Dans l’univers impitoyable du trail running, où chaque seconde compte et où la recherche de performance pousse parfois les limites du raisonnable, une pratique aussi fascinante qu’effrayante fait son apparition. Des coureurs inhalent volontairement du monoxyde de carbone pour simuler les effets d’un entraînement en altitude. Cette dérive inquiétante soulève des questions cruciales sur les dérives du sport d’endurance moderne.
Sommaire
Le principe derrière cette méthode d’entraînement extrême

Comment fonctionne l’hypoxie artificielle
L’idée paraît séduisante sur le papier : reproduire artificiellement les conditions d’altitude sans quitter le niveau de la mer. Le monoxyde de carbone, ce gaz invisible et sournois, possède une affinité particulière avec l’hémoglobine. Sa liaison avec cette protéine transporteuse d’oxygène s’avère 200 fois plus forte que celle de l’oxygène lui-même.
Cette caractéristique chimique crée une hypoxie artificielle redoutable. L’organisme, privé temporairement d’une partie de sa capacité de transport d’oxygène, déclenche alors ses mécanismes d’adaptation naturels. Le corps réagit exactement comme s’il évoluait en haute montagne, à plus de 2500 mètres d’altitude.
La production d’EPO stimulée artificiellement
Face à cette contrainte respiratoire, l’organisme active son système de survie. Les reins libèrent massivement de l’érythropoïétine (EPO), cette hormone naturelle qui stimule la production de globules rouges dans la moelle osseuse. Plus de globules rouges signifie théoriquement une meilleure capacité de transport d’oxygène vers les muscles.
Cette réponse physiologique fascine certains coureurs obsédés par l’optimisation de leurs performances. Contrairement aux stages d’altitude traditionnels qui nécessitent plusieurs semaines d’adaptation, cette méthode promet des résultats rapides et mesurables. L’attrait de la facilité séduit malheureusement des athlètes en quête de raccourcis.
Méthode | Durée d’effet | Risques | Légalité |
Stage altitude naturel | 2-4 semaines | Très faibles | Légal |
Monoxyde de carbone | Quelques heures | Mortels | Dangereux |
Méthodes respiratoires | Progressive | Négligeables | Recommandé |
Les risques considérables de cette pratique dangereuse

Une toxicité mortelle sous-estimée
Chaque année en France, le monoxyde de carbone tue plus de 100 personnes et en intoxique près de 3000 autres. Ce bilan tragique illustre parfaitement pourquoi cette molécule porte le surnom de « tueur silencieux ». Son caractère inodore et invisible rend sa détection impossible sans équipement spécialisé.
Même à des concentrations apparemment faibles, les effets délétères apparaissent rapidement. Les premiers symptômes ressemblent étrangement à ceux d’un simple mal de tête post-entraînement : fatigue, nausées, vertiges. Cette similitude trompeuse retarde souvent la prise de conscience du danger réel.
Des dommages neurologiques irréversibles
L’exposition répétée au monoxyde de carbone provoque des lésions cérébrales permanentes. Les neurones, particulièrement vulnérables au manque d’oxygène, subissent des dommages irréparables après seulement quelques minutes d’exposition significative. Les troubles cognitifs, les pertes de mémoire et les difficultés de concentration constituent les séquelles les plus fréquentes.
Pour un traileur, ces conséquences s’avèrent catastrophiques. La capacité de navigation, la gestion de l’effort et la prise de décision en course dépendent entièrement des fonctions cognitives supérieures. Sacrifier ces capacités fondamentales pour un hypothétique gain de performance relève de l’aberration sportive.
Les risques cardiovasculaires amplifiés
Le cœur, muscle infatigable du coureur d’endurance, souffre particulièrement de l’exposition au monoxyde de carbone. La réduction de l’apport en oxygène force le myocarde à travailler davantage pour maintenir le débit sanguin nécessaire aux organes vitaux. Cette surcharge mécanique augmente drastiquement le risque d’accident cardiaque.
Les arythmies, ces troubles du rythme cardiaque, surviennent fréquemment lors d’intoxications même légères. Pour un athlète dont le cœur bat déjà à des fréquences élevées pendant l’effort, cette perturbation électrique peut déclencher un arrêt cardiaque fatal.
Cette tendance inquiétante dans le trail running

