À seulement 23 ans, Pierre Borgella vient d’écrire une page exceptionnelle dans l’histoire du sport d’endurance. Premier athlète amputé à terminer un Marathon des Sables en béquilles, il a bouclé les 70 kilomètres du MDS Cappadoce en autosuffisance, prouvant que les limites humaines ne sont souvent que des constructions mentales.
Sommaire
Un destin brisé puis reconstruit

L’accident qui a tout changé
En 2019, la trajectoire de Pierre bascule brutalement. Percuté par un chauffard à l’âge de 18 ans, le jeune homme sombre dans un coma de plus d’un mois. Son réveil marque le début d’un calvaire : perte de 30 kilos, rééducation intensive, puis l’annonce fatidique de l’amputation de la jambe droite.
Les rêves de devenir pompier s’envolent, tout comme ses ambitions rugbystiques. Pourtant, dans cette épreuve qui aurait pu détruire n’importe qui, Pierre puise une force insoupçonnée.
Renaissance par l’effort
Plutôt que de subir son handicap, Pierre décide de le transcender. Parallèlement à sa rééducation, il obtient son baccalauréat puis s’oriente vers une licence en activité physique adaptée à Bordeaux. Cette formation devient bien plus qu’un cursus universitaire : elle représente sa voie vers la reconquête de soi.
Le sport devient son moteur de reconstruction, transformant un corps meurtri en machine de guerre mentale et physique.
La préparation d’un défi inédit

Un entraînement multidisciplinaire
Pierre ne se limite pas à une seule discipline. Natation handisport, CrossFit, Hyrox : il explore toutes les facettes de l’effort physique adapté. Cette approche globale forge un athlète complet, capable d’affronter des défis variés avec la même détermination.
Sa participation à des compétitions aux côtés d’athlètes valides témoigne de son refus des catégorisations limitantes. Pierre ne veut pas être « le meilleur handisport » mais simplement un concurrent respecté.
Le choix du Marathon des Sables Cappadoce
Parmi tous les défis possibles, pourquoi choisir cette épreuve particulièrement exigeante ? Le MDS Cappadoce combine tous les éléments qui font la difficulté d’une course d’ultra-endurance : autonomie complète, terrain technique, conditions climatiques difficiles, et paysages à couper le souffle.
Cette version « courte » du célèbre Marathon des Sables marocain n’en reste pas moins redoutable avec ses 70 kilomètres répartis sur trois étapes.
L’épreuve de vérité en Cappadoce

Un terrain d’exception
Les paysages lunaires classés UNESCO de la Cappadoce offrent un cadre somptueux mais impitoyable. Plateaux arides, ravins escarpés, vallée de l’Amour : chaque kilomètre présente ses propres difficultés techniques, amplifiées par l’usage exclusif des béquilles.
La solidarité familiale
Léo, son cousin, accompagne Pierre dans cette aventure exceptionnelle. Cette présence familiale transforme le défi individuel en épopée partagée, où chaque difficulté devient plus supportable grâce au soutien mutuel.
Les 700 mètres de dénivelé prennent une dimension particulière quand ils doivent être franchis uniquement à la force des bras, transformant chaque montée en épreuve de force pure.
Les défis techniques spécifiques
Adaptation matérielle
Participer à une course d’ultra-endurance en béquilles nécessite des adaptations techniques considérables. Le portage du sac de 10 kilos réglementaire, l’équilibre sur terrain instable, la gestion de l’effort sur les membres supérieurs : tout doit être repensé.

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Gestion de l’effort et récupération
L’absence d’une jambe modifie complètement la biomécanique de l’effort. Les muscles des épaules, du dos et des bras doivent compenser en permanence, créant des tensions inédites et des besoins de récupération particuliers.
Pierre développe ainsi une expertise unique dans la gestion d’un effort d’endurance avec un schéma corporel adapté.
Un message universel de dépassement
Au-delà de la performance sportive
Ce Marathon des Sables ne représente pas une simple prouesse athlétique mais une déclaration philosophique. Pierre démontre que l’aventure reste accessible à ceux qui osent repenser les possibles, indépendamment des obstacles rencontrés.
Son sourire à l’arrivée vaut tous les discours : il illustre la joie pure de celui qui a transformé une contrainte en force créatrice.
Inspiration pour la communauté handisport
En devenant le premier finisher d’un Marathon des Sables en béquilles, Pierre ouvre une voie inexplorée. Il prouve que certaines barrières n’existent que dans les représentations collectives, encourageant d’autres athlètes handicapés à repenser leurs limites.
Cette première historique aura probablement des répercussions durables sur l’organisation des courses d’ultra-endurance et leur accessibilité.
Perspectives d’avenir
Objectifs à court terme
Pierre ne compte pas s’arrêter à ce succès exceptionnel. Ses prochains défis incluent des 10 kilomètres officiels aux côtés d’athlètes valides, ainsi que la poursuite des compétitions Hyrox à Paris et Bordeaux.
Cette diversification témoigne de sa volonté d’explorer toutes les facettes de la performance sportive adaptée.
L’appel d’un nouveau Marathon des Sables
L’idée d’un retour sur un Marathon des Sables, peut-être la version marocaine originale, germe déjà dans l’esprit de Pierre. Cette perspective illustre parfaitement son état d’esprit : chaque défi relevé en appelle naturellement de nouveaux.
Le désert marocain et ses 250 kilomètres représenteraient un saut quantique dans la difficulté, promettant une aventure encore plus épique.
Leçons d’un parcours exceptionnel
Redéfinition du handicap
L’histoire de Pierre bouleverse les représentations traditionnelles du handicap. Plutôt que de subir une limitation, il la transforme en moteur de créativité et de dépassement. Cette approche inspire bien au-delà du milieu sportif.
Force mentale et reconstruction
Le parallèle entre reconstruction physique et mentale trouve ici son illustration parfaite. Pierre démontre que la rééducation ne se limite pas à retrouver des capacités perdues, mais peut mener à des niveaux de performance inédits.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.