Cette question revient sans cesse dans les vestiaires, sur les forums et lors des discussions entre amateurs de course à pied. Faut-il parler de jogging ou de running ? La distinction relève-t-elle simplement de la vitesse ou cache-t-elle des nuances plus profondes ? Décryptage d’un débat qui divise plus qu’il ne devrait.
Sommaire
La frontière floue entre jogging et running

Définition par la vitesse : mythe ou réalité ?
Traditionnellement, le jogging désigne une forme de course plus lente que le running proprement dit. Les puristes établissent souvent une frontière autour de 10 minutes au kilomètre, soit environ 6 km/h. En dessous de cette allure, l’activité basculerait dans la catégorie jogging.
Cette approche mathématique présente néanmoins ses limites. Un coureur de 70 ans maintenant une allure de 6 minutes au kilomètre réalise objectivement une performance remarquable pour son âge. À l’inverse, un athlète de 25 ans adoptant ce rythme se contente peut-être d’un simple échauffement.
L’allure moyenne révélée par les données Strava apporte un éclairage intéressant : 9 minutes 3 secondes au kilomètre pour les hommes, 10 minutes 21 secondes pour les femmes. Ces statistiques suggèrent qu’une grande partie des pratiquants évolue dans cette zone grise entre jogging et running.
Au-delà des chiffres : l’intention compte
La vitesse ne constitue qu’un indicateur parmi d’autres. L’intention derrière la sortie transforme fondamentalement la nature de l’activité. Un coureur suivant un plan d’entraînement structuré, même à allure modérée, s’inscrit davantage dans une démarche de running que celui effectuant une sortie digestive dominicale.
Cette dimension psychologique explique pourquoi certains athlètes revendiquent fièrement leur statut de joggeurs. Ils assument parfaitement le caractère décontracté de leur pratique, loin de toute pression chronométrique ou compétitive.
Le jogging existe-t-il vraiment ?

Biomécanique de la course lente
D’un point de vue purement technique, jogging et running partagent les mêmes mécanismes biomécaniques. La phase d’envol caractérise les deux activités, contrairement à la marche où un pied reste toujours en contact avec le sol. Cette similarité technique questionne la pertinence d’une distinction terminologique.
Cependant, l’allure influence bel et bien certains paramètres gestuels. La fréquence de foulée diminue généralement avec la vitesse, tandis que l’amplitude se réduit proportionnellement. Ces adaptations naturelles modifient l’efficacité énergétique et les contraintes musculaires.
Perception de l’effort et adaptation physiologique
L’intensité perçue varie drastiquement selon l’allure adoptée. Le jogging s’effectue typiquement en zone aérobie confortable, permettant de maintenir une conversation normale. Le running englobe un spectre plus large, incluant les allures seuil et les rythmes anaérobies.
Cette différence d’intensité génère des adaptations physiologiques distinctes. Le jogging favorise principalement le développement du système cardiovasculaire de base et l’amélioration de l’utilisation des graisses. Le running sollicite plus intensément les filières énergétiques et stimule davantage les adaptations neuromusculaires.
Psychologie du coureur : runner vs joggeur

L’identité du pratiquant
Se définir comme runner ou joggeur révèle souvent une certaine philosophie de la course. Le terme « runner » véhicule une image de sérieux, d’engagement et de performance. « Joggeur » évoque plutôt la détente, le plaisir simple et l’absence de contraintes.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunCette dichotomie identitaire influence parfois les comportements. Un runner ressent généralement une pression à maintenir un certain niveau, à progresser constamment. Un joggeur s’autorise plus facilement les variations d’humeur et d’intensité.
Le regard des autres
La communauté running entretient parfois une hiérarchie implicite. Certains coureurs expérimentés considèrent le terme « joggeur » comme péjoratif, suggérant un manque de sérieux ou d’ambition. Cette attitude élitiste nuit à l’inclusivité du sport.
À l’inverse, d’autres pratiquants revendiquent fièrement leur statut de joggeurs. Ils y voient une forme de liberté, loin des obsessions chronométriques et des comparaisons permanentes. Cette approche hédoniste de la course mérite respect et considération.
L’avis des légendes

La citation mythique de George Sheehan
Le docteur George Sheehan, figure emblématique du running américain des années 70, formulait ainsi la distinction : « La différence entre un runner et un joggeur, c’est une signature sur une feuille d’engagement de course ». Cette approche privilégie l’engagement compétitif comme critère déterminant.
Bien qu’datée à l’ère des inscriptions numériques, cette philosophie conserve sa pertinence. Elle suggère qu’accepter de se mesurer aux autres, même modestement, transforme le pratiquant en véritable runner.
Vision moderne des entraîneurs
Les coaches contemporains adoptent généralement une approche plus nuancée. Ils considèrent runner toute personne courant régulièrement avec un minimum de structure, indépendamment de la vitesse ou de la participation aux courses.
Cette évolution reflète une démocratisation du sport et une meilleure compréhension de ses multiples facettes. L’important réside dans l’engagement personnel plutôt que dans la performance absolue.
Impact sur la santé : jogging vs running

Bénéfices cardiovasculaires comparés
Les recherches démontrent que jogging et running procurent des bénéfices cardiovasculaires substantiels. Même à allure modérée, la course stimule efficacement le système cardiaque et améliore la capacité aérobie. L’intensité supérieure du running amplifie ces effets sans les rendre exclusifs.
Une étude révèle néanmoins une corrélation entre vitesse de course et réduction des risques d’hypertension, de cholestérol et de diabète. Ces données ne prouvent cependant pas de lien de causalité direct entre allure rapide et meilleure santé.
Risques et prévention des blessures
L’intensité modérée du jogging limite mécaniquement les risques traumatiques. Les contraintes articulaires et musculaires restent dans des limites physiologiques acceptables pour la plupart des pratiquants. Cette caractéristique en fait une activité particulièrement adaptée aux débutants ou aux personnes fragiles.
Le running expose davantage aux blessures de surcharge, notamment lors des séances intensives. Cette réalité ne condamne pas la pratique mais nécessite une progression maîtrisée et une écoute attentive des signaux corporels.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.