La LyonSaintéLyon 2025 restera gravée dans les mémoires comme l’une des éditions les plus dramatiques et émouvantes de cette épreuve mythique. Sur les 164 kilomètres d’un aller-retour complet entre Lyon et Saint-Étienne, la nuit du 29 au 30 novembre a été le théâtre de retournements de situation spectaculaires, d’effondrements physiques et d’une résistance mentale hors du commun.
Alors que tous les regards étaient braqués sur Casquette Verte (Alexandre Boucheix), figure médiatique du trail français, c’est finalement Jeffrey Dorsey, coureur discret et méthodique, qui s’est imposé en patron. Derrière lui, Pierre-Antoine Cueff complète le podium en deuxième position, tandis que Casquette Verte, au terme d’une fin de course dramatique, décroche une troisième place arrachée au courage et à la souffrance.
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Jeffrey Dorsey, le stratège silencieux qui a renversé tous les pronostics

Personne ne l’attendait si haut. Pendant que l’attention collective se focalisait sur les favoris annoncés, Jeffrey Dorsey construisait méthodiquement sa course dans l’ombre, avec cette patience calculée qui caractérise les grands stratèges de l’ultra-trail.
Une gestion parfaite du début à la fin
Professeur d’EPS dans le civil, Dorsey applique au trail la même rigueur qu’il met dans son métier : cadrée, réfléchie, sans bavure. Son approche de la LyonSaintéLyon a été exemplaire de lucidité tactique. Aucun excès d’allure, aucune rupture de rythme hasardeuse, mais une progression constante qui lui a permis de prendre les commandes à mesure que ses adversaires montraient des signes de faiblesse.
L’aller vers Saint-Étienne n’est jamais simple sur ce format extrême, mais c’est surtout le retour, dans le froid du petit matin, qui décide du classement final. Et c’est précisément là que Dorsey a fait la différence, transformant une épreuve d’endurance en démonstration de sang-froid et de constance.
Son style n’a rien de spectaculaire ni de flamboyant. Il ne court pas pour les caméras ou les réseaux sociaux. Mais il est redoutablement efficace, parfaitement adapté à une épreuve où la deuxième moitié devient un face-à-face impitoyable avec soi-même, où chaque kilomètre supplémentaire teste les limites physiques et mentales.
Un profil qui monte en puissance
Jeffrey Dorsey n’est pas un inconnu pour ceux qui suivent attentivement le circuit français du trail. Lors de l’UT4M, il avait déjà surpris en remportant le challenge cumulatif, un format qui additionne plusieurs épreuves techniques sur plusieurs jours consécutifs. Une victoire sans esbroufe, une démonstration pure de capacité de gestion et de récupération.
Cet été, le Dauphiné Libéré avait salué sa rigueur et sa progression linéaire, presque scolaire dans sa régularité. Dorsey ne cherche pas les coups d’éclat médiatiques. Il ne flamboie pas sur les réseaux sociaux. Il construit méthodiquement sa carrière, course après course, avec cette patience rare qui permet de durer au plus haut niveau.
Cette victoire sur la LyonSaintéLyon 2025 représente l’aboutissement logique de cette approche. Pas besoin d’exploser les chronos quand on sait les tenir sur l’ensemble d’une épreuve de 164 kilomètres. Pas besoin de flamboyer au départ quand on peut durer jusqu’à l’arrivée. Voir le classement des courses ici !
Casquette Verte : le drame d’un héros blessé

