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David Roche revient sur sa Western States : « J’ai déçu mes proches et j’en ai honte »

Dans une vidéo bouleversante intitulée « Breakable », David Roche livre un témoignage poignant sur son abandon lors de la Western States 100. Loin des justifications habituelles, le coureur du Colorado assume sa défaillance mentale et évoque sans détour la honte qui l’habite depuis cette course manquée.

L’effondrement d’un rêve parfait

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Le scénario idéal qui tourne au cauchemar

L’histoire devait être belle. David Roche, fauché par une voiture l’année précédente, avait orchestré un retour spectaculaire ponctué d’une victoire sur le Javelina Jundred et d’un Golden Ticket pour la mythique Western States. La revanche parfaite était à portée de main.

Tout avait d’ailleurs remarquablement commencé. Roche gérait intelligemment sa course, évoluait dans le rythme du peloton de tête, pointait à Robinson Flat en 6e position, puis doublait même Kilian Jornet peu après le 50e kilomètre. « Je me suis dit que tout se mettait en place », confie-t-il dans sa vidéo.

Mais à peine avait-il prononcé ces mots que son corps a commencé à flancher : vomissements, vision troublée, troubles digestifs. Les symptômes physiques n’étaient pourtant que la partie émergée de l’iceberg.

Quand l’esprit lâche avant les jambes

À Michigan Bluff, à mi-parcours, il figure encore dans le top 5. Mais quelque chose se brise à l’intérieur. La chaleur, la fatigue et les symptômes physiques réveillent une peur irrationnelle qui va le paralyser.

« Je ne voyais plus très bien. Et dans ma tête, c’était la panique : est-ce que je vais finir à l’hôpital ? Est-ce que je serai encore là pour mes enfants si je continue ? » Ces questions obsédantes transforment un malaise passager en catastrophe mentale.

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Ce ne sont pas ses jambes qui l’arrêtent. C’est le doute. C’est la peur. C’est un cerveau qui décroche brutalement, laissant un athlète compétent mais soudain émotionnellement figé au milieu du sentier.

L’abandon intérieur : « J’étais comme dans un coma émotionnel »

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Une paralysie mentale inédite

David Roche ne s’effondre pas en larmes sur le sentier. Il ne hurle pas sa frustration. Il se fige, tout simplement. Huitième, encore parfaitement en course, il s’immobilise dans un état qu’il décrit comme un « coma émotionnel ».

« J’étais là, debout, à hyperventiler, incapable d’avancer », raconte-t-il. Et personne ne le double. Ce détail révèle la cruauté de la situation : il avait encore toutes les capacités physiques pour continuer, mais son mental avait capitulé sans préavis.

Ce n’est pas un mur classique de l’ultra-distance. Ce n’est pas une défaillance physique prévisible. C’est un abandon intérieur dont il ne maîtrise pas les codes, et qui le laisse totalement désemparé.

Le poids de la déception

Plus tard, il confiera : « Je me suis senti vide. J’avais honte. Honte d’avoir échoué. Honte d’avoir déçu ceux qui croyaient en moi. » Cette phrase résume toute la complexité psychologique de l’abandon en ultra-trail.

Car au-delà de l’échec personnel, c’est le sentiment d’avoir trahi la confiance de ses proches qui torture Roche. Sa famille, ses amis, ses followers qui avaient suivi son parcours de résilience depuis l’accident : tous semblaient compter sur cette revanche symbolique.

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Le traumatisme non digéré : quand le passé rattrape le présent

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Un accident mal assimilé

Ce n’est qu’après la course que David Roche parvient à identifier les vraies causes de son effondrement. L’accident de vélo qui l’avait projeté contre une barrière l’année précédente n’avait jamais été vraiment assimilé psychologiquement.

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« J’ai travaillé mon corps. Mais pas assez mon cerveau », admet-il avec une lucidité douloureuse. Ce traumatisme enfoui a refait surface au pire moment, transformant des symptômes physiques bénins en déclencheurs de panique.

La proximité temporelle entre l’accident et cette course majeure a créé un cocktail émotionnel explosif qu’il n’avait pas anticipé. Son cerveau, confronté aux signaux d’alerte du corps, a réactivé les circuits de la peur liés à l’accident.

La pression du retour héroïque

L’envie de briller pour ses enfants, la pression du récit de rédemption, l’attente du public : autant d’éléments qui ont amplifié sa vulnérabilité psychologique. Roche portait sur ses épaules bien plus qu’une simple course.

Il incarnait l’espoir de tous ceux qui luttent pour revenir après un traumatisme. Cette charge symbolique a paradoxalement fragilisé sa résistance mentale au moment crucial.

« La thérapie, c’est la suite » : vers la reconstruction

Un appel à l’aide courageux

Après son abandon, David Roche a publié un message fort sur Instagram, évoquant des « peurs irrationnelles » liées à sa santé et le besoin urgent de se faire accompagner : « Des angoisses infondées que je dois travailler avec un psychologue… voire un exorciste. »

Cette capacité à demander de l’aide publiquement témoigne d’un courage exemplaire dans un milieu sportif où la vulnérabilité est souvent perçue comme une faiblesse.

Un projet de reconstruction assumé

« Ce qui vient maintenant ? La thérapie. Comprendre comment mon accident m’a affecté. Et revenir, quitte à marcher jusqu’à la ligne d’arrivée », annonce-t-il. Cette approche méthodique de la reconstruction psychologique montre sa maturité face à l’épreuve.

Il conclut sur une note d’espoir : « Dans un an, j’aimerais raconter une course où j’ai vu mes peurs, où je leur ai fait un gros câlin… et où j’ai tenté ma chance, même si l’échec m’attendait au bout. »

Un message universel sur la honte et le pardon

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Briser le tabou des abandons mentaux

David Roche transforme son échec personnel en enseignement collectif. « J’ai abandonné, mais j’ai compris pourquoi. Et ça me rendra meilleur. Meilleur papa, meilleur mari, meilleur coach. »

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Son témoignage brise un tabou du milieu trail : celui des abandons mentaux que personne ne montre mais que beaucoup vivent. Ces moments où le corps pourrait continuer mais où l’esprit dit stop.

Un appel à la bienveillance

À tous ceux qui ressentent de la honte ou du regret, il adresse ce message libérateur : « On vous voit. On vous aime. Essayez de vous pardonner. »

Cette phrase résonne bien au-delà du trail. Elle s’adresse à tous ceux qui portent le poids de leurs échecs, de leurs abandons, de leurs moments de faiblesse.

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Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.

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