Le monde du trail-running retient son souffle. François D’Haene, figure emblématique de l’ultra-endurance, s’apprête à fouler les sentiers exigeants des Carpates roumaines ce samedi 24 mai 2025. Une participation qui marque son grand retour sur le format 100 kilomètres après une période d’absence forcée suite à une grave blessure. Le quadruple vainqueur de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc a choisi la Transylvania 100K comme terrain d’expression pour jauger sa forme physique, à trois mois exactement de son grand objectif de la saison : l’UTMB 2025. Cette reprise progressive témoigne de la sagesse d’un athlète qui, malgré son palmarès impressionnant, privilégie une approche mesurée de sa reconstruction.
La fracture de fatigue qui l’avait éloigné des sentiers pendant deux longues années semble désormais un lointain souvenir. D’Haene avait déjà signé un retour remarqué en remportant le mythique Tor des Géants en 2024, prouvant ainsi que sa capacité d’endurance demeurait intacte. Mais le format 100 kilomètres représente un défi différent, alliant vitesse et résistance dans des proportions que seuls les plus grands champions maîtrisent. Le choix de la Transylvania 100K ne doit rien au hasard. Cette épreuve, qui célèbre cette année sa dixième édition, propose un cocktail technique de sentiers alpins, de crêtes exposées et de passages forestiers qui correspond parfaitement aux qualités naturelles du Savoyard. Avec 6500 mètres de dénivelé positif répartis sur 100 kilomètres, le parcours offre un ratio d’effort comparable à celui de l’UTMB, bien que sur une distance plus courte. Une manière idéale de tester ses jambes sans s’exposer à l’usure d’une course de 170 kilomètres.
Sommaire
- 1 Sa préparation stratégique pour l’UTMB 2025 : le plan d’un champion méthodique
- 2 Un retour progressif au plus haut niveau : l’intelligence d’un champion d’exception
- 3 La Transylvania 100K, une course exigeante au cœur des Carpates sauvages
- 4 L’UTMB 2025 en ligne de mire : la quête d’une cinquième couronne historique
Sa préparation stratégique pour l’UTMB 2025 : le plan d’un champion méthodique

La démarche de François D’Haene illustre à merveille le professionnalisme qui caractérise désormais l’élite du trail-running. Sa participation à la Transylvania 100K s’inscrit dans une construction méthodique visant un objectif clairement identifié : devenir le premier coureur de l’histoire à remporter cinq fois l’UTMB. Cette préparation millimétrée, où chaque course représente une brique dans l’édifice de sa performance ultime, témoigne d’une approche scientifique de l’entraînement. Dans une publication partagée sur ses réseaux sociaux, le champion français expliquait avoir sélectionné cette épreuve pour « son authenticité et la richesse technique de son parcours ». Un terrain de jeu idéal pour valider certaines sensations, notamment sa capacité à enchaîner les efforts intenses sur des sections techniques, tout en gérant les phases de récupération.
La gestion de l’alimentation en course constituera également un paramètre crucial à observer, après deux années d’absence sur ce format d’effort. Fait remarquable, D’Haene n’a annoncé aucun objectif de classement pour cette course roumaine. Une humilité caractéristique du personnage qui préfère se concentrer sur des indicateurs de performance personnels plutôt que sur le résultat brut. Cette approche détendue masque néanmoins une détermination farouche à revenir au sommet de sa discipline, comme en témoigne son programme d’entraînement intensif mené ces derniers mois entre les vignes de son domaine bourguignon et les sentiers alpins.
Les spécificités de l’entraînement post-blessure d’un ultra-trailer d’élite
La reconstruction après une fracture de fatigue nécessite une patience et une progression que peu d’athlètes acceptent de s’imposer. François D’Haene a travaillé avec une équipe pluridisciplinaire comprenant kinésithérapeutes, ostéopathes et préparateurs physiques pour retrouver non seulement ses capacités d’endurance, mais aussi renforcer les zones fragilisées. Un travail de l’ombre, loin des projecteurs, qui porte aujourd’hui ses fruits. La particularité de sa préparation réside dans l’alternance savante entre séances d’intensité, sorties longues à faible allure et périodes de récupération active.
La prévention des blessures est devenue une priorité absolue, avec l’intégration de séances de renforcement musculaire ciblées sur les chaînes stabilisatrices. Le suivi de sa charge d’entraînement via des outils connectés lui permet désormais d’anticiper les signes de fatigue excessive avant qu’ils ne se transforment en blessure. Ses stages d’altitude dans les Alpes ces derniers mois ont également joué un rôle crucial dans sa montée en puissance. En s’exposant progressivement à l’hypoxie, D’Haene a optimisé sa capacité de transport d’oxygène, un facteur déterminant pour les performances en haute montagne. Cette acclimatation progressive constitue un avantage certain pour aborder les sections d’altitude de la Transylvania 100K, dont certains passages culminent à plus de 2500 mètres.
Un retour progressif au plus haut niveau : l’intelligence d’un champion d’exception

La carrière de François D’Haene force l’admiration par sa longévité autant que par son palmarès. À 39 ans, le vigneron-trailer démontre qu’une approche raisonnée de l’ultra-endurance permet de repousser les limites habituelles de performance. Sa victoire au Tor des Géants en 2024 avait déjà surpris les observateurs, tant le niveau d’exigence de cette traversée des Alpes italiennes semblait incompatible avec un retour de blessure. Cette performance exceptionnelle s’explique en partie par les qualités intrinsèques du champion : une économie de course remarquable, une gestion de l’effort millimétrée et une capacité mentale hors-norme à absorber la souffrance.
Mais c’est sans doute dans sa gestion de la reconstruction post-blessure que D’Haene a le plus impressionné, refusant les raccourcis et acceptant de revenir pas à pas vers son meilleur niveau. La Transylvania 100K représente ainsi une étape intermédiaire idéale, un test grandeur nature sur un format exigeant mais maîtrisable. Sans la pression du résultat, le Français pourra analyser finement ses sensations, identifier d’éventuels points d’amélioration et ajuster sa préparation pour les trois mois restant avant l’UTMB. Une démarche qui témoigne d’une maturité athlétique rare dans un sport où l’impulsivité et la surenchère d’efforts peuvent parfois prédominer.