L’histoire de Casquette Verte lors de cette LyonSaintéLyon 2025 illustre à la fois la grandeur et la folie du trail de haut niveau. Alexandre Boucheix a pris le départ avec une fracture au pied, une sinusite et une dette de sommeil accumulée depuis plusieurs semaines. Était-ce raisonnable ? Certainement pas d’un point de vue médical strict.
Mais ce choix de participer malgré tout raconte l’intensité de l’attente autour de sa performance, le poids de l’image publique qu’il porte, et cette violence particulière de la compétition quand on s’y accroche coûte que coûte, refusant d’abandonner malgré les signaux d’alarme du corps.
Une course maîtrisée jusqu’à la catastrophe finale
Pendant la majeure partie de l’épreuve, Casquette Verte a réussi l’impossible : gérer son corps abîmé tout en restant dans le rythme des meilleurs. Il est parti prudemment, a contenu ses allures, géré intelligemment ses ravitaillements et ses pauses. Longtemps, tout semblait tenir, comme si la volonté pouvait indéfiniment compenser les défaillances physiques.
Jusqu’au moment fatidique, à une quinzaine de kilomètres de Lyon, où la mécanique corporelle s’est brutalement déréglée. L’effondrement a été violent, visible, filmé en direct par la journaliste Cécile Bertin sur Instagram. Les images montrent un coureur au bout du rouleau, victime de vomissements répétés et d’une déshydratation massive.
« J’ai vomi, les grandes eaux, déshydratation de ouf »
Cette phrase prononcée par Casquette Verte devant la caméra résume à elle seule l’état critique dans lequel il se trouvait. La toux persistante évoque un virus respiratoire contracté avant ou pendant la course, hypothèse renforcée par le fait que plusieurs autres coureurs ont présenté des symptômes similaires.
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⚡ Voir les nouveautés i-RunCertains observateurs évoquent également un possible retour de son asthme d’effort, pathologie qui l’avait déjà mis KO pendant la TDS (Sur les Traces des Ducs de Savoie) lors d’une précédente édition. Mais les vomissements répétés pourraient aussi s’expliquer par un trop-plein de stress physiologique, une déshydratation massive non compensée, ou simplement un organisme poussé bien au-delà de ses limites raisonnables.
Quelle que soit l’explication médicale précise, une chose est certaine : Casquette Verte a couru dans un état critique qui aurait justifié un abandon pur et simple. Les appuis ont vacillé dangereusement. Les traits se sont figés dans une expression de souffrance extrême. Le rythme s’est effondré de manière spectaculaire.
Le courage d’aller au bout malgré tout
Et pourtant, refusant de s’arrêter, refusant même de ralentir plus que strictement nécessaire, Alexandre Boucheix s’est accroché à son podium comme on s’accroche à une bouée dans un torrent glacé. Cette détermination farouche, cette incapacité à abandonner malgré l’évidence de la souffrance, raconte quelque chose de profond sur la psychologie des ultra-traileurs de haut niveau.
Il franchit finalement la ligne en troisième position, vidé, usé jusqu’à la corde, mais debout. Cette médaille de bronze, obtenue au courage plutôt qu’à la performance pure, vaut bien des victoires acquises dans des conditions normales. Elle raconte l’autre vérité de cette course extrême : celle de ceux qui ne lâchent rien, même quand le corps hurle à l’arrêt, même quand la raison commande l’abandon.
Ce podium héroïque suscite des sentiments contradictoires. Admiration devant tant de détermination et de force mentale. Mais aussi inquiétude face aux risques pris, interrogations sur les limites à ne pas franchir entre performance sportive et mise en danger de sa santé.
Voir le classement de la course SaintéLyon ici !
Pierre-Antoine Cueff : Deuxième LyonSaintéLyon 2025
La deuxième place revient à Pierre-Antoine Cueff, qui a parfaitement su lire l’évolution de la course. Patient dans l’ombre pendant la première moitié de l’épreuve, il a su accélérer au moment stratégique pour revenir progressivement dans le match lorsque les leaders montraient des signes de faiblesse.
Sa performance témoigne d’une intelligence tactique certaine et d’une capacité à saisir les opportunités offertes par une course aussi longue et imprévisible. Sans faire de bruit, sans chercher à imposer son rythme trop tôt, Cueff a géré son effort avec patience pour se retrouver finalement sur le podium, intercalé entre deux figures emblématiques du trail français.
Portrait de Jeffrey Dorsey : la nouvelle génération discrète

La victoire de Jeffrey Dorsey sur cette LyonSaintéLyon 2025 révèle l’émergence d’un nouveau profil dans le trail français de haut niveau. Celui du coureur sobre, précis, peu visible médiatiquement mais redoutablement préparé.
Une approche presque scolaire de la performance
Professeur d’EPS, Dorsey vit son métier avec la même rigueur que son approche du trail. Pas d’apparitions médiatiques régulières. Pas de fanfare permanente sur Instagram ou les autres réseaux sociaux. Pas de déclarations fracassantes avant les courses. Juste une progression linéaire, méthodique, presque scolaire dans sa régularité.
Il ne court manifestement pas pour qu’on parle de lui ou pour construire une image publique. Il court pour faire bien les choses, pour se dépasser personnellement, pour valider méthodiquement sa progression d’année en année. Cette approche détonne dans un univers du trail parfois tenté par la surexposition et la recherche de visibilité à tout prix.
Des résultats qui parlent d’eux-mêmes
Lors de l’UT4M (Ultra-Trail des 4 Massifs), Dorsey avait déjà surpris les observateurs en remportant le challenge cumulatif. Ce format particulier, qui additionne plusieurs épreuves techniques réparties sur plusieurs jours, constitue un test redoutable de capacité de récupération et de gestion de l’effort dans la durée.
Sa victoire n’avait pas fait grand bruit médiatiquement, mais elle constituait une démonstration de solidité et de méthode. Le Dauphiné Libéré avait salué à l’époque sa rigueur et sa capacité à performer sans chercher les projecteurs.
Cette LyonSaintéLyon 2025 représente l’aboutissement logique de cette trajectoire. Sur un format encore plus exigeant, nécessitant une gestion parfaite sur 164 kilomètres, Dorsey a prouvé que sa méthode fonctionne au plus haut niveau. Il n’a pas eu besoin de micro pour faire entendre sa légitimité. Ses jambes ont parlé pour lui.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.


