Dans le monde de la course à pied, une tendance pour le moins surprenante fait son apparition. Les médailles de finisher, ces précieux sésames remis aux coureurs franchissant la ligne d’arrivée du Marathon de Paris 2025, se retrouvent déjà en vente sur des plateformes comme Leboncoin ou Vinted. Et pas à n’importe quel prix ! Certaines annonces affichent fièrement un tarif de 150 euros pour ces bijoux métalliques censés symboliser l’aboutissement d’un parcours personnel.
Sommaire
Un phénomène qui interroge sur la valeur de l’effort sportif
Ces médailles ne représentent-elles pas bien plus qu’un simple objet décoratif ? Chaque coureur sait pertinemment que derrière ce disque brillant se cachent des mois d’entraînement, des réveils aux aurores, des sorties sous la pluie battante, des muscles endoloris et parfois même des larmes de douleur ou de découragement.
La médaille de marathon : trophée personnel ou simple marchandise ?
Repensons un instant à ce moment magique où, après 42,195 kilomètres d’effort intense, la médaille vient se poser sur notre poitrine. Les jambes lourdes, le souffle court, mais le cœur léger d’avoir accompli ce défi personnel. Cette médaille de finisher incarne à elle seule le dépassement de soi, l’aboutissement d’un projet personnel parfois né des mois, voire des années auparavant. Alors comment expliquer que certains coureurs s’en séparent avec tant de facilité ? L’explication est peut-être à chercher dans notre société ultra-connectée où tout devient instantanément monnayable.
Le souvenir d’une performance sportive n’échappe visiblement pas à cette règle. Les commentaires sur les réseaux sociaux oscillent entre incompréhension totale et respect du choix personnel. « Ma médaille du marathon de New York repose dans une vitrine chez moi, je ne m’en séparerais pour rien au monde », confie Laurent, 43 ans, alors qu’Émilie, 31 ans, affirme sans détour : « Une fois la ligne franchie et la photo prise, je n’y accorde plus vraiment d’importance ».
Une pratique qui prend de l’ampleur
Ce qui frappe dans cette actualité, c’est la rapidité croissante avec laquelle ces objets symboliques sont mis en vente. Si auparavant on pouvait trouver quelques médailles anciennes proposées par des collectionneurs ou des coureurs ayant pris de la distance avec leur pratique sportive, nous assistons maintenant à un phénomène de revente quasi immédiate. Des dizaines d’annonces avaient alors inondé les plateformes de vente entre particuliers, certaines atteignant la somme faramineuse de 300 euros ! Une inflation qui témoigne peut-être de la valeur particulière accordée à tout ce qui touche à l’événement olympique. Face à l’ampleur du phénomène, Vinted avait d’ailleurs fini par supprimer toutes ces annonces, les jugeant contraires à ses règles d’utilisation. Un précédent qui devrait alerter les vendeurs actuels sur le caractère potentiellement éphémère de leurs annonces.
Des prix qui défient l’entendement pour un bout de métal
Parlons chiffres un instant. 150 euros pour une médaille dont le coût de fabrication ne dépasse probablement pas quelques euros, voilà qui interpelle. D’autant plus que le dossard du Marathon de Paris 2025 était déjà fixé à un tarif avoisinant les 120 euros. En revendant leur médaille à ce prix, certains coureurs parviennent donc presque à rentabiliser leur participation ! Cette inflation des prix s’explique sans doute par la rareté relative de ces objets. Malgré les milliers de participants, seuls ceux ayant franchi la ligne d’arrivée peuvent prétendre à ce trophée. Une exclusivité qui crée mécaniquement de la valeur aux yeux des collectionneurs ou des personnes souhaitant s’offrir le prestige d’une performance qu’ils n’ont pas accomplie eux-mêmes.
Le rapport à l’argent dans le milieu de la course à pied mérite qu’on s’y attarde. Dans un sport où l’équipement peut rapidement atteindre des sommes considérables (chaussures techniques à 200 euros, montres GPS à 500 euros, tenues adaptées…), la tentation de récupérer une partie de son investissement peut sembler légitime pour certains pratiquants.
