Partir à l’assaut du GR20, cette mythique traversée corse réputée comme l’un des sentiers de grande randonnée les plus techniques d’Europe, commence par une étape souvent sous-estimée : rejoindre son point de départ. Calenzana, petit village niché au nord de l’île de Beauté, constitue la porte d’entrée traditionnelle de cette aventure extraordinaire. Préparer minutieusement son trajet jusqu’à ce point stratégique s’avère aussi crucial que l’organisation de la randonnée elle-même. Dans mon expérience de traileur, j’ai constaté que les premières heures sur un territoire déterminent souvent la qualité globale de l’expérience. Voici donc un guide détaillé pour vous permettre d’atteindre sereinement ce joyau corse, point de lancement idéal d’une épopée montagnarde inoubliable.
Sommaire
Mode de transport | Point d’entrée en Corse | Comment rejoindre Calenzana | Durée approximative | Coût estimé | Avantages | Inconvénients |
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Avion | Aéroport de Calvi | Taxi, bus ou auto-stop jusqu’à Calenzana (13 km) | Vol : 1h-1h30 Transfert : 30 min | Vol : 80-250€ Transfert : 5-30€ | Rapide, proximité immédiate | Prix variable selon saison, bagages limités |
Avion | Aéroport de Bastia | Bus jusqu’à Calvi puis taxi/bus vers Calenzana | Vol : 1h30-2h Transfert : 3h | Vol : 80-250€ Transfert : 30-50€ | Plus de vols disponibles | Distance importante, correspondances multiples |
Ferry | Port de Calvi | Taxi, bus ou auto-stop jusqu’à Calenzana | Traversée : 5-7h Transfert : 30 min | Ferry : 50-200€ Transfert : 5-30€ | Transport de matériel volumineux, confort | Durée importante, sensible aux conditions météo |
Ferry | Port de l’Île-Rousse | Bus jusqu’à Calvi puis transfert vers Calenzana | Traversée : 4-6h Transfert : 1h | Ferry : 50-200€ Transfert : 15-40€ | Plus de liaisons disponibles | Correspondance supplémentaire |
Train | Gare d’Ajaccio | Train Ajaccio-Calvi puis transfert vers Calenzana | Train : 4h Transfert : 30 min | Train : ~20€ Transfert : 5-30€ | Paysages exceptionnels, expérience authentique | Fréquence limitée, vitesse modérée |
Combinaison | Aéroport d’Ajaccio | Bus vers centre-ville, train jusqu’à Calvi, puis transfert | Total : 5-6h | Total : 30-60€ | Solution économique | Durée importante, coordination des horaires |
Départ depuis Vizzavone | Gare de Vizzavone | Départ direct depuis la gare (mi-parcours du GR20) | Selon point d’entrée en Corse | Variable | Option semi-GR20, accès ferroviaire direct | Expérience partielle du GR20 |
L’accès par avion

L’option aérienne représente indéniablement le moyen le plus rapide d’accéder à la Corse depuis le continent. L’aéroport de Calvi, situé à seulement 13 kilomètres de Calenzana, constitue la solution optimale pour les traileurs pressés souhaitant gagner du temps précieux. Les vols au départ de Paris ne prennent qu’1h30, tandis que ceux de Marseille ou Nice vous transportent sur l’île en à peine une heure. Cette proximité exceptionnelle fait de Calvi un choix logistique brillant pour entamer votre aventure. Air France et sa filiale Air Corsica assurent des liaisons régulières, particulièrement durant la haute saison. EasyJet propose également des vols à tarifs souvent attractifs. Ma petite astuce de voyageur aguerri : surveillez les promotions plusieurs mois à l’avance, car les prix peuvent varier considérablement selon la période. J’ai personnellement déniché des billets à moins de 100€ l’aller en m’y prenant quatre mois avant mon départ pour le GR20.
Stratégie de billet aller-retour pour le GR20
Puisque le GR20 n’est pas une boucle mais une traversée linéaire, adoptez une stratégie intelligente pour vos billets d’avion. Privilégiez un billet « open jaw » – atterrissage à Calvi au nord et décollage depuis Figari au sud. Cette approche vous évitera de devoir retraverser toute l’île après votre randonnée. Les compagnies aériennes proposent généralement cette option, parfois appelée « multi-destinations » sur leurs plateformes de réservation. Les trois autres aéroports corses – Bastia au nord-est, Ajaccio à l’ouest et Figari au sud – constituent des alternatives valables selon votre itinéraire global. Bastia, bien que plus éloigné de Calenzana, offre davantage de vols internationaux. Ajaccio, capitale régionale, présente l’avantage d’une connexion ferroviaire directe vers Calvi. Figari s’impose comme le point de départ idéal pour le retour si vous accomplissez le GR20 dans sa totalité, du nord au sud.
