Cette question divise la communauté trail depuis l’allongement du parcours TDS en 2019. Entre la course reine de 171 kilomètres et sa petite sœur savoyarde de 145 kilomètres, le débat fait rage dans les refuges alpins. Analyse comparative de deux monstres du trail mondial qui mettent à rude épreuve les organismes les plus entraînés.
Sommaire
TDS vs UTMB : les chiffres qui parlent
Dimensions : l’UTMB creuse l’écart
Les statistiques brutes penchent clairement en faveur de l’UTMB concernant les dimensions. Face aux 171 kilomètres et 10 000 mètres de dénivelé positif de la course phare, la TDS aligne 145 kilomètres pour 9 200 mètres de dénivelé. Cette différence de 26 kilomètres peut sembler anecdotique sur de telles distances.
Pourtant, ces derniers kilomètres s’avèrent cruciaux en fin de parcours. Les organismes fatigués accusent chaque mètre supplémentaire avec une acuité décuplée. L’écart de 800 mètres de dénivelé représente également l’équivalent d’une ascension supplémentaire non négligeable.
Barrières horaires révélatrices
Les barrières horaires officielles constituent un excellent indicateur de difficulté comparative. L’UTMB accorde 46h30 maximum contre 44h10 pour la TDS. Ces deux heures d’écart reflètent fidèlement la différence d’engagement physique entre les deux épreuves.
La technicité : l’atout maître de la TDS
Le redoutable Passeur de Pralognan
La TDS prend sa revanche sur le terrain de la technicité pure. Son passage le plus redouté reste sans conteste la montée du Passeur de Pralognan : 1900 mètres de dénivelé positif d’affilée que la majorité des coureurs absorbent en plein cagnard au départ de Bourg-Saint-Maurice.
Cette ascension n’a aucun équivalent sur l’UTMB, où le dénivelé se répartit harmonieusement entre une dizaine de montées ne dépassant guère les 1000 mètres de dénivelé positif. Cette concentration de difficulté sur un seul secteur transforme souvent la TDS en cauchemar pour les organismes non préparés.
Secteurs techniques redoutables
Plusieurs passages techniques distinguent nettement la TDS de sa grande sœur :
- Descente vers Beaufort : technique et usante pour les quadriceps
- Montée vers les Contamines depuis Beaufort : piège classique en fin de course
- Col du Tricot : technicité pure en altitude
- Passages savoyards : terrain montagnard authentique
« Il y a deux parties bien distinctes pour moi sur la TDS, avant et après Bourg-Saint-Maurice. Avant, c’est même plus roulant que l’UTMB. Après, en revanche, ça se complique sérieusement. » – Ludovic Pommeret, vainqueur TDS 2022
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L’avis des champions qui ont tout gagné
Ludovic Pommeret : le double vainqueur témoigne
Ludovic Pommeret reste l’un des rares athlètes à avoir remporté les deux épreuves (UTMB 2016, TDS 2022). Son analyse nuancée éclaire parfaitement le débat : « Je dirais que compte tenu de la densité, pour un coureur de l’avant du peloton, l’UTMB est bien plus dur. Mais si l’on compare simplement les parcours, pour moi, la TDS est plus difficile que l’UTMB. »
Cette distinction entre difficulté de parcours et difficulté globale s’avère fondamentale. L’intensité concurrentielle de l’UTMB, course mythique par excellence, démultiplie la difficulté pour les coureurs d’élite.
Xavier Thévenard confirme la tendance
Le triple vainqueur UTMB Xavier Thévenard, également performeur de haut niveau sur TDS, abonde dans le sens de Pommeret. Ses témoignages post-course soulignent systématiquement la violence des passages techniques de la TDS, particulièrement en seconde partie de course.
Records comparatifs : révélateurs de difficulté
Analyse des chronos de référence
Les records respectifs des deux épreuves offrent un aperçu saisissant de leur difficulté relative. Kilian Jornet détient le record UTMB officiel en 19h49’30 », tandis que le record TDS tourne autour des 23 heures.
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⚡ Voir les nouveautés i-RunCette différence proportionnelle dépasse largement l’écart kilométrique entre les deux courses. Elle reflète la densité technique supérieure de la TDS, qui ralentit considérablement les allures moyennes malgré une distance moindre.
Comparaison avec d’autres ultras
L’exemple du Grand Raid de la Réunion illustre parfaitement cette problématique. Avec des dimensions similaires à l’UTMB (170 km, 10 000m D+), cette course technique voit ses vainqueurs boucler le parcours en 23-24 heures, soit près de 4 heures de plus que l’UTMB.
Profils de coureurs : qui excelle où ?
Coureurs techniques vs rouleurs
La TDS favorise naturellement les coureurs techniques, habitués aux terrains montagnards exigeants. Les spécialistes de descente y trouvent un avantage marqué, particulièrement sur les secteurs savoyards escarpés.
L’UTMB convient davantage aux rouleurs endurants, capables de maintenir des allures élevées sur de longues portions moins techniques. La régularité prime sur les coups d’éclat ponctuels.
Stratégies de course différenciées
Ces profils distincts induisent des approches tactiques opposées :
- TDS : gestion fine des passages techniques, économie dans les montées brutales
- UTMB : régularité, gestion de l’effort sur la durée, optimisation nutritionnelle
L’évolution des deux courses
Transformation de la TDS depuis 2019
L’allongement de 2019 a révolutionné la TDS. Passant de 120 à 145 kilomètres, elle a franchi un seuil psychologique et physique majeur. Cette évolution la rapproche dangereusement des standards UTMB tout en conservant sa spécificité technique.
Cette transformation explique largement le débat actuel. Avant 2019, la hiérarchie semblait évidente. Aujourd’hui, la frontière s’estompe progressivement entre les deux épreuves.
Perspectives d’évolution
Les conditions climatiques changeantes pourraient modifier l’équilibre des forces. Le réchauffement climatique tend à durcir les conditions sur l’ensemble du massif, favorisant potentiellement les parcours plus courts comme la TDS.
Quoi choisir entre TDS et UTMB ?
Taux d’abandon comparatifs
Les statistiques d’abandon constituent un indicateur objectif de difficulté. Bien que les données exactes varient selon les conditions annuelles, la TDS affiche généralement des taux d’abandon légèrement inférieurs à l’UTMB, compensés par sa distance moindre.
Cette tendance confirme l’analyse de Pommeret : difficulté technique supérieure pour la TDS, mais engagement global plus important pour l’UTMB.
Temps de récupération post-course
Les retours d’expérience concernant la récupération post-course penchent également en faveur de l’UTMB pour la difficulté globale. Les 26 kilomètres supplémentaires et les deux heures d’effort en plus laissent des traces plus durables sur les organismes.
Le choix entre UTMB et TDS dépend finalement du profil recherché. Pour l’aventure technique pure et la découverte de terrains sauvages, la TDS l’emporte haut la main. Pour le défi ultime en terme de distance et d’engagement global, l’UTMB conserve sa couronne.
Cette complémentarité explique pourquoi de nombreux traileurs enchaînent les deux expériences, trouvant dans chaque course des défis spécifiques enrichissants. Plutôt que de les opposer, mieux vaut les considérer comme deux facettes complémentaires de l’excellence en ultra-trail alpin. Et pour voir l’UTMB vs la CCC c’est ici.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.
