Dans l’univers de la course à pied, certains exploits dépassent l’entendement et repoussent les limites du possible. C’est précisément ce que vient d’accomplir Paul Fontaine, cet homme de 42 ans atteint de mucoviscidose, qui a réalisé un défi que même les plus aguerris des coureurs hésiteraient à entreprendre : 42 marathons consécutifs en 42 jours.
Une performance d’autant plus stupéfiante quand on connaît les contraintes imposées par cette maladie génétique qui affecte principalement les poumons. Parti d’Hendaye le 25 mars 2025, ce coureur d’exception a tracé sa route le long des côtes françaises, traversant paysages maritimes et terres côtières jusqu’à atteindre Bray-Dunes, à la frontière belge. Un périple de plus de 1 800 kilomètres parcourus avec une capacité pulmonaire réduite à seulement 40%. Difficile d’imaginer l’ampleur du défi quand chaque respiration est déjà un combat quotidien. Le plus fascinant dans cette aventure hors norme? L’état d’esprit. Paul ne perçoit pas son défi comme une guerre contre la maladie, mais plutôt comme une manière de transformer cette dernière en opportunité. Une philosophie de vie qui force l’admiration et nous invite à reconsidérer notre rapport aux obstacles qui jalonnent nos existences.
Sommaire
- 1 Un défi symbolique qui transcende la course à pied traditionnelle
- 2 Une organisation millimétrée pour un défi hors norme
- 3 L’impact du soutien collectif dans la réussite de l’aventure
- 4 Un athlète au parcours déjà remarquable avant ce défi ultime
- 5 La révolution thérapeutique qui a changé la donne pour Paul
Un défi symbolique qui transcende la course à pied traditionnelle
Le choix des 42 marathons n’est pas anodin dans la démarche de Paul Fontaine. Ce chiffre fait écho à ses 42 ans, créant une symétrie parfaite entre l’âge et l’exploit. Chaque foulée devient ainsi porteuse d’un message puissant : celui de la célébration de la vie, malgré les difficultés imposées par la maladie. Cette traversée de la France à pied représente bien plus qu’une simple performance sportive.
Elle incarne un acte de résistance face aux préjugés concernant les personnes atteintes de maladies chroniques. Paul démontre avec éclat que les limites sont souvent plus mentales que physiques, et que la détermination peut surmonter les obstacles les plus redoutables. La beauté de ce parcours réside également dans sa dimension géographique. En suivant le littoral français, de l’Atlantique à la Mer du Nord, le coureur a symboliquement embrassé les frontières maritimes du pays, comme pour mieux souligner l’absence de frontières dans sa propre quête personnelle.
La symbolique du marathon dans le combat contre la mucoviscidose
Le marathon, épreuve mythique de 42,195 km, évoque depuis toujours le dépassement de soi et la persévérance. Pour un patient atteint de mucoviscidose, chaque journée ressemble déjà à un marathon, tant les soins, les traitements et la gestion des symptômes requièrent d’énergie et de discipline.
En choisissant de courir précisément cette distance chaque jour pendant 42 jours, Paul Fontaine établit un parallèle saisissant entre l’endurance nécessaire pour vivre avec la maladie et celle exigée par l’épreuve sportive. Une métaphore courue, certes, mais jamais aussi pertinente que dans ce contexte précis.
Une organisation millimétrée pour un défi hors norme
Derrière l’exploit individuel se cache une logistique impressionnante. Jean-Baptiste, le frère de Paul, a joué un rôle fondamental dans cette aventure en assurant l’intendance depuis un van qui suivait le coureur. La préparation minutieuse de chaque étape a constitué l’un des piliers essentiels de la réussite de ce projet fou. Les journées de Paul obéissaient à un rituel immuable : réveil à l’aube, méditation matinale pour se centrer, petit-déjeuner adapté aux besoins énergétiques, puis départ pour le marathon quotidien.
Sur le parcours, des points de ravitaillement stratégiquement placés permettaient au coureur de s’hydrater et de s’alimenter sans compromettre son rythme. Les soins spécifiques liés à la mucoviscidose n’étaient jamais négligés, s’intégrant parfaitement dans ce planning militaire. Séances de kinésithérapie respiratoire, prise de médicaments, aérosols… Tout était calculé pour maintenir l’équilibre fragile entre performance sportive et gestion de la maladie.
La récupération, élément crucial du protocole quotidien
Après chaque marathon, un protocole de récupération rigoureux attendait Paul. Étirements approfondis, massages ciblés, bains froids pour limiter l’inflammation musculaire, et séances de yoga pour maintenir la souplesse et l’équilibre mental. La régénération nocturne faisait l’objet d’une attention toute particulière, avec un minimum de huit heures de sommeil garanti chaque nuit.
L’alimentation constituait également un volet majeur de cette organisation. Les repas, préparés à l’avance, répondaient aux besoins caloriques exceptionnels du coureur (environ 5000 calories quotidiennes), tout en tenant compte des spécificités digestives liées à la mucoviscidose. Les compléments nutritionnels venaient compléter ce régime sur mesure.
L’impact du soutien collectif dans la réussite de l’aventure
Si Paul Fontaine a réalisé son exploit en solo, il n’était jamais vraiment seul. L’association Grégory Lemarchal, figure de proue de la lutte contre la mucoviscidose en France, a apporté un soutien institutionnel précieux à cette initiative.