Les options de transport entre Calvi et Calenzana

Une fois posé le pied sur le tarmac calvais, le village de Calenzana vous attend à une quinzaine de kilomètres. Trois options principales s’offrent à vous pour franchir cette ultime étape avant l’entrée dans l’univers sauvage du GR20. Chacune correspond à un profil de voyageur différent, entre praticité, économie et aventure.
Le réseau de transport public corse propose des liaisons régulières entre Calvi et Calenzana. Un trajet d’environ 30 minutes en autocar vous dépose directement au pied des premiers sentiers du GR20. Ces navettes partent généralement de la gare de Calvi, plaque tournante des transports publics locaux. Le tarif modique (souvent moins de 5€) en fait l’option privilégiée des randonneurs économes. Attention toutefois : la fréquence des bus varie considérablement selon la saison. En été, période de forte affluence, plusieurs départs quotidiens sont programmés. Hors saison, le service peut se limiter à un ou deux bus par jour. Une vérification préalable auprès de l’office du tourisme de Calvi s’impose pour éviter toute déconvenue. Lors de ma dernière traversée en mai, j’ai découvert que certaines navettes ne fonctionnaient pas encore, malgré les informations contraires trouvées en ligne.
Le taxi :
Pour ceux qui privilégient la rapidité et le confort, les taxis constituent une solution pratique, bien que plus onéreuse. Des véhicules stationnent en permanence à l’aéroport et à la gare de Calvi. Le trajet jusqu’à Calenzana s’effectue généralement sur la base d’un forfait oscillant entre 20 et 30 euros. Ce prix peut sembler élevé pour une courte distance, mais la commodité justifie souvent l’investissement, surtout si vous transportez un équipement conséquent. Ma recommandation de traileur expérimenté : n’hésitez pas à négocier le tarif, particulièrement si vous voyagez en groupe. Les chauffeurs locaux peuvent également se révéler d’excellentes sources d’informations sur les conditions actuelles du sentier, les refuges récemment rénovés ou les sections particulièrement techniques. Un chauffeur calvais m’avait ainsi alerté sur des chutes de pierres récentes après de fortes pluies, information précieuse qui m’a permis d’adapter mon itinéraire.
L’auto-stop :
Les aventuriers au budget serré et désireux d’une immersion culturelle optent souvent pour l’auto-stop. La Corse conserve une tradition d’entraide et d’hospitalité qui rend cette pratique particulièrement viable sur l’île. Le pouce levé au bord de la D151 entre Calvi et Calenzana vous permettra généralement d’atteindre votre destination en moins d’une heure. Cette option présente plusieurs avantages au-delà de la gratuité : rencontres avec les locaux, conseils personnalisés sur le sentier, et parfois même invitation à déguster un canistrelli (biscuit corse traditionnel) avant l’effort…
Ma plus belle expérience en auto-stop m’a conduit chez un berger qui m’a offert un morceau de son brocciu (fromage frais) fait maison, promesse gustative des délices qui m’attendaient le long du sentier. Prévoyez néanmoins cette option si vous disposez d’une certaine flexibilité temporelle. En basse saison ou pendant les heures creuses, le trafic peut s’avérer limité sur cette route secondaire.
Les alternatives maritimes pour rejoindre la Corse

L’avion n’est pas l’unique moyen d’atteindre l’île de Beauté. Le ferry représente une option séduisante, particulièrement pour les traileurs transportant un équipement volumineux ou ceux souhaitant emmener leur véhicule. Les traversées depuis le continent offrent également une entrée en matière spectaculaire, avec des panoramas maritimes saisissants sur les falaises corses.
Les liaisons par ferry vers le GR20
Plusieurs compagnies maritimes opèrent des liaisons régulières entre le continent français et la Corse. Corsica Linea, Corsica Ferries, La Méridionale et Moby Lines proposent des départs depuis Toulon, Nice ou Marseille. La traversée dure approximativement 6 heures pour relier Nice à Calvi ou Toulon à l’Île-Rousse (située à environ 25 kilomètres de Calenzana). Ces traversées offrent l’avantage indéniable du confort.
