Le Marathon Metz Mirabelle 2025 ne se courra pas. La préfecture de la Moselle a annoncé l’annulation de l’épreuve le lundi 6 octobre au soir, à seulement six jours du départ prévu le dimanche 12 octobre. Cette décision met fin à un feuilleton judiciaire et politique qui durait depuis des mois, laissant des milliers de coureurs dans l’incompréhension et la colère.
« Les déclarations de manifestations sportives ont été instruites. Concernant le marathon Metz Mirabelle, le projet n’a pas pu être validé par l’ensemble des partenaires associés, notamment les communes, compte tenu des avis défavorables. En conséquence, le marathon Metz Mirabelle ne pourra pas se tenir à cette date », indique le communiqué de la préfecture de la Moselle relayé par Le Républicain Lorrain. Vous voulez faire un marathon en Europe en 2026 ? Par ici !
Sommaire
- 1 Deux marathons programmés le même jour : une situation inédite
- 2 Un feuilleton judiciaire de plusieurs mois
- 3 La colère et l’incompréhension des coureurs
- 4 Les solutions proposées aux coureurs lésés
- 5 Réactions politiques et institutionnelles
- 6 Quand la politique prend le dessus sur le sport
- 7 Et maintenant ? L’avenir du marathon messin en question
Deux marathons programmés le même jour : une situation inédite
L’histoire du Marathon de Metz 2025 restera comme l’une des plus rocambolesques de l’histoire de la course à pied en France. Depuis janvier 2025, deux marathons étaient programmés le même jour, le 12 octobre :
- Le Marathon Metz Mirabelle, organisé par l’association historique qui portait l’événement depuis 2010
- L’Euro Marathon Metz, piloté par l’Eurométropole et la société RNK
Cette coexistence absurde relevait de l’impossible pour des raisons évidentes de sécurité, les deux parcours se croisant à plusieurs reprises sur le territoire messin. Pendant de longs mois, les coureurs ont été maintenus dans l’incertitude totale, ne sachant pas si leur course serait maintenue ou annulée.
Un feuilleton judiciaire de plusieurs mois
Le conflit entre les deux organisateurs ne date pas d’hier. Il s’inscrit dans une longue bataille juridique et politique qui a empoisonné l’organisation du marathon messin depuis plusieurs années.
2010-2022 : l’âge d’or du Marathon Metz Mirabelle
Tout commence en 2010 lorsque Belkhir Belhaddad, alors adjoint aux sports de Dominique Gros, relance le marathon de Metz. Pendant plus de dix ans, le Marathon Metz Mirabelle connaît un succès populaire constant, devenant un rendez-vous incontournable du calendrier de la course à pied en octobre.
2023 : première implosion
Après la période Covid, les tensions internes à l’association organisatrice éclatent au grand jour. Une guerre de présidents provoque l’implosion de l’association Metz Marathon. Résultat : pas de marathon en 2023, une première alerte qui fragilise gravement l’image de l’événement.
La métropole, dirigée par François Grosdidier, profite de cette crise pour remettre à plat l’organisation et le modèle de gouvernance de l’événement.
2024 : une édition fantôme
Malgré la promesse d’un retour en 2024, aucun marathon ne se tiendra cette année-là. François Grosdidier estime que l’ancien modèle reposant sur une association ne répond pas aux critères de transparence requis. Les coureurs restent une nouvelle fois sur la touche pendant que les élus s’affrontent sur les questions de gouvernance.
2025 : la guerre ouverte
En janvier 2025, la situation devient totalement ubuesque avec l’annonce de deux marathons distincts pour la même date. S’ensuivent plusieurs mois de procédures judiciaires croisées.
L’association Marathon Metz Mirabelle assigne RNK au tribunal judiciaire de Paris pour « mettre fin à tout acte de parasitisme et de confusion » et réclame le changement de date du marathon concurrent. Elle est d’abord déboutée, puis condamnée pour « dénigrement ».
Le 3 octobre 2025, coup de théâtre : le tribunal administratif de Strasbourg casse le contrat entre Metz Métropole et RNK, jugé illégal. Mais la décision ne prendra effet que le 13 octobre, soit le lendemain de l’édition 2025, permettant ainsi à l’Euro Marathon Metz de se tenir malgré l’illégalité du contrat.
6 octobre : la préfecture tranche définitivement
Face à ce chaos juridique inextricable et aux risques sécuritaires évidents, la préfecture de la Moselle intervient et invalide le Marathon Metz Mirabelle faute d’avis favorables des communes concernées par le parcours.
Seul l’Euro Marathon Metz, organisé par la métropole et RNK, est donc autorisé à se tenir le dimanche 12 octobre 2025.
La colère et l’incompréhension des coureurs
Les premières victimes de cette situation catastrophique sont les milliers de coureurs qui s’étaient inscrits au Marathon Metz Mirabelle. Leurs réactions sur les réseaux sociaux témoignent d’une colère légitime et d’un profond sentiment d’injustice.
