Dans les hauteurs vertigineuses du Colorado, François d’Haene peaufine les derniers détails d’un projet qui pourrait redéfinir les limites du trail en haute altitude. Le quadruple vainqueur de l’UTMB attend désormais le moment idéal pour s’élancer sur la mythique Nolan’s 14, une traversée qui défie toute logique sportive traditionnelle.
Sommaire
Le défi de la Nolan’s 14 expliqué
Une traversée hors du commun
La Nolan’s 14 représente bien plus qu’une simple course de montagne. Cette ligne imaginaire tracée à travers la Sawatch Range connecte 14 sommets culminant tous au-dessus de 4300 mètres d’altitude. L’objectif ? Enchaîner ces géants rocheux en moins de 60 heures, sans aucun balisage ni ravitaillement imposé.
François d’Haene s’attaque à un parcours de 166 kilomètres avec pas moins de 15 000 mètres de dénivelé positif. Ces chiffres donnent le vertige, même aux traileurs les plus aguerris. Le record actuel en version « supportée » s’établit à 39h06, un chrono que le Français espère pulvériser.
L’origine d’une légende alpine
Créée dans les années 90 par des montagnards américains épris de verticalité, cette traversée ne ressemble à aucune épreuve officielle. Aucun dossard, aucune rubalise, aucun classement : juste l’homme face à la montagne dans sa forme la plus pure. Cette philosophie séduit particulièrement d’Haene, habitué aux aventures off qui forgent le caractère.
Les préparatifs méticuleux de François d’Haene
Reconnaissance et acclimatation
Depuis plusieurs jours, l’équipe française arpente chaque passage technique de cette traversée légendaire. Mardi dernier, ils ont atteint le Missouri Mountain, dernière étape de leur reconnaissance exhaustive. Cette phase préparatoire s’avère cruciale car la navigation se fait souvent hors sentier, avec une précision millimétrique requise sur plusieurs jours.
L’acclimatation à l’altitude constitue un autre défi majeur. À plus de 4000 mètres, l’organisme subit les effets de l’hypoxie, transformant chaque montée en véritable calvaire pulmonaire. D’Haene alterne intelligemment les périodes de reconnaissance technique avec des phases de repos indispensables.
Une équipe rodée aux grands défis
Le champion français s’appuie sur son équipe historique, celle-là même qui l’a accompagné lors de ses exploits sur le GR20 corse ou la John Muir Trail californienne. Cette cohésion d’équipe représente un atout considérable dans un projet où chaque détail logistique peut faire basculer le succès ou l’échec.
« Ce projet me sert de base solide pour l’UTMB. Il me donne de l’altitude, du technique, du volume, sans l’intensité d’un dossard. »
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L’attente de la fenêtre météorologique idéale
Un facteur déterminant
Dans cette épopée sans filet de sécurité, la météorologie devient l’arbitre suprême. Une erreur de timing peut coûter des heures précieuses, voire compromettre l’intégralité du projet. Les bulletins météo font désormais l’objet d’une surveillance constante, chaque nuage étant scruté avec l’attention d’un pilote de ligne.
Les conditions climatiques en haute montagne changent avec une rapidité déconcertante. Un ciel dégagé peut basculer vers l’orage en quelques minutes, rendant certains passages techniques particulièrement dangereux. D’Haene le sait : mieux vaut attendre que de compromettre des mois de préparation pour quelques heures d’impatience.
L’art du timing parfait
Cette attente studieuse fait partie intégrante de la stratégie. Contrairement aux courses traditionnelles où la date est fixée des mois à l’avance, les FKT (Fastest Known Time) laissent cette liberté de choisir le moment optimal. Cette flexibilité représente à la fois un avantage et une pression psychologique supplémentaire.
Une stratégie sportive bien pensée
Un projet structurant pour la saison
Loin d’être une fantaisie alpine, cette tentative s’inscrit dans une planification sportive minutieuse. D’Haene structure sa saison entière autour de ce FKT, y voyant une préparation idéale pour l’UTMB. L’altitude, la technicité et le volume d’entraînement s’accumulent naturellement, sans la pression psychologique d’une compétition officielle.
Cette approche reflète l’évolution du trail moderne, où les aventures off prennent une importance croissante. Elles permettent d’explorer de nouveaux territoires sportifs tout en conservant l’essence sauvage de la discipline.
Une alternative au stage alpin classique
Plutôt que de suivre un stage d’altitude traditionnel, François d’Haene transforme cette quête de record en camp d’entraînement grandeur nature. Cette philosophie lui permet de tester matériel, logistique et cohésion d’équipe dans des conditions réelles de stress et de fatigue.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.
