Un an s’est écoulé depuis cette nuit maudite du 14 juin 2024. Douze mois pour tenter d’oublier, de cicatriser, de reprendre une vie normale. Mais pour les survivants de l’Ultra-Trail du Haut-Giffre, certaines blessures ne se referment jamais vraiment. Le documentaire « Les naufragés d’Angolon » de L’Équipe Explore nous replonge dans ce cauchemar vécu par des dizaines de traileurs sur les hauteurs de la pointe d’Angolon.
Sommaire
Quand un trail tourne au drame

La descente de tous les dangers
À 2 090 mètres d’altitude, personne n’imaginait que cette descente deviendrait un véritable piège mortel. Les conditions météorologiques se dégradent brutalement : vent violent, pluie torrentielle, froid glacial. Le terrain devient instantanément glissant, impraticable, dangereux.
Olivier, l’un des participants interrogés dans le documentaire, résume parfaitement l’état d’esprit des coureurs pris dans cette spirale infernale : « On est en mode survie. Je sais qu’il ne faut pas lâcher cette corde. » Cette corde de fortune, installée à la hâte pour sécuriser le passage, devient leur unique planche de salut dans l’obscurité.
Mais même cette sécurité précaire ne suffit pas. Olivier tombe, glisse, se blesse, perd totalement ses repères. Aujourd’hui encore, il ne court plus en montagne. Le traumatisme psychologique s’avère plus tenace que les blessures physiques.
Le vacarme de l’horreur
Basile, autre témoin de cette nuit d’épouvante, décrit une ambiance sonore insoutenable : « Tu entends des gens hurler, qui sont en train de tomber. Ce n’est pas normal. » Ces cris de détresse résonnent encore dans sa mémoire, gravés à jamais.
Dans l’obscurité totale, sous des trombes d’eau, impossible de distinguer quoi que ce soit. Seuls les hurlements permettent de mesurer l’ampleur du désastre en cours. Des sportifs aguerris se transforment en naufragés, luttant pour leur survie sur une pente devenue incontrôlable.
Un bilan tragique qui marque la communauté trail

La mort d’un passionné expérimenté
Au cœur de ce chaos, un traileur expérimenté de 52 ans perd la vie. Malgré les tentatives de secours de ses compagnons d’infortune, il ne survit pas à ses blessures. Cette disparition bouleverse toute la communauté du trail running français.
Cet homme représentait tout ce que nous aimons dans notre sport : l’expérience, la passion, la solidarité. Sa mort rappelle cruellement que même les plus aguerris d’entre nous restent vulnérables face aux caprices de la montagne.
Les secours dans la tourmente
L’intervention des équipes de secours mobilise des moyens considérables : PGHM, pompiers, hélicoptères. Plus de 70 secouristes sont déployés dans des conditions épouvantables. La météo et la topographie compliquent énormément leur mission.
Face à l’ampleur du drame, les organisateurs prennent la décision d’interrompre et d’annuler la course immédiatement. Tous les coureurs présents sur le parcours sont évacués en urgence.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunLa polémique : fallait-il maintenir cette course ?
Des questions légitimes
Un an après, les interrogations persistent. Pourquoi ne pas avoir annulé la course ? Les alertes météo étaient-elles suffisamment prises en compte ? Les organisateurs ont-ils failli à leur devoir de sécurité ?
L’enquête judiciaire ouverte pour « recherche des causes de la mort » et « mise en danger de la vie d’autrui » suit son cours. Aucun jugement définitif n’a encore été rendu concernant la responsabilité des organisateurs.
Entre accusations et défense
Les commentaires sur les réseaux sociaux témoignent de positions tranchées. Certains pointent du doigt l’organisation, d’autres accusent les coureurs d’inconscience. « Vous voulez vous surpasser, alors faut pas pleurer après », écrit un internaute sans nuance.
Mais beaucoup rappellent une réalité essentielle : la journée avait commencé sous de bonnes conditions. C’est le basculement soudain de la météo, si fréquent en montagne, qui a transformé un défi sportif en piège mortel.
« On ne s’engage pas dans une course pour risquer sa vie. Personne ne peut prévoir qu’une descente habituelle deviendra un enfer. »
Trail running : un sport à risques ?
Les chiffres qui interpellent
Les statistiques sur la sécurité en trail donnent à réfléchir. Entre 2008 et 2019, 51 décès liés au trail running ont été recensés mondialement. Parmi eux, 35 sont survenus en compétition, révélant une problématique spécifique aux courses organisées.
Les principales causes de mortalité se répartissent ainsi : arrêts cardiaques (43%), chutes (32%) et hypothermie (16%). Le drame du Haut-Giffre cumule malheureusement ces trois facteurs de risque.
L’incidence des blessures
Au-delà des accidents mortels, les blessures en trail varient énormément selon les études : entre 0,7 et 61,2 blessures pour 1 000 heures de course. Cette amplitude révèle la difficulté à quantifier précisément les risques de notre discipline.
La prévalence des blessures chez les traileurs oscille de 1,3% à 90% selon les études consultées. Ces écarts s’expliquent par la diversité des formats, des terrains et des conditions météorologiques rencontrées.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.