Kilian Jornet, légende vivante du trail running et de l’ultra-trail, a réalisé un chrono de 29 minutes et 59 secondes sur 10 km lors de la course d’Hytteplanmila en Norvège, le 17 octobre 2020. Ce temps, franchissant tout juste sous la barre symbolique des 30 minutes, représente une performance honorable pour un athlète dont la spécialité reste les sentiers montagneux et les ultra-distances.
Pour mettre ce résultat en perspective, il faut comprendre que Kilian a couru à une vitesse moyenne de 18 km/h, maintenant un rythme de 3 minutes par kilomètre sur l’ensemble de la distance. Un temps respectable, certes, mais qui reste éloigné du record du monde du 10 km établi à 26 minutes et 24 secondes par l’athlète kényan Rhonex Kipruto.
Objectif 10 Kilomètres
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Sommaire
- 1 Objectif 10 Kilomètres
- 2 Le contexte de cette tentative norvégienne
- 3 Pourquoi ce temps est-il si éloigné de ses performances en trail ?
- 4 Comparaison avec les meilleurs coureurs de 10 km
- 5 Que révèle ce temps sur les capacités de Kilian ?
- 6 Ses véritables exploits restent en montagne
- 7 En résumé : 29'59", un temps honorable mais pas exceptionnel
- 8 Les sujets tendances
Le contexte de cette tentative norvégienne

Cette participation au 10 km d'Hytteplanmila marquait la première tentative officielle de Kilian Jornet sur route, un terrain radicalement différent de ses montagnes habituelles. À 29 ans, le coureur catalan avait décidé de sortir de sa zone de confort pour explorer ses capacités sur un format court et rapide.
Les conditions météorologiques n'ont pas joué en sa faveur. Le vent soufflait ce jour-là en Norvège, pénalisant particulièrement les coureurs sur route où la résistance à l'air devient un facteur limitant à haute vitesse. Contrairement aux trails montagneux où les variations de terrain atténuent cet effet, le 10 km sur bitume expose directement les athlètes aux éléments.
Une stratégie de départ trop ambitieuse
Kilian a commis une erreur tactique rare chez lui en montagne : il est parti beaucoup trop vite. Son premier kilomètre a été bouclé en seulement 2 minutes et 48 secondes, un rythme extrêmement soutenu qui, s'il avait été maintenu, lui aurait permis d'approcher les 28 minutes sur la distance totale.
Pour y parvenir, il avait choisi de s'aligner sur le rythme des frères Ingebrigtsen, des coureurs norvégiens spécialisés dans la vitesse sur piste et route. Cette décision s'est avérée trop audacieuse pour un organisme habitué à gérer l'effort sur plusieurs heures plutôt que sur 30 minutes à intensité maximale.
Incapable de maintenir cette cadence infernale, Kilian a progressivement ralenti pour finalement franchir la ligne d'arrivée en 18e position avec son chrono de 29'59". Une performance décevante par rapport à ses ambitions initiales, mais qui témoigne de la difficulté de cette transition entre trail et route.
Pourquoi ce temps est-il si éloigné de ses performances en trail ?

La réponse tient aux différences fondamentales entre ces deux disciplines de course à pied. Le 10 km sur route est une épreuve de vitesse pure qui sollicite principalement les fibres musculaires rapides, tandis que le trail en montagne privilégie l'endurance aérobie et la capacité à gérer les efforts prolongés.
Les coureurs spécialisés sur 10 km s'entraînent spécifiquement pour développer leur VO2max (capacité maximale d'absorption d'oxygène) et maintenir un rythme très élevé pendant environ 30 minutes. Leur foulée est optimisée pour le bitume, leur cadence reste rapide et constante, et leur corps s'est adapté à cette intensité particulière.
Kilian Jornet, lui, a construit sa carrière sur des qualités différentes : endurance exceptionnelle sur longue durée, maîtrise technique des terrains accidentés, résistance mentale dans les efforts qui durent des heures voire des jours. Ses fibres musculaires sont davantage orientées vers l'endurance que vers la vitesse explosive.
La gestion du rythme, un défi majeur
Sur un 10 km routier, vous ne pouvez pas vous permettre de variations importantes de rythme. L'allure doit rester constante et élevée du premier au dernier mètre. Cette régularité absolue contraste fortement avec les courses en montagne où le terrain impose naturellement des changements de vitesse : ralentissements dans les montées raides, accélérations dans les descentes, adaptations aux passages techniques.
Kilian a payé son manque d'expérience sur ce format. Son départ trop rapide, suivi d'un ralentissement progressif, illustre une erreur de gestion tactique qu'il ne commet jamais sur ses terrains de prédilection. En trail, il sait parfaitement doser son effort pour atteindre le sommet de sa performance au bon moment.
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Comparaison avec les meilleurs coureurs de 10 km
Pour mieux comprendre la performance de Kilian, comparons son temps avec celui d'autres athlètes lors de cette même course d'Hytteplanmila. Le vainqueur, Mznegi, un coureur érythréen, a réalisé 28 minutes et 20 secondes, soit près d'une minute et quarante secondes de mieux que Kilian.
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⚡ Voir les nouveautés i-RunPlus surprenant encore, Jakob Ingebrigtsen, pourtant grand favori de l'épreuve et coureur professionnel sur piste, a connu une défaillance catastrophique et terminé en 35 minutes et 2 secondes. Son frère Philippe s'est mieux comporté avec une 6e place en 29 minutes et 3 secondes, un temps très proche de celui de Kilian.
Le record du monde du 10 km, établi à 26 minutes et 24 secondes, reste dans une dimension totalement différente. Pour approcher ce chrono, Kilian devrait modifier radicalement son entraînement pendant plusieurs mois, en privilégiant le travail de vitesse, les séances au seuil lactique et l'entraînement sur piste. Un changement qui compromettrait inévitablement ses performances dans sa discipline de prédilection.
Que révèle ce temps sur les capacités de Kilian ?