« C’est honteux pour l’esprit sportif. Je termine ma quatrième semaine de préparation, je donne tout, et quand je lis ces articles, ça me dégoûte. Le sport, c’est du partage, pas des querelles politiques », commente Aïcha sous une publication Facebook du Marathon Metz Mirabelle.
« On peut comprendre et défendre certains points mais là ça devient du théâtre ! Juste une question, on va courir ou pas ? Encore une fois une préparation pour peut-être courir, à un moment il ne faudra pas s’étonner si personne ne s’inscrit ! Et ce jour-là, ça sera annulation pour faute de participants ? », écrit un autre coureur dépité.
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Ce qui rend cette décision particulièrement violente, c’est son timing. Une annulation six jours avant une course représente un véritable coup de massue pour des athlètes qui se préparent depuis trois à quatre mois.
Un marathon exige des mois de sacrifices : sorties longues dans le froid, week-ends entiers consacrés à l’entraînement, vie familiale et sociale adaptée aux exigences de la préparation. C’est aussi des frais engagés : inscription payée depuis longtemps, réservations d’hôtel, billets de train, congés posés au travail.
La dernière semaine avant un marathon, les coureurs lèvent le pied, récupèrent, visualisent mentalement leur course et attendent avec impatience le grand jour. Cette période de repos actif fait partie intégrante de la préparation.
Et là, tout s’écroule brutalement. Une simple décision administrative suffit à effacer des centaines d’heures d’efforts, à anéantir des objectifs personnels patiemment construits. Les coureurs se retrouvent piégés, privés de leur course pour des raisons qui n’ont strictement rien à voir avec le sport.
Les solutions proposées aux coureurs lésés
L’association Marathon Metz Mirabelle s’est engagée à rembourser intégralement les coureurs inscrits qui ne pourront donc pas participer à son épreuve annulée.
Les coureurs disposent théoriquement de la possibilité de se rabattre sur l’Euro Marathon Metz organisé par la métropole, dont les inscriptions restent ouvertes via la billetterie en ligne. Cependant, cette option ne résout en rien le problème pour ceux qui avaient spécifiquement choisi le Marathon Metz Mirabelle, ni pour ceux dont la préparation mentale était focalisée sur cette course précise.
Selon Nathalie Spormeyeur, vice-présidente de l’Eurométropole en charge des événements sportifs citée par Ici Lorraine, 8 000 dossards ont été vendus pour l’Euro Marathon Metz, dont 2 100 pour le marathon complet.
« Il n’y a qu’un seul marathon, c’est celui de l’Eurométropole », déclarait-elle quelques jours avant la décision préfectorale.
Réactions politiques et institutionnelles
Cette affaire a provoqué de nombreuses réactions dans le monde politique local. Bertrand Mertz, candidat pour le Parti Socialiste aux municipales de 2026, a regretté une « nouvelle affaire inquiétante qui vient illustrer à nouveau une gestion hasardeuse des dossiers de la ville comme de la métropole », dans des propos relayés par Moselle TV.
Au-delà des clivages partisans, c’est toute l’image de Metz qui sort écornée de ce feuilleton désastreux. Une ville incapable d’organiser sereinement un marathon perd en crédibilité sportive et en attractivité événementielle.
Quand la politique prend le dessus sur le sport
Le Marathon de Metz 2025 restera dans les annales comme un exemple parfait de ce qui se passe quand la politique municipale l’emporte sur la logique sportive.
Le marathon est censé être une fête du sport, un rendez-vous qui récompense des mois de sacrifices personnels et célèbre le dépassement de soi. À Metz, il est devenu une pièce de théâtre politique où les coureurs n’ont aucun rôle, sauf celui de victimes collatérales.
Les athlètes ont été pris en otages dans une bataille d’ego et de pouvoir qui les dépassait complètement. Leur voix n’a jamais compté dans ce conflit où seuls les considérations juridiques, politiques et territoriales avaient droit de cité.
Et maintenant ? L’avenir du marathon messin en question
Le marathon du 12 octobre passé, le feuilleton judiciaire n’est pas terminé pour autant. La question de l’édition 2026 se pose déjà avec acuité.
À l’origine, l’organisation devait être assurée par la métropole et la société RNK dans le cadre d’un contrat pluriannuel. Mais la décision du tribunal administratif de Strasbourg qui casse ce contrat pour cause d’illégalité remet naturellement tout en cause pour les années futures.
Qui organisera le marathon de Metz en 2026 ? Selon quelles modalités ? Avec quel modèle de gouvernance ? Toutes ces questions restent en suspens et ne pourront être résolues qu’après l’apaisement des tensions actuelles.
Une chose est certaine : les organisateurs, quels qu’ils soient, devront reconquérir la confiance d’une communauté de coureurs profondément échaudée par cette édition 2025 chaotique.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.