Cabines privatives, restaurants, espaces détente… Le voyage devient partie intégrante de l’aventure. Les tarifs varient considérablement selon la saison, oscillant entre 50€ en période creuse jusqu’à plus de 200€ en plein été pour un passage piéton. Ma stratégie favorite consiste à réserver une traversée nocturne. Vous embarquez en fin de journée, dînez face à la mer, dormez bercé par les flots, et débarquez frais et dispos le matin suivant, prêt à attaquer le sentier. J’ai ainsi pu commencer ma randonnée dès mon arrivée, sans perdre une précieuse journée.
De l’Île-Rousse à Calenzana : dernière étape maritime
Si votre ferry accoste à l’Île-Rousse plutôt qu’à Calvi, des navettes régulières relient ce port à Calvi en 30 minutes environ. De là, vous suivrez les options précédemment détaillées pour rejoindre Calenzana. Cette configuration ajoute certes une correspondance, mais les horaires des navettes sont généralement coordonnés avec les arrivées maritimes. L’option maritime présente toutefois quelques inconvénients : durée totale plus longue que l’avion, risque d’annulation en cas de mer agitée, et nécessité de prévoir plusieurs correspondances terrestres pour atteindre finalement Calenzana. Pesez soigneusement ces facteurs avant de faire votre choix.
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Le réseau ferroviaire corse

Méconnu des voyageurs occasionnels, le réseau ferroviaire corse constitue pourtant une véritable pépite pour les amateurs d’authenticité. Le train corse, affectueusement surnommé « U Trinighellu » (le petit train), parcourt un itinéraire spectaculaire à travers montagnes et maquis. Son tracé, reliant Ajaccio à Bastia avec une bifurcation vers Calvi, offre une immersion progressive dans les paysages que vous traverserez pendant votre randonnée.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunLa ligne Ajaccio-Calvi : pénétrer au cœur de la Corse
Si votre point d’entrée en Corse est Ajaccio, le train vous transporte jusqu’à Calvi en approximativement 4 heures, à travers des paysages à couper le souffle. La ligne principale Ajaccio-Bastia bifurque à Ponte-Leccia pour rejoindre Calvi, offrant environ quatre liaisons quotidiennes en haute saison. Cette option présente plusieurs atouts majeurs : tarifs modérés (comptez environ 20€ pour le trajet complet), confort appréciable et surtout, panoramas exceptionnels impossibles à admirer depuis la route.
Les wagons, bien qu’anciens, disposent de larges fenêtres idéales pour contempler les montagnes, vallées et villages perchés. Ma dernière traversée ferroviaire m’a offert une rencontre fortuite avec un guide local qui m’a dessiné sur une serviette en papier les variantes les moins fréquentées du GR20. Ce type d’échange impromptu fait tout le charme du train corse, véritable institution sociale autant que moyen de transport.
Vizzavone : la halte stratégique à mi-parcours
Une particularité du réseau ferroviaire mérite une attention spéciale : la gare de Vizzavone se situe exactement à mi-parcours du GR20. Cette configuration offre des possibilités logistiques intéressantes pour ceux qui envisagent de ne parcourir que la moitié du sentier. L’option « demi-GR20 » devient ainsi particulièrement accessible : commencez à Calenzana, randonnez jusqu’à Vizzavone, puis prenez le train pour regagner Ajaccio ou Bastia. Inversement, débutez votre séjour par quelques jours de détente à Ajaccio, rejoignez Vizzavone en train, puis entamez la partie sud du GR20 jusqu’à Conca. Cette flexibilité ferroviaire constitue un atout considérable dans la planification de votre aventure, particulièrement si vous disposez d’un temps limité ou souhaitez moduler l’intensité de votre effort.
Mon expérience personnelle pour rejoindre le départ du GR20
Après de nombreuses traversées du GR20, j’ai expérimenté pratiquement toutes les combinaisons possibles pour atteindre Calenzana. Chaque option présente ses propres nuances, défis et moments de grâce que seul un traileur passionné peut pleinement apprécier. Ces expériences cumulées m’ont permis d’affiner une approche quasi-scientifique de ce prélude à l’aventure corse.
L’inoubliable traversée maritime nocturne
Ma première approche du GR20 reste gravée dans ma mémoire comme l’une des plus poétiques. J’avais opté pour un ferry nocturne Toulon-Ile Rousse, réservant une cabine extérieure avec hublot. L’embarquement tardif, vers 21h, m’avait offert un coucher de soleil flamboyant sur la rade toulonnaise. Le navire avait progressivement quitté les lumières de la côte, s’enfonçant dans l’obscurité marine.