Ce chrono de 29'59" sur 10 km démontre avant tout la polyvalence exceptionnelle de Kilian Jornet. Pour un athlète spécialisé dans les ultra-trails et les ascensions en haute altitude, réaliser ce temps sans préparation spécifique constitue une belle performance.
Cela prouve que sa condition physique générale est excellente, avec une capacité cardiovasculaire qui lui permet de tenir un rythme de 3 minutes par kilomètre pendant une demi-heure. Pour vous donner un ordre d'idée, ce temps classerait Kilian parmi les meilleurs coureurs régionaux français sur cette distance, même s'il reste éloigné du niveau national et international.
Cette expérience a également permis à Kilian de mieux connaître ses limites sur un format différent. Il a découvert que sa vitesse maximale sur terrain plat, bien que respectable, ne peut rivaliser avec celle des spécialistes. Cette prise de conscience fait partie de son approche du sport : toujours apprendre, toujours progresser, toujours se remettre en question.
L'humilité d'un champion
Après la course, Kilian a reconnu avec honnêteté qu'il s'attendait à un meilleur résultat. Cette franchise témoigne de son caractère et de sa vision du sport. Contrairement à certains athlètes qui chercheraient des excuses, il a accepté simplement que cette discipline n'était pas son point fort.
Cette humilité n'enlève rien à son statut de légende du trail. Au contraire, elle renforce son image d'athlète complet qui n'a pas peur de se mesurer à de nouveaux défis, même au risque de ne pas briller comme à son habitude.
Ses véritables exploits restent en montagne
Pour véritablement apprécier le niveau de Kilian Jornet, il faut regarder du côté de ses multiples victoires à l'Ultra-Trail du Mont-Blanc, l'une des courses les plus prestigieuses et difficiles au monde. Il a également établi des records d'ascension sur les plus hauts sommets de la planète, démontrant sa capacité à performer en altitude extrême et sur terrain technique.
Son palmarès en ski-alpinisme, avec plusieurs titres de champion du monde, prouve sa polyvalence dans les sports de montagne. Kilian excelle partout où l'endurance longue, la gestion de l'altitude et la technicité sont requises.
Après cette expérience sur 10 km, il s'est d'ailleurs attaqué au record des 24 heures sur piste, un défi beaucoup plus adapté à ses qualités naturelles. Courir le plus de kilomètres possible en 24 heures correspond davantage à son profil d'ultra-traileur, même si l'épreuve se déroule sur terrain plat.
En résumé : 29'59", un temps honorable mais pas exceptionnel

Le temps de Kilian Jornet sur 10 km, établi à 29 minutes et 59 secondes, représente une performance correcte pour un non-spécialiste de la distance. Ce chrono le place largement au-dessus du coureur amateur moyen, mais reste éloigné du niveau des athlètes professionnels spécialisés sur route.
Cette tentative norvégienne restera dans sa carrière comme une expérience enrichissante, une sortie de zone de confort qui, même sans résultat exceptionnel, aura contribué à faire de lui un athlète encore plus complet. Elle illustre parfaitement sa philosophie : explorer toutes les facettes de la course à pied et repousser ses limites dans tous les domaines.
Pour ceux qui s'interrogent sur les capacités réelles de Kilian, la réponse est claire : c'est un monstre d'endurance en montagne, capable de performances hors norme sur ultra-distance, mais pas un sprinteur sur route. Et c'est justement cette spécialisation qui fait de lui le plus grand traileur de sa génération.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.