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La fracture de fatigue subie par François D’Haene a transformé sa vision de l’entraînement et de la compétition. Cette période forcée loin des sentiers lui a permis de développer d’autres qualités, notamment une approche plus holistique de sa préparation intégrant davantage les aspects nutritionnels, récupération et prévention. Une évolution qui pourrait bien prolonger sa carrière de plusieurs années. Le champion a également profité de cette pause pour approfondir son implication dans son domaine viticole et ses projets associatifs.
Cette diversification de ses centres d’intérêt contribue à son équilibre mental et relativise l’importance du résultat sportif pur. Un recul salutaire qui explique sans doute la sérénité avec laquelle il aborde désormais les grandes échéances. Les témoignages de son entourage confirment cette évolution. Son coach évoquait récemment un athlète « plus serein, plus à l’écoute de son corps, mais paradoxalement plus déterminé que jamais à repousser ses limites ». Une contradiction apparente qui traduit en réalité la maturité d’un champion entré dans la phase de plénitude de sa carrière, celle où l’expérience vient sublimer le talent brut.
La Transylvania 100K, une course exigeante au cœur des Carpates sauvages

Pour son retour sur le format 100 kilomètres, François D’Haene ne pouvait rêver meilleur terrain de jeu que les montagnes des Carpates. La Transylvania 100K, qui fête cette année sa dixième édition, s’est forgée une réputation d’authenticité et de rudesse qui en fait l’une des courses les plus respectées du circuit européen. Loin du clinquant de certaines épreuves plus médiatisées, elle cultive un esprit brut qui séduit les puristes. Le parcours, tracé dans le massif des Bucegi, alterne sections techniques et passages plus roulants avec une cohérence remarquable.
Les 6500 mètres de dénivelé positif sont distribués intelligemment, proposant aux coureurs une progression qui sollicite toutes les qualités de l’ultra-trailer complet : puissance dans les montées, technicité dans les descentes, endurance sur les sections plus plates. Une diversité qui explique l’attrait qu’exerce cette épreuve sur les spécialistes de la discipline. Les conditions météorologiques constituent également un facteur déterminant sur cette course printanière. Fin mai, la région peut connaître des amplitudes thermiques considérables, avec des nuits froides et des journées chaudes, compliquant encore la gestion de l’effort et de l’équipement. L’an dernier, le vainqueur roumain Stefan Nicu Macarie avait bouclé le parcours en 13h58, un chrono qui illustre parfaitement l’exigence de l’épreuve.
Un parcours technique qui révèle les vrais montagnards
La spécificité de la Transylvania 100K réside dans la technicité de certaines sections, notamment les crêtes exposées qui exigent une concentration totale. Les passages rocheux alternent avec des sentiers forestiers humides où l’adhérence devient un paramètre crucial. Une diversité qui sollicite toutes les compétences du trailer polyvalent, sans favoriser exclusivement les purs grimpeurs ou les spécialistes des terrains roulants.
La nature sauvage constitue l’un des attraits majeurs de l’épreuve. Les coureurs traversent des zones pratiquement vierges de présence humaine, où la faune carpathique – incluant la plus grande population européenne d’ours bruns – évolue librement. Une dimension presque primitive qui ajoute au défi sportif une immersion totale dans une nature préservée, loin de l’urbanisation galopante. L’organisation volontairement rustique de l’épreuve contribue également à son caractère authentique. Les points de ravitaillement, espacés parfois de plus de 20 kilomètres, imposent une véritable autonomie aux participants. Cette philosophie minimaliste correspond parfaitement à l’éthique de François D’Haene, adepte d’un trail épuré, centré sur l’essentiel et respectueux de l’environnement naturel.
L’UTMB 2025 en ligne de mire : la quête d’une cinquième couronne historique

Au-delà de l’épreuve roumaine, c’est bien sûr l’UTMB qui constitue l’objectif majeur de François D’Haene cette saison. Le rendez-vous chamonix fin août représente une opportunité unique d’entrer définitivement dans la légende en devenant le premier coureur à remporter cinq fois la course reine du trail mondial. Un exploit qui semblait inaccessible après sa blessure, mais qui apparaît désormais envisageable au vu de sa reconstruction méthodique.
La concurrence s’annonce pourtant féroce sur cette édition 2025. Les nouvelles générations incarnées par Mathieu Blanchard ou Jim Walmsley ambitionnent légitimement de prendre la succession du maître, tandis que des coureurs expérimentés comme Pau Capell ou Kilian Jornet nourrissent également des ambitions élevées. Un plateau relevé qui promet une course d’exception autour du Mont-Blanc. Pour D’Haene, la stratégie semble claire : aborder l’UTMB avec la sérénité de l’expérience, en s’appuyant sur une connaissance parfaite du parcours et de ses propres capacités. Sa gestion légendaire de l’effort, sa capacité à maintenir une allure constante quand ses adversaires faiblissent et son mental d’acier constituent des atouts majeurs dans une course où l’aspect psychologique joue un rôle déterminant.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.