La Diagonale des fous : Histoire et Actualité
Sur l’île de La Réunion, chaque mois d’octobre, des milliers de passionnés de trail s’élancent à travers les montagnes, les cirques et les volcans.
Ils affrontent la chaleur, la fatigue, la nuit et la pluie tropicale pour une traversée mythique : la Diagonale des Fous.
Une épreuve hors normes, au cœur d’un décor spectaculaire, où chaque pas devient une victoire.
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Qu’est-ce que la Diagonale des Fous ?
La Diagonale des Fous, aussi appelée Grand Raid de La Réunion, est une course d’ultra-trail parmi les plus difficiles au monde.
Elle traverse l’île du sud au nord, de Saint-Pierre à Saint-Denis, en passant par les trois cirques emblématiques : Cilaos, Mafate et Salazie.
La distance officielle tourne autour de 165 kilomètres, avec plus de 9 500 mètres de dénivelé positif.
Les coureurs mettent entre 24 et 66 heures pour la terminer.
C’est une aventure extrême, autant mentale que physique, dans un cadre volcanique unique au monde.
Où et quand a lieu la course ?
La Diagonale des Fous a lieu chaque année en octobre, sur l’île de La Réunion, dans l’océan Indien.
Le départ est donné à Saint-Pierre, sur le front de mer, sous une ambiance électrique.
Des milliers de spectateurs encouragent les coureurs toute la nuit, entre chants, percussions et cris d’encouragement.
L’arrivée se fait au Stade de La Redoute, à Saint-Denis, dans une atmosphère de fête et d’émotion.
Pourquoi ce nom : “Diagonale des Fous” ?
Le surnom vient du tracé lui-même, qui traverse l’île en diagonale, du sud au nord.
Quant au mot “fous”… il vient de la difficulté légendaire de l’épreuve.
Il faut être un peu fou pour se lancer sur 160 kilomètres dans la jungle, les ravines et les volcans réunionnais, souvent sous un climat tropical éprouvant.
C’est cette folie douce, cette passion démesurée pour le dépassement, qui fait tout le charme de cette course.
Les autres courses du Grand Raid
L’événement ne se limite pas à la Diagonale des Fous.
Il réunit plusieurs courses, pour différents niveaux :
- La Diagonale des Fous : la mythique, 165 km pour 9 500 m de D+.
- Le Trail de Bourbon : 109 km pour 6 200 m de D+, entre Cilaos et Saint-Denis.
- La Mascareignes : 72 km, plus accessible, mais déjà exigeante.
- Le Zembrocal Trail : une course en relais par équipes de 4, sur l’ensemble du parcours.
Chaque course traverse des paysages incroyables : forêts tropicales, crêtes volcaniques, villages perchés et vues vertigineuses sur l’océan.
Comment s’inscrire ?
Les inscriptions se font plusieurs mois à l’avance, directement sur le site du Grand Raid.
Le nombre de places est limité, et la demande dépasse largement l’offre chaque année.
Pour s’inscrire, il faut présenter un certificat médical et un palmarès de trail prouvant la capacité à affronter une telle distance.
L’âge minimum est de 20 ans pour la Diagonale.
Les droits d’inscription varient selon la course, mais il faut surtout s’y prendre tôt : les dossards s’envolent en quelques heures.
Comment est le parcours de la Diagonale des fous ?
Le parcours de la Diagonale est un condensé de tout ce que La Réunion offre de plus beau et de plus rude.
Il débute sur le littoral sud, grimpe vers le massif du Piton de la Fournaise, traverse le cirque de Cilaos, plonge dans le mythique Mafate, avant de remonter sur Dos d’Âne et de redescendre vers Saint-Denis.
Les terrains sont variés : boue, cailloux, marches naturelles, forêts humides, sentiers vertigineux.
Les conditions peuvent être extrêmes, avec des passages à plus de 2 000 mètres d’altitude et des zones écrasées par la chaleur ou noyées par la pluie.
Comment est l’ambiance sur la Diagonale des fous ?
C’est sans doute ce qui rend la Diagonale unique : l’ambiance réunionnaise.
L’île vit au rythme du Grand Raid pendant plusieurs jours.
Les habitants sortent sur le bord des sentiers, installent des tables, distribuent café, soupe, fruits, sourires et encouragements.
On court autant pour la performance que pour cette chaleur humaine incroyable.
Le public crie les prénoms, tape dans les mains, et transforme chaque passage en fête.
À l’arrivée, au Stade de La Redoute, les émotions explosent.
Beaucoup franchissent la ligne en larmes, portés par la foule et la fierté d’avoir accompli quelque chose d’immense.
Comment bien se préparer pour une Diagonale des fous ?
La Diagonale des Fous se prépare sur plusieurs mois, voire plusieurs années.
C’est une course de fond, où la résistance mentale compte autant que la condition physique.
Il faut s’entraîner en montée, en descente, sur des terrains irréguliers, et apprendre à gérer la chaleur tropicale.
Beaucoup de coureurs simulent les longues nuits de course en s’entraînant de nuit.
L’alimentation et l’hydratation sont aussi des points clés : il faut savoir s’alimenter régulièrement, même quand la fatigue et la chaleur coupent l’appétit.
Une bonne préparation mentale est indispensable pour ne pas céder aux moments de doute.
