Alexandre Boucheix, plus connu sous le pseudo de Casquette Verte, vient de réaliser l’une des plus belles performances de sa carrière. Celui qui n’osait même pas rêver d’un top 10 avant le départ a franchi la ligne d’arrivée de la Diagonale des Fous 2025 à la 10ᵉ place scratch après 28 heures, 48 minutes et 48 secondes d’effort. Un résultat qui tient du petit miracle pour ce coureur emblématique du trail français, qui avait pris le départ blessé à une cheville et avec des ambitions volontairement modestes. Pour voir le classement femmes de la Diagonale des fous 2025, c’est ici !
Sommaire
Un résultat au-delà de ses espérances
Des objectifs revus à la baisse… puis pulvérisés
Avant de s’élancer dans la nuit réunionnaise, Casquette Verte avait fixé des objectifs qu’il jugeait réalistes compte tenu de son état physique : un top 40 le rendrait « content », un top 30 « heureux », et un top 20 « fier ». Jamais il n’avait osé imaginer terminer dans les dix premiers de l’une des courses les plus mythiques au monde.
« La probabilité que mon plan se passe bien est faible, mais au moins il est calé dans le crâne« , écrivait-il la veille du départ, lucide sur sa condition physique. Et pourtant, contre toute attente, ce plan s’est déroulé à la perfection. Mieux même : il a largement dépassé ses espérances les plus folles.
Une progression régulière tout au long de la course
L’analyse de sa course révèle une gestion tactique exemplaire :
- Au départ : aux alentours de la 20ᵉ place
- À Cilaos : remonté à la 17ᵉ place
- À Mafate : progression jusqu’à la 15ᵉ place
- À l’approche de Saint-Denis : installation dans le top 10
Cette remontée progressive illustre parfaitement la stratégie du coureur : ne pas partir trop vite, laisser la course se décanter, et profiter des abandons et des défaillances adverses pour grappiller des places. Une patience qui a fini par payer au-delà de toutes les espérances.
Le retour en grâce d’un champion blessé
Deux années de galère
Pour comprendre l’ampleur de cette performance, il faut se replonger dans les deux dernières saisons difficiles vécues par Casquette Verte. Le coureur normand a enchaîné les désillusions et les contre-performances :
Saison 2024 :
- TDS (UTMB) : course gâchée par une crise d’asthme l’empêchant de respirer correctement dans les montées
- 100 km de Hong Kong : modeste 35ᵉ place
- Urban Trail de Lyon : terminé loin du top 100
Saison 2025 :
- Kullamannen : achevé au-delà de la 60ᵉ position
À chaque fois, le même scénario se répétait : gêne respiratoire, douleurs, fatigue, puis désillusion. Lui qui, par le passé, avait remporté l’Ultra 01 et l’UT4M, semblait avoir perdu cette étincelle qui faisait de lui l’un des coureurs les plus respectés du milieu français.
La reconstruction patiente
Mais depuis quelques semaines, quelque chose a changé. Sur les réseaux sociaux comme sur les sentiers, les observateurs attentifs ont remarqué un regain de forme chez Alexandre Boucheix. Le corps répond à nouveau, la mécanique se remet en place, et surtout, la confiance dans sa respiration est revenue.
Ce retour en forme n’est pas tombé du ciel. Il s’est construit dans la patience, entre soins, reprises prudentes et travail mental. Casquette Verte a appris à écouter son corps plutôt qu’à le pousser dans ses retranchements. Et cette approche change tout.
« Il court à nouveau avec le sourire« , témoignent ceux qui l’ont croisé ces dernières semaines. Pas le sourire de façade pour les photos, mais celui qui trahit un vrai plaisir retrouvé.
Une course parfaitement maîtrisée malgré les obstacles
« Shakira » la cheville capricieuse
Casquette Verte avait pris le départ avec une cheville douloureuse, qu’il avait surnommée avec humour « Shakira » en référence à la chanson « Hips Don’t Lie » (les hanches ne mentent pas). Cette blessure aurait pu tout faire capoter, surtout sur un parcours aussi technique et exigeant que celui de la Diagonale.
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⚡ Voir les nouveautés i-RunMais la cheville a tenu. Les 180 kilomètres et les 10 000 mètres de dénivelé positif n’ont pas eu raison d’elle. Une victoire en soi pour un coureur qui avait appris à ses dépens qu’ignorer les signaux de son corps pouvait conduire à la catastrophe.
Une gestion mentale d’école
Au-delà de l’aspect physique, c’est surtout le mental de Casquette Verte qui a fait la différence. Contrairement à ses habitudes passées où il pouvait parfois se laisser emporter par l’enthousiasme du départ, il a cette fois fait preuve d’une lucidité remarquable.
Pas de coup de folie, pas de prise de risque inconsidérée. Juste une course intelligente, mesurée, maîtrisée. Celle d’un coureur redevenu maître de lui-même, qui ne court plus pour prouver quelque chose, mais simplement pour raconter une histoire et vivre une aventure.
Un écart honorable avec le vainqueur Baptiste Chassagne
Les chiffres de la performance
Baptiste Chassagne s’est imposé sur cette Diagonale des Fous 2025 avec un chrono exceptionnel de 23 heures, 31 minutes et 54 secondes.
Casquette Verte, lui, a franchi la ligne en 28 heures, 48 minutes et 48 secondes.
L’écart entre les deux hommes s’élève donc à 5 heures, 16 minutes et 54 secondes sur près de 180 kilomètres et plus de 10 000 mètres de dénivelé positif.
Une performance impressionnante
Cet écart peut sembler important en valeur absolue, mais il est en réalité tout à fait honorable compte tenu du contexte :
- Chassagne est actuellement au sommet de sa forme, comme l’a prouvé sa 2ᵉ place à l’UTMB 2024
- Casquette Verte courait avec une cheville blessée
- Alexandre Boucheix sort de deux saisons difficiles marquées par les blessures et les problèmes respiratoires
- Il n’a pas de staff, contrairement aux coureurs d’élite professionnels
Ce résultat prouve qu’il court d’abord avec le cœur et avec une lucidité que bien des professionnels pourraient lui envier. Sans sponsor, sans équipe médicale, sans nutritionniste personnel, juste avec sa détermination et son amour du trail.
Le coureur sans prise de tête qui inspire
L’authenticité comme force
Ce qui rend la performance de Casquette Verte si inspirante, c’est justement son côté accessible. Alexandre Boucheix n’est pas un coureur sponsorisé qui peut se consacrer 100% à son entraînement. Il jongle entre sa vie professionnelle, sa vie de famille, et sa passion pour le trail.
Il prépare lui-même sa nutrition, gère seul sa stratégie de course, dort dans des hébergements basiques pendant ses déplacements. Il représente le traileur lambda qui rêve de performances, mais doit composer avec les contraintes de la vie quotidienne.
Un mental d’acier forgé dans l’adversité
Ces deux années de galère ont forgé un mental d’acier chez Casquette Verte. Chaque course ratée, chaque blessure, chaque désillusion a contribué à construire cette force intérieure qui lui a permis de tenir pendant plus de 28 heures sur les sentiers réunionnais.
Il a appris à accepter la douleur sans la combattre frontalement, à composer avec les difficultés plutôt que de vouloir les dominer par la force. Cette sagesse acquise dans la souffrance fait aujourd’hui toute la différence.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.
