Dans l’univers foisonnant du trail, où les courses s’enchaînent à grands coups de cols vertigineux, de kilomètres démesurés et de dénivelés assassins, une épreuve se distingue par sa cruelle simplicité. Elle ne promet ni paysages de carte postale, ni ligne d’arrivée festive. Elle offre autre chose. Une confrontation brute, dépouillée, avec soi-même. L’Infinity Trail, ce format dérivé des Backyard Ultra, a pris le monde du trail à contre-pied, balayant les conventions à coups de boucles de 6,7 kilomètres. Une distance modeste… qu’il faut pourtant répéter indéfiniment. Jusqu’à l’abandon. Jusqu’à ce qu’un seul coureur reste debout.
Sommaire
Cette course de trail casse les codes avec seulement 1 % de finishers

Le principe de la Backyard Ultra : séduisant en apparence
À première vue, l’Infinity Trail semble presque bienveillant. Une boucle de 6,7 kilomètres à courir en moins d’une heure, puis recommencer… autant de fois que possible. Pas de chrono agressif. Aucune barrière horaire brutale. Pas de col vertigineux à gravir. Et pourtant, la brutalité du concept se cache dans sa répétition infernale. Tour après tour, les coureurs s’enfoncent dans un cycle hypnotique où l’usure mentale éclipse largement l’effort physique.
Le piège invisible du format Backyard
Ce format s’attaque à ce que peu de courses osent toucher : l’esprit. Pas de ligne d’arrivée prédéfinie, seulement une règle : repartir chaque heure. Abandonner, c’est perdre. Continuer, c’est s’éloigner d’une réalité tangible pour entrer dans un monde où l’obsession du prochain tour devient la seule vérité. La notion de progression est floutée, ce qui rend l’épreuve aussi redoutable que fascinante.
Une épreuve mentale avant tout

Le mental
Là où d’autres trails épuisent les jambes, l’Infinity Trail ronge le moral. La solitude devient un facteur déterminant. Même entouré d’autres coureurs, on court seul contre soi. Les questions tournent en boucle dans la tête comme les tours sur la piste. Chaque heure apporte son lot de doutes. Pas sur les autres. Sur soi.
Une gestion psychologique sur le fil
Il faut savoir doser son effort, mais surtout maîtriser ses pensées. Le moindre signe de fatigue mentale peut être fatal. Certains abandonnent après dix boucles. D’autres après trente. La course ne pardonne ni l’hésitation, ni le manque de lucidité. On ne perd pas face aux autres, on perd contre soi-même.
Des exploits rares et inspirants

Fanny, symbole de ténacité
Sur les 22 éditions françaises, une seule femme a décroché la victoire. Elle s’appelle Fanny, et elle incarne cette force intérieure que le format exige. Là où la plupart s’effondrent, elle a su rester constante, résiliente. Sa victoire n’est pas juste sportive. Elle est psychologique, humaine, presque philosophique. Elle a compris que dans cette boucle, la régularité vaut plus que la vitesse.
Un palmarès minimaliste mais chargé de sens
À ce jour, seules 18 personnes ont réussi à « finir » une édition française. En réalité, il n’y a qu’un seul gagnant à chaque course, les autres sont marqués du sceau du DNF – Did Not Finish. Même les meilleurs se heurtent à ce mur invisible qu’est l’inconnu temporel de la ligne d’arrivée. Une brutalité rare, assumée, et acceptée par ceux qui osent.
Découvre les meilleures marques de trail running chez i-Run : chaussures, textile, nutrition… tout ce qu’il te faut pour performer sur les sentiers.
⚡ Voir les nouveautés i-RunInfinity Trail vs Barkley : duel au sommet de l’absurde
Deux mythes, deux philosophies
La comparaison entre l’Infinity Trail et la terrible Barkley Marathons est inévitable. L’une se perd dans les forêts impénétrables du Tennessee, l’autre tourne en boucle sur un format répétitif quasi hypnotique. Mais dans les deux cas, le point commun est clair : l’échec est la norme. Le taux de réussite de la Barkley est à peine supérieur : 20 finishers depuis 1986.
Des chiffres qui donnent le vertige
Avec moins de 1 % de finishers sur l’Infinity Trail, on atteint une zone inexplorée dans le monde de l’endurance. Sur environ 3100 participants en France, seuls 18 ont réussi à rester debout jusqu’au bout. Le ratio est cruel, mais révélateur : ici, la victoire est une anomalie.
Pourquoi s’infliger une telle épreuve ?
La quête de sens dans la souffrance
On pourrait croire que participer à ce type de course relève du masochisme. Mais ce serait passer à côté de l’essentiel. Ce format attire celles et ceux qui cherchent autre chose. Une vérité intérieure, une mise à nu. Chaque boucle est un pas vers une compréhension plus fine de ses limites, de ses failles, mais aussi de ses forces cachées.
L’Infinity Trail comme expérience spirituelle
Il n’est pas rare d’entendre des coureurs parler de “révélation”. L’Infinity Trail n’est pas une course de trail classique, c’est une aventure introspective. Chaque tour devient un rituel. Le point de départ est toujours le même, mais celui qui repart n’est plus jamais identique. Une transformation lente, profonde, déroutante.
L’Infinity Trail comme révolution silencieuse du trail
Pas de podium classique, pas de chrono record. L’Infinity Trail n’en a rien à faire des codes habituels. C’est précisément ce qui le rend si redoutable et si attirant. Une subversion de l’événement sportif, au profit d’une dimension plus humaine.
Ce format, encore marginal il y a quelques années, inspire désormais une nouvelle génération de coureurs. Ceux qui cherchent autre chose. Moins de bruit, plus de profondeur. Moins de spectacle, plus d’authenticité. Et ça change tout.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.