Pourquoi la Diagonale des Fous est-elle mythique ?
Parce qu’elle symbolise tout ce que le trail a de plus fort : l’effort, le courage, la solidarité et le respect de la nature.
Parce qu’elle se déroule dans un décor à couper le souffle, au milieu des montagnes volcaniques et des cirques verdoyants.
Et surtout parce qu’elle incarne l’esprit du dépassement : aller au bout de soi, franchir ses limites, et vivre un moment de grâce dans la difficulté.
La Diagonale des Fous n’est pas seulement une course.
C’est une aventure humaine, une expérience qui change ceux qui la vivent.
Les origines de la Diagonale des fous
1989 : la « Marche des Cimes » voit le jour
Tout commence en octobre 1989 avec une course aux allures modestes appelée « Marche des Cimes ». Le départ est donné au Barachois à Saint-Denis et l’arrivée jugée au Tremblet à Saint-Philippe. Cette première édition traverse l’île du Nord au Sud sur 112 kilomètres avec 6 000 mètres de dénivelé positif. 550 coureurs se lancent dans cette aventure inédite. Gilles Trousselier s’impose en 16h02, tandis que Marie Thérèse Maussion termine 21ème en 25h40.
Personne ne se doute alors que cette course va devenir l’un des quatre monuments de l’ultra-trail mondial, aux côtés de la Western States, de la Hardrock 100 et de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc.
Les premières métamorphoses
L’année suivante, la course change de nom pour devenir la « Grande Traversée » et inverse son sens de parcours, du Sud vers le Nord. Cette configuration restera la référence pour les éditions futures. Gilles Trousselier confirme sa domination en remportant également cette deuxième édition en 17h11.
En 1991, la course connaît son premier cas d’ex aequo avec Gilles Trousselier et Patrick Maffre qui franchissent ensemble la ligne d’arrivée en 18h28. Un phénomène qui se reproduira plusieurs fois dans l’histoire de l’épreuve.
L’âge d’or et la naissance d’un mythe
1994 : naissance de la « Diagonale des Fous »
En 1993, la course prend temporairement le nom de « Course de la Pleine Lune », mais c’est l’année suivante, en 1994, qu’elle trouve son identité définitive. Le Grand Raid adopte le surnom qui va faire sa légende : la « Diagonale des Fous ». Ce nom reflète parfaitement la folie de cette traversée diagonale de l’île, de Saint-Pierre à Saint-Denis.
Cette période voit l’émergence de Jean-Philippe Marie-Louise, qui va dominer la course avec quatre victoires entre 1992 et 1996. Sa performance de 1995 reste mémorable avec un temps de 14h41, l’un des plus rapides de l’histoire sur ce parcours.
L’ère des pionniers locaux
Les années 1990 sont marquées par la domination des coureurs locaux. Patrick Maffre décroche trois victoires (1991 ex aequo, 1993, 1997), établissant les bases de ce qui deviendra une véritable école réunionnaise du trail. Paul-Cléo Libelle s’impose à deux reprises (1998, 1999), confirmant la richesse du vivier local.
Chez les femmes, Marcelle Puy commence à écrire sa légende avec sa première victoire en 1995. Elle deviendra la recordwoman absolue de l’épreuve avec cinq victoires au total.
L’internationalisation et les années 2000
L’ouverture au monde
Les années 2000 marquent une nouvelle ère avec l’arrivée de coureurs internationaux de haut niveau. Kílian Jornet, la star catalane du trail mondial, s’impose à deux reprises (2010, 2012), apportant une visibilité internationale inédite à l’épreuve.
François d’Haene entre dans l’histoire en égalant le record de victoires masculines avec quatre succès (2013, 2014, 2016, 2018). Sa dernière victoire en 2018, obtenue ex aequo avec Benoît Girondel dans un final épique main dans la main, reste l’un des moments les plus émouvants de l’histoire de la course.
L’évolution du parcours et des défis
Au fil des années, le parcours évolue pour s’adapter aux contraintes environnementales et sécuritaires. En 2015, la course devient la onzième et dernière étape de l’Ultra-Trail World Tour, confirmant son statut international. Le parcours s’étend alors sur 164,6 kilomètres.
L’édition 2021 doit composer avec les conséquences des incendies de novembre 2020 qui fragilisent les remparts du Maïdo. La Diagonale des Fous est écourtée de 6 kilomètres, démontrant la capacité d’adaptation de l’organisation face aux aléas naturels.
Les défis contemporains et l’avenir
L’ère moderne : entre tradition et innovation
En 2022, l’épreuve s’adapte aux normes internationales avec une extension à 165 kilomètres. L’édition 2024 stabilise le format avec un parcours de 170 kilomètres et plus de 10 000 mètres de dénivelé positif, offrant 66 heures aux participants pour boucler cette diagonale de folie.
La course attire désormais 3 000 participants répartis sur cinq épreuves différentes, de la mythique Diagonale des Fous au nouveau Métis Trail de 50 kilomètres créé en 2024.
Les héros d’aujourd’hui
Courtney Dauwalter marque l’histoire en 2022 en devenant la première femme à terminer dans le top 5 général, finissant 4ème en 24h37. Cette performance illustre l’évolution du niveau féminin et l’universalité de cette épreuve d’exception.
