Le dimanche 5 octobre 2025, Courtney Dauwalter a surpris l’ensemble de la communauté du trail et de la route en faisant ses débuts professionnels sur marathon. À 40 ans, la légende vivante de l’ultratrail a bouclé le Twin Cities Marathon dans le Minnesota en 2h49:54, soit une moyenne de 6:29 par mile (environ 4:02 au kilomètre).
Cette performance intervient seulement un mois après sa difficile 10e place à l’UTMB 2025, où elle avait mené les deux premiers tiers des 108 miles autour du Mont Blanc avant de connaître une défaillance spectaculaire dans les derniers 28 miles. Ce marathon représente donc une forme de renaissance après cette déception marquante.
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Des conditions loin d’être idéales
Les conditions météorologiques du jour n’ont pas facilité la tâche de Dauwalter. Les températures ont atteint près de 70 degrés Fahrenheit (environ 21°C), une chaleur inhabituelle pour un marathon d’octobre dans le Minnesota. De plus, des rafales de vent atteignant 24 miles par heure au départ à Minneapolis ont compliqué la gestion de l’effort.
Malgré ces obstacles, Dauwalter a démontré une gestion d’allure quasi parfaite. Elle est passée au semi-marathon en 1h24:08, soit une moyenne de 6:24 par mile, avant de ralentir légèrement dans la seconde moitié alors que la chaleur et le vent s’intensifiaient sur le parcours menant à Saint Paul.
Vêtue de son style caractéristique – short long et ample associé à un t-shirt orange vif – elle a terminé 7e femme au scratch, remportant 1000 dollars de prix. Son sourire habituel était présent sur la ligne d’arrivée, bien que légèrement teinté d’une grimace révélatrice de l’intensité de l’effort fourni.
Un retour aux sources
Si cette course marque une première significative dans la carrière professionnelle de l’ultrarunneuse, elle représente aussi un retour aux sources. Dauwalter a grandi à Hopkins, Minnesota, à proximité immédiate de la ligne d’arrivée à Saint Paul. Une grande partie de sa famille vit toujours dans la région.
Plus encore, il ne s’agit pas de son premier marathon à Twin Cities. En 2009, alors qu’elle enseignait les sciences en collège à Denver à l’âge de 24 ans, elle avait fait ses débuts sur marathon sur ce même parcours en 3h18:14. À l’époque, elle déclarait ne pas pouvoir croire que des gens couraient 26,2 miles avec leurs pieds, trouvant cela impossible.
Elle était revenue en 2012 pour courir côte à côte avec ses deux frères, terminant en 3h52:48. Entre ces performances amateurs et son chrono actuel, la progression est spectaculaire : elle a gagné plus de 28 minutes par rapport à son premier marathon, seize ans plus tôt.
Un parcours atypique vers le marathon
Contrairement à la plupart des marathoniennes d’élite qui grimpent les échelons en passant du cross-country universitaire aux 5000 et 10000 mètres sur piste avant d’aborder le marathon, Dauwalter a emprunté un chemin totalement différent.
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⚡ Voir les nouveautés i-RunAvant de devenir la Reine de la Grotte de Douleur (surnom donné à sa capacité légendaire à endurer la souffrance), elle a couru le cross-country et l’athlétisme au lycée, réalisant 18:47.30 sur 5000 mètres. Son sport principal était cependant le ski de fond, discipline dans laquelle elle a été championne d’État du Minnesota à quatre reprises avant de concourir en Division I à l’Université de Denver.
La dernière décennie l’a vue dominer l’ultrarunning mondial, multipliant les records et les victoires légendaires :
- Victoires multiples à UTMB, Hardrock et Western States, incluant le triplé historique la même année
- Victoire au scratch (hommes et femmes confondus) au Moab 240
- Innombrables records de parcours et FKTs sur des distances dépassant les 100 miles
En bref, elle a accompli pratiquement tout ce qui peut l’être dans le monde de l’ultrarunning. Mais si une chose caractérise Dauwalter, c’est bien son refus de la complaisance et sa soif permanente de nouveaux défis.
Comment se situe-t-elle face aux autres athlètes ayant changé de discipline ?
Jim Walmsley
Jim Walmsley, détenteur du record masculin de Western States en 14:09:28 et premier Américain vainqueur de l’UTMB en 2023, a couru son premier marathon lors des Trials olympiques 2020 en 2h15:05 pour une 22e place.
Contrairement à Dauwalter, Walmsley possédait déjà une solide expérience sur piste et route, ayant couru en Division I à l’Académie de l’Air Force et détenu le record du monde du 50 miles sur route en 4h50:08 en 2019. Son temps reste 33 minutes plus rapide que celui de Dauwalter.
Jenny Simpson
Jenny Simpson, triple olympienne et championne du monde 2011 sur 1500 mètres, médaillée de bronze olympique à Rio 2016, a tenté la transition vers le marathon à 37 ans. Ses débuts aux Trials olympiques 2024 se sont soldés par un abandon au 18e mile.
Elle a ensuite couru Boston 2024 en 2h31:39 (18e place) et New York en 2h31:54 avant de prendre sa retraite. Malgré son immense palmarès sur piste, la distance marathon s’est révélée un défi bien plus ardu que prévu. Dauwalter, à 40 ans, réalise un temps seulement 18 minutes plus lent que Simpson à Boston.
Alex Yee
Alex Yee, champion olympique de triathlon à Paris 2024, a fait ses débuts marathon à Londres 2025 en 2h11:08 pour une 14e place. Mais Yee n’est pas novice en course à pied pure : champion britannique du 10000 mètres en 2018 avec 27:51.94, il a aussi couru le 5000 en 13:28.18.
Sa transition bénéficie d’une base athlétique exceptionnelle sur piste, rendant la comparaison avec Dauwalter moins pertinente. Son chrono reste néanmoins 38 minutes plus rapide.
Rachel Drake
Rachel Drake, championne américaine de trail marathon en 2018 et victorieuse du Black Canyon 100K en 2024, présente un profil plus comparable à Dauwalter. Elle a couru son premier marathon à Grandma’s Marathon en 2019 en 2h40:17, qualifiant ainsi pour les Trials olympiques 2020.
Son record personnel établi au California International Marathon 2023 s’élève à 2h35:28. Drake, comme Dauwalter, jongle entre carrière sportive et vie familiale – elle est mère de deux enfants et résidente en anesthésiologie.
Voir le temps de son collègue Mathieu Blanchard sur marathon ici.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.
