methode cyrano

Méthode Cyrano : C’est quoi et comment la faire ? 

L’alternance marche-course n’est pas nouvelle dans l’univers de la course à pied, mais la méthode Cyrano se distingue par sa structure rigoureuse et son efficacité redoutable, notamment pour les coureurs intermédiaires et débutants confrontés au défi des longues distances. Je l’ai personnellement testée lors de ma préparation pour un ultra-trail de 80 km, et les résultats m’ont bluffé. Mais avant d’entrer dans les détails de mon expérience, plongeons dans les fondamentaux de cette approche qui fait des émules parmi les marathoniens et ultra-traileurs.

La Méthode Cyrano en un coup d’œil
PrincipeRatios recommandésAvantagesIdéal pour
Alternance codifiée entre course et marche selon un ratio prédéfiniDébutants: 4:1 (4 min course, 1 min marche)
Intermédiaires: 9:1 (9 min course, 1 min marche)
Avancés: 12:3 (12 min course, 3 min marche)
Ultra: 25:5 (25 min course, 5 min marche)
Gestion optimale de l’énergie
Réduction des risques de blessures
Meilleure récupération pendant l’effort
Défatigation mentale
Facilite la nutrition pendant l’effort
Marathons (tous niveaux)
Ultras et courses de 100 km
Trails longue distance
Coureurs cherchant à éviter le « mur »
Débutants souhaitant terminer leur première longue distance
Comment l’appliquer: Respecter strictement le ratio choisi dès le début de la course, même si vous vous sentez frais. Marcher de façon active et dynamique pendant les phases de marche. Utiliser ces pauses pour s’hydrater et s’alimenter.
Résultats attendus: Meilleure fraîcheur dans les derniers kilomètres, potentielle amélioration du chrono final, récupération post-course accélérée, réduction de la fatigue musculaire profonde.

Qu’est-ce que la méthode Cyrano au juste?

methode cyrano (1)

La méthode Cyrano repose sur un principe d’une simplicité désarmante : alterner des phases de course à pied et des phases de marche selon un schéma précis et personnalisé. Cette approche n’est pas née du hasard mais d’une observation minutieuse de la physiologie des coureurs de fond. Jean-Marc Dewelle, son créateur, a constaté que les pauses régulières permettaient de préserver le glycogène musculaire et de maintenir une fraîcheur physique et mentale sur la durée. Contrairement aux idées reçues, marcher pendant une course n’est pas un aveu de faiblesse – c’est une décision stratégique pour optimiser ses ressources énergétiques. La méthode Cyrano transforme ces moments de marche en atouts plutôt qu’en temps perdu. Elle codifie ces alternances pour en faire un véritable système d’entraînement et de compétition.

L’essence de Cyrano : structurer l’alternance pour performer

Le cœur de cette méthode réside dans les cycles d’alternance prédéfinis. Un exemple classique consiste à courir pendant 9 minutes puis marcher pendant 1 minute, en répétant ce pattern tout au long de l’effort. Cette formule n’est pas figée et peut s’adapter à chaque coureur selon son niveau, ses objectifs et le type d’épreuve. Pour un marathonien débutant, un ratio de 4 minutes de course suivies d’1 minute de marche peut s’avérer idéal. Pour un ultratrailer expérimenté sur un parcours technique, un cycle de 25 minutes de course suivies de 5 minutes de marche rapide pourrait être plus approprié. L’essentiel est de respecter scrupuleusement ces cycles dès le début de l’épreuve, même quand la fraîcheur des premiers kilomètres nous donne l’illusion que nous pourrions courir sans interruption.

Lire aussi :  Zone 2 ou Zone 3 pour faire de l’Endurance Fondamentale ? 

Pourquoi porter le nom de « Cyrano »?