La quête obsessionnelle de performance
Le trail running moderne cultive une culture de l’extrême qui pousse certains coureurs vers des pratiques de plus en plus risquées. Les réseaux sociaux amplifient cette dérive en valorisant les performances exceptionnelles sans questionner les méthodes employées. Cette surenchère permanente crée un terreau fertile pour l’émergence de pratiques dangereuses.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunL’accessibilité croissante des informations médicales et scientifiques permet aux coureurs amateurs de s’improviser biohackers. Malheureusement, cette démocratisation du savoir s’accompagne souvent d’une incompréhension des risques réels. La frontière entre optimisation légitime et mise en danger devient de plus en plus floue.
L’influence pernicieuse des réseaux sociaux
Les plateformes numériques regorgent de témoignages de coureurs vantant leurs « méthodes secrètes » d’amélioration des performances. Ces récits, souvent dépourvus de rigueur scientifique, séduisent une communauté avide de nouveautés. La viralité de ces contenus amplifie dangereusement leur portée auprès d’un public non averti.
Cette désinformation moderne constitue un fléau pour le sport d’endurance. Elle détourne l’attention des méthodes éprouvées et sécurisées au profit de raccourcis illusoires. La responsabilité des influenceurs sportifs devient cruciale dans ce contexte de prolifération des fake news.
La pression compétitive amateur
Contrairement aux athlètes professionnels encadrés par des équipes médicales, les coureurs amateurs évoluent souvent en terrain inconnu. Cette solitude face aux choix d’entraînement favorise l’expérimentation hasardeuse. La pression sociale exercée par les groupes de coureurs amplifie cette tendance à la prise de risque.
L’ego masculin, particulièrement développé dans les sports d’endurance, pousse certains traileurs à adopter des comportements autodestructeurs. Cette masculinité toxique transforme la prudence en faiblesse et encourage les conduites à risque.
Les alternatives sûres pour optimiser l’endurance
Les méthodes respiratoires contrôlées
Heureusement, des techniques éprouvées permettent de stimuler naturellement la production d’EPO sans risquer sa vie. La méthode « Oxygen Advantage » développée par Patrick McKeown propose un protocole respiratoire basé sur la rétention volontaire d’air. Cette approche reproduit partiellement les effets de l’altitude sans aucun danger.
Ces exercices respiratoires agissent progressivement sur la tolérance au dioxyde de carbone et optimisent l’efficacité respiratoire. L’amélioration de la ventilation pulmonaire se traduit par une meilleure oxygénation tissulaire pendant l’effort. Cette méthode naturelle respecte les rythmes biologiques et évite tout traumatisme physiologique.
L’entraînement en apnée sportive
L’apnée statique et dynamique développe remarquablement les capacités d’adaptation à l’hypoxie. Ces disciplines enseignent au corps à fonctionner efficacement avec moins d’oxygène disponible. L’adaptation se fait graduellement, permettant au système nerveux de s’habituer progressivement aux contraintes hypoxiques.
De nombreux coureurs de fond intègrent désormais des séances d’apnée dans leur préparation. Cette pratique améliore non seulement l’endurance pure mais développe également la concentration et la gestion du stress. Ces qualités mentales s’avèrent précieuses lors des passages difficiles en course.
L’altitude naturelle : la référence absolue
Rien ne remplace l’efficacité d’un véritable stage en altitude. L’adaptation progressive à la raréfaction de l’oxygène stimule naturellement tous les mécanismes physiologiques d’amélioration de l’endurance. Cette méthode ancestrale reste la référence absolue pour les athlètes de haut niveau.
L’altitude naturelle présente l’avantage majeur de la progressivité. L’organisme dispose du temps nécessaire pour s’adapter sans subir de choc physiologique brutal. Cette adaptation respectueuse des rythmes biologiques garantit des bénéfices durables et sans effets secondaires.
Technique naturelle | Bénéfices | Durée d’apprentissage |
Oxygen Advantage | Amélioration respiratoire | 4-6 semaines |
Apnée sportive | Tolérance hypoxie | 3-6 mois |
Stage altitude | Adaptation complète | 2-4 semaines |
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.