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⚡ Voir les nouveautés i-RunLes dons récoltés tout au long du parcours contribueront à financer la recherche contre cette maladie encore incurable. Au fil des étapes, de nombreux anonymes ont rejoint Paul, courant quelques kilomètres à ses côtés en signe de solidarité. Ces présences éphémères mais significatives ont permis au coureur de puiser dans une énergie collective quand ses propres ressources semblaient s’épuiser. Des cyclistes accompagnateurs se relayaient également pour assurer une présence constante et veiller à sa sécurité.
Les réseaux sociaux ont joué un rôle amplificateur considérable, permettant de suivre l’aventure en temps réel et de fédérer une communauté virtuelle autour du projet. Chaque étape, documentée et partagée, générait son lot d’encouragements et de messages de soutien qui nourrissaient la motivation du coureur.
Un documentaire pour immortaliser l’exploit
Douze jours de cette épopée sportive ont été captés par une équipe de tournage professionnelle.
Le documentaire en préparation offrira un regard intime sur les coulisses de ce défi, dévoilant autant les moments d’euphorie que les passages à vide inévitables dans une telle entreprise. Ce film, dont la sortie est prévue fin 2025, ambitionne de sensibiliser le grand public à la réalité de la mucoviscidose, tout en célébrant la résilience humaine face à l’adversité. Il constituera un témoignage précieux pour les patients atteints de cette maladie et leurs familles, en montrant qu’une vie extraordinaire reste possible malgré le diagnostic.
Un athlète au parcours déjà remarquable avant ce défi ultime
L’exploit des 42 marathons ne représente que le dernier chapitre d’une biographie sportive déjà impressionnante. Paul Fontaine a construit au fil des années un curriculum vitae d’aventurier qui forcerait l’admiration de n’importe quel sportif, a fortiori pour une personne confrontée aux limitations de la mucoviscidose. L’ascension du Mont Blanc, toit de l’Europe occidentale culminant à 4 809 mètres, figure parmi ses réalisations notables.
Une performance qui prend une dimension particulière quand on connaît les difficultés respiratoires en altitude pour les personnes souffrant de pathologies pulmonaires. Plus impressionnant encore, Paul a gravi le Kilimandjaro, s’élevant à 5 895 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans une atmosphère raréfiée en oxygène qui constitue un défi même pour les randonneurs en pleine santé. La traversée de la France à vélo, autre exploit à son actif, démontrait déjà sa capacité à soutenir un effort prolongé sur plusieurs jours consécutifs. Cette expérience a sans doute constitué un banc d’essai précieux pour le défi des 42 marathons, lui permettant d’appréhender les défis logistiques et physiologiques d’une aventure itinérante de longue durée.
L’influence de Thibaud Baronian dans sa préparation sportive
Le chemin de Paul Fontaine a croisé celui de Thibaud Baronian, figure emblématique du trail français. Ce dernier a joué temporairement le rôle de coach auprès de notre marathonien, lui transmettant des techniques d’entraînement spécifiques adaptées à sa condition médicale particulière. Sous cette influence experte, Paul a développé une approche de la course à pied axée sur l’efficience respiratoire plutôt que sur la pure performance chronométrique. Des séances spécifiques d’entraînement en côte pour renforcer le système cardio-pulmonaire, des exercices de respiration intégrés à l’effort, et un travail technique sur la foulée pour optimiser le rendement énergétique constituaient les piliers de cette préparation sur mesure.
La révolution thérapeutique qui a changé la donne pour Paul
L’arrivée de la trithérapie dans le traitement de la mucoviscidose, il y a quatre ans, a marqué un tournant décisif dans le quotidien de Paul Fontaine. Ce protocole médicamenteux novateur cible les causes fondamentales de la maladie plutôt que ses symptômes, permettant une amélioration spectaculaire de la fonction respiratoire chez de nombreux patients. Pour Paul, les résultats ont été stupéfiants : en seulement deux jours de traitement, sa capacité pulmonaire est passée de 40% à 75% des valeurs normales. Une progression fulgurante qui a littéralement transformé son quotidien et élargi considérablement le champ des possibles en termes d’activités physiques. Cette prouesse médicale récente explique en grande partie comment un tel défi sportif a pu être envisagé puis réalisé. Sans cette avancée thérapeutique majeure, courir un marathon aurait probablement constitué un objectif déjà ambitieux en soi; en enchaîner 42 aurait relevé de l’utopie pure.
Un accès aux traitements encore inégal
Si Paul Fontaine bénéficie aujourd’hui des traitements les plus innovants, il n’oublie pas ceux qui n’y ont pas encore accès. Les enfants en bas âge et certains patients présentant des profils génétiques particuliers ou des contre-indications ne peuvent toujours pas recevoir cette trithérapie révolutionnaire.
C’est aussi pour eux que Paul court. Son défi sportif vise à mettre en lumière les inégalités persistantes dans la prise en charge de la mucoviscidose et à plaider pour une démocratisation accélérée des traitements les plus récents. Chaque kilomètre parcouru devient ainsi un argument en faveur d’une médecine plus inclusive et accessible à tous les patients, quels que soient leur âge ou leur condition particulière.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.