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Faut-il s’indigner de cette pratique ou respecter le libre arbitre de chacun ? La question mérite d’être posée sans jugement hâtif. Après tout, chaque coureur entretient une relation unique avec son sport et les symboles qui l’accompagnent. Pour certains, la médaille n’est qu’un objet encombrant destiné à prendre la poussière dans un tiroir.
Leur véritable récompense réside dans l’accomplissement personnel, les sensations vécues pendant la course ou les souvenirs impérissables gravés dans leur mémoire. « Je n’ai pas besoin d’un bout de métal pour me rappeler que j’ai couru un marathon », explique Thomas, habitué des longues distances. Pour d’autres, la médaille représente un témoignage tangible d’un moment de vie important, un objet presque sacré qu’ils transmettront peut-être un jour à leurs enfants ou petits-enfants. « Chacune de mes médailles raconte une histoire différente, avec ses propres défis et émotions », confie Marie, collectionneuse assumée de ces précieux sésames.
La valeur émotionnelle face à la valeur marchande
Il existe une différence fondamentale entre courir pour la médaille et courir pour l’expérience. Les coureurs les plus expérimentés savent que l’essence de leur passion ne se résume pas à l’accumulation de trophées. La véritable victoire se situe souvent dans le processus d’entraînement, l’amélioration progressive de ses performances, ou simplement dans le plaisir de courir. Une anecdote personnelle me revient en mémoire : lors d’un trail particulièrement exigeant dans les Alpes, l’organisateur avait choisi de remplacer les traditionnelles médailles par des plants d’arbres à replanter. Un symbole fort qui rappelait que la valeur d’une course ne se mesure pas à l’éclat d’une médaille, mais à l’empreinte qu’elle laisse en nous et autour de nous. Néanmoins, qu’en est-il des acheteurs ? Quelle satisfaction peut-on retirer à exhiber fièrement une médaille pour une performance qu’on n’a pas réalisée soi-même ? C’est peut-être là que le bât blesse et que la frontière entre collection et imposture devient floue.
Risque de suppression des annonces
Les vendeurs pressés de transformer leur exploit sportif en gain financier devraient toutefois rester sur leurs gardes. L’expérience du « Marathon pour tous » des JO de 2024 montre que les plateformes de vente entre particuliers peuvent décider de supprimer ces annonces si elles estiment qu’elles contreviennent à leurs conditions d’utilisation. Vinted avait notamment invoqué des raisons éthiques pour justifier le retrait massif des annonces de médailles olympiques. La plateforme considérait que ces objets, remis dans un cadre spécifique pour récompenser un mérite sportif personnel, n’étaient pas destinés à la revente commerciale. Les responsables du Marathon de Paris pourraient également intervenir auprès de ces plateformes pour demander le retrait de ces annonces, considérant qu’elles portent atteinte à l’esprit de l’événement et dévalorisent la récompense offerte aux finishers.
Les conditions d’utilisation des plateformes face aux objets symboliques
Le règlement de Leboncoin stipule que les objets mis en vente doivent être la propriété légitime du vendeur, ce qui est techniquement le cas pour ces médailles. Cependant, une zone grise existe concernant les objets à forte charge symbolique remis dans un cadre prestigieux. D’autres plateformes comme eBay ont déjà dû intervenir par le passé pour encadrer la vente de médailles militaires ou de distinctions honorifiques. Les médailles sportives pourraient progressivement rejoindre cette catégorie d’objets soumis à des restrictions particulières.
Pour l’heure, aucune communication officielle n’a été faite par Leboncoin ou Vinted concernant spécifiquement les médailles du Marathon de Paris 2025. Les vendeurs jouissent donc encore d’une certaine liberté, mais celle-ci pourrait être de courte durée si le phénomène prenait trop d’ampleur ou suscitait une controverse médiatique importante.
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Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.
