un niveau proche de ses capacités initiales.
Cette résistance exceptionnelle à la fatigue multiplie l’efficacité de sa VMA sur les ultras.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.