La magie opéra véritablement à l’aube. Réveillé naturellement vers 5h30, j’assistai à un spectacle saisissant : les montagnes corses émergeaient progressivement de la brume matinale, leur silhouette acérée découpant l’horizon rosé. Cette apparition graduelle de l’île, semblable à une révélation mystique, créa instantanément une connexion émotionnelle avec le territoire que je m’apprêtais à parcourir.
Débarqué à l’Ile Rousse peu après 7h, j’attrapai un bus local jusqu’à Calvi, puis un taxi partagé avec trois autres randonneurs rencontrés sur le ferry pour rejoindre Calenzana. Cette approche lente, ce dévoilement progressif du paysage, avait instauré une forme de respect contemplatif pour le sentier. Le contraste fut saisissant avec une autre année où l’avion m’avait propulsé en quelques heures de Paris à Calvi, sans cette transition douce que m’avait offerte la mer.
Le périple ferroviaire qui a transformé ma vision du GR20
L’été 2019 m’a offert une révélation inattendue. Débarqué à Ajaccio pour des raisons professionnelles, j’avais initialement prévu de rejoindre Calvi en taxi collectif. Un retard d’avion bouleversa mes plans, me contraignant à passer une nuit improvisée dans la capitale corse. Le lendemain matin, plutôt que de persister dans mon plan initial, je décidai spontanément d’emprunter le train Ajaccio-Calvi.
Cette décision fortuite transforma radicalement ma perception du GR20. Le Trinighellu, serpentant à travers vallées encaissées et cols vertigineux, me dévoila une perspective inédite sur l’épine dorsale montagneuse que j’allais parcourir à pied. Les quatre heures de trajet devinrent une immersion topographique fascinante, les conversations avec les passagers locaux m’enrichissant d’anecdotes sur chaque village traversé. Particulièrement marquante fut la traversée de la forêt de Vizzavona, point médian du GR20. Observer depuis le train ce col mythique que j’atteindrais à pied une semaine plus tard créa une forme d’anticipation excitante. Les bergers corses partageant mon compartiment m’indiquèrent des variantes peu connues du sentier officiel, des sources discrètes pour recharger mes gourdes, et même un plateau fromager caché près du refuge d’Usciolu.
Arrivé à Calvi en début d’après-midi, je réalisai que ce trajet ferroviaire avait constitué bien plus qu’un simple déplacement – une véritable initiation au territoire, une lecture préalable et sensible du paysage que mes jambes allaient bientôt arpenter.
L’aventure improvisée qui a forgé des amitiés durables
Ma plus récente approche du GR20, au printemps dernier, illustre parfaitement l’adage selon lequel les meilleures expériences naissent souvent d’une planification contrariée. Une grève surprise du personnel aéroportuaire italien avait provoqué l’annulation de mon vol Nice-Calvi, me laissant désemparé sur la Côte d’Azur à 48 heures de mon départ prévu sur le sentier. Après quelques recherches frénétiques, je découvris qu’un ferry quittait Nice le soir même pour Bastia – à l’opposé géographique de Calenzana. Faute d’alternative, je réservai ce passage, déterminé à traverser l’île par tous moyens nécessaires.
Le forum d’un site spécialisé sur la randonnée en Corse me permit de poster un message d’urgence demandant covoiturage ou conseils. À ma stupéfaction, trois réponses arrivèrent en moins d’une heure. Martin, traileur suisse, se trouvait dans une situation identique à la mienne.
Sophia, italienne expatriée à Bastia, proposait de nous conduire jusqu’à Ponte Leccia où nous pourrions attraper le train vers Calvi. Laurent, corse de l’intérieur, suggérait un détour par son village pour nous faire découvrir « la vraie Corse » avant de nous déposer directement à Calenzana. Cette coordination improvisée entre parfaits inconnus se concrétisa magnifiquement. Débarqués à Bastia à l’aube, nous fûmes accueillis par Sophia qui nous conduisit effectivement jusqu’à chez Laurent. Ce dernier, authentique berger-poète comme seule la Corse sait en produire, nous offrit une journée inoubliable dans son village perché, mélangeant dégustation de charcuterie artisanale, récits de transhumance et conseils précieux sur les passages techniques du GR20.
Le lendemain, Laurent nous déposa à Calenzana comme promis, mais la magie ne s’arrêta pas là. Martin et moi, liés par cette aventure improvisée, décidâmes de parcourir ensemble les premières étapes du GR20. Cette rencontre fortuite se transforma en une amitié durable, nourrie par l’effort partagé et les émotions intenses du sentier. Nous continuons aujourd’hui à planifier des trails communs à travers l’Europe.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.