Intrigué par cette appellation poétique, j’ai cherché le lien entre la méthode et le célèbre personnage d’Edmond Rostand. Jean-Marc Dewelle s’est inspiré de la ténacité et de l’intelligence tactique de Cyrano de Bergerac pour baptiser sa méthode. Comme le personnage qui utilisait son esprit affûté autant que son épée, cette approche mise sur la stratégie plutôt que sur la seule force physique pour triompher des longues distances. Le panache de Cyrano se retrouve dans cette méthode qui assume pleinement ses phases de marche, défiant l’idée conventionnelle qu’un « vrai coureur » ne marche jamais. Cette philosophie rappelle l’audace du personnage qui n’hésitait pas à aller à contre-courant des conventions de son époque.

Comment pratiquer la méthode Cyrano efficacement

methode cyrano (2)

La mise en application de la méthode Cyrano nécessite une certaine discipline et une approche méthodique. Pour en tirer les meilleurs bénéfices, plusieurs éléments doivent être pris en compte, à commencer par le choix judicieux de votre ratio course-marche.

Choisir le bon ratio course/marche pour votre niveau

Le succès de cette méthode repose en grande partie sur la sélection d’un ratio adapté à vos capacités actuelles. Un débutant pourrait commencer avec un ratio de 3:1 ou 4:1 (par exemple, 3 minutes de course suivies d’1 minute de marche). 

Un coureur intermédiaire s’orientera plutôt vers du 6:1 ou 9:1, tandis qu’un coureur avancé pourra opter pour du 12:1 ou même 15:1. Le terrain joue également un rôle déterminant dans ce choix. 

Sur un parcours vallonné, il peut être judicieux d’adapter votre ratio en marchant dans les montées les plus raides et en courant dans les descentes et sur le plat. 

Sur un parcours urbain et plat, un ratio fixe sera généralement plus efficace. J’ai personnellement expérimenté différents ratios avant de trouver celui qui me convenait parfaitement : 7 minutes de course suivies de 45 secondes de marche. Ce rythme me permet de maintenir une allure soutenue tout en préservant suffisamment d’énergie pour finir mes marathons en force.

L’importance cruciale de la discipline dès le départ

L’erreur la plus courante avec la méthode Cyrano consiste à ignorer les phases de marche programmées au début de la course, lorsque l’énergie déborde et que l’euphorie du départ nous fait croire que nous pouvons repousser indéfiniment nos limites. 

Résister à cette tentation est impératif. Mon expérience sur le marathon de Paris m’a appris cette leçon de façon cuisante. Emporté par l’ambiance électrique du départ et me sentant en pleine forme, j’ai décidé de « reporter » mes pauses de marche prévues… pour finalement m’effondrer au 32ème kilomètre. Lors de ma tentative suivante, j’ai respecté religieusement mon ratio 7:1 dès la ligne de départ, suscitant parfois l’incompréhension des coureurs autour de moi qui me voyaient marcher alors que j’étais visiblement en forme. Le résultat? J’ai amélioré mon chrono de 17 minutes et terminé avec des sensations bien meilleures.

La technique de marche active: exploiter chaque seconde

Les phases de marche ne sont pas des moments de relâchement total mais des périodes de récupération active. L’idéal est d’adopter une marche athlétique, dynamique, en gardant le buste droit et en imprimant un mouvement énergique des bras. 

Durant ces intervalles, profitez-en pour effectuer quelques étirements légers des épaules et du cou, boire quelques gorgées d’eau ou prendre une collation si nécessaire. Ces moments stratégiques peuvent également servir à vérifier votre fréquence cardiaque et ajuster votre effort en conséquence. J’ai constaté qu’une marche énergique à environ 6-7 km/h pendant ces phases me permettait de maintenir un bon rythme global tout en récupérant efficacement. L’objectif n’est pas de « se traîner » mais de réduire temporairement l’intensité de l’effort pour mieux repartir ensuite.

