Après avoir conquis les sentiers les plus sauvages de la planète, Mathieu Blanchard franchit une nouvelle étape dans sa quête d’aventure. L’ultra-traileur français, habitué aux défis terrestres les plus extrêmes, prendra le départ de la Transat Café L’Or fin octobre 2025. Cette transition inattendue du bitume aux flots représente bien plus qu’un simple changement d’environnement : c’est l’expression pure de cette soif d’absolu qui caractérise les grands aventuriers de notre époque.
Sommaire
L’appel du large : quand la terre ne suffit plus

Une passion maritime qui sommeillait
Blanchard ne découvre pas l’océan par hasard. Ancien pratiquant de plongée sous-marine, il entretient depuis longtemps une relation particulière avec l’élément aquatique. Cette attirance pour les profondeurs s’est naturellement muée en fascination pour la surface et ses défis nautiques. Le déclic s’est produit lors de sa présence au départ du Vendée Globe en novembre 2024.
Face aux skippers s’élançant vers leur odyssée solitaire, l’ultra-traileur a ressenti cette même émotion qui le pousse habituellement vers les sommets escarpés. « Quand je vois ces navigateurs partir dans ces grandes aventures, ça m’attire beaucoup », confie-t-il sans détour.
Conrad Colman : le mentor néo-zélandais
Le hasard n’existe pas dans l’univers de l’aventure. Conrad Colman, navigateur expérimenté tout juste sorti de sa 21ème place au Vendée Globe, devient naturellement le partenaire idéal pour cette transition maritime.
Leur première rencontre en visioconférence, alors que le Néo-Zélandais naviguait encore au large, scelle immédiatement leur collaboration. Cette association transcende le simple duo sportif. Colman reconnaît dans Blanchard cette capacité d’adaptation qui caractérise les grands athlètes d’endurance. L’expérience du trailer en matière de gestion de l’effort et de résistance mentale constitue un atout majeur pour affronter les caprices de l’océan.
La préparation : un apprentissage accéléré avant la Transat Café L’Or

Du novice au marin en quelques mois
Transformer un coureur de montagne en équipier compétent relève du défi. Blanchard doit assimiler des milliers d’informations concernant la navigation, les manœuvres, et surtout la lecture des éléments marins.
Les premiers contacts avec le monocoque carbone révèlent la complexité de cette nouvelle discipline. « Il est très vide, mais il y a des éléments partout », observe l’athlète avec cette humilité qui le caractérise. Cette approche méthodique rappelle ses débuts en ultra-trail, lorsqu’il découvrait progressivement les subtilités de l’effort prolongé en montagne.
Un programme d’entraînement intensif
Le calendrier se révèle particulièrement serré. Entre la Hardrock 100 de juillet et le départ de la Transat, Blanchard dispose de peu de temps pour parfaire sa technique nautique. Les 1 000 nautiques obligatoires d’entraînement représentent environ 1 850 kilomètres en mer, soit l’équivalent de plusieurs ultramarathons aquatiques.
Étape | Période | Objectif |
---|---|---|
Stage survie | Fin mai 2025 | Cohésion d’équipe |
Formation Lorient | Juillet 2025 | 4-5 jours en mer |
Convoyage | Septembre 2025 | Lorient-Le Havre |
Départ course | 26 octobre 2025 | Transat Café L’Or |
L’adaptation physique : du vertical à l’horizontal
La transition corporelle constitue un enjeu majeur. Habitué aux sollicitations intenses du bas du corps, Blanchard doit développer sa musculature du haut du corps pour manœuvrer efficacement.
Cette transformation physique s’accompagne d’une révolution dans ses habitudes d’entraînement. Colman mise justement sur cette polyvalence athlétique : « Mener un bateau, c’est très physique et je compte sur ses capacités à travailler cette fois-ci le haut du corps ». L’échange de compétences promet d’enrichir les deux hommes dans leurs disciplines respectives.

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Une ambition assumée en catégorie dérive
L’objectif affiché ne souffre d’aucune ambiguïté : remporter la victoire dans la catégorie des bateaux à dérives. Cette ambition, loin d’être présomptueuse, reflète l’état d’esprit de compétiteurs habitués à viser l’excellence. Colman assume pleinement : « On y va pour gagner la course en dérive ». Cette confiance repose sur l’analyse technique du parcours. La route transatlantique présente des caractéristiques particulières avec deux phases distinctes : la sortie technique de la Manche, puis la navigation plus favorable dans les alizés. Chaque séquence exigera des qualités spécifiques du binôme.
Les difficultés prévisibles du parcours
La Manche représente le premier écueil majeur. Cette zone maritime dense concentre un trafic commercial intense, transformant la navigation en véritable slalom aquatique.
Les hauts-fonds et les courants contraires compliquent encore la donne pour les équipages. Le golfe de Gascogne constitue traditionnellement un second piège. Les conditions météorologiques y changent rapidement, exigeant une lecture fine des éléments et une adaptation constante de la stratégie. Ces défis rappellent étrangement les variations climatiques que Blanchard affronte régulièrement en montagne.
La synergie d’équipage comme clé du succès
Au-delà des compétences techniques, la complicité entre les deux hommes déterminera largement leur performance. Colman, rompu aux courses solitaires, découvre les joies du partage : « Pour moi, après des années de courses en solitaire, partager ça avec quelqu’un, c’est très enrichissant ». Cette dimension humaine séduit particulièrement Blanchard, habitué aux longues heures de solitude sur les sentiers. L’aventure à deux offre une perspective nouvelle, enrichissant l’expérience par l’échange permanent et le soutien mutuel.
Le double défi martiniquais : de la mer au trail
TransMartinique : 134 kilomètres après la traversée
L’aventure ne s’arrête pas à Fort-de-France. Trois semaines après leur arrivée, Blanchard s’élancera sur les 134 kilomètres de la TransMartinique tandis que Colman optera pour le format plus accessible de 54 kilomètres. Cette transition immédiate de la mer au trail constitue un laboratoire grandeur nature. Cette expérimentation répond à une curiosité scientifique légitime. Comment le corps réagit-il après quinze jours de navigation intensive ? Quelle dégradation musculaire faut-il anticiper ? Ces questions passionnent l’athlète, toujours soucieux d’optimiser ses performances futures.
Une approche expérimentale de la performance
Blanchard envisage cette double épreuve comme une étude de cas personnelle.
« Vais-je avoir le temps de faire des squats sur le bateau, ou le temps va-t-il me manquer ? Combien de tour de cuisse vais-je perdre en 15 jours ? » Ces interrogations révèlent l’approche méthodique de l’athlète. Cette démarche scientifique dépasse le simple cadre de la performance immédiate. L’ultra-traileur prépare ses aventures futures, notamment l’idée séduisante de rejoindre des courses en famille par voie maritime.
Chaque expérience nourrit sa réflexion et enrichit son expertise.
Source : L’équipe
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.