Alexandre Boucheix, alias Casquette Verte, réalise une course exceptionnelle sur la Diagonale des Fous 2025. Parti prudemment jeudi soir à 22h de Saint-Pierre avec une cheville fragile, le traileur français a progressivement grimpé au classement pour atteindre la 14e place à Taïbit après 10h46 de course. Cette performance place le coureur emblématique aux portes du top 10, bien au-delà de ses objectifs initiaux. Retour sur une remontée spectaculaire qui enflamme les réseaux sociaux. Voir le classement live en direct ici !
Sommaire
Un départ prudent qui paye

La stratégie de la patience
Alexandre Boucheix s’était montré transparent sur Instagram avant le départ : sa cheville « Shakira » restait fragile après une TDS compliquée en août. Beaucoup doutaient de sa capacité à briller sur les 175 kilomètres et 10 500 mètres de dénivelé de l’épreuve reine du Grand Raid. Mais dès les premières pentes volcaniques, le Casquette trouve son rythme, celui des grands jours.
Au premier point de passage à Domaine Vidot (km 14), il pointe 20e avec un tempo soutenu de 11,7 km/h. À Notre-Dame de la Paix (km 33,5), il lève légèrement le pied et glisse à la 31e place, avant de relancer avec une maîtrise rare. Cette approche méthodique tranche avec le coureur impulsif des premières années.
La remontée progressive
Au fil des heures nocturnes, Boucheix grignote les positions une à une, sans précipitation. À Mare à Boue (km 56), passage mythique du Grand Raid, il pointe 23e après 6h09 de course. Quand les premières lueurs du jour se lèvent sur Cilaos (km 76,7), il occupe la 17e place après 9h39 de course.
À Taïbit (km 83,3), il atteint le 14e rang en 10h46, avec une vitesse moyenne de 9,1 km/h sur cette section montagneuse particulièrement exigeante. La régularité est exemplaire. Il a déjà repris neuf places depuis la première montée, démontrant une capacité à gérer l’effort sur la durée.
Une maturité nouvelle

Plus de kamikaze, place au stratège
Cette cinquième Diagonale des Fous marque un tournant dans l’approche de Boucheix. Le coureur sait exactement où il met les pieds, littéralement. Des pentes de Cilaos aux descentes cassantes de Marla, il avance sans perdre le fil. L’expérience parle : il a appris à se méfier des excès d’orgueil, à écouter ses sensations, à faire corps avec l’île.
Le Casquette 2025 n’est plus le kamikaze de ses débuts, mais un athlète mature qui gère. Il alterne relances courtes, montées en puissance et pauses calculées. Son allure traduit une lecture tactique fine de la course, fruit d’années d’apprentissage sur les sentiers réunionnais.
La relation charnelle avec La Réunion
Cette relation presque intime avec l’île intense se voit dans son attitude pendant la course : concentré, apaisé, respectueux du terrain. Alexandre Boucheix n’est plus là pour « faire le show » médiatique, il est là pour courir juste. Cette évolution dans sa philosophie du trail lui permet d’exploiter au maximum son potentiel.
Le lever du soleil marque généralement un tournant dans la Diagonale. Les organismes changent de rythme, la chaleur tropicale monte, la fatigue s’installe progressivement. Mais Casquette Verte semble taillé pour ces transitions, démontrant une capacité d’adaptation remarquable aux conditions difficiles.

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Le pari audacieux
Son objectif initial était clair et assumé sur les réseaux sociaux :
- Top 40 = content
- Top 30 = heureux
- Top 20 = fier
Le voilà déjà 14e — donc dans la catégorie « fier », et même au-delà. Pourtant, il reste lucide sur ses chances et ses limites. S’il maintient ce tempo jusqu’à Grand Place, il pourrait intégrer le top 10 avant Dos d’Âne, réalisant ainsi une performance qui marquerait durablement sa carrière.
L’engouement des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux s’enflamment au fil de sa progression. « Shakira ne vrille plus ! », « Le phénix est de retour ! », « Top 10, c’est pour lui ! » : les messages d’encouragement affluent de toute la communauté trail. La popularité de Casquette Verte dépasse largement le cercle des aficionados du Grand Raid.
Lui garde son flegme habituel. Pas d’euphorie excessive, pas d’excuse préventive, juste une course bien menée dans l’humilité et la concentration. Cette sobriété contraste avec certaines communications outrancières d’autres coureurs, et elle lui vaut le respect du milieu.
La tête de course reste ouverte
Chassagne prend les commandes
Pendant que Boucheix bataille pour le top 10, la lutte pour la victoire s’intensifie au sommet. À Marla (km 89,3), Baptiste Chassagne mène désormais la Diagonale après 10h36 de course, avec un passage à 8h36 locales. Le Français confirme son excellente forme et sa capacité à gérer les longues distances.
Juste derrière, Yannick Noël confirme son excellente nuit et reste au contact, seulement 9 minutes plus tard. Alexis Sevennec, longtemps leader en début d’épreuve, accuse un léger contretemps : il passe troisième à 8h56, à une vingtaine de minutes du premier. Rien n’est perdu à ce stade, mais le duo Chassagne-Noël semble plus solide.
Dunand-Pallaz revient fort
Derrière eux, Aurélien Dunand-Pallaz revient en force. Excellent descendeur, il est quatrième à 9h09 et réduit progressivement l’écart. Il pourrait bientôt recoller au trio de tête si la chaleur du jour ne redistribue pas les cartes dans les heures à venir.
À ce stade de la course, tout reste entièrement ouvert, avec quatre Français dans le top 4 et des écarts encore minimes au regard des 175 kilomètres totaux à parcourir. Les passages à Mafate et Roche Plate seront décisifs pour départager les prétendants au podium.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.