Lire aussi :  Fractionné 2 minutes 1 minute : Les meilleures séances 

Les avantages indéniables de la méthode Cyrano pour tous les coureurs

methode cyrano (3)

Adopter la méthode Cyrano ne se résume pas à une simple alternance mécanique entre course et marche. Cette approche offre de multiples bénéfices qui transforment radicalement l’expérience des longues distances. Voici pourquoi tant de coureurs, moi inclus, ne jurent plus que par cette technique.

Une gestion énergétique révolutionnaire sur longue distance

Le premier avantage, et sans doute le plus significatif, concerne la préservation des ressources énergétiques. Les phases de marche programmées permettent aux muscles de récupérer partiellement, réduisant l’accumulation d’acide lactique et préservant les précieuses réserves de glycogène. 

i-Run

Découvre les meilleures marques de trail running chez i-Run : chaussures, textile, nutrition… tout ce qu’il te faut pour performer sur les sentiers.

⚡ Voir les nouveautés i-Run

Cette économie d’énergie se traduit concrètement par une bien meilleure fraîcheur dans les derniers tiers de course, là où traditionnellement, le fameux « mur » attend les marathoniens. Lors de mon dernier marathon avec la méthode Cyrano, j’ai abordé le 35ème kilomètre avec une vigueur que je n’avais jamais connue auparavant. De plus, cette approche facilite grandement la gestion nutritionnelle pendant l’effort. Les périodes de marche offrent des occasions idéales pour s’alimenter et s’hydrater sans perturber le rythme respiratoire, optimisant ainsi l’absorption des nutriments essentiels pour maintenir l’effort sur la durée.

Réduction spectaculaire du risque de blessures

Les statistiques sont implacables : environ 65% des coureurs réguliers subissent une blessure chaque année. La méthode Cyrano agit comme un bouclier préventif contre ce fléau. Les micro-pauses régulières permettent aux articulations, tendons et ligaments de bénéficier d’un relâchement temporaire des contraintes mécaniques. Les impacts répétés de la course à pied sont l’une des principales causes de blessures. 

En intégrant des phases de marche, on réduit significativement le nombre total d’impacts subis par le système musculo-squelettique. À titre d’exemple, sur un marathon, un coureur utilisant un ratio 9:1 subira environ 7000 impacts de moins qu’un coureur non-stop. Mon expérience personnelle confirme cette tendance : depuis mon adoption de la méthode Cyrano il y a deux ans, je n’ai plus souffert des douleurs aux genoux qui m’handicapaient régulièrement après mes longues sorties. Cette réduction du risque traumatique représente un avantage considérable pour la longévité dans ce sport exigeant.

Un mental préservé grâce au découpage stratégique de l’effort

L’aspect psychologique de la méthode Cyrano ne doit pas être sous-estimé. Affronter un marathon ou un ultra devient nettement moins intimidant lorsqu’on le décompose en segments plus accessibles. Au lieu de voir 42 kilomètres effrayants devant soi, on perçoit une succession de petites séquences de course entrecoupées de récompenses sous forme de pauses. Cette structuration de l’effort transforme l’appréhension en confiance. 

Les phases de marche agissent comme des « réinitialisations mentales » qui permettent de repartir avec un état d’esprit rafraîchi. Lors du Trail des Templiers, j’ai pu constater à quel point cette approche facilitait ma gestion du stress et de la fatigue mentale sur les 80 kilomètres du parcours. De plus, savoir qu’une pause programmée arrive bientôt aide à repousser ses limites durant les phases de course. On peut se dire « encore 3 minutes d’effort et je pourrai marcher », ce qui rend l’intensité plus supportable et permet parfois même d’augmenter légèrement l’allure sur ces segments courus.

Et si vous voulez en savoir plus sur une autre méthode, la méthode Yasso, c’est juste ici !

Pour quelles courses la méthode Cyrano est-elle particulièrement adaptée?

methode cyrano (4)

La polyvalence de la méthode Cyrano en fait une stratégie applicable à de nombreux formats de course. Toutefois, certaines épreuves se prêtent particulièrement bien à cette approche, tant par leur nature que par les défis spécifiques qu’elles présentent.

Le marathon: terrain de prédilection pour les alternances Cyrano

Le marathon constitue sans doute le terrain d’application idéal pour la méthode Cyrano. Cette distance mythique de 42,195 km représente un défi considérable où la gestion de l’effort fait souvent la différence entre réussite et désillusion. 

Lire aussi :  Combien de kilomètres courir par semaine pour préparer son 10km ?

Pour les coureurs débutants sur marathon, adopter un ratio comme 4:1 (quatre minutes de course suivies d’une minute de marche) permet d’aborder sereinement cette distance intimidante. L’alternance réduit considérablement l’appréhension et prévient l’épuisement prématuré qui guette souvent les novices après le 30ème kilomètre. Les marathoniens intermédiaires visant une performance entre 3h30 et 4h30 tireront un bénéfice remarquable d’un ratio 9:1 ou 6:1, leur permettant de maintenir une allure régulière tout au long de l’épreuve. Cette régularité s’avère cruciale pour éviter l’effondrement dans les derniers kilomètres, phénomène tristement courant même chez des coureurs expérimentés. J’ai personnellement expérimenté différentes configurations lors de mes six marathons. Ma meilleure performance est venue avec un ratio 7:1 sur le marathon de Rotterdam, me permettant de franchir la ligne d’arrivée en 3h22, soit 13 minutes de mieux que mon précédent record établi en courant sans interruption.

Les ultras et courses de 100 km: l’alternance comme stratégie maîtresse

Si la méthode Cyrano brille sur marathon, elle devient quasiment indispensable sur les distances ultra. Sur 100 km ou plus, l’économie d’énergie n’est plus une option mais une nécessité absolue. Les ultratraileurs adoptent fréquemment des ratios comme 25:5 ou 20:5 (minutes de course:minutes de marche), particulièrement adaptés aux terrains variés des ultras. Sur ces distances extrêmes, la méthode présente un avantage déterminant: elle retarde considérablement le point de rupture. 

Sans alternance planifiée, beaucoup d’ultrarunners se retrouvent contraints de marcher après 60-70 km, mais de façon anarchique et inefficace, souvent en traînant des jambes douloureuses. Avec Cyrano, le coureur conserve sa fraîcheur bien plus longtemps et peut maintenir son ratio préétabli jusqu’aux derniers kilomètres. Lors de mon premier 100 km sur route, j’ai opté pour un ratio 12:3 qui s’est avéré parfaitement adapté. J’ai pu dépasser plusieurs concurrents dans les 20 derniers kilomètres, alors qu’ils étaient réduits à marcher en permanence, ayant épuisé leurs ressources en courant sans stratégie d’alternance.

YouTube video

Les courses en équipe et relais: une stratégie collective gagnante

Moins évidente mais tout aussi pertinente est l’application de la méthode Cyrano lors d’épreuves collectives comme les relais ou les courses en équipe. Dans ces formats, l’alternance peut servir à homogénéiser les performances et faciliter la coordination entre coéquipiers. 

Pour les courses en équipe où tous les membres doivent rester groupés, comme certains raids aventure, adopter collectivement une alternance marche-course permet de niveler les différences de niveau et de préserver les éléments les moins aguerris du groupe.

Dans les relais de type Ekiden ou ultra en équipe, la méthode permet aux relayeurs d’optimiser leur récupération entre leurs segments en intégrant des phases de marche stratégiques, particulièrement efficaces lorsque les relais s’enchaînent rapidement. L’an dernier, notre équipe a remporté le challenge entreprise d’un relais de 24h grâce à l’adoption collective de la méthode Cyrano. 

Chaque relayeur appliquait un ratio 9:1 pendant son segment, ce qui nous a permis de maintenir une performance remarquablement constante tout au long des 24 heures, là où les équipes concurrentes ont connu un net fléchissement dans les dernières heures.

5/5 - (1 vote)
quentin cartoon
Plus de publications

Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Interdit.

Retour